vendredi 30 avril 2010

Miettes de temps

Quand on devient maman, on découvre une autre dimension du temps. Il ne se rallonge pas : il épaissit. On apprend à tout faire en même temps. Dans la même minute, il faut consoler un petit qui pleure, essayer de comprendre pourquoi il pleure, prendre sa douche et préparer un petit déjeuner, le tout en prévoyant le repas du soir et, éventuellement, en passant un coup de balai sous la table et un coup d'éponge pour enlever le plus gros de la mare de jus d'orange. Ensuite, il faut trouver un body propre, fourrer le linge de la veille dans la machine à laver, habiller un petit tortillon que ça amuse beaucoup, trouver un doudou du bout d'un doigt de pied et se sécher les cheveux. Le tout en moins de temps qu'il n'en faut au plus grand pour faire des expériences de chimie amusante avec la flaque de jus d'orange et la salière qui traînait sur le plan de travail. On en profite pour ranger quelques boîtes de céréales qui traînaient également et chercher frénétiquement l'éponge qui a disparu depuis la minute précédente. La nuit, c'est la même chose, mais dans le noir.
Quand on ouvre un commerce, et surtout un restaurant, ce genre de compétences est essentiel. On se retrouve donc à gérer un temps émietté, entre les multiples tâches qui doivent absolument être accomplies et dont une large part, hélas, semble totalement inutile au fonctionnement même de l'activité. Rien de plus agaçant que de passer une matinée entière à essayer de débrouiller un embrouillamini administratif alors que l'heure tourne, que midi approche et que si on ne met pas la daube au four là maintenant tout de suite, elle ne sera jamais prête à temps, mais que pour la mettre au four il faut avoir épluché les carottes et pour les éplucher il faut aller les chercher chez la voisine restauratrice chez qui tous les légumes du quartier arrivent dès potron minet, mais pour aller chercher les légumes il faut aller chercher le pain, puisqu'on en profite pour collectiviser les voyages à la boulangerie, mais pour aller à la boulangerie il faut être allé chercher le nouveau carnet de chèques à la banque pour payer le boulanger qui est gentil comme tout et sa femme aussi et qui mérite bien qu'on lui paie sa facture à temps, mais pour aller à la banque il faut avoir fini la compta et rempli les papelards pour les chèques à déposer, mais pour finir la compta il faut avoir trié le brouillard de caisse mais pour trier le brouillard de caisse il faut... Ca n'en finit jamais, tout est toujours dans l'urgence et il n'y a jamais une seule minute qui soit libre de toute occupation. Quand on ne cuisine pas, on pense à la paperasse en retard. Quand on ne fait pas le ménage, on fait la liste des courses. Quand on ne dresse pas une assiette, on jette un coup d'oeil à la messagerie pour les réservations. Tout est essentiel, tout est urgent, ça ne s'arrête jamais.
Heureusement qu'il y a les bons moments ! parce que j'ai un peu l'impression de passer mon temps à me plaindre en ce moment et je déteste ce sentiment. Il est vraiment temps de retrouver enthousiasme et positivité ! Ca va pétiller dans la chaumière, je vous le dis. Et puis reprendre le temps d'être maman, finalement, ça va me faire des vacances !
Bon, sinon demain samedi c'est le premier mai, c'est la fête des travailleurs, si ça vous branche il y a une manif dès 10h30 place de la Mairie et le Café Clochette sera fermé pour cause d'anniversaire d'un grand lynx aux yeux qui rient et de convivialité non commerçante mais légèrement hispanisante, à base de sangria et tapas variés. Toutes les occasions sont bonnes, n'est-ce pas. A la semaine prochaine !

jeudi 29 avril 2010

Sérénithé

Midi, l'orage éclate, la cour est trempée, les chaises en bois brillent, les plantes frissonnent. Dans le Café, les loupiottes luttent contre l'obscurité relative, alors que dans la cuisine le curry répand ses arômes. Ce sera calme aujourd'hui, c'est sûr. Aude se lance dans la confection de petits gâteaux pour regarnir les boîtes. Noix de coco et mandarine. Une boîte de lait concentré attend de connaître son sort à côté. La bouilloire ronronne. C'est toujours aussi calme. Un disque tourne en boucle. Les poissons bullent.
Midi quinze. Deux messieurs arrivent, le cheveu humide et l'air affamé, et s'attablent. Une lasagne, une ! et une salade de lentilles à la truite ! En cuisine, on s'affaire, c'est l'affaire de deux minutes vingt exactement. Et puis l'agitation retombe, les assiettes sont servies, les verres de vin remplis, deux cafés gourmand à suivre et Aude retourne à ses petits gâteaux. La cafelière peste in petto en vaquant à ses paperasses.
Treize heures. Les presque-invitées du jeudi arrivent et s'installent pour un déjeuner toujours un peu improvisé, on reprend les conversations en cours, on se donne les dernières nouvelles. Oui, l'Espagne c'était bien. Le petit dernier et ses otites. L'école et les stages. Un chat montre un bout de moustache et repart faire la sieste. Café tranquille, on goûte les dernières créations, le four annonce l'arrivée de la dernière fournée.
"Allo, ici la maison R. pour votre commande de légumes ?" "Ah ben il n'y a personne, alors pour demain ce sera juste une livre d'échalottes s'il-vous-plaît." "Pas de livraison samedi, ça ira ?" "Oui oui, c'est fermé samedi !" Petite semaine décidément, je n'ai pas commandé une seule salade.
On s'installe pour quelques instants de sérénité, livres de recettes, une vache quitte son perchoir pour un câlin, la cafelière laisse tomber sa compta. Journée tranquille.
La sérénité au travail, ça fait du bien...
C'est vrai que pour une journée comme ça, il faudrait travailler le double le lendemain, histoire de gagner quand même un peu des sous... (Mais ça, on y pensera demain, les difficultés du boulot, le temps qui file à des tâches administratives inutiles et ingrates, les inquiétudes perpétuelles sur le lendemain...) Les jours comme ça, on se laisse vivre et c'est très bien comme ça. Le soleil perce, les chaises sèchent, un chat repasse une moustache et refile se coucher. Sérénité.

mercredi 28 avril 2010

Le mardi c'est caddie

Le mardi, c'est caddie. Il s'agit de trimballer dans des allées glaciales un chariot énorme et très lourd dont une roue sur quatre est généralement coincée (si c'est par un bout de salade, ça se résoud dans les 10 mn, sinon, non). La Mouette a su, la semaine dernière, vous évoquer un instant d'éternité au milieu de la crèmerie et du coup, hier matin, j'ai regardé d'un autre oeil mon environnement habituel. Il faut dire que d'habitude, je navigue à vue, le nez sur ma liste, sans trop m'émouvoir des autres clients, mais là, pour une fois, j'ai bien observé tout ça.
Sur le parking, il y a toujours un chien qui attend, le museau sur les pattes, que son maître ressorte de la caverne. Il est couché à côté d'un camion de pizzaiolo, mais je n'ai pas eu le courage d'attendre pour voir si c'est celui qui a tenu la patte de la Mouette. Il y a aussi plein de voitures diverses pourvues de macarons variés et un certain nombre de fourgonettes que des hommes en tee-shirt se chargent de charger de caisses de coca et de cagettes de scarole. Ou de laitue, je ne m'aventure pas assez près pour le vérifier. Il faut dire que certains d'entre eux ont un air légèrement patibulaire et qu'on ne ressent pas forcément à leurs côtés l'envie irrépressible de leur voler une feuille de salade, même pas pour des questions de vérification à fins de véracité bloggesque. Parfois aussi, ils chargent des caisses de jus de fruit, les toutes petites bouteilles, là.
A l'intérieur, le froid vous saisit progressivement. Au rayon du café, encore, ça va. Du côté du miel et des confitures, ça va toujours. Quand on arrive à la pâtisserie, on commence à ressentir quelques tiraillements du côté du cuir chevelu, sauf ce monsieur, là devant moi, qui a la gapette vissée sur l'occiput et qui compare trois bouteilles de rhum pâtissier. Il y a déjà sur son chariot quelques paquets d'amandes effilées mais je ne perds pas une seconde à détailler le reste, j'aperçois en effet une nouveauté : des éclats de caramel au beurre salé. Le temps que je m'extasie comme il se doit, le monsieur a filé. Enfin pas très vite, un chariot de trois tonnes cinq ne file pas comme ça, et il a un léger embonpoint qui ne l'aide pas à exercer une vélocité maximum. Enfin il emmène sa gapette du côté des sauces lyophilisées et j'ai quant à moi rendez-vous avec les feuilles de lasagne alors je ne traîne pas.
Il y a un truc qui s'appelle "gastronorme" et qui a rapport aux normes standard de taille des plats de cuisson dans les cuisines professionnelles, ce qui fait que je trouve des feuilles de lasagne adaptées en taille à des lasagnes de trois mètres carrés. Je choisis plus modestement des feuilles de lasagnes ordinaires en paquet destiné aux ménagères et je passe mon chemin, le temps d'attraper un sac de riz de cinq kilos. Destination crèmerie.
Je m'avance prudemment. Pas de pizzaiolo probable à l'horizon, la côte est déserte, à l'exception d'une dame qui fait un réassort du rayon du comté (des blocs de 2 kg, elle est costaud la dame). Nous nous saluons avec urbanité. J'ai le bout des doigts qui commence à figer sur la barre de mon chariot. Le temps d'attraper une quinzaine de plaques de beurre (ça nous fait du bon 7 kg en tout, quand même), ma roquette favorite, de la mozzarella et des petits chèvres frais en promotion et me voilà à la viande. Je ne vous ferai pas de récit traumatisant ; s'il y a parmi vous d'anciens enfants qui ont eu la hantise de se retrouver coincés dans la chambre froide du boucher de campagne chez qui s'approvisionnait leur grand-mère quand ils étaient petits, je préfère prendre l'élémentaires précautions. Sachez juste que le choix est cornélien toutes les semaines et que la vision de cette barbaque m'oblige à garder en tête toutes mes recettes faites et projetées avec la liste complète des ingrédients idoines, afin de profiter au mieux des possibilités offertes en ce lieu. Mon chariot est de plus en plus lourd et je sens pointer la hantise de le croiser enfin, ce pizzaiolo. Mais non, les restaurateurs sont des êtres d'habitudes et ils ne viennent toujours qu'à la même heure dans leur magasin favori (enfin favori... en tout cas ils y viennent, avec une régularité digne de mécaniques helvètes hebdomadaires). Ca signifie que... oui, il est l'heure de foncer à la caisse. Hop, rapido au rayon poissons, crevettes ou saumon cette semaine ? hop, saumon. Zou, les fines herbes à côté. Une seconde d'éternité à contempler un robot professionnel rutilant et... oui. Le voilà.
C'est le jeune restaurateur fringant, à la mine sombre et barbiche et yeux bruns. C'est l'heure où il arrive. Nous nous saluons de la tête, sobrement, comme tous les mardi matins, vers 10h30, depuis que la dame de la compta a échangé nos factures par mégarde. De semaine en semaine, il a l'air plus sombre. J'imagine que c'est la crise. D'ailleurs à y repenser, ça fait bien un an que je n'ai pas vu de joyeux messieurs échanger des plaisanteries par-dessus la tête des employés qui passent les code-barres devant leur énorme caisse à la sortie. C'est devenu très sobre, tout ça. A l'exception du premier jour de beau temps où les bras velus se sont un peu découverts pour le chargement des camionnettes et où un léger sourire semblait presque flotter sur les visages, j'ai l'impression que tout le monde est tendu. Même la dame très maquillée qui trimballe ses caisses de confiserie sur son chariot et qui plaisante avec la dame de la compta m'a l'air plus triste que d'habitude.
Enfin avec tout ça, je suis pas rentrée, moi. Allez, on se relève les manches et on charge tout ça dans la voiturette. C'est le retour à la réalité, et j'ai des tapas à faire.

mardi 27 avril 2010

Currygolard

- Maman, qu'est-ce qu'on mange ?
- Du poulet au curry.
- Ah ? c'est du poulet-cheval ?
- Euh, non, du poulet-poulet. Pourquoi ?
- Ben t'as dit du poulet écurie.
- ...

lundi 26 avril 2010

A la chasse

Derrière un long bout de bambou surmonté d'un caillou, un petit loup se profile, un grand sourire aux babines. Retrouvailles.
- Maman, t'as vu ? j'ai une lance ! on a mis du scoche, c'est super solide ! je peux chasser les animaux !
- Ouhla, oui je vois. Tu chasses les mammouths ?
(Air catastrophé devant l'apparente disparition des neurones maternels pendant ces vacances au soleil) :
- Ben nan. Les mammouths, il y en a plus que pas beaucoup, et puis ils s'approchent pas des villes.
(Réfléchit une minute en tortillant sa lance) :
- Je vais chasser les chats, plutôt.
(Part au galop en direction de la courette d'où il annonce à la cantonade que finalement, il va chasser les pucerons.) (Puis revient au galop pour une question importante).
- Maman, les pucerons ?
- Moui ?
- Je peux les voir avec mes yeux, ou il faut un microstrope ?
- Ah non, tu peux les voir avec tes yeux.
- Ah ? mais eux, ils vont voir la lance, non ? ils vont avoir peur, non ?
- Ah oui très peur, c'est sûr.
- Alors ça va.
(Repart dans sa mission d'éradication de la courette de la peste puceronnesque. Pas d'inquiétude, ils ont demandé l'exil politique dans la courette d'à côté. Sous la protection d'un mammouth en goguette. Les chats, eux, sont sous le lit.)

dimanche 25 avril 2010

Retour de passe-passe

Hola*.
Et voilà, les vacances, c'est fini. Je rentre fourbue et les yeux encore pleins d'autres images et de surprises au détour de la route. Stéphanie-la-mouette, qui a tenu la maison avec brio pendant cette semaine, m'attendait avec une assiette de dégustation de sa composition et j'ai atterri en douceur au milieu de mes trois chats qui faisaient un rien la truffe. Stéphanie, je te dois une belle chandelle et j'espère que l'occasion se réprésentera souvent de se croiser comme ça ! dommage que la semaine ait été aussi calme, enfin je parle de la fréquentation des lieux, parce que même avec le resto à moitié vide tu n'as pas dû arrêter une minute, c'est le métier qui veut ça. J'ai lu sur ton blog tes aventures et bien ri à la rencontre avec Joe Pesci... je serai à l'affût la semaine prochaine, c'est sûr. Et puis un jour de la semaine où je suis tombée sur un poste internet, je n'ai pas pu m'empêcher d'aller zieuter le menu que tu avais mis en ligne (ici, clic) et si je n'avais été en route pour un bar à tapas j'aurais été très tentée de rentrer goûter à tout ça...
Car les tapas emballent. Si, si, les tapas emballent. Ce fut une vraie révélation gastronomique et culturelle, je n'en suis pas revenue. Enfin si, mais avec quelques kilos d'anchois, d'olives et de jambon, dans l'espoir d'imiter cette formidable expérience gustative. Et le chocolat, vous le saviez vous que Barcelone était réputée pour son chocolat ? ben moi, non. Vous imaginez la surprise.
Re-bonjour à tous, je vous laisse, j'ai de l'huile d'olive à déballer. La semaine prochaine, il n'est en effet pas impossible que l'ardoise du Café Clochette s'ibérise.
Adios**.



*&** : acquérir deux mots de vocabulaire en une semaine ce n'est pas certes pas glorieux, mais c'est un début. Il ne me reste plus qu'à aller lire George Orwell...

samedi 24 avril 2010

Un goût de reviens-y

Une semaine au Café Clochette, c'est comme les bouchées aux amandes de la cafelière: délicieux, avec ce petit goût de reviens-y. Vous le savez sans doute, si vous fréquentez le lieu, un passage ici n'est jamais anodin. Bien plus qu'une simple étape gustative, bien au delà d'un banal salon de thé, Café Clochette s'avère une aventure humaine, où les inconnus d'hier viennent disserter sur leur engagement écologique, le dynamisme un poil trop acéré du petit dernier ou la façon de consommer et manger autrement.

Il y a les fidèles, bien sûr, qui collectionnent les cartes et leurs jolies pattes de chat, et qui ne s'offusquent plus guère des soudaines crises de nerfs de Clochette. Ces familles, ces mamans que la cafelière connaît par leur prénom. Qui reviennent et s'installent comme s'ils habitaient ici.

Et puis, il y a les novices, qui jettent un regard intrigué à travers la vitre. Une amie, une collègue, une belle-soeur leur a parlé de Café Clochette et ils viennent - enfin, disent-ils - voir de leurs propres yeux de quoi il en retourne. A chaque fois, c'est l'étonnement, devant la chaleur, la simplicité des lieux, sans esbroufe, juste authentique.

Cette semaine, fidèles et novices se sont croisés et j'y ai perçu cette même envie de s'installer, de suspendre un peu le temps, savourant à plein la sérénité des lieux, si atypiques.

Atypiques? Y a-t-il beaucoup de restaurants où les clients restent tranquillement avec leur(s) enfant(s) au coin jeu, bien après avoir réglé l'addition? Oui, y a-t-il beaucoup d'établissements où ces mêmes clients viennent chercher quelque chose en cuisine, naturellement?

Le maître-mot de Café Clochette, c'est le naturel et la spontanéité. C'est pour ça qu'il est unique. C'est pour ça qu'il a un goût de reviens-y. Et c'est pour ça que j'ai été heureuse de savourer ces tranches de vie. Maintenant, place à la cafelière, qui revient avec l'envie d'ensoleiller vos assiettes, dès la semaine prochaine!

PS: Un grand merci à toi, chère Pascale, de m'avoir accordé ta confiance et donné carte blanche en cuisine! Je reconnais bien là ton goût prononcé pour l'aventure...

mardi 20 avril 2010

Tapas et melting pot

Certes, j'imagine vos têtes demain, votre légère - voire immense - déception de ne pas croiser la cafelière. Car voyez-vous, elle a choisi la voie de la raison: celle des tapas.

Je m'égare, je m'égare mais en tout cas, il y en a au moins trois qui ne tiennent pas rigueur de ma présence ici: les chats, évidemment, qui m'ont réservé ce matin une jolie haie d'honneur (j'exagère à peine) et qui ont fait genre, tout va bien, tout est normal. Un comble lorsqu'on accueille une mouette, non?

D'ailleurs, à l'heure où je vous écris, Clochette se love contre mon cou, ce qui rend d'autant plus difficile l'écriture de ce post. Mais je ne pouvais pas manquer de vous saluer, en espérant vous rencontrer - ou vous revoir - en vrai. ici, dans ce lieu que nous aimons...

Sans vouloir vous soudoyer, je vous annonce un makloubet, de l'osso bucco, du tiramisu aux framboises, chocolat et pistache, sans oublier des fèves à la marocaine ou le moelleux au chocolat. Oui, c'est un melting-pot, ma cuisine est pleine d'influences de ça, de là. Sans prétention, juste avec l'envie de vous la faire partager.

Alors, je vous attends?

dimanche 18 avril 2010

Gâteaux étonnants à l'amande

Je suis toujours à la recherche de recettes à base d'amandes en poudre, le remplacement idéal de la farine dans les recettes sans gluten. J'en ai trouvé deux récemment, une de petites bouchées et une autre de gâteau à l'orange. Comme j'ai aujourd'hui l'âme généreuse, je vous les livre de concert.
La première, je l'ai trouvée dans un livre que des clients expatriés temporairement au Canada m'ont envoyé pour me remercier de leur avoir fait parvenir une boîte de petits gâteaux en quasi-contrebande via d'autres clients en partance pour des vacances au frais. Le Café Clochette est au coeur d'un traffic international de petits gâteaux, quoi. Bref. Ca s'appelle "Almond Slices" et ça se trouve dans Cakes and Bakes publié chez Love Food. C'est anglais et donc les mesures sont en tasses.
L'autre vient de chez Nigella, ici (clic), et c'est une recette que je rêvais depuis longtemps de faire, sans jamais y arriver. Elle est idéale pour les régimes destinés à mettre un maillot de bain, il n'y a aucune matière grasse dedans. Etonnant, non ?


Bouchées aux amandes

Dans un saladier, mélanger 1 tasse de sucre en poudre, 1 tasse et demi de lait en poudre, 2/3 tasse d'amandes en poudre. A part, mélanger 3 oeufs et 50g de beurre fondu, puis ajouter le mélange au reste et bien mélanger. Vous pouvez ajouter quelques filaments de safran, mais personnellement je ne suis pas fan. Par contre, un chouia d'extrait d'amandes amères fera merveille.
Mettre à 160°C pendant 45 minutes, dans un plat carré de 20cm de large environ. Laisser refroidir puis couper en petites bouchées.


Cake à la clémentine

Mettre 3 clémentines ou deux petites oranges dans de l'eau froide, amener à ébullition, baisser le feu et laisser frissonner pendant deux heures. Laisser refroidir, puis couper en deux pour enlever les pépins et mettre dans un robot ménager pour les réduire en purée. Ajouter dans le bol du robot 6 oeufs entiers, 1 cuillère à café de bicarbonate de soude, 225g de sucre et 250g de poudre d'amande. Mettre le tout dans un moule rond chemisé avec du papier sulfurisé, puis hop, au four pendant 40 mn à 190°C.

samedi 17 avril 2010

Des bavoirs photovoltaïques

On m'a adressé ces jours-ci un courrier qui m'étonne un peu. L'entreprise qui m'écrit ainsi a choisi de mettre sous son nom, en haut de la feuille, les mots "Audits/Conseils - Budgets - Tableaux de bord" qui, déjà, m'interrogent. C'est un peu fourre-tout comme rassemblement de concepts, non ? Enfin bref. La suite me titille également.
"Mademoiselle, Madame, Monsieur" : bon, ce sont des gens polis, c'est déjà ça.
"A la demande d'un important client, nous recherchons des commerciaux pour de la vente à particuliers, de panneaux photovoltaïques sur les régions Bretagne-Loire Atlantique" : pour moi qui suis habituée à recevoir des propositions d'évaluation de mon fonds de commerce à visée prospective afin de me l'acheter éventuellement si jamais vraiment quelqu'un en voulait, ça m'interpelle. Des commerciaux ? et ben quoi des commerciaux ? j'ai pas ça en stock, moi. C'est pas comme d'habitude, ce courrier, il se passe un truc, là. Nonobstant la ponctuation légèrement aléatoire, il se passe un truc.
"Nous savons que les bars-restaurants-boîtes de nuit sont au centre du lien social et du monde des affaires" : au centre du lien social, certes, j'en vois la preuve tous les jours. Au centre du monde des affaires, ça dépend. Il arrive en effet que des messieurs encravatés se substituent temporairement aux bébés à bavoirs, mais c'est quand même relativement rare et ça ne me met pas en position de revendiquer être au centre du monde des affaires. Enfin si ça leur chante, mettons que oui. Mais quand même, j'ai des doutes.
"Nous vous invitons à transmettre nos coordonnées aux commerciaux opportunistes, intéressés par un métier très actuel et rémunérateur" : des commerciaux opportunistes ? ah ça y est, j'y suis. On me dit que les commerciaux sont des gens qui ont tendance à se dévoyer dans des lieux de perditions qu'on met dans un vaste paquet intitulé "bars-restaurants-boîtes de nuit" et que, comme visiblement j'en fais partie, rapport au nom de mon bouge, on s'imagine qu'ils viennent danser chez moi et consommer du champagne hors de prix jusqu'au bout de la nuit. Mouis. J'ai comme l'impression qu'on n'est pas sur la même longueur d'onde, là. Encore que j'ai parmi mes clients des jeunes gens tout à fait précoces qui, de derrière leur bavoir, seraient peut-être à même de réfléchir à la question de savoir s'ils seraient prêts à vendre des panneaux photovoltaïques. Peut-être.
"Toute information débouchant sur un contrat avec un commercial, fera l'objet d'une commission de 500€ de votre part" : rhooo, ils vont me faire vendre des infos sur mes bébés à bavoir, dis donc ! Je ne mange pas de cette bouillie-là. Non merci.
"N'hésitez pas à contacter Muriel aux heures de bureau" : Muriel, je vous salue bien bas, mais voyez-vous, j'ai autre chose à faire que de vous appeler aux heures de bureau, vu que ce sont les heures où je travaille moi aussi et que je n'aime pas mettre de la farine sur mon téléphone. D'autant que la semaine prochaine je ne suis même pas à côté de mon téléphone.
"Vous souhaitant bonne réflexion, etc., etc." : oui, oui, bien reçu. Merci, "La Direction". A l'occasion, tenez-moi au courant, ça m'interroge, votre histoire.

La mouette va encore frapper

La semaine prochaine, votre cafelière met le cap au Sud et laisse le Café Clochette entre les mains capables de la mouette (clic). Dimanche, hop, plus personne. Après avoir envisagé très sérieusement de mettre le cap du côté du Costa Rica pour trois ans et finalement renoncé, nous nous trouvons tout abattus et épuisés par ces émotions et avons besoin de quelques vacances, au soleil malgré tout. Donc hop, si vous venez (ce que je vous encourage vivement à faire) faire un tour la semaine prochaine, dites bien à Stéphanie que je la salue et la remercie encore de me permettre de prendre un peu de temps. Vous la connaissez si vous venez souvent : elle était déjà venue pour quelques jours en fin d'année dernière. Vous aviez pu (certains m'en parlent encore) déguster ses fameux cannelés et profiter de sa joie de vivre. Peut-être aussi suivez-vous ses aventures sur son blog. En tout cas, elle va faire des merveilles ici en tant que chef invitée (et d'ailleurs, un de ces jours, un samedi pour être exacte, on accueillera un autre chef invité que vous m'en direz des nouvelles, mais je vous en reparlerai bientôt) à la cafèlerie en chef du Café Clochette.
Je vous en ai déjà touché deux mots : c'est un métier usant, à la longue. Surtout quand on a déjà la tête ailleurs, même si ce n'est pas sous les tropiques. Dans quelques temps, je ne serai plus là ou, en tout cas, moins que maintenant. Ca me manquera beaucoup, c'est sûr, de vous voir, vous qui venez ici en vrai, au Café Clochette, et puis ça me manquera aussi de ne plus faire la cuisine comme ça, au fond de ma cuisine, reine du robot ménager et de la cuisinière à induction. Mais laisser un beau passé pour un bel avenir, c'est quand même le meilleur cas de figure.
Bon, on n'y est pas tout à fait, mettons que je vous prépare psychologiquement. Et en attendant, vous pouvez croire, chers lecteurs, que je vous envoie à tous, virtuellement, une carte postale du grand extérieur, ce monde, là, juste derrière la porte du Café Clochette, où je vais aller me plonger avec délices !
Stéphanie, je te souhaite une belle semaine, amuse-toi et fais de ma part une petite caresse quotidienne à mes chats, si tu veux bien ? A très bientôt.

vendredi 16 avril 2010

Christine

Christine a terminé aujourd'hui son contrat au Café Clochette. Le Café Clochette y perd une jambe et clopinera pendant quelque temps... mais moi j'ai gagné une amie. Je me souviens avec émotion des moments partagés, de la belle énergie qu'elle met à tout et du sourire avec lequel elle affronte toutes les situations. Je me souviens de nos fous rires devant les commandes bizarres, en cuisine. Je me souviens de l'arrivée, via notre fournisseur habituel, d'un paquet de noix invalides (c'est-à-dire un peu amochées, qu'on utilise en pâtisserie notamment) et de son exclamation "oh, les pauvres !". Je me souviens surtout de tous les moments de repas partagés à la fin du service, moments de sérénité (parfois, car il arrive qu'on se relève pour une addition, une carafe ou un bisou), de complicité et de douceur. Il nous est arrivé de partager ces moments avec d'autres, et ils me manqueront vraiment. Christine m'a donné tout à l'heure un texte qu'elle m'autorise à partager avec vous, lecteurs du blog, alors le voici...
Christine, merci pour tout. Je te souhaite bon vent, qu'il te pousse là où t'attendent de belles surprises ! et à très bientôt, autrement.


"Si vous aviez travaillé au Café Clochette, vous sauriez..."

Vous sauriez qu'on y passe des moments inoubliables ; que parfois on prend son temps autour d'un café et d'un petit gâteau...
Que parfois on court partout pour apporter à qui un philtre d'amour, à qui un biryiani, à qui une crêpe au chocolat.
Qu'il y a des commandes toutes "tarabiscotées" avec des trucs qui ne sont même pas sur la carte !
Qu'il y a parfois des plats qu'on met à la carte et dont personne ne veut le premier jour et puis le lendemain, allez savoir pourquoi, tout le monde en veut... comme dirait l'autre, "il faut laisser sa chance au produit" !
Que dans la cuisine souvent on s'affaire mais parfois on papote, on rit, on se fait quelques confidences.
Qu'il existe sur le marché plus de trois épices et trois céréales différentes (c'est dingue non ?!).
Qu'il y a un mini-loup qui grimpe de temps en temps sur le tabouret pour attraper un "gâteau sans gluten".
Que certains ont quelques papattes sur leur carte de fidélité et que d'autres ont quelques assiettes de dégustation en attente...
Qu'il y a des couteaux qui servent à couper les légumes et d'autres la viande (si si c'est vrai je vous assure !).
Qu'on peut changer un ingrédient dans une recette que "non ça gâche pas tout" mais qu'au contraire ça rend le gâteau encore plus "délicieux" comme dit M. à propos de la soupe au potiron de P....
Qu'il y a trois chats parfois coquins.
Qu'on peut faire des expériences culinaires heureuses ou moins heureuses...
Qu'on y rencontre des gens adorables et chaleureux.
Qu'il y a parfois des bambins partout et parfois pas du tout.
Qu'on y parle de bébés, de portage, d'allaitement.
Qu'on y échange des recettes mais pas seulement...
Vous sauriez surtout que la cafelière est une personne pleine de gentillesse et d'attention aux autres, qu'elle a l'oreille attentive et le coeur sur la main et que le travail d'équipe avec elle est une vraie douceur.
Enfin vous sauriez qu'à cause de tout ça, on quitte le Café Clochette le coeur serré, mais le coeur plein de cette belle aventure, de toutes ces petites merveilles et de toutes ces rencontres...
On quitte le Café Clochette plus riche qu'on y est entré.

To be or not to be una maman au top

Parfois, être maman c'est comme se trouver propulsée à l'interprétation d'une conférence internationale, dans la petite cabine, sans trop savoir quelles langues sont en présence ni si on a appris ce dictonnaire-là.
- Maman, j'ai une position !
(Une position éthique remarquable sur la question de l'identité nationale ? une position dorsale idéale pour porter un petit sac à dos brodé ?)
- Ah, tu as le catalogue d'une exposition sur les dinosaures, ça alors !

Enfin l'interprétariat, c'est quand même mieux payé, comme job.

mercredi 14 avril 2010

Marqueur d'âge

- Tu sais mon loup, il y a Z. qui vient déjeuner aujourd'hui avec ses parents et ses grands frères. Elle est toute petite, c'est un bébé.
- Ah ? elle marche à pied ou assis ?
- ???
- Ben elle marche à pied ou assis ?
- Euh... elle marche dans une écharpe, avec son papa ou sa maman.
- Alors elle marche assis. Elle est toute petite, quoi.
- Ah ben oui.

mardi 13 avril 2010

Eléphant en cotte de maille et caïman en falbala

Hum... ?
Oh pardon, j'étais encore dans mon rêve.
Désolée.
Je reviens.

lundi 12 avril 2010

Rêves de métamorphose et de sphères macaronnées

Un des meilleurs aspects de toute l'aventure du Café Clochette, c'est qu'il m'arrive de me prendre vraiment pour une restauratrice. Parfois, quand je suis en train de dresser une assiette et que je m'apprête à poser dessus les dernières pousses de roquette ou à verser la lichette de vinaigrette à la coriandre maison avant de poser le tout à droite du plan de travail, devant une Christine dans les starting-blocks, je me dis "pfff, c'est rigolo, on dirait que je serais une cuisinière et que j'aurais un restaurant". Avant de réaliser soudainement que c'est bien la réalité. Ca me fait toujours autant d'effet. Il y a une sorte d'irréalité à tout ça, finalement, comme si avoir un restaurant c'était un truc que je crois encore hors de ma portée. Enfin c'est assez sain comme sentiment tout compte fait, on ne s'encroûte pas trop à ce régime-là. J'ose même espérer que les ingénieurs qui conçoivent les centrales nucléaires et les font fonctionner ont de semblables moments - mais qu'ils se reprennent bien vite.
Enfin tout ça est très intéressant. Mais pas autant que ma lecture favorite : le magazine mensuel des CHR. C'est un autre des bons aspects de ce métier : on est abonné, automatiquement semble-t-il puisque je ne l'ai jamais demandé, au magazine mensuel des CHR.
Ce mois-ci, la couverture est alléchante, puisqu'on y pose la question : "L'un des ingrédients pour réussir dans la restauration, c'est...". Tout à fait alléchée par cette promesse de réponse à un des dilemmes les plus préoccupants du métier, j'ai foncé sur la page suivante. Qui était en fait la vraie couverture du magazine et me promettait cette fois de retrouver en pages centrales les annonces de ventes de fonds, d'offres et de demandes d'emploi. Mouais. Il y a comme une collision intersidérale, là.
C'est en page 5 que l'on m'annonce enfin "L'un des ingrédients pour réussir dans la restauration, c'est"... et c'est, vous savez pas quoi ? Du poivre long ? du saumon frais ? des grains de raisin calibrés et sans pépins ? du persil plat ? des oignons roses de Roscoff ? Nan. C'est Davigel. Il paraît que ces messieurs de Davigel ont signé avec la Ministre de la Santé une charte d'engagement volontaire de progrès nutritionnels, alors vous pensez. Bref.
Quelques pages plus tôt, on m'indiquait que pour donner envie aux clients de manger du dessert, il y avait quelques recettes simples. Pas celle de mon fameux gâteau distrait, non, c'est plutôt une formule magique. Voyez plutôt : "Que l'on opte pour des préparations faites maison ou que l'on pratique la cuisine dite d'assemblage, il est primordial de personnaliser son service à la clientèle et de mettre en avant ses atouts." Il faut exalter les aspects gourmands et attractifs du dessert, qu'on me dit. "Si l'on choisit par exemple un dessert comme la Sphère macaronade de Davigel (tiens, tiens), il pourra être présenté ainsi sur la carte : Mousse chocolat crémeuse enfermant un coeur gourmand à la texture et à la saveur de macaron amande." Je sais pas vous, mais moi je préférais le nom d'origine, tant qu'à faire.
Sinon, on m'apprend dans ce magazine que l'Hotel Century Old Town, oeuvre de l'art décoratif praguois, est tout entier dédié à l'auteur du Procès. Il paraît qu'on peut y déguster un cocktail baptisé Rêve de Kafka ou Chapitre 1 ou y réserver la chambre 214, où officia l'auteur en tant qu'assureur. Si ça fait pas rêver, ça. Je peux quant à moi vous proposer la chambre Timirrou où le dit félin passe la majorité de ses siestes, mais il faut que vous n'ayez rien contre les poils de chat et que vous ayez une grande confiance en l'avenir, où vous pourrez dire à tout le monde que vous, vous avez dormi dans cette chambre et que tout le monde vous enviera terriblement.
Je pourrais aussi vous parler des défis que se lancent certains chefs français pour utiliser des produits japonais ces derniers temps ou vous détailler l'enquête Gira Conseil, selon laquelle la consommation alimentaire hors domicile est en recul de 2,58%. Mais je ne sais pas trop, ça ne me fait que modérément rêver, là.
Il n'y a plus qu'à attendre la prochaine livraison de ce fabuleux magazine, en espérant qu'il sera plus inspirant que celui-ci...

vendredi 9 avril 2010

Un centre qui bouge et quelques périphéries

L'homme aux semelles qui grincent était un homme aux semelles de vent. Poussé par le zéphyr, il part du côté du Costa Rica ; et il m'emmène dans sa sacoche. Il doit se dire qu'une cafelière ça sert à tout et que ça peut peut-être tenir le nord dans la canopée, au cas où nous nous y égarions. Pauvre homme, je n'ai pas osé lui avouer que du temps estudiantin où je hantai Paris, je fus persuadée pendant de longs mois que le Centre Pompidou était monté sur roulettes, tant il semblait n'être jamais au même endroit. Ca promet.
Fiction ou réalité ? cher lecteur, seul l'avenir nous le dira.
En attendant, deux annonces importantes : samedi midi, le Café Clochette sera complet, ne venez pas ou vous risquez de vous casser le nez... Par contre, ce soir vendredi et samedi soir, c'est possible de venir dîner, sur réservation. Veuillez noter également qu'il y a un brunch dimanche à partir de 13h, sur réservation, et qu'il reste quelques places. J'ai prévu une petite terrine de saumon aux baies roses, un cake salé avec plein de bonnes choses dedans, des viennoiseries, du gâteau, et un autre truc auquel j'ai pensé tout à l'heure et qui, nom d'un éléphanteau des steppes angevines, m'échappe tout à coup. C'est sûr, je vais en rêver cette nuit. Auquel cas je reviens vous en parler, bien sûr, vous pensez.
Enfin, je vous prie de bien vouloir noter que ce vendredi est J-8 pour Christine, qui va quitter les rivages joyeux du Café Clochette pour des vacances bien méritées et d'autres horizons. Donc, si mes calculs sont bons, vendredi de la semaine prochaine, ce sera son dernier jour. Alors réservez votre vendredi midi, mes amis, nous fêterons dignement son départ. A vous tous qui l'avez appréciée, venez le lui dire...

dimanche 4 avril 2010

Mieux vaut têtard que jamais

- Maman, maman, ya plus de têtards dans mon pistolet !
- Oh zuuuut... ils se sont carapatés en sautant guillerettement ? ou en nageant, plutôt ? mon pauvre loup, ça alors... un pistolet vide, si c'est pas malheureux... pfff...
- Mais naaaan ! Y se sont sont pas sautés, yen a pu, quoi ! enfin yen a jamais eu, en fait. Papa y dit qu'y veut pas, pffff...
- Ah oui, c'est dommage. M'enfin je suis pas fan du pistolet, à la base.
- Mais oui mais tu vois, on peut l'ouvrir, et pis on peut mettre un tétard là, tu vois, et pis ça esplose et pis après ça fait pouf, et ça part par là, tu vois, c'est chouette hein ?
- Mouis. Je vois ce que tu veux dire. Et il sort quoi, une grenouille ?
(Grimace de désappointement devant l'incompréhension maternelle, mais cet enfant a la fibre pédagogique et ne baisse pas les bras.)
- Ben nan. Ca fait du bruit, quoi. Boum. C'est chouette, hein ?
- Boum.
- Oui.
- Ah.
- Bon.
- Ben oui.
Fin de la conversation. Mais je ne donne pas cher du prochain têtard qui passe.

samedi 3 avril 2010

Jours très pleins

Il y a des jours où on se dit que toutes les minutes n'y suffiraient pas à les vivre et les raconter ensuite. Il faudrait un duplicata intégral et, forcément, la narration y perd. C'est le problème central de la traduction littéraire : une seule traduction ne suffit jamais à épuiser le texte, c'est dans le foisonnement de toutes les traductions possibles que se profile l'épaisseur des sens du texte de départ ; mais il faut bien faire "une" traduction et trancher à un moment ou à un autre. Alors raconter la vie du Café Clochette, ici, c'est la même chose : choisir dans les petits événements et les plus grands et leur donner une forme. Traduire ce qui se passe, en fait : ce n'est jamais l'original. Mais c'est déjà ça.
Tout ça pour dire qu'aujourd'hui, ce fut, comme on dit, riche en émotions. Une journée qui commence par un cours de grec, de toute façon, ne peut pas être une journée ordinaire, surtout quand on y réfléchit sur les multiples sens à donner à un choix grammatical plutôt qu'à un autre (voir ici, clic). En plus, je ne doute pas que savoir dire "loup" en grec ne me serve quelque jour. Et puis après, ça a été la valse du service, enfin java peut-être plutôt, je vous ai souvent décrit ce moment si particulier où s'enchaînent commande, préparation, service, jusqu'au moment béni du café et des desserts où on peut pousser un soupir de soulagement d'avoir encore une fois franchi l'obstacle et réussi à servir tout le monde sans tout mélanger (ou tout faire tomber). C'était une de ces journées où la fluidité des mouvements répond à la sérénité des clients, où on arrive à arracher quelques minutes ici et là pour échanger quelques mots. J'ai même réussi à déjeuner tranquille en parlant du bon vieux temps et des temps qui ont suivi avec un vieil ami qui vient de me retrouver et qui est venu rendre une petite visite à mon antre et moi-même avec ses deux jolies petites filles. Vous savez, ce genre de rencontre où les temps se téléscopent mais où le rire est le même et le sourire aussi ? A bientôt V., c'était un plaisir !
Puis tout s'accélère pour le goûter, des amis qui se retrouvent, des crêpes qui se dévorent, des jouets qui déménagent, des chats qui viennent faire un calin à une personne de connaissance, des enfants qui viennent faire un bisou et/ou reremplir leur assiette de petits gâteaux. La cafelière court, remplit sa bouilloire et ne s'interrompt que pour admirer des découpages de joueurs de foot (et penser à une collégionnaire bien fatiguée, tellement qu'elle n'a pas ouvert aujourd'hui). Une soirée plus calme, une petite fille avec des moustaches en chocolat, la nuit qui tombe comme une plume bleue sur la ville, des chats qui vadrouillent à la recherche du coussin le plus moelleux.
Votre cafelière est bien fatiguée. Mais ravie. Ce sont des jours bien pleins. J'aimerais savoir mettre en bouteille la sérénité qui s'en dégage. Histoire d'en prendre une petite lichette gouleyante et réparatrice dans les jours plus compliqués.

vendredi 2 avril 2010

Des places à l'arrière (le courage des oiseaux)

Hier soir, grâce à G., concert. Le Grand Logis à Bruz, Dominique A. Comme tout le monde, j'ai connu Dominique A avant tout le monde. C'était le copain du copain d'un copain. C'était il y a longtemps, une autre vie - elle n'avait pas plus de sens que celle-ci, moins sans doute.
Là où les harmoniques de Brassens descendent vers la solidité du sol, celles de Dominique A foncent vers la lumière, avec le courage des oiseaux. Etonnante présence de cet homme-là, planté au milieu, une tension faite homme, droit dans ses gestes qu'il a voulu et qu'il habite pleinement. Ca m'évoque ce spectacle vu récemment, Les justes, au TNB, avec son parti-pris de lenteur et de gestes stéréotypés, raides, étranges : c'était tellement étrange et imposé aux acteurs que la moindre miette d'affect qui dépassait prenait une intensité extraordinaire, et c'est dans les failles de la mise en scène, dans ce qui résistait chez les acteurs, que se dessinait la beauté du texte. Chez Dominique A, c'est le contraire, parce que cette tension, ces gestes - ce recueillement peut-être - sont bien les siens et ces textes viennent du profond de cette imagination. Il les habite donc, comme on dit. Ca ne doit pas être une habitation confortable, mais ça parle ! Et qu'il ait été peu disert entre les chansons, en fait, on s'en fiche, tout est dit quand même. La main qui décrit souplement l'espace, le trépignement bref à la guitare, la voix profonde et soutenue qui ne tremble jamais.
Autour et derrière, David, impassible, sur ses claviers, Sébastien avec un t-shirt noir sous la chemise qu'il a pris la liberté d'ouvrir d'un bouton, du coup, et qui se concentre sur sa batterie, et Thomas, le plus jeune de la bande, qui peut se réfugier dans ses cheveux touffus (car il est aussi chevelu que le chanteur est brillant) ou les envoyer valser pour voir son micro, un briquet à la main pour trouver l'appareil où ficher ses câbles, qui attrape d'une main sa basse en réglant un dernier petit bouton. Une balade figée dans la neige, des bars et des instants manqués mais pas vraiment manqués.
Trois fois ils ont dû revenir, on a retrouvé des morceaux connus, réentendu autrement ceux pas encore trop écoutés. Il ne connaîtra pas le silence, rien que le bonheur pris sur le fait, sans être sûr qu'on en reviendra. Ni remord ni regret. Que c'est beau quand une parole passe et s'incarne.
Chapeau Monsieur A. Quand vous repasserez par Rennes, je vous offrirai le dessert, quelque chose me dit qu'avec votre belle énergie ça ne peut pas vous faire peur. Et merci pour cette belle soirée.
(Au fait, 110°F, ça fait 43°C).

jeudi 1 avril 2010

La traversée du dessert

Un MiniLoup bien réveillé saute dans le grand lit.
- Maman ! y fait jour ! et pis y fait beau !
- Ah. Grmm. Bien.
- Maman ! je peux emmener mon ombrelle à l'école aujourd'hui ?
- Ombrelle ? le petit truc qu'il y avait sur ta glace au restaurant l'autre jour ? à l'école ? ah bon ?
- Euh... ben oui, quoi. Si y pleut.
- Mais y fait beau !
- Mouis. Mais les nuages y peuvent arriver, hein.
- Je suppose, oui. Tiens au fait, tu sais quel jour on est aujourd'hui ?
- Le jour des ombrelles ?
- Non, on est le premier avril. C'est le jour où on a le droit de faire des blagues, enfin des petites blagues.
- Ohhhh... mais moi je voulais faire des grosses blagues, c'est trop nul !
- Oui, euh... ben je sais pas si c'est possible, ça. On va demander à papa.
- Ah nan ! pas les blagues à papa !
(Rigolade maternelle in petto.)
- Ah bon ? tu veux mon avis alors ?
- Ah nan !...
(Caramba.)
- ... paske vous, vous savez pas pour les blagues !...
(Non d'un pétard, ai-je donc tant vieilli ?)
- ... ya que mes copains qui savent pour les blagues ! et pis même, je sais quelle blague je vais faire à mes copains ! mais y me faut mon ombrelle...
(Le jeune blagueur en puissance s'éloigne en quête de matériel. Moi qui vous parle je vous le dis, cet enfant-là a bien grandi.)
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