Je ne pouvais pas laisser s'achever le week-end sans enlever de ma pile un petit CERFA de rien du tout. Pour être totalement exacte, il ne s'agissait pas d'un CERFA mais d'un courrier faisant suite à l'envoi par mes services (je veux dire, mes petites mimines à moi) d'un dossier à la Direction de l'aménagement et de l'urbanisme, où un service intitulé Droit des sols s'est fait un devoir d'inscrire le dit dossier sous des références dont je vous passe les détails mais qui étaient portées dans un cadre grisé sur le courrier ci-dessus évoqué. Pour l'instant, rien de bien compliqué.
Enfin vous commencez à me connaître, quand j'ai affaire aux services administratifs susceptibles d'une façon ou d'une autre de m'octroyer une autorisation pour une chose petite ou grande mais rarement inutile, il est rare (ça s'est vu, mais c'est rare) que les choses se passent simplement. Là, ça n'a pas loupé. Annaïg a concocté pour moi et pour le Café Clochette un projet d'enseigne, à laquelle je tiens beaucoup, et pour laquelle il faut demander une autorisation. Pas pour l'enseigne à proprement parler, notez bien, mais plutôt pour l'installer sur le mur de ma maison. Ce qui n'est pas sans intérêt. Alors de quoi qu'il retourne-t-y donc cette fois ?
On me demande, dans l'ordre et en caractères gras dans le texte, à propos de cette enseigne :
- est-elle strictement perpendiculaire au mur ou en forme de V ?
- préciser la saillie de cette enseigne par rapport au mur : c'est-à-dire du mur à la pointe de l'enseigne ;
- votre activité se tient-elle à l'étage ?
Deux des réponses sont faciles : oui, et non. Mais entre les deux, oh mes aïeux. Rectification : la première réponse, si j'avais eu le malheur de l'envoyer telle quelle, m'aurait valu un retour à la case départ et un nouvel échange de courrier. Donc je précise : oui, l'enseigne sera en V. Histoire d'être plus visible depuis la rue d'Echange, d'où on arrive de la place Ste Anne, tout en se voyant des deux côtés de la rue de Dinan, au cas où vous vous demandiez pourquoi. C'est qu'elle a pensé à tout, Annaïg. Pour l'activité à l'étage, fastoche, non, à l'étage, c'est là que je rédige mon blog, faut pas rigoler, c'est pas une activ... euh si en fait, mais non, pour les services de la ville, j'imagine que l'activité ça veut dire activité commerciale, donc là, hop, non, l'étage c'est chez moi. Voilà. C'est fait.
Ah non. Il reste la fameuse question du milieu. "Préciser la saillie de cette enseigne par rapport au mur : c'est-à-dire du mur à la pointe de l'enseigne." Ce n'est pas tant une question qu'une injonction d'ailleurs, mais avec un verbe à l'infinitif qui n'est pas aussi péremptoire qu'un "Précisez... sinon ça va chauffer", mais je sens bien qu'il va falloir se fendre d'une réponse quoi qu'il en soit. Alors là, attention. Reprenons les chiffres, un déca et notre calme. Il s'agit d'un triangle rectangle (encore heureux, vive Pythagore) dont les deux côtés visibles de la rue feront 70 cm ; quelle est la distance séparant le nez du triangle de sa base ? oh ça va, je reformule si je veux d'abord... le nez, le pif, le tarin, c'est comme vous voulez, c'est le bout pointu au milieu, quoi. Un petit crobard, refait trois fois sur un coin de bureau, vérification faite du théorème de Pythagore, oui c'est bien celui qui dit que "le carré construit sur l'hypoténuse d'un triangle rectangle est égal à la somme des carrés construits sur les côtés de l'angle droit de ce triangle", ou encore que " dans un triangle rectangle (qui possède un angle droit) le carré de l'hypoténuse (côté opposé à l'angle droit) est égal à la somme des carrés des deux autres côtés", ou plus simplement que chez les triangles rectangles qui ont un nez carré en A, AB carré + AC carré = BC carré ; crobard d'où je conclurai qu'il me faut mettre 70 au carré, le multiplier par deux, en extraire la racine carrée puis le diviser par deux. Même que si vous me croyez pas vous avez qu'à essayer. Un petit tour sur le web pour trouver une calculatrice qui sait se dépatouiller d'un radical ("Vive le radical libre !" - non ? ah non alors) et ça nous donne ça : 49.4974746830583
Si j'ai fait une erreur et que ça choque quelqu'un, qu'il le dise maintenant ou se taise à jamais, parce que le courrier part demain matin. J'ai arrondi à 50 cm, je ne pense pas qu'on puisse m'en tenir rigueur.
En tout cas on ne pourra pas dire que cette aventure n'aura servi à rien. Elle m'aura fait repenser avec un petit sourire ému à Mme Français, qui était ma prof de maths, eh oui, en quatrième et en troisième. Je vous dois une fière chandelle, madame. Votre patience n'aura pas été vaine : j'ai réussi, quelque 25 ans plus tard, à utiliser les connaissances que vous m'avez transmises. Mais dites-moi : si ce courrier me revient, je peux vous le faire suivre ?