dimanche 31 août 2008

Armoire publique

Dans quel lieu public de Rennes trouve-t-on affichée cette petite note qui m'a laissée pantoise ? J'en suis restée comme deux ronds de flan, si vous préférez. Supercalifragilistiquement interpelée au niveau de la comprenette.

Ne mettre dans cette armoire que les objets dont les clients sont avisés ou laisser un message sur le répondeur. Ceci ne concerne que les petits objets.

Celui ou celle qui retrouve l'emplacement stratégique de ce texte magnifique gagne ma dernière création pâtissière. Pour les autres pas de panique, la recette suit.

mardi 26 août 2008

Le docoteur des chats

[En attendant la fin du suspens côté financement du Café Clochette, je vous propose une série de petits billets qui se rapportent à des choses beaucoup plus légères et, possiblement, totalement hors sujet. Que ceux que cela choque veuillent bien me pardonner et sachent que je reviendrai bientôt avec du lourd et du sérieux chiffré. Ou pas. Qu'on se le dise. Ou pas.]


Vivre dans un environnement hautement félinisé comme le mien a ses avantages (spectacle permanent, absence de rongeurs, pieds au chaud la nuit) et ses inconvénients (spectacle permanent, pieds attaqués la nuit). Et puis c'est une grande responsabilité. Il faut assurer le vivre et le couvert à ces petits filous, et je vous passe les exigences en matière de menu, si si je vous les passe, c'est mieux.
En ce moment, je les prépare en douceur, tous mes minets, à ne plus mettre une patte au rez-de-chaussée, dans ce qui sera l'espace réservé au salon de thé. C'est un peu dur de la comprenette, un chat, parfois. L'un dans l'autre, ça se passe pourtant plutôt bien, d'autant que MiniLoup a vite compris la manoeuvre et se hâte d'aller sautiller en poussant des cris suraigus au bas de l'escalier dès qu'une oreille velue fait mine de s'approcher. L'oreille est rarement suivie d'autre chose. On entend un crissement de griffes sur les marches puis plus rien. A part MiniLoup qui trouve ça tellement rigolo qu'il en remet une bonne couche, pour aider, parce qu'il sait bien qu'il participe à une grande oeuvre d'éducation féline. C'est un peu bruyant, mais on s'amuse bien dans cette maison.
Puisqu'on parle de félinité, il faut absolument que je vous fasse part du vocabulaire nécessaire à la survie en milieu félin, on ne sait jamais, ça peut vous servir un jour. Et puis vous pourrez toujours utiliser vos connaissances nouvellement acquises pour frimer lors de votre prochain dîner en ville et vous me bénirez in petto, je vous en saurai gré.
Il y a d'abord le taux de félinité, qu'on définit comme le nombre de félins au mètre carré ; plus il est haut, plus on a de chances de trébucher sur un matou quand on se lève le matin, quand on ouvre le frigo ou quand on croit être seul le matin dans la salle de bain et qu'on avance le pied distraitement vers une savate posée sur le tapis devant la baignoire. Attention, ne pas confondre taux de pot-de-glutinité et taux de félinité ; certains félins ne sont pas nombreux, ils sont juste collants. Dans ce cas, on introduira le concept de coefficient de foisonnement, s'il est non négligeable c'est que l'un au moins de la tribu griffue a tendance à fourrer sa truffe froide dans votre cou à la moindre prétention d'immobilité de votre part. La densité féline est la donnée la plus importante à prendre en compte, donc, dans un environnement comme le mien.
Un autre concept utile à connaître, c'est le taux de lapin. Il fut un temps où le papa de MiniLoup travaillait avec des gens qui fourmillaient d'idées baroques. Géniales, mais... oui, baroques. L'une de ces respectables personnes créa un jour le taux de lapin. "Tu vois, quand une cliente a prévu de commander, que nous on compte dessus et qu'elle ne commande pas, c'est comme si elle nous posait un lapin. Alors le taux de lapin, c'est le nombre de clientes qui ne commandent pas rapporté au nombre de clientes global." [Celui ou celle qui devine la profession du papa de MiniLoup gagne un assortiment de petits gatos.]
Donc, le taux de lapin adapté à l'engeance féline, c'est quand on a prévu qu'un chat serait là et qu'il est ailleurs. Quand on a épluché des crevettes, que d'habitude ça les rend fous à des kilomètres à la ronde et que là, pas la queue d'un. Quand on a changé la litière et que d'habitude, ils se précipitent pour l'inaugurer et que là, rien. Quand on a malencontreusement laissé une chaussette sous l'étendoir et que d'habitude, elle se retrouve à Perpette-les-Oisillons et que là, non, elle n'a pas bougé. Une seule et unique explication à un taux de lapin anormalement élevé : l'intervention de MiniLoup. Laquelle intervention implique souvent une porte de placard, un panier retourné ou une boîte-à-chat subrepticement refermée.
Quand je parle de boîte à chat, vous voyez à quoi je fais allusion ? C'est un truc dans le genre : En règle générale (en tout cas depuis que Lady Clochette-la-Pucinette a cessé d'être d'humeur taquine sur mon lit à partir de 10h du soir jusqu'à environ 3h du matin, et sauf sieste intempestive de Timirou trop fatigué pour aller plus loin), elle ne sert qu'au transport jusque chez le docoteur des chats. Il y a le docoteur des gens, et le docoteur des chats. Le docoteur des gens laisse le matou lambda parfaitement indifférent, même le docoteur qui vient à la maison vérifier l'état de fonctionnement du bébé tout neuf (enfin lors de son arrivée ; quand le docoteur en question repart la robe imprégnée de pipi de tout petit bébé, là les narines félines frissonnent un chouia). Le docoteur des chats... Le docoteur des chats, c'est une autre histoire.
On ne le fréquente pourtant pas si souvent et d'une année sur l'autre, on se dit qu'ils ont eu le temps d'oublier. Grave erreur. Une semaine avant le rendez-vous, alors qu'on pense à tout autre chose, ils ont pourtant l'air d'avoir la puce à l'oreille. Comme le docoteur leur administrera, en même temps que du vermifuge (et oui) un anti-puce, on ne s'en inquiète pas plus que ça et on continue à faire mine de ne pas y penser. Tout en étant vaguement inquiet de la tournure possible des événements. Et le jour J, paf. Quand je dis paf, vous pouvez imaginer tout ce que vous voulez, vous serez en dessous de la réalité. Bieeeeeeen en dessous.
Ils sont pourtant trois, maintenant, il leur faut donc trois planques pour se rendre invisibles et on a l'impression de connaître toutes leurs cachettes. Que nenni. Ils ont passé l'année à en dégoter trois de plus que l'année dernière, précisément pour cette éventualité. On passe donc des heures à les chercher, puis on se décide à être fourbe et on décortique des crevettes. Si tout va bien, que MiniLoup ne les a pas capturés plus ou moins par inadvertance, en principe le taux de lapin est égal à zéro et les minous se pointent. Si tout va bien. Mettons que tout va bien et passons à l'étape suivante : la capture.
Ahahahahaha (rire sardonique et épouvanté, parce que la prochaine visite approche à grandes enjambées de papattes poilues : J - 332 ; heureusement, la route est longue et la pente est faible).
La capture, donc. Il s'agit d'attraper des échantillons de la population féline jusqu'à ce que la dite population soit réduite à zéro dans la maison et se monte à trois dans les paniers. Sur le papier, c'est facile. Sur le lino, c'est dur. Parce que ça dérape le lino, ça glisse, ça permet à ces filochards de se carapatter plus facilement, même quand on les plaque au sol. Pour les coincer dans un coin, il faut être plusieurs, et même plusieurs nombreux. Avec toujours la possibilité de se faire escalader à toutes griffes et d'attraper du vide. On nous dit dans les livres de profiter de l'élément de surprise et de ne pas tergiverser ; il faut faire vite, en gros. Vite ! comme ils y vont dans les livres. Moi, si j'étais (ce qu'à Dieu ne plaise) l'entraîneur des athlètes pour les prochains Jeux Olympiques, j'instaurerais le régime croquettes/eau claire, je suis persuadée qu'il n'y a pas mieux pour tailler à n'importe quel mammifère une pointe de vitesse supersonique. Enfin mettons qu'un chat ait été enfin capturé par la peau du cou, qu'il renonce temporairement à gigoter pour tenter de s'échapper, et qu'on s'approche précautionneusement de la cage. Qu'on a coincée dans un coin, sur une table, pour limiter les possibilités de fuite. On pousse le chat en direction de la porte qu'on a pris soin d'ouvrir avant (oui, il arrive qu'on oublie, là il n'y a plus qu'à tout recommencer). Et là, je vous prie de bien vouloir faire passer votre imagination en mode Tex Avery. Visualisez un chat appuyé de toutes ses pattes sur les côtés de l'ouverture. Vous poussez, il pousse, rien ne rentre. Vous le faites pivoter d'un quart de tour, rebelotte. Vous feintez en faisant semblant de vous éloigner un peu pour observer un détail de la tapisserie, vous revenez mine de rien vers la table, hop direction la boîte, hop les pattes toutes droites, hop loupé. Trois comme ça. Il y en a trois à faire entrer.
Bon, mettons pour faire court qu'on a réussi à faire entrer les trois, chacun dans sa boîte [indicemment, penser à ne jamais prendre de rendez-vous chez le docoteur des chats avant 16h, histoire d'arriver à tout faire en s'y mettant après le petit déjeuner]. On installe les boîtes à côté de MiniLoup dans la voiture, un MiniLoup fasciné par toute la procédure et qui en reste coi, ce qui en soi est une nouveauté mais ce jour-là on n'a pas le temps de s'en ébahir. Donc les boîtes, hop, dans la voiture. Les chats ont horreur de la voiture. Tout le long du trajet, ils font une compétition de feulements stridents, de hurlements et de cris gutturaux, sans compter les griffes affolées contre les portes des boîtes. On arrive. Sourds. On se gare. Plus un bruit. On sort. Silence. On attrape les boîtes. Ils ont tellement diminué de volume là-dedans qu'on pourrait les mettre tous les trois dans la même. Mais on n'essaie pas, ah non. On se contente de faire les gens tout à fait blasés à l'idée d'emmener leurs animaux de compagnie chez le docoteur des chats et on rentre, les jambes tremblantes mais l'air déterminé. Ou le contraire, on ne sait plus, la fatigue aidant.
Une fois arrivés dans le bureau du docoteur, ils ressemblent, individuellement, à ça (cette photo vient d'un site très rigolo dont vous trouverez l'adresse à droite, juste là) :


On serre la main du gentil docoteur de chat chauve. Docoteur chauve. De chats. C'est sa spécialité. Les chats. Bref. Il est vraiment très gentil. Et lui aussi, tiens oui comme Mister C., il a l'oeil qui pétille. Peut-être parce que l'expérience aidant, il imagine dans sa tête à lui le périple qui a précédé notre entrée dans son bureau. Peut-être qu'il est juste pétillant de l'oeil de nature. Que son oeil pétille naturellement, quoi. (Rien que d'imaginer ce calvaire m'épuise, j'ai un peu du mal avec mes phrases, là.)
MiniLoup explore tout minutieusement. Il trouve les boules de coton, escalade la table, on lui montre qu'elle le pèse automatiquement, son esprit intègre ce fait hautement intéressant dont il pourra reparler lors du dîner, puis il s'assoit sur une chaise et attend la suite du pestacle.
La suite du pestacle est décevante, tout compte fait, après une si belle et foisonnante introduction. Chaque matou est posé, complètement prostré, sur la table, subit le pesage, se fait alcool-sur-une-boule-de-cotonniser le cou puis hop, en un tour de main la piqure est faite et il retourne tout seul dans sa boîte, comme s'il n'avait fait que ça toute sa vie. Une seule fois, Timirou a eu des velléités de fuite, mais il s'est empêtré dans les fils de l'ordinateur et a dû attendre qu'on le démêle pour sortir de là ; depuis, il se tient à carreau. Il faut dire que le docoteur le tient à l'oeil. Et un vétérinaire qui vous tient à l'oeil, tous ceux qui ont suivi mes aventures jusqu'ici le savent, c'est quelqu'un qu'on ne caresse pas à rebrousse-poil.
La journée se termine en général très calmement. Le taux de lapin monte en flèche et ne redescend, lentement, que le lendemain matin. MiniLoup fait part de son expérience en matière d'attrapage/transport/pesage de chats à tous ceux qui veulent bien l'écouter. Et le reste de la population humaine de la maison respire enfin, malgré l'inquiétude qui commence à pointer : J-364.
Ah oui, dernière nouvelle. Sidonie est partie. Je n'ai plus d'araignée au plafond. Bon vent, Sidonie. Tu me manques déjà.

dimanche 24 août 2008

Biscuits raisins cumin

Cette recette est adaptée du petit livre que voici et que je vous recommande chaudement, Pâtisserie facile de Sarah Lewis, éditions Marabout :


200 g farine
1 cuillerée à café de bicarbonate de soude (ou de levure chimique bio)
75 g sucre
1 grosse cuillerée à café de graines de cumin écrasées
un zeste de citron
75 g beurre salé
50 g raisins secs
1 oeuf
1 à 2 cuillerées à soupe de lait (ou de lait végétal)
un peu de cassonade

Mélanger la farine, le sucre, le bicarbonate et les graines de cumin écrasées, ajouter le zeste, puis incorporer le beurre du bout des doigts le plus rapidement possible, comme pour une pâte à tarte.
Ajouter les raisins, puis l'oeuf battu en omelette et juste assez de lait pour faire une pâte. En faire un boudin que l'on roule dans du film alimentaire avant de le mettre au congélateur pour qu'il durcisse et soit facile à couper au couteau.
Découper des tranches, les poser sur du papier sulfurisé sur la plaque du four, les saupoudrer de cassonade et mettre à four chaud (180°C) pendant une petite dizaine de minutes. Ils doivent être un peu dorés autour et légèrement gonflés. Mettre à refroidir sur une grille puis conserver dans une boîte hermétique.

Expectative et pucinette

Une personne que j'imagine fort aimable et qui travaille dans une banque veut bien reconsidérer mon cas... mon petit coeur tressaille de joie et l'allégresse. Enfin pas tout à fait d'allégresse pour le moment, mais il tressaute, c'est certain. Cela me réjouit d'autant plus que j'ai reçu ce coup de fil au beau milieu d'une gare pleine de gens de retour de vacances avec la mine correspondante (grisounette, donc), un MiniLoup grincheux sur le dos parce qu'il voulait des sssips (il n'était pas sur mon dos parce qu'il voulait des sssips, il était grincheux parce qu'il voulait des sssips), sous le panneau m'indiquant la voie où mon train devait supposément se trouver, laquelle voie s'avérait rester aussi vide que mon porte-monnaie, à cause d'un oubli de dernière minute et de l'éloignement des machines à donner des sous dans cette gare (vide de mon porte-monnaie, pas vide du quai, celui-là n'a été élucidé que quelques minutes plus tard, par une annonce du contrôleur dans le train), lequel vide était cause du grinchonnement intempestif dans mon dos. Vous pouvez me dire que cette phrase est illisible, je ne vous en voudrai pas.
Ce coup de fil, donc, me réjouit parce que lorsque j'ai très légèrement évoqué ma position délicate rapport au grincheux, aux sssips, au vide et au train, j'ai entendu la personne au bout du fil sourire. Une personne qu'on entend sourire au téléphone, c'est une personne avec qui j'ai envie de travailler.
Je vais donc, cette semaine, retravailler mon prévisionnel, retailler dans mes chiffres et refaire quelques tableaux, histoire de ne pas perdre la main. Et comme Mister C. est rentré de vacances, peut-être que je pourrai bénéficier de sa très grande sagesse pour faire tout ça sans incorporer de boulettes dans mes chiffres. La boulette dans les chiffres, c'est l'équivalent comptable du grumeau dans la pâte à crêpes : inacceptable, insupportable, immangeable.
En attendant de pouvoir vous en dire plus, je vous propose quelques photos de Lady Clochette (oui, je lui donne du Lady ces jours-ci) et des deux autres loustics velus, juste histoire de faire un peu connaissance.

Voici Timirou-les-coussinets. Occupé à contempler l'ennemi depuis le sûr abri d'une marche d'escalier.



Il est très contemplatif. Du moment que la fuite est possible, il contemple tout ce que vous voulez autant de temps que vous voulez. D'aussi près qu'il veut.

Mais en règle générale, il se tient à bonne distance et contemple à fond les ballons.


Quant à Ninette, il ne s'agit pas tant de contemplation que de faim. Elle a développé des talents pour la télépathie auxquels je suis par malheur totalement hermétique et a dû, pour parvenir à ses fins, compléter ses compétences par l'apprentissage du morse. Un froncement de museau pour cro-quet-tttes, un clignement d'oeil pour cro-quet-tttttttttes-trèèèèèès-faim.

La pucinette, elle, entretient sa forme par des siestes prolongées, mais elle s'est mise elle aussi à la contemplation. Depuis le sol :


Depuis les hauteurs : (d'abord légèrement distraite)


(un instant interpelée)


(blasée)


Très blasée :


Bon, c'est pas tout ça, mais j'ai des chiffres sur le feu, là. Alors je vous laisse sur ceci, en guise de témoignage de mes talents de photographe. Un escargot flou. Ca en dit beaucoup sur quelque chose, mais je vous laisse le soin d'élaborer votre propre réponse qui, je n'en doute pas, sera d'une éblouissante portée philosophique. Ne vous privez pas de m'en faire part, ça apaisera mon esprit angoissé (escargot flou ? ça m'inquiète un peu quand même).



PS. Au fait, si ça vous intéresse, j'étais en partance pour assister au mariage de deux personnes magnifiques à tout point de vue à qui je souhaite tout le bonheur du monde, MiniLoup a fini par avoir des sssips rapport à une pièce oubliée au fond d'une poche, et la cause du vide du quai, c'était un retard indépendant de notre volonté. Le vocabulaire de la SCNF est admirable. Il est concis. J'admire.

vendredi 22 août 2008

Une araignée au plafond, 2

J'ai failli intituler ce billet "Une araignée au plafond, le retour", mais ça ne serait pas exact et moi, l'exactitude, j'y tiens comme à la prunelle de ma confiture de prunelle (si j'avais jamais fait de la confiture de prunelle, d'ailleurs ça se fait ça, la confiture de prunelle ? tiens, ça vaudrait le coup de creuser la question, enfin on verra ça plus tard), donc l'exactitude c'est ma fierté, ma raison de vivre quasi, bon je ne me prive pas de romancer un brin parfois, certes, mais toujours sur un fond de vérité, toujours toujours, vu que la vérité c'est encore ce qu'on a trouvé de mieux pour parler de la réalité, vous ne trouvez pas ? Vous n'êtes pas obligés de répondre à cette question.
Donc bref, "le retour" ça ne serait pas exact vu que Sidonie, elle n'est jamais partie. Ca fait des jours et des jours et des jours (je vous dirais bien combien mais j'ai oublié et je ne vais pas inventer quand même, noooon, moi je n'invente rien comme je vous disais), des jours et des jours qu'elle tourne en rond. Autour de l'ampoule de la salle de bain.
Une telle insistance ne laisse pas de... ah. Ne laisse pas de... comment je termine cette phrase ? "ne laisse pas de"... m'impressionner ? me fasciner ? Ca m'apprendra à vouloir écrire avec des mots que même un certain ancien premier ministre, il ne se serait pas aventuré avec, et pourtant il était coutumier du... ah zut ça recommence. Coutumier du fait, c'est ça non ? du risque ? du jambon-beurre ? Il avait des formules magnifiques, cet ancien premier ministre. Rappelez-vous. L'intelligence de la papatte... non ? ça ne vous dit rien ?
Je m'égare. Si, je le sais bien.
Pour en revenir à Sidonie, la voilà donc qui fait le tour, très lentement et sans que je la voie jamais bouger, de l'ampoule du plafond de la salle de bain. Elle doit parcourir environ 10 centimètres par jour à vue d'oeil. Je ne m'amuse pas à monter avec un double décimètre tous les matins, non plus, mais je surveille du coin de l'oeil, quand même.
C'est que ça m'intrigue bigrement cette petite araignée qui refuse obstinément de quitter mon plafond.
Et comme je vous en ai parlé il y a quelques jours, je me sens un devoir moral de vous tenir au courant de l'évolution des événements. Ne me remerciez pas. Vraiment, je vous en prie, ça me fait plaisir.
Ne vous inquiétez pas, je repasse bientôt vous raconter tout ça. C'est palpitant. Non ?

mercredi 20 août 2008

Quand ça veut pas...

Ben non, quand ça veut pas... ça veut pas. J'ai une recette magnifique de gâteau breton, je sais qu'elle est magnifique parce que je l'ai réussie une fois et que c'était scrumptious comme dirait ma chère T.
A se lécher les babines, la cuillère et le bout des doigts. Et le bout du museau du voisin s'il veut bien se laisser faire.
Mais depuis, rien à faire, je le brûle systématiquement. Je vais faire autre chose, j'ai mis le four trop chaud, le téléphone sonne, bref je m'en vais, et quand je reviens il ne reste plus guère que le centre de mangeable, fort bon certes mais c'est quand même agaçant. D'aucuns ricaneraient et diraient que pour faire de bonne pâtisserie, il faut adapter la cuisson à la température et à l'hygrométrie ambiantes, mais je ne suis pas de ceux-là. Si mon gâteau breton brûle, ce n'est pas parce qu'il est breton. Non, j'en porte toute la responsabilité et elle me courbe l'échine, croyez-le bien.
Que ne suis-je vraie bretonne ! Mais comme dit le papa de MiniLoup, dans la famille on est breton de fils en père. Donc, moi, nada. J'ai le gène du far raplapla. La hantise de la galette sèche. La catastrophe du palet trop mou. Le... enfin vous aurez compris.
Je partage quand même cette recette, parce que 1) je ne désespère pas d'y arriver un jour, et ce jour-là je vous promets que mon gâteau breton sera scrumptiouscissimo et que 2) parmi vous, je suis sûre qu'au moins un ou une parviendra à donner toute sa splendeur à ce met délicat. Très, très beurré, hein, c'est pas du léger-léger aérien et volant au vent joli de la Pointe du Grouin, non c'est du gâteau qui dit clairement qu'il est un gâteau, point. Donc, voilà :

Gâteau breton

375 g farine
250 g sucre
250 g beurre demi-sel fondu
6 jaunes d'oeuf
un zeste de citron

Mélanger la farine, le sucre et les jaunes, ajouter le beurre et le zeste. Travailler la pâte puis la tasser dans un moule beurré, faire des stries à la fourchette et faire cuire à 200°C pendant une petite heure.

Petite, l'heure, hein ?
Et avec les blancs qui restent, faites donc une meringue. C'est léger.

lundi 18 août 2008

Valedictions

S'il est un mot que les banquiers connaissent bien, du moins ceux que j'ai rencontrés dernièrement, c'est "non". Encore que ce non soit accompagné de bien des tons de voix différents, bien des regards désolés ou froids, et autres raccrochages de téléphone plus ou moins secs au bout du museau.
Il y eut le jeune papa enthousiaste jusqu'au bout des boutons de manchette : "Votre projet est magnifique, vous êtes bien évidemment la personne pour le faire aboutir, votre chiffre d'affaire prévisionnel est raisonnable, vous avez une clientèle toute désignée, votre produit est innovant et original et apparemment, vous avez une certaine facilité avec les chiffres. [Là j'ai rougi mais, j'avoue, je ne l'ai pas contredit. Je sais, c'est lâche.] Vous seriez une excellente chef d'entreprise. Mais dites-moi, pourquoi vous ne créez pas une association, plutôt ?"
Il y eut aussi la reine de la mauvaise foi :
Moi - Je vous ai envoyé trois mails et vous n'avez pas répondu.
Elle - Tiens, c'est curieux, je n'ai reçu que le premier.
Moi - ???
Et puis la sincère : "Et vous êtes à quelle banque, déjà ? ah tiens ? et pourquoi vous n'y restez pas ?" La même, fataliste : "Vous savez, vous devriez peut-être jouer au loto..."
Parfois ça commence comme une belle rencontre : on papote entre filles, quasi, on se donne des bons tuyaux de dépôt-vente pour nos mouflets, on parle dents qui poussent et collier d'ambre. Et puis au fil des rendez-vous, le regard dévie, les silences s'épaississent, la voix hésite. Jusqu'au "j'ai présenté le dossier à la commission, c'est non". On sent sa gêne et on en est désolé pour elle. Métier ingrat, parfois. Et on s'en va en se disant qu'on aura au moins partagé le goût des petites chemises en lin qui vont avec tout.
Il y a le brutal : "Et vous y connaissez quoi, en restauration ? et votre local, là, vous ne trouvez pas qu'il est un peu loin de tout ? et les mômes, ça consomme pas que je sache ? faut pas rêver ma pauv' dame !"
Le désolé : "Moi j'y croyais, et puis humainement c'est un projet magnifique, mais vous savez, avec la crise..."
Le gentil : "Moi je dis ça pour votre bien, vous savez..."
L'absent : "Laissez-moi un message, je vous rappellerai..."
C'est un peu un jeu du chat et de la souris ; je me sens pousser des moustaches à vitesse grand vélo, comme dirait MiniLoup.
En parlant de chat et de souris, ça me rappelle ce livre magnifique d'Hélène Ray, Cherche souris pour garder chat. C'est l'histoire d'une petite fille qui voudrait un chat, mais ses parents sont contre. Le jour où un chat débarque, elle espère bien le garder, mais ils sont toujours contre. Ils finissent par lui dire que s'il y avait des souris dans la maison, alors ce serait une bonne chose d'avoir un chat, mais en l'occurrence il n'y en a pas, alors petiote, vois-tu, ouste le chat. Et la petite fille, futée, fait paraître une petite annonce qui circonscrit son problème : "cherche souris pour garder chat". Ca finit bien, forcément.
Bon, je sais que cette histoire n'a rien à voir avec ce que je raconte, mais ici au moins je fais c'que j'veux nom d'une crevette ! non mais.
Les réponses des banques n'étaient donc pas exactement le reflet d'une simple formalité comme je l'avais naïvement cru. Et c'était très bizarre ce décalage avec la "réalité" de l'évolution des choses, parce que pendant ce temps, le local prenait une allure qui ressemblait au tableau final, mes recettes commençaient à prendre bonne tournure et le tout nouveau frigo prenait une place monumentale dans la cuisine où tout ce qui devait aller à droite n'y était pas encore et ce qui devait aller à gauche s'entassait sur la table familiale ! Pendant ce temps donc, tout le reste avançait comme sur des petites roulettes toutes rondes. Mon projet de proposer le local gratuitement aux associations rennaises dédiées à la parentalité avait rencontré un franc succès, soit pour y tenir des réunions privées, soit pour s'ouvrir à un public plus large pendant les matinées, puisque je n'ouvrirais qu'à midi. Là encore, j'ai rencontré des gens merveilleux, qui mettent une énergie et un courage phénoménal à partager leurs expériences et leur enthousiasme.
Certains jours, le contraste entre l'enthousiasme qui m'entoure et me porte et le péremptoire du "non" qu'on m'oppose est lourd à porter. Mais quand vraiment le découragement s'abat, il me vient cette phrase en tête : "Life is what happens to you when you're busy making other plans" (qu'on pourrait traduire par "la vie, c'est ce qui vous arrive pendant que vous êtes occupé à tirer des plans sur la comète", il semblerait que ce soit de John Lennon). Et je me dis que ce qui m'arrive, c'est quand même bien rigolo, tout compte fait. Surtout quand je peux venir en rire ici.
En tout cas, j'espère encore et toujours. Bientôt, très bientôt...

samedi 16 août 2008

Soupe de crevettes à la citronnelle

Un délice prêt en un clin d'oeil.

Soupe de crevettes à la citronnelle

Décortiquer des crevettes roses et mettre les épluchures (têtes et carapaces) dans une casserole d'eau. Faire bouillir quelques minutes puis passer au chinois. Dans ce bouillon, ajouter de la pâte de curry (à Rennes, on en trouve d'excellente au magasin Belasie) et un bâton de citronnelle écrasé et coupé dans la longueur, laisser mijoter à feu doux pendant quelques minutes. Recouvrir des vermicelles de riz ou de soja avec de l'eau bouillante, couvrir. Lorsqu'ils sont devenus translucides, les égoutter et les rincer. Oter le bâton de citronnelle du bouillon, y ajouter du lait de coco. Disposer les crevettes décortiquées et les vermicelles dans de petits bols élégants et verser le bouillon bien chaud par-dessus. Parsemer de coriandre hachée.

Ce qu'a fait Clochette






Ca commence par une petite boule de poils, comme ça...









Et puis ça grandit...










Ca devient tout mignon et tout taquin... (là elle vient d'occire le balai).











Ca comprend beaucoup de choses... ("oh, tu as un Monsieur-le-Hoquet-qui-
se-tape-l'incruste, je vais t'aider - HOUAAAH")









Ca joue beaucoup, pour son développement personnel ("oh une tite bête rouge sur ton ordi, attends je l'attrape").







Ca dort beaucoup, pour la fraîcheur du teint.








Ca apprend à prendre des poses pour bien attraper la lumière sur son meilleur profil.










Ca fait des petites mines ("la gomme ? nan c'est pas moi, je suis pas dessus").











Ca joue à cache-cache ("tu me vois pas-euh, dans ma cachette-euh") et ça fait des niches ("la gomme ? nan c'est pas moi, je suis pas dessus").









Ca s'attaque à plus fort que soi, et ça gagne parce que c'est tout mignon et qu'on a pas le droit de taper les petits.











Mais dans l'autre chat, là, ça pense très fort "Pfff, il a fallu qu'il y ait un MiniLoup, maintenant ça... Jamais tranquille. Enfin je ne vois pas ce qui pourrait arriver de pire."



Pauvre Ninette. Une horde de mouflets qui veulent voir le chat, ça pourrait être pire à votre avis ?

vendredi 15 août 2008

Lasagnes chèvre-épinards

Le plat végétarien idéal à préparer à l'avance et à servir réchauffé, avec une grosse salade de mâche ou de roquette à l'huile de noix.

Lasagnes au chèvre et aux épinards

Dans un grand plat beurré, étaler une couche de feuilles de lasagne, verser dessus de la sauce tomate cuisinée à l'huile d'olive (maison de préférence), puis une couche d'épinards en branche égouttés (ceux en boîte conviennent très bien pour cette recette), émietter par-dessus la moitié d'une bûchette de fromage de chèvre et quelques lamelles de mozzarella, puis couvrir d'une couche de béchamel à la muscade pas trop épaisse. Recommencer avec les feuilles de lasagne, etc. Terminer par de la mozzarella et du fromage râpé. Mettre à four chaud (200°C) pendant trois bons quarts d'heure, jusqu'à ce que le tout soit doré, fumant et sente délicieusement bon. Servir aussitôt ou réserver au réfrigérateur ou au congélateur : il suffira de réchauffer le plat au four conventionnel jusqu'à ce qu'il soit à nouveau doré, fumant et sente délicieusement bon.

mercredi 13 août 2008

Artisans et autres gens de bien

Pour monter un plan de financement digne de ce nom (non, un plan de financement n'est pas une race particulièrement coriace de mustang, c'est la liste en deux colonnes des sous qu'on a prévu de mettre dans l'entreprise et des sous qu'on a prévu de dépenser pour ouvrir l'entreprise ; il faut que ça s'équilibre), pour monter, donc un plan de financement digne de ce nom, il faut à un moment ou à un autre faire la liste de toutes les dépenses prévues. L'équipement, les meubles, les frais de création et... les travaux. Autant j'aime patouiller dans la peinture et bricoler des étagères rigolotes, autant les mystères de la plomberie sont pour moi bien trop sacrés pour que je me risque à les déflorer en allant y voir de trop près. Total respect pour la plomberie, man.
Donc il a bien fallu envisager de faire venir un artisan pour faire faire un devis pour la plomberie. Il se trouve qu'une de mes amies tient un salon de thé et qu'elle m'a recommandé le plombier qui s'est occupé de sa cuisine. J'ai donc appelé, le plus poliment du monde, ce monsieur qui touche aux grandes vérités de la Tuyauterie et des Arrivées d'eau et je lui ai demandé s'il aurait l'auguste amabilité de me gratifier d'une visite afin de discuter de l'incarnation (grossière, certes) de son art en ma demeure. J'eus l'heur de l'entendre me répondre que "oui, pas de problème". C'était une réponse un rien laïque pour un grand-prêtre de son acabit mais, ma foi, les ecclésiastiques du grand-art plombier sont fort simples de nos jours, me dis-je, ravie.
Il vint. Il regarda. Considéra. Mesura. Griffonna. Re-mesura. Arpenta. Se baissa, se haussa. S'étira pour voir au-dessus du frigo, tapota les robinets, fit résonner les tuyaux. Moi je tenais l'encensoir : une lampe de poche hélas fort ordinaire mais utile pour regarder sous les meubles, et je le suivais sans faire de bruit pour ne pas déranger Son Eminence de la Pince à Recourber le Cuivre (ça existe, ça, une pince à recourber le cuivre ?). Il n'arrêtait pas de faire "hum hum, je vois, parfait, impeccable", ce que je prenais pour un bon signe.
Cette belle entente s'est gâtée quand j'ai commencé à lui expliquer ce que je voulais faire. "Là, il y aura les sanitaires". "Mais Madame, c'est un placard." "Oui, pour l'instant, mais grâce à vous..." "Mais, et les tuyaux, ils vont passer où ?" (Moi, un brin soucieuse tout à coup.) "Euh, en dessous ?" Là, et c'est à ça qu'on voit que c'était bien un saint homme, il s'est tu et il a réfléchi. Seulement, au lieu de considérer le placard, il s'est mis à me considérer, moi. C'est agaçant comme les gens vous dévisagent, des fois, vous ne trouvez pas ?
Enfin il a été formidable, il a trouvé le moyen de faire passer les tuyaux. En dessous. J'étais pas peu fière, je peux vous dire, d'avoir prévu comment l'Homme de l'Art allait s'y prendre pour faire passer ses augustes tuyaux. Enfin non, mes augustes tuyaux, mais tout le mérite lui en reviendra, je vous assure.
L'autre moment où on a frôlé l'incident, c'est quand j'ai suggéré qu'il saurait sûrement, lui, dans sa grande sagesse, comment s'y prendre pour mettre les éléments de droite à gauche et les éléments de gauche à droite. Il a regardé le mur de gauche. Puis il a regardé le mur de droite. Puis il a regardé très très vite de gauche à droite et de droite à gauche. Et puis il a demandé "quels éléments ?" Et j'ai dû lui expliquer que c'était une vue de l'esprit bien sûr, vu que pour l'instant il n'y avait rien, mais que mon plan du vétérinaire avait été tout griffonné par une gerbille et que quand même c'était pas simple cette histoire de gauche à droite, non ? Il a été très bien. Il a soupiré tout doucement et il a dit, "en effet, ça a l'air compliqué". Et au bout du bout, il a fait preuve de la grande sagesse dont je pressentais qu'il était débordant pour m'expliquer comment on allait faire, au final, pour mettre les éléments de gauche à droite et ceux de droite à gauche, à l'aide d'une arrivée d'eau supplémentaire, d'un bloc de prise dans ce coin-là et d'acrobaties inévitables pour ranger la vaisselle du lave-vaisselle dans le meuble à vaisselle. Mais, a-t-il dit, "on verra quand on y sera, pour l'instant on va créer cette cuisine". Il est sage, ce plombier.
Avec Mister E., menuisier de son état, je vécus une expérience des plus aimables et des plus reposantes. Mister E., non content d'être selon toute probabilité un excellent menuisier (il m'a montré un "book" avec ses réalisations et j'ai été dûment impressionnée), est aussi un jeune homme qui sait écouter ses clients potentiels. Autant dire qu'avec moi, même s'il avait parfois l'air un peu congestionné quand je parlais de contreplaqué à la place de triply ou de truc vertical à la place de montant, il a été parfait. Il s'est contenté de retraduire en langage haddock (un peu sec mais très goûtu) ce que je lui disais dans mon langage à moi (plutôt sardine à l'huile que filet de flétan - ça va, vous suivez ?). Il m'a expliqué aussi qu'il était écolo jusqu'au bout de la perceuse et qu'il n'utilisait que du bois non traité et qu'il ne faisait tourner ses outils électriques qu'avec la plus grande parcimonie : à mon avis, ce monsieur, il a un grand avenir.
Et puis quand il a eu compris le projet, il s'est mis à sautiller sur place comme un lutin enthousiaste et à avoir des tas d'idées que même moi avec mon cerveau délirant, elles ne m'étaient pas apparues : une déco "coin du bois" avec des sanitaires en forme de cabane en rondin, des feuilles de lierre partout, un arbre en liège au-dessus de la cabane des petits, des meubles en bois qui se fondent dans le décor. J'avais trouvé plus fort que moi en matière de créativité débridée et qu'est-ce que c'est reposant de voir quelqu'un d'autre turbiner et de se contenter de s'exclamer "ah oui j'aime bien", "vous croyez vraiment qu'on peut faire ça ?", "excellente idée, allons-y"... Le meilleur moment, ça a été le remodelage de la courette, avec force plancher en bois, coffre à bambous et recoin mystérieux pour une petite table. Cet homme, moi je l'admire. Merci, Mister E. J'espère que vous viendrez très bientôt faire de ces beaux rêves une réalité.
Sur les autres fronts, tout allait aussi bien que possible. Mister C. faisait des tableaux magnifiques, pour de vrai, avec mes tableaux magnifiques qui ne tenaient pas la comparaison. Et puis, sur les conseils d'une amie restauratrice, j'étais allée voir un organisme de financement solidaire qui s'appelait Presol et où une jeune femme charmante m'avait reçue, avait pris le temps d'éplucher mon projet en long, en large et en travers et m'avait posé des tas de questions toutes plus pertinentes les unes que les autres. C'est dire que je me suis remise au travail sérieusement en développant ici une idée, là un chiffre, et mon projet que je croyais abouti en a pris une nouvelle fraîcheur. Ca me donnait presque envie de faire la connaissance de la personne qui l'avait pondu, tiens. Au bout du bout de ces cogitations, j'ai présenté le dossier à une commission composée de plein de messieurs qui m'ont regardée d'un air surpris (encore, oui, je sais) mais ont cru bon néanmoins de m'octroyer des sous pour commencer l'aventure. Youpi ! trois fois youpi !
A ceci près que c'était assujetti à l'obtention d'un prêt bancaire, mais sur le moment ça m'a paru d'une grande banalité et l'affaire d'une simple formalité. Comme on est naïf, hein, quand on n'y connaît rien...
La suite au prochain numéro...

mardi 12 août 2008

Une araignée au plafond


Depuis quelques jours, j'ai une araignée au plafond. Une toute petite, toute mignonne, toute fine, à côté de l'ampoule du plafond de la salle de bain. Je l'ai surnommée Sidonie. Ce qui m'inquiète un peu, c'est qu'elle n'a pas bougé d'une patte depuis des lustres. Ca n'hiberne pas ces petites bêtes, si ? pas par le temps qu'il fait, quand même !
(Si on m'avait dit un jour que je scruterais le moindre mouvement de patte d'une araignée tous les matins en prenant ma douche, j'aurais cru que ce "on" était tombé sur la tête, pourtant, croyez-moi.)
Enfin bref, une araignée au plafond. S'agirait-il d'un subtil message ? Ah, ne me dites pas que vous, vous n'avez aucune superstition de ce genre, aucune petite manie !
Je vous avoue encore un truc : en cuisine, j'ai une manie totalement innocente mais un brin agaçante. Je suis incapable de saisir un sachet de sucre vanillé comme ça, sans réfléchir. Je fais toujours très attention de ne prendre que celui qui est sur le dessus de la pile, il ne faut surtout pas prendre un autre que le premier. Une question de préséance des sachets de sucre vanillé.
Ben, quoi ?

Verrines citron-framboise

Les verrines c'est très à la mode, mais comme il se trouve que ça peut être très bon, ma foi... allons-y. Celles-ci sont très simples à réaliser et la recette peut s'adapter en fonction de ce que vous avez dans vos placards.

Verrines citron-framboise

Pour la crème au citron :
125 g de sucre
1 sachet de sucre vanillé
3 cuillerées à soupe rases de fécule de maïs
Un citron
1 oeuf
1 petit verre à moutarde d'eau
Une lichette de beurre salé

Des framboises
Des meringues écrasées

Dans une casserole, mélanger les sucres, la fécule et l'oeuf. Ajouter en fouettant le jus du citron puis le verre d'eau. Mettre à feu doux et, sans cesser de fouetter, attendre l'ébullition, laisser prendre un ou deux bouillons puis retirer du feu et ajouter le beurre salé. Mettre à refroidir en filmant la surface pour éviter qu'il ne s'y forme une peau.
Pour monter les verrines : mettre dans de jolis verres une cuillère de crème au citron, quelques framboises, un peu de meringue écrasée, continuer jusqu'à épuisement en terminant par de la crème. Décorer d'une dernière framboise, éventuellement d'une petite feuille de menthe.
Servir rapidement.
On peut très bien remplacer les framboises par des groseilles, de la compote ou de la gelée de fruits rouges pas trop sucrée, et les meringues par des gaufrettes ou des petits gâteaux réduits en grosses miettes.

dimanche 10 août 2008

Services vétérinaires

Après avoir raboté, poncé et verni mes chiffres, j'ai dû tout recommencer à zéro. Trois fois. Au moins. Parce que les tableaux c'est fantastique, mais dès qu'on bouge un truc dans un coin, ça fait bouger plein d'autres trucs dans les autres coins, forcément. Et quand on a bien raboté, poncé, etc. et qu'il faut tout recommencer, au bout du bout ça lasse un peu. Mais je suis devenue super forte en menuiserie de chiffres, enfin je crois. Les tourill... le tourillonag... les chevilles de fixation de chiffres n'ont plus de secret pour moi. Quoi que ça veuille dire.
Mais il me restait à fignoler mes plans d'aménagement. Intérieur, je veux dire. Les meubles, les murs, le sol, tout ça. Je me suis mise à crayonner comme une petite folle, j'avais des petits bouts de papier partout dans la maison. Surtout pour la cuisine, parce qu'elle est toute petite ma cuisine et qu'il faut arriver à y caser un certain nombre de... choses. Des trucs et des machins. Certains à brancher à l'électricité, d'autres à l'eau, d'autres à mettre tout près de la cuisinière, d'autres en hauteur, prévoir des surfaces lisses, des couleurs unies, le tout joli quand même parce que c'est mon outil de travail et qu'il vaut mieux ne pas s'en lasser trop vite. Dame, ça faisait un bon moment que j'en rêvais de cet aménagement intérieur qui allait faire passer cette maison de résidence familiale tout à fait ordinaire à lieu expérimental à vocation de commerce de bouche. C'est étrangement imagé cette expression, vous ne trouvez pas ? "Commerce de bouche" : dans le même ordre d'idée, commerce de cheveux c'est le coiffeur et commerce d'oeil l'opticien, sauf que ça ne se dit pas.
Vous ne le saviez peut-être pas, mais pour ouvrir un commerce de bouche, il faut montrer patte blanche aux services vétérinaires. Je me suis donc rendue, un certain matin de mars, voir le Chef technicien du Service Sécurité Sanitaire des aliments, mon petit plan de cuisine tout bichonné sous le bras et la truffe frétillante, un tantinet inquiète toutefois à l'idée de ne strictement rien connaître au monde vétérinaire (si l'on excepte la visite annuelle chez le "docoteur des chats", mais je vous en parlerai une autre fois).
C'est pas gai-gai, les services vétérinaires de la ville de Rennes, ou était-ce le temps décidément grisâtre ? Sur les quelques marches du perron, une brochette de blouses blanches en train d'en griller une, l'air sombre. A l'accueil, un grand gars imposant que j'eusse plutôt imaginé en train de saisir à pleines mains la crinière d'un cheval rétif que les doigts recroquevillés sur les touches minuscules d'un ordinateur qu'il contemplait d'un sale oeil. Oeil qu'il leva sur moi au bout d'un moment. Il avait le regard d'un agneau nouveau-né. Tout surpris d'être là, tout laineux, tout doux, avec des cils partout. Et une voix d'ogre, allez comprendre.
- Bonjour, j'ai dit.
- Bonjour, il a grondé.
- Je viens rencontrer un vétérinaire pour le Café Clochette, Clochette c'est mon chat, j'ouvre un café pour les enfants, j'ai besoin d'une cuisine et on m'a dit qu'il fallait venir vous voir.
Il m'a regardée. Et il a attendu, comme si je n'avais pas fini ma phrase.
- Euh, voilà quoi, j'ai dit.
- Ah ? il a répondu.
- Ben oui, j'ai dit.
Il a tendu la main vers son téléphone et puis il a suspendu son geste et il a demandé :
- Qu'est-ce que vous avez dit, déjà ?
J'ai le plus grand respect pour les professions médicales, mais il faut bien avouer que parfois, il faut leur expliquer longtemps. Non... ? Enfin bref.
J'ai recommencé en racontant un peu plus en détail, avec les tenants, les aboutissants et ma cuisine et il a tout bien compris ce que je disais. Les professions médicales, les gens savent écouter quand même, vous ne trouvez pas ? Hum ?
Il a tendu la main vers son téléphone, cette fois il l'a saisi et avec sa grosse voix il a annoncé à Mme E. que quelqu'un voulait la voir. Ce n'était pas totalement exact parce que j'aurais préféré continuer à causer avec lui qui avait l'air de si bien comprendre ce que je racontais, mais bon, le travail c'est le travail, allons rencontrer Mme E., me suis-je dit.
J'ai donc laissé le gentil monsieur au regard d'agneau égaré retourner à ses touches et j'ai suivi Mme E. qui était aimablement venue me chercher à l'accueil. C'est en arrivant devant sa porte et en voyant sa carte punaisée dessus que je me suis aperçue que c'était elle, le Chef technicien du Service Sécurité Sanitaire des aliments, ou du moins sa représentante, et j'ai été très impressionnée.
D'autant qu'elle ressemblait aux gerbilles de ma copine Nathalie et que moi, les gerbilles, ça m'impressionne. Pas vous ? on dirait qu'elles ont décidé qu'elles ne seraient ni un hamster ni une souris, mais qu'elles voulaient bien être un mélange des deux et une telle force de caractère, moi, ça m'impressionne. (Oui, il m'arrive de dire n'importe quoi mais vu qu'ici j'ai le droit, il m'arrive d'en profiter. Et toc.) Donc face à une gerbille, je m'écrase.
- Alors, vous venez pour quoi, qu'elle a dit de sa petite voix de gerbille gentille.
- Pour ma cuisine, m'dame, que j'ai dit.
- Mmmh, je vois, qu'elle a dit. Vous avez un souci de rongeurs chez vous ?
- Ah non, ah non, pas du tout, c'est pas du tout un souci les rongeurs, enfin je veux dire pas chez moi, enfin je veux dire c'est pas un souci chez moi, enfin je veux dire non merci, je n'ai pas de rongeurs chez moi.
Elle aussi, elle m'a regardée comme si je n'avais pas fini ma phrase. Elle n'aurait pas ressemblé à une gerbille, ça m'aurait un peu agacée.
Alors j'ai tout repris depuis le début et elle aussi elle a fini par tout bien comprendre ce que je lui disais. Gerbille ou pas gerbille, en fait elle n'était pas si impressionnante que ça quand on la connaissait un peu. Elle a sorti son porte-mine très élégant pour crayonner mon plan et me suggérer de mettre ce qui était à droite à gauche et inversement, à l'exception de ce qui était au milieu, qui pourrait plutôt aller sur le mur de droite, tandis que le mur de gauche devrait être carrelé, elle a été très claire là-dessus. Ca-rre-lé. Pour l'hygiène. Après avoir tout bien crayonné mon plan, elle a fait une photocopie, m'a recommandé une dernière fois de mettre du carrelage "PARTOUT, vous comprenez, c'est important", et m'a annoncé qu'en ce qui la concernait, je pourrais avoir un avis positif sur plan. Un avis positif sur plan, c'est quand les services vétérinaires se contentent de crayonner les plans des gens et s'abstiennent de venir crayonner leur cuisine en vrai aussi.
J'ai remercié Mme E., j'ai récupéré mon plan, sa carte de visite (pas celle de la porte, elle m'en a donné une toute neuve rien que pour moi), mon sac d'où s'étaient échappés quelques morceaux de sucre et autres graines à oiseau (ne me demandez pas pourquoi, ça fait partie de ma névrose personnelle) et j'ai redescendu l'escalier jusqu'à l'accueil. Le gentil monsieur était encore là et il m'a regardée arriver avec son regard noir, rapport sans doute à ce qu'il venait de voir sur son écran, mais il s'est radouci quand il m'a reconnue et il a demandé "alors, ça s'est bien passé avec Mme E. ?" avec sa grosse voix de loup. "Oui, oui, très bien" j'ai dit distraitement en cherchant mes clés dans mon sac. "J'ai aucun problème avec les petits animaux."
Il y a eu comme un blanc. Quand j'ai eu trouvé mes clés et que j'ai relevé le nez, je l'ai surpris à me considérer comme si j'étais une variété étonnante de phasme exotique encore inconnu de la science vétérinaire contemporaine et j'ai craint une seconde qu'il ne tente de me capturer avec un grand filet à papillons. Mais non, il a juste froncé ses sombres longs sourcils et il m'a souhaité une bonne journée, alors je suis retournée vers mon sympathique destin.
Pfiou. Ca c'était bien passé tout compte fait, mais à un moment j'avais eu l'impression de passer à un poil de me rendre ridicule. Allez savoir pourquoi.

samedi 9 août 2008

Marché des Lices

Ce matin, sur le marché des Lices.
"Bonjour Monsieur, il fait beau aujourd'hui hein ? alors, qu'est-ce que je vous sers ?"
"Il me faudrait un bosquet de persil."
"Un... ?"
"Un bosquet de persil."
"Un quoi de persil ?"
(Le monsieur s'énerve et agite sa petite liste sous le nez de l'autre.)
"Un bosquet de persil, ma femme a écrit un bosquet de persil alors il me faut un bosquet de persil, c'est quand même pas compliqué !"
Il a eu son bosquet de persil.
Charitable, le vendeur a attendu qu'il ait le dos tourné pour éclater de rire.

vendredi 8 août 2008

Ecorces d'agrumes confites

Bien laver et brosser des agrumes non traités : citrons, oranges, pamplemousses, kumquats. Les peler à vif, c'est-à-dire prendre toute la peau jusqu'à la chair, s'il adhère un peu de chair c'est parfait. On se retrouve avec de grandes languettes d'écorce (sauf pour les kumquats qu'on laisse entiers). Mettre dans une cocotte, couvrir d'eau froide, mener à ébullition, puis égoutter. Couvrir à nouveau d'eau froide, mener à ébullition, etc., encore deux fois, ceci afin de se débarrasser de l'amertume. Puis laisser bien égoutter.
Peser et verser dans une cocotte avec le même poids de sucre. Laisser reposer toute une nuit. Le lendemain, mettre à feu très doux et laisser confire tout doucement jusqu'à ce que le liquide ait presque complètement disparu. Poser les écorces confites sur du papier sulfurisé et les laisser sécher, de quelques heures à quelques jours selon la chaleur et la sécheresse ambiantes.
Enfin, couper les morceaux d'écorce en lanières et les rouler dans du sucre semoule ; rouler les kumquats entiers.
Ca se conserve très bien et c'est délicieux avec le café ou le thé.

mardi 5 août 2008

Un thé chez les fées

Une des baby-sitters de MiniLoup, une jeune fille que je tiens en haute estime, m'a fait le plus grand plaisir l'autre jour en s'exclamant que prendre le thé chez moi, c'était comme prendre un thé chez les fées, à cause des tas de petits trucs rigolos qui l'accompagnent : des petits gâteaux expérimentaux sur lesquels on réfléchit ensemble ("quelques grains de gros sel en plus ?" "et un peu de zeste d'orange ?" "et pourquoi pas un glaçage à la bergamote..."), des écorces confites, des cristaux de sucre comme du quartz qui fond, des tasses dépareillées...
D'ailleurs puisqu'on en parle, et vous, vous prendrez laquelle ?

Voyez-vous, des tas de gens ne cessent en ce moment de me mettre de côté des tas et des tas de vaisselle, surtout des tasses. Merci tout le monde...
J'aime particulièrement celles-ci, leur délicatesse anglaise me plaît décidément beaucoup. Un thé chez les fées sans porcelaine anglaise, c'est comme... ohoh. Oh oh oh.
Qu'est-ce que c'est que ça ?
Aaaaahhhhhh ! Surtout ne bougez pas, il va partir tout seul.
Pas un geste, pas un souffle, il va renifler et s'en aller en douceur. Allez, ouste.
Merci. Il était temps que le fauve s'efface.
Très délicates aussi celles-ci, vous ne trouvez pas ? je les garderais bien pour mon usage personnel, mais je partagerai, allez.
Tiens, un nouvel acteur dans cette galerie de portraits. MiniLoup. En petite tenue, c'est l'été. "Maman, je t'aide", qu'il a dit.

Mais que fait-il ?


C'était une activité Montessori improvisée, donc. Le porter de tasses. Merci MiniLoup, tu peux ranger maintenant.
Celle-ci, très sobre, une tasse à grog. Il va peut-être falloir que je concocte un grog sans alcool.
Ah. Je me suis absentée un instant. Bien, ça tombe bien, j'ai une machine à faire tourner, hop, une serviette neuve, hop hop.
Une autre ébauche d'activité ? qu'il est créatif mon fils. Observons.


Sobre, délicatement exécuté, sans fioriture. Bravo.
Une tasse irlandaise.
Celle-ci est déjà attribuée à Gwenn. Coucou Gwenn !
La réponse à cette question est "oui, mais elle est floue".
Portrait de groupe. Un peu éclaté, le groupe, y aurait-il des inimitiés parmi les tasses ?
Je ne connais pas Bruxelles, je n'ai jamais mis les pieds à Bruxelles, je n'ai aucune idée de qui a bien pu ramener cette tasse de Bruxelles.
Celle-ci, c'est ma tasse à moi, mais je vous la montre quand même parce que c'est un clin d'oeil à Lewis Carroll et que j'aime beaucoup Lewis Carroll. Quoi, vous vous en doutiez peut-être ?
Sans histoire. Elle a cinq frères et soeurs.
Celle-là aussi c'est ma tasse à moi parce que ce sont des lapins de Pâques. Une tasse pascale, quoi.
Cette petite tasse à café-là a aussi quelques frères et soeurs. Ils s'entendent plutôt bien, enfin je n'ai pas à m'en plaindre.
Ca euh... non, ça c'est autre chose.
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