lundi 30 novembre 2009

Une nouvelle recrue

Un mot ce soir pour vous parler de la nouvelle recrue du Café Clochette : Croco (essayez donc de dire "la nouvelle recrue, Croco", très vite, trois fois). Il s'agit, mais vous l'aurez peut-être deviné tout seul, cher lecteur, d'un crocodile. Parfois, il faut savoir faire simple.
Depuis sa toute tendre enfance, MiniLoup a toujours su se passer d'un doudou, au grand dam de ses grands-mères, tantes, cousines et copines éloignées qui ont toujours tenté d'attirer ses faveurs sur le doudou par elles élu (essayez de dire "doudou par elles élu" très vite trois fois, pour voir), sans le moindre succès. Oh il y a bien eu un Kiki pompier, mais on a égaré le Kiki et il ne reste plus que le casque et une botte. Il y a eu aussi, un moment, une souris prénommée Charles mais on s'est aperçu au bout de trois mois qu'on l'avait oubliée dans le casier à l'école pendant les vacances et personne ne s'en était rendu compte. Je passe sur les Sidonie, Alphonse, Gaston et autres Mousti qui n'ont été le grand ami du jour que le temps d'une journée ou deux. Alors ce matin, quand (en faisant l'école buissonnière) nous sommes tombés sur ce grand crocodile tout vert et que MiniLoup, des étoiles dans les yeux, s'est exclamé "oh regarde maman, il s'appelle Croco et c'est un garçon et c'est mon copain", je n'ai pas pris ça très au sérieux. Mais il a passé la journée à lui présenter la voiture, le garage, la maison, le tournevis, le robot ménager et les chats et là, ces deux-là roupillent benoîtement dans les pattes l'un de l'autre. Quelque chose me dit qu'il va falloir faire gaffe où on marche. Des fois qu'il traînerait dans les parages, dans les jours à venir, un grand machin tout vert à écailles en feutre et qu'un MiniLoup de ma connaissance s'outre de ce qu'on lui piétine les extrémités.
N'allez pas dire que je ne vous aurai pas prévenus, hein ? Et si vous m'en croyez, remerciez comme moi votre bonne étoile : ça aurait pu être un vélociraptor. Qui, comme chacun qui fait moins de 100 cm et va sur ses quatre ans le sait, est carnivore, "alors il est très méchant". Tremblons, mes amis, tremblons.

samedi 28 novembre 2009

Gâteau à l'orange

Encore une belle recette de Sucrissime, enfin de la belle-maman de Sucrissime, comme le gâteau aux amandes. Décidemment, c'est un vrai cordon-bleu, la belle-maman de Sucrissime. Madame, je vous tire mon chapeau. Et je dévore ce gâteau...


Gâteau à l'orange

Dans un robot équipé de la lame, battez 125 g de beurre et 125 g de sucre. Quand c'est blanc et mousseux, ajoutez deux oeufs, 125 g de farine (ça marche tout à fait bien avec de la farine sans gluten), une cuillerée à café de bicarbonate de soude, le zeste d'une orange et 2/3 d'un jus d'orange. Mettez la pâte dans un petit moule à manqué recouvert de papier sulfurisé et faites cuire à 200°C pendant 17 mn (oui, c'est précis).
Au sortir du four, étalez sur le gâteau le reste de jus d'orange mélangé avec du sucre glace pour en faire un glaçage plutôt liquide. Laissez refroidir. Et dévorez.

vendredi 27 novembre 2009

Des bulles et un brave

Il y avait un monde fou hier soir au Café Clochette, vous n'avez pas idée. Timirrou et moi, on s'est regardés et on est allés se plancher, je veux dire se planquer dans la penderie un moment, le temps que ça se calme. Et comme ça ne se calmait pas, j'ai laissé le matou roupiller en paix sur les chaussettes évadées d'un tiroir par la grâce d'une papatte à l'affût et je suis allé jeter un coup d'oeil discret. Mes aïeux ! plein de moufflets dans la cabane à jouets, des adultes en train de siroter des bulles (ah, les bulles... j'aime bien les bulles) et tout le monde qui grignotait des trucs et des machins et discutait tranquille et en rigolant. J'ai aperçu un banquier en cravate et un artisan en polo, une graphiste détendue et une couturière qui lui a offert une jolie écharpe, comme si elle avait peur que la cafelière attrape froid. Il faut dire qu'elle est un peu pâle en ce moment, il faut dire que la mésaventure de Timirrou l'a un peu ébranlée, il faut dire que tout ça c'est bien émotionnant. Il y avait aussi les amis d'avant, qui connaissaient le Café Clochette avant que ça soit le Café Clochette, du temps où il n'y avait ni tables ni chaises mais un canapé et un grand bureau. On les reconnaît facilement parce que les enfants appellent encore ça "chez Pacale" et demandent où sont les meringues. Hier, les meringues elles sont parties en deux coups de cuillère à pot, si je puis dire. Il faut dire qu'elles étaient particulièrement réussies, grâce au nouveau four qui parle. Si, si, il parle. Il dit poliment "bonjour" quand on lui adresse la parole et il prévient "attention porte ouverte" dès qu'on met quelque chose dedans, ça a l'air de stresser un chouia la cafelière et son acolyte qui ne s'y sont pas encore faites. Mais moi, j'ai vérifié, pas moyen de l'allumer le four, les touches tactiles ça vaut rien pour les fantômes, il faudrait repenser le truc. Enfin j'en ai pas spécifiquement besoin remarquez bien, mais la technique ça me passionne, alors vous imaginez la frustration ? enfin il me reste l'ordinateur, c'est déjà ça. Je suis en train d'essayer de me créer un compte Facebook, là. J'ai juste un souci pour la photo. Bon, où j'en étais déjà ? ah oui, les invités. Les invités, donc, ils buvaient des bulles. Moi, j'aime bien les bulles. Mais quand j'ai réussi à descendre discrètement quand la cafelière s'est retirée pour la nuit dans ses appartements, les bulles elles étaient tièdes et si j'ai une fortitude d'âme à faire frissonner tous les châteaux-forts de la Basse Bretagne, je me morfonds devant des bulles tièdes. Pas de bulles pour le brave, hier soir. Tant pis. Il restait un tout petit bout d'andouille et une lichette de tartinade au saumon (parce que le frigo, je peux l'ouvrir, lui, là aucun problème, d'où, j'imagine, les froncements de sourcils épisodiques de la cafelière devant la disparition impromptue de certains restes, attribuée bien injustement aux chats, mais elle ne se figure pas comment ils arrivent à ouvrir la porte) qui ont fait l'affaire quand même. La cafelière, elle n'avait pas le droit de faire un discours et de toute façon je soupçonne qu'elle aurait préféré se cacher sous une table plutôt que de monter dessus pour haranguer les foules, mais je soupçonne qu'elle aurait dit un mot de moi. C'est que maintenant qu'elle a compris que j'étais dans le coin (sauf rapport au frigo, là elle a pas encore fait le lien, mais ça ne saurait tarder), elle a bien compris aussi que j'étais utile. Rapport aux souris, tout ça, enfin je vais pas me répéter, ceux qui me lisent me connaissent. Et puis comme je l'ai entendue marmonner dans son sommeil, je sais qu'elle pensait aussi à Isabelle et Christine, les deux équipières de choc qui l'ont épaulée depuis le début et sans qui ce serait rudement moins rigolo, aux artisans qui ont créé le lieu tel qu'il est, aux fournisseurs réguliers avec qui se sont tissés des liens de confiance et, parfois, d'amitié, aux artistes aux doigts de fées, aux amis qui ont donné les coups de main, de marteau et de pinceau avant l'ouverture, aux amis, souvent les mêmes, qui ont suivi les mésaventures du début et n'ont jamais fait défaut quand ça devenait dur, aux clients qui sont devenus des amis, et il y en a beaucoup. Je le sais, moi, je les vois depuis un an et je vois grandir les petiots. Et puis à tous ceux qui ont investi les lieux pour les animations, du cours de portage au cours de langue des signes, du cours de grec à la réunion de LLL, et tous les autres...
On me dit dans l'oreillette que je suis trop long. (Nan, s't'une blague.) Alors pour conclure je ne dirai qu'une chose : longue vie au Café Clochette.
Mais la prochaine fois, pensez à mettre ce qui reste de bulles au frais.

jeudi 26 novembre 2009

Année deuxième, ouverture

- Ohlala, mais vous avez une petite petite tension dites-moi !
- Ben oui docteur, je veux bien vous le dire, mais non non non, vous ne m'arrêterez pas, qu'est-ce que c'est que ces manières ? j'ai des tas d'amis qui viennent ce soir à la maison pour fêter un anniversaire, enfin ! Je vous promets, je vais être très sage, je ferai pas de discours, et je renonce à la dernière fournée de sablés pour cet après-midi. Et puis si vous insistez, je me ferai servir le petit déjeuner au lit par les chats demain. Mais vraiment, je ne peux pas faire plus.
- Ah ? bon, d'accord. Mais pas de discours, hein ?

Voilà pourquoi ce soir je resterai de marbre, ne sourirai que le minimum et n'adresserai qu'un mot à chacun pour le remercier d'être venu jusqu'au Café Clochette en cette journée anniversaire.
Pffff. J'y arriverai jamais.
Mais le petit dejeuner au lit, oui. Eh, les chats ? où vous êtes ? ah, vous dormez ? vous voulez vos croquettes au lit, peut-être ? comment ça, oui ?
Voici donc une deuxième année qui commence en douceur, grâce à Christine qui a pris le relais ce midi pour que je puisse me reposer sur la consigne expresse du docteur. Et puis ce soir, pas de discours ! mais toute la chaleur de tous ces gens rassemblés, tout présents parce que, à un titre ou à un autre, le Café Clochette leur doit quelque chose pour cette première année passée. Et qu'on démarre en trompette la deuxième, nom d'une crevette !

lundi 23 novembre 2009

Année deuxième, prologue

En ce jour tout gris tout bof, je viens pourtant de rigoler ferme et comme la journée n'est pas finie, je pense que les chats vont encore me regarder de travers. Déjà qu'hier soir ils m'ont ostensiblement fait la truffe parce que je les avais lâchement abandonnés pendant trois jours... eh oh, les matous, je ne vous ai pas abandonnés d'abord, je vous avais assuré le vivre et le couvert en laissant les clés à la mouette ! et si l'image d'une mouette qui nourrit trois chats ne vous réjouit pas, là tout de suite, je ne sais pas ce qu'il vous faut.
Deux raisons à mon hilarité : d'abord, le dessin chaleureux de l'auteur de Hippolyte et Jérémie qui me chatouille régulièrement les zygomatiques, ici (clic), parce que sous l'austérité et la froidure apparentes se cache un sens de l'humour des plus délicats. Et puis une série de conversations qui m'a rappelé les temps joyeux des démarches en tout genre, il y a un an : à la suite d'une malencontreuse chute vaisselière, voilà la plaque de ma cuisinière high-tech toute amochée. Bon, c'est pas grave, mais il faut la changer et comme je suis un peu prise par le temps rapport à des gens affamés qui devraient venir mercredi midi et les jours suivants et un anniversaire jeudi soir (vous n'aviez pas oublié quand même ?), il faut que je débusque un nouvel appareil ou fasse réparer celui-ci aujourd'hui.
Premier appel, le magasin : "ah non, la garantie c'est pas nous, c'est le constructeur."
Puis le constructeur : "ah non, il faut voir avec le magasin, et puis la réparation c'est pas nous, c'est le réparateur."
Le réparateur : "ya pas de garantie pour ça, ma pauv' dame, et puis la pièce elle est indisponible chez mon fournisseur, ça peut prendre trois jours comme cinq semaines ou jamais."
L'assureur : "ah, alors pour ouvrir le dossier il faut une déclaration, et un fax du réparateur, et il faut garder l'appareil pour l'expertise, mais ne vous inquiétez pas, on va trouver une solution."
Et ben en plus non, je ne m'inquiète pas. Je ne sais par quelle étrange alchimie, cette péripétie me semble toute naturelle en cette semaine d'anniversaire. Comme s'il était naturel de se rappeler que ce n'est pas une entreprise ordinaire, qu'elle s'est construite sur des péripéties et des hasards et des rencontres et des accidents du destin qui faisaient entrer l'inconnu dans l'attendu ; comme un clin d'oeil du destin (ou de ce à quoi vous croyez, je ne suis pas sectaire) pour entamer cette nouvelle année d'existence du Café Clochette. Vous voyez ce que je veux dire ? pas sûr, je ne comprends pas trop moi-même...
Bref, je suis rentrée sur un nuage de mon week-end à l'écart de toute contingence clochettesque et je savoure mon retour comme le départ pour l'aventure d'une deuxième année aussi improbable et riche que la première.
En rentrant, j'ai imaginé la mouette dans ces murs, en train de réaliser dans la cuisine ces plats qui n'avaient jamais été concoctés ici, et j'ai regretté qu'on n'ait pas passé plus de temps ensemble à travailler. Mais c'est bien comme ça, elle a des tas de choses à faire, la mouette. Déjà, retrouver l'espoir que son rêve à elle prenne forme dans la réalité. Je ne sais pas pourquoi, mais je suis sûre que ce sera le cas et que dans pas longtemps, je viendrai vous annoncer que ça y est, elle va ouvrir ! il y a cette ténacité qui l'anime, l'intelligence de ses mains au travail, la chaleur de son sourire, son talent pour deviner ce qui plaira aux convives, tout ça va bientôt lui être bien utile dans son restaurant. Allez la mouette, hop hop, courage, c'est pour bientôt, là tout de suite !
Merci à toi d'avoir été présente et bravo d'y avoir aussi bien trouvé ta place. Merci pour les recettes et les discussions. Merci aussi d'avoir pris soin de mes trois terreurs pendant mon absence.
Bon vent et belle mer, la mouette, et à très bientôt.

vendredi 20 novembre 2009

Makloubet

La cafelière, vous le savez, est une femme généreuse. Qui ouvre ses portes bien volontiers et qui a même accepté la présence ici d'un fantôme, le célèbre A. Morfati. Eh bien voilà qu'aujourd'hui, je m'invite à mon tour sur ce blog. Je ? La mouette. Non contente d'envahir la cuisine de notre chef préférée, voilà que je rejoins monsieur le fantôme pour écrire en douce quelques lignes. Mais c'est pour la bonne cause! Car voyez-vous, la cafelière avait envie que nous partagions avec vous une recette qu'elle a bien voulu ajouter à sa carte, cette semaine : le Makloubet.

Plat palestinien, sans gluten - précision importante! -, le Makloubet est composé de poulet, de riz basmati et d'aubergines. D'un peu de safran et de cannelle. Enfin, bref, vous allez voir par vous-même ci-dessous. "Makloubet" signifie "à l'envers" ou "renversé" en arabe. Il fait référence à la manière dont le plat est servi. Mais personne ne vous oblige à le "démouler" pour le savourer. La preuve, au Café Clochette, on ne l'a pas présenté ainsi!

Voilà, je vous suggère d'essayer, vous y reviendrez!
Et sinon, je profite de cette incursion pour vous remercier de votre accueil au Café Clochette, cette semaine, qu'est-ce qu'ils sont sympas, ces clients, quand même! Je vous accueillerai avec grand plaisir ce week-end, en attendant le retour de votre cafelière dès la semaine prochaine...

Makloubet
Pour 6 personnes
1 poulet d'environ 1,6kg
500g de riz basmati
8 petites aubergines
1 oignon moyen
600g de yaourt grec
18cl d'huile d'olive
1 c à soupe de mélange de poivres (dont poivre de Jamaïque)
2 doses de safran de filament
1 bâton de cannelle
50g de pignons de pin

Dans un grand faitout, versez 4 cuillères à soupe d'huile d'olive. Faire saisir le poulet quelques minutes à feu vif jusqu'à ce qu'il soit doré sur tous les côtés. Baissez le feu. Ajoutez l'oignon épluché, 2 c à café de sel, le poivre, la cannelle et recouvrez le poulet d'eau. Laissez mijoter à couvert 45 min à 1 heure. Pendant ce temps, lavez les aubergines, otez les extrêmités puis coupez-les en 2 dans le sens de la longueur. Versez 6 c à soupe d'huile d'olive dans une sauteuse. Ajoutez les aubergines et faites-les cuire 5 minutes de chaque côté. Retirez-les de la sauteuse et déposez-les sur du papier absorbant. Sortez le poulet du faitout et laissez-le refroidir un peu pour ne pas vous brûler. Gardez le bouillon et goûtez-le pour vérifier l'assaisonnement. Enlevez la peau du poulet et désossez-le. Diluez le safran dans un peu d'eau tiède. Dans une cocotte en fonte ou une casserole à fond épais, faites chauffer 2 cuillères à soupe d'huile d'olive, versez le riz et mélangez-le jusqu'à ce qu'il soit translucide. Retirez la moitié du riz et réservez-le. Aplatissez le riz restant dans la casserole. Recouvrez d'une couche d'aubergines, des morceaux de poulet, d'une autre couche d'aubergines et terminez par le reste du riz. Versez l'eau safranée dans le bouillon et ajoutez suffisamment d'eau pour recouvrir l'ensemble de la préparation. Couvrez. Portez à ébullition, puis baissez le feu et laissez frémir jusqu'à ce que tout le liquide soit absorbé (environ 25 minutes). Laissez reposer 5 min. Prenez un plat légèrement plus grand que la casserole et retournez la préparation dessus. Servez le plat, saupoudrez de pignons, accompagnez de yaourt.

jeudi 19 novembre 2009

Mouette en chef

Devinez où est Timirrou au moment où je vous parle ? Il est sous le plancher, mais cette fois de la courette...
Depuis quelques jours, aux moments où je ne me ronge pas les sangs à propos d'un matou en goguette dans les murs ou les planchers, on a beaucoup travaillé au Café Clochette, pensez, une mouette en chef est arrivée et on n'a pas arrêté ! Il semble que tout le monde s'en trouve bien, les clients se jettent (poliment, hein, quand même) sur les plats qu'elle a concoctés pour nous, elle a l'air dans la cuisine comme un poisson dans l'eau (et j'arrête là la métaphore animalière parce que ça va devenir compliqué), Christine partage ses secrets et moi... ben moi je me repose. Ce midi, je me sentais même carrément superflue devant les fourneaux, c'est extraordinaire ! et vraiment très reposant.
Bon, j'aimerais bien que mon chat sorte de dessous le plancher avant que je parte... mais je partirai l'esprit tranquille, et moi qui ai eu un aperçu de la carte pour les trois jours à venir, je peux vous dire que vous pouvez venir l'esprit tranquille déguster des bonnes choses. Il paraît que si tout le monde est très sage, on pourra avoir une recette ou deux...
Et ce soir, on se dévergonde. On va chez Hic et Ha. Eh eh. Alors la suite, mes amis, je vous raconterai plus tard !

lundi 16 novembre 2009

Le sésame de la mouette

Cette semaine va être inhabituelle. Déjà, je reviens de vacances pas très reposantes, il y a plein de trous dans mes murs et du parquet sur le plancher, du bazar partout et des chats survoltés par la nouveauté. Je n'ose pas trop leur parler de ce qui leur pend à la truffe pour le reste de la semaine... parce que dans le genre nouveauté, il vont avoir leur compte.
Déjà, demain matin, je vais aller chercher une mouette à la gare. Dame, c'est qu'à tire-d'aile depuis Le Mans, ça fait une trotte, quand même, alors elle a choisi le rail pour venir jusqu'ici. La mouette, je la connais virtuellement depuis un moment, quand je ne sais plus laquelle de nous est tombée sur le blog de l'autre et que nous nous sommes courtoisement laissé des messages. Il faut dire que la mouette, elle est en train de passer par les péripéties que j'ai eu moi-même à affronter il y a un an et quelque, puisqu'elle est en train de créer son propre restaurant. Je ne sais pas comment il s'appellera parce que le nom est encore secret, ce que je sais c'est que quand on s'est rencontrées, la rencontre semblait la plus naturelle du monde.
Il n'y a pas longtemps, la mouette, qui n'a pas plus d'expérience de la restauration que je n'en avais quand j'ai commencé, s'est lancée dans un vrai restaurant pour une EMT, une évaluation en milieu de travail, pour convaincre ses partenaires et financeurs potentiels que oui, elle était taillée pour ça et que non, ce n'était pas une totale hérésie. Elle s'en est sortie haut la patte palmée, la mouette. Je suis sûre que je n'aurais pas fait, et de loin, aussi bien qu'elle dans ce cadre-là.
Après un nouveau passage à Pôle-Emploi, elle a réussi à mettre en place, nonobstant l'inexpérience de son jeune interlocuteur interloqué, les conditions d'une nouvelle EMT. Et - roulement de tambour - ça sera au Café Clochette !
Vous allez voir ce que vous allez voir. Moi aussi d'ailleurs. Enfin moi un peu moins, parce que je vais profiter de sa présence, en fin de semaine, pour prendre un pas de recul et m'occuper d'autre chose. Mais vous, vous allez voir ce que ça donne, la présence d'un chef invité dans une cuisine habituellement gardée par les trois félins du Café Clochette. On va commencer par se réunir pour décider du menu de la semaine (cool, ça va se renouveler un peu !), puis on fera les courses, on commandera les légumes, on ira voir les voisins pour causer un peu, on demandera à MiniLoup de nous éplucher quelques concombres, on ira chercher le pain, on fera des petits et des gros gâteaux, on se penchera sur la compta, on compulsera des livres de recettes, on écrira peut-être un ou deux billets pour nos blogs, on prendra les réservations, on boira du café, on fera le ménage, on rangera les jouets, on accueillera les gens qui viennent se restaurer, on discutera avec grands et petits, on appelera les fournisseurs, on fera cuire des trucs et des machins, on déjeunera avec Christine... Euh... la mouette, t'es toujours là ? nan parce que ça a l'air comme ça, mais c'est juste le quotidien du Café Clochette, pas de quoi s'effrayer !
Sérieusement, je suis vraiment ravie de t'accueillir, et je pense que la semaine sera sinon reposante, du moins enrichissante pour tout le monde. Je pense apprendre au moins autant que toi. Alors à demain, la mouette, et à mercredi et les jours suivants tout le monde !

vendredi 13 novembre 2009

L'odyssée de Timirrou, dit l'andouille

Il y a des travaux dans la maison en ce moment, d'ailleurs c'est aussi pour ça que le Café Clochette est fermé. Mardi, j'étais partie sereinement vaquer à mes propres occupations en laissant la maison aux mains expertes de Mister T. et les trois chats à leur sieste et quand je suis rentrée le soir, les trous dans le plancher avaient été recouverts par les prémices d'un beau parquet tout neuf. Le lendemain, jour férié et donc calme, j'ai commencé à me dire qu'un de mes chats se faisait curieusement rare. Les deux autres étaient dans mes pattes, comme d'habitude, pour des histoires de croquettes, de sortir dans la cour, de rentrer dans la maison, de sortir dans la cour, et de croquettes, mais le troisième, Timirrou, n'était nulle part en vue.
Timirrou vient de la SPA où je l'ai récupéré un jour, petit chaton échevelé et piaillant, au milieu de plein d'autres chats, mais lui était mi-roux et parce que c'était lui, parce que c'était moi, tout ça tout ça... c'est lui qui est rentré par le bus avec bibi. On a toujours pensé qu'il avait été maltraité tout petit, parce qu'il a peur de tout et se méfie des inconnus, même ceux qu'ils connaît depuis des années. Timirrou, c'est un grand trouillard et il n'est pas rare qu'il se planque. Mais là, quand même, c'était bizarre.
J'ai passé le reste du mercredi à le chercher et à mettre des affichettes dans le quartier en me disant qu'il avait pu profiter d'une porte ou d'une fenêtre entrouverte pour aller renifler dans la rue, s'effrayer d'une voiture qui passait, se planquer et se perdre. La nuit du mercredi a été assez éprouvante, à avoir l'impression de l'entendre partout mais à ne jamais le voir.
Et puis jeudi matin, pendant que MiniLoup procédait à ses ablutions pré-école, on a entendu gratter... de l'intérieur du mur de la salle de bain. On a même vu un petit bout de patte toute grise qui dépassait d'un petit trou et puis il s'est mis à miauler et à répondre quand on lui parlait. Mister T. est arrivé, je suis descendue lui expliquer la situation et quand on est remontés, il a fait un trou dans le mur, pendant que j'emmenais MiniLoup à l'école, sur un petit nuage. Sauf que quand je suis rentrée il n'était pas sorti. Il s'était enfoncé plus loin dans le mur, de peur sûrement à cause de la scie et d'une voix qu'il ne connaissait pas. On a fait d'autres trous. Pas de Timirrou.
J'ai appelé les pompiers et trois de ces messieurs sont arrivés, suivis d'un quatrième porteur d'une caméra thermique pour localiser la bestiole. Sauf que la caméra, elle ne voyait rien derrière la laine isolante... Les pompiers ont fait d'autres trous et puis ils sont partis parce qu'il valait mieux laisser ce chat tranquille pour se décider tout seul à sortir.
Rien que de mettre ma tête dans un trou pour regarder avec une lampe de poche où pouvait bien être cet imbécile, je devenais claustrophobe. Il était là, coincé, sans air, sans lumière, sans eau et sans nourriture depuis 24 heures et je ne pouvais rien faire...
Le reste de la journée a été éprouvant, encore, à attendre. Je suis sortie faire un tour et quand je suis rentrée, toujours rien. Silence dans le mur, dans le plancher là-haut où on avait arraché des lattes pour le laisser sortir s'il parvenait à remonter. Rien du tout. Les deux loustiquettes n'en menaient pas large elles non plus.
Et puis à minuit moins trois, il est sorti. Je sais qu'il est sorti parce que j'ai une preuve :


Il était très sale, très mince, mais il n'avait pas l'air plus traumatisé que ça, si ce n'est qu'il a passé la nuit à se blottir le plus près possible et à vadrouiller pour aller croquer des croquettes.
Mais là, il est 13h10, j'ai prévu d'aller au cinéma dans 30 mn, c'est mon dernier créneau possible et... il a encore disparu. Effrayé probablement par Mister T. et son apprenti venus terminer le plancher ce matin.
Dites, il n'est pas assez idiot pour aller se refourrer là d'où il vient, quand même ?
Enfin je ne sais pas ce que vous en pensez, mais si je fais le compte, j'ai trois chats, deux femelles et un mâle. Je ne fais que constater. Lequel s'est débrouillé pour se perdre dans un faux plancher puis dans un mur sous prétexte d'aller explorer des terres inconnues, puis a refusé de sortir pendant 48 h alors qu'on lui montrait où était la sortie, sous prétexte qu'il voulait la trouver tout seul ? Et qui, après qu'on se soit réjoui de sa réapparition, trouve le moyen de redisparaître aussi sec ? Et oui. C'est le mâle.
C'est affreusement sexiste ? Sans doute. Mais là, le Timirrou, il me court sévère sur le haricot et tant pis pour la gent masculine si c'est pas de leur faute. Nan mais des fois.



Edit, vendredi soir. Cette andouille était caché sous le plancher, il y a passé tout l'après-midi. Ca s'améliore. Il n'est pas dans le mur. Et là il me fait des mamours pour avoir des croquettes supplémentaires. Un mec, je vous dis.

mercredi 11 novembre 2009

Vacances et chat perdu

Toute l'équipe du Café Clochette est en vacances jusqu'à mercredi prochain...

Je vais en profiter pour chercher mon chat. Timirrou a disparu depuis hier soir, mardi. Il est probablement quelque part dans le quartier, mais ce grand timide et grand stressé ne se laisse pas facilement approcher. J'espère que tout ça se terminera bien...
Si vous le voyez, appelez-moi, vous pouvez me joindre au 02 99 35 80 89.


A bientôt

lundi 9 novembre 2009

Qu'est-ce qu'être Français ?

Autrement dit, qu'est-ce que c'est, ce que l'on a, quand on est Français ?

Est-ce... une histoire commune, qui nous distingue des autres (ceux qui ne seraient jamais entrés dans l'Histoire, comme qui dirait, par exemple...) ?
Est-ce... un patrimoine commun que les autres n'ont pas ?
Est-ce... une langue commune, avec son histoire et ses évolutions, différente de celle des voisins ?
Est-ce... un bout de territoire aux frontières duquel les autres doivent s'arrêter faute d'être comme nous ?
Est-ce... une histoire d'argent, tout le monde cotisant au même pot commun (et se jugeant mutuellement à l'aune de leur cotisation respective) et tant pis pour les autres ?
Est-ce... un ensemble de rituels et d'habitudes héritées des anciens, transmises et distordues, et auxquelles on tient par sentimentalisme, par habitude, ou parce que ça nous fait des racines ?
Est-ce... un ensemble de symboles, de frontons, de dictons et de héros ?
Est-ce... ce que nous mangeons et ce que nous buvons et nos façons de le faire ?
Est-ce... une culture, des films, des mots, des images, des mouvements ou des sons ?
Est-ce... ce qui nous distingue de ce qui n'est pas nous ?


Ou est-ce... un droit universel ?

Le droit à ces choses que nous avons déjà.
Le droit à un système de santé qui permette à tous de vivre le mieux possible.
Le droit de disposer de quoi boire à notre soif, manger à notre faim.
Le droit de partager notre humanité pour lutter contre la solitude.
Le droit à être logé dignement.
Le droit à une éducation pour tous, afin que chacun consacre à l'intelligence toutes les chances qu'elle peut avoir.
Le droit à un Etat qui fonctionne, où les pouvoirs s'équilibrent, où tous peuvent participer.
Le droit à la liberté de croire et de s'exprimer, la liberté de créer et d'inventer, la liberté de rencontrer et d'apprendre, la liberté de défendre ses convictions et de refuser l'inacceptable.
Le droit à la volonté de faire en sorte que chacun profite au même titre de ces droits dits de l'homme, qui sont aussi de la femme et de l'enfant, juste par la grâce de leur commune humanité.
Le droit à un idéal d'humanité.
Le droit à l'idée qu'à l'aune de tout ça, du coup, personne d'entre nous ne pourrait se dire tout à fait Français...


En contrepartie d'un droit, il y a des devoirs.
Devoir de participer à la maison commune. Celle qui brûle ou qui ne brûlera pas ; celle qui se contruit chaque jour, à tous les niveaux de décision et même chez ceux qui ne croient pas avoir voix au chapitre ; celle que construisent nos enfants à la minute où il apparaissent sur cette terre ; celle qui se tricote dans les liens qu'on entretient chaque jour les uns avec les autres.
Devoir d'espoir. Ne pas se résoudre à baisser les bras. Toujours croire qu'on peut arriver à mieux.
Devoir de respect pour ce qui existe mais plus encore pour ce qui doit devenir.
Devoir d'aider ceux qui n'ont pas encore nos droits à les acquérir peu à peu.


Etre Français, à mon avis, ce n'est pas ce que l'on a... c'est un chemin vers ce que l'on espère devenir.

samedi 7 novembre 2009

Et pourtant elle marche



26 novembre 2010 : le Café Clochette a un an !
*

La petite entreprise qui ne payait pas de mine et sur qui il fallait avoir la confiance chevillée au corps pour parier il y a un an existe toujours, après de nombreuses péripéties dont les lecteurs de ce blog ont pu vivre quelques développements en temps réel. Aujourd'hui, à un an, elle marche ! ça tremblote encore un peu, on s'accroche toujours aux murs et aux tables, mais on a quitté l'étape du quatre pattes... Et très bientôt, n'en doutons pas, elle me laissera même dormir la nuit !
Avec la nouvelle devanture, la végétalisation de la façade et l'enseigne, elle s'est faite jolie pour célébrer dignement ce moment inoubliable : un an déjà !
Le jeudi 26 novembre, jour de son anniversaire, le Café Clochette sera ouvert à tous ceux qui ont cru à l'aventure, qui le pinceau ou le tournevis à la main, qui par ses compétences diverses et variées, à ceux qui depuis un an font vivre ce lieu en y animant des rencontres ou en venant, tout simplement, y passer un moment. Vous serez les bienvenus à partir de 18h30 autour d'un buffet de petits gâteaux et de petites bulles.
Fêtons ça dignement !



* Une lectrice attentive me fait remarquer qu'en 2010, le Café Clochette aura... deux ans. Hum. Ca en dit beaucoup sur quelque chose, mais là tout de suite je n'arrive pas à mettre le doigt sur quoi ! A part que mon intellect est structuré comme un filet de pêche ces derniers jours, peut-être... Bravo Milène pour cet oeil de lynx !

vendredi 6 novembre 2009

Lacantatrice chauve

Le saviez-vous ?
L'inconscient est structuré comme une baballe.*







* © PAG

jeudi 5 novembre 2009

Intérimmédiatterissage forcé

- Allo, ici l'agence d'intérim Machin, je me demandais...
- Oui ? bonjour.
- Euh, oui, bonjour, alors je me demandais...
- Vous êtes une agence d'intérim ? vous placez des gens dans des restaurants ? vous connaissez bien le milieu, alors ?
- Ah oui très bien, d'ailleurs, je me demandais...
- Est-ce que vous auriez l'heure, je vous prie ?
- Euh... il est onze heures trente-deux. Est-ce que...
- Dites-moi, que fait-on dans un restaurant à 11h32, à votre avis ?
- Euh...
- Je vais vous le dire. A 11h32, on est en train d'envisager l'exil au fin fond de sa couette en se demandant pourquoi on a eu l'idée saugrenue de jouer à avoir un restaurant, on touille la sauce qui attache en égouttant la salade, on écrit la carte des petits pour la mettre à jour, on compte les serviettes et on met les verres, de préférence pas dépareillés. Parfois, on coupe aussi le pain, on remplit les carafes et on sort les assiettes. Il arrive également qu'on mette à chauffer ce qui doit être servi chaud et qu'on aligne les bacs de ce qui doit être servi froid, après avoir nettoyé le plan de travail de fond en comble. Une fois de temps en temps, on décroche le téléphone pour prendre une réservation. Mais jamais, au grand jamais, on ne discute avec une agence d'intérim spécialisée dans la restauration et qui est supposée savoir qu'à 11h32, on a autre chose à faire que discuter avec elle. Jamais. Vous voyez où je veux en venir ?
- Euh... Je vous dérange, c'est ça ?
- Pas exactement. Comment dire ? Vous m'enquiquinez, voilà. Bonjour chez vous.
- Euh... à quelle heure je peux vous rappeler ?

La ténacité, c'est une grande qualité.
Mais pas à 11h32.
Enfin... 11h42, maintenant.

mercredi 4 novembre 2009

Godot en vacances

Je vous ai déjà dit que j'avais fait du théâtre ? Ah, je vous en bouche un coin, là ! J'étais même tellement douée qu'on m'avait confié le rôle-titre dans une célèbre pièce de Samuel Beckett. Enfin ce qui aurait dû être le début de la gloire a lamentablement sombré dans une absurde obscurité, allez savoir pourquoi.
Je ne sais pas trop pourquoi je vous raconte tout ça, en guise d'introduction à l'annonce d'une semaine de vacances de votre cafelière, la semaine prochaine. J'ai tranché : l'oisiveté est mère de tout repos. Alors c'est décidé, je me repose ! La semaine du 9 au 15 novembre, le Café Clochette sera fermé. Il rouvrira le mercredi 17. Je serai à nouveau absente du 20 au 22 mais une surprise vous attend : le Café Clochette sera ouvert malgré tout et vous allez voir ce que vous allez voir ! je regrette presque de ne pas être là, pour voir ça moi aussi. Ensuite le 26 novembre, nous fêterons dignement le premier anniversaire du Café Clochette, eh oui, mais je vous en reparle bientôt.
Mais avant tout ça, cette semaine il y a une soirée qui promet d'être passionnante. Jeudi 5 novembre à 20h30 : soirée débat organisée par l'association Communiquer avec bienveillance, sur le thème "Comment mettre en pratique la communication bienveillante ?". Renseignements auprès de Bérangère (06 80 81 58 97), http://blog.bienveillance.org/.
Mais là je vous laisse, je compte partir en vacances avec panache, sur des plats mitonnés avec amour toute cette semaine. Aujourd'hui, c'est rougail saucisse, parmentier de canard confit et moelleux aux céréales. Et les desserts, ah les desserts...

mardi 3 novembre 2009

Dinard de vivre à la bretonne


Hier, nos pas nous ont conduits à Dinard, poussés sans doute par une bonne étoile. Nous y fîmes une rencontre des plus belles sur les rochers, avec une petite fille qui attrapait des crevettes grises avec son épuisette jaune et ses parents. Vous savez, une de ces rencontres où vous avez l'impression que votre bonne étoile a tout fait pour vous pousser par là ce jour-là ? Et quand tout le monde s'est séparé, c'est le coeur joyeux que MiniLoup et moi sommes allés nous restaurer à l'aide de moules-frites (l'autre grand classique de nos sorties à la mer, avec la galette jambon-oeuf) et nous balader dans la ville et sur le sable avant de rentrer sous la pluie. Ah que nos escapades sont jolies !
(Vous remarquerez sur une ou deux photos une des spécificités de la mer bretonne : elle penche. Ca m'a toujours étonnée.)



lundi 2 novembre 2009

Un cochon c'est un cochon, 6

Lorsque Flannery reçut le télégramme, il se mit au travail. Les six garçons qu’il avait engagés pour l’aider se mirent également au travail. Ils travaillèrent avec l’énergie du désespoir, transformant en cages des caisses à savon, des boîtes de biscuits et toutes sortes d’autres boîtes, et dès que les cages étaient terminées ils les remplissaient de cochons d’Inde qu’ils expédiaient par express à Franklin. Jour après jour, les cages de cochons d’Inde s'acheminaient en un flot ininterrompu de Westcote à Franklin, et Flannery et ses six aides continuaient à arracher, à clouer et à emballer, avec acharnement et dans la fièvre. A la fin de la semaine, ils avaient expédié deux cents quatre-vingt cages de cochons d’Inde et il restait dans l’enclos sept cents quatre cochons de plus que quand ils avaient commencé à les empaqueter.
« Arrêtez d’envoyer cochons. Entrepôt plein », annonça un télégramme à Flannery. Il arrêta d’emballer juste le temps d’envoyer la réponse « impossible d’arrêter » et continua à les envoyer. Le lendemain, un inspecteur de la compagnie arriva de Franklin par le premier train. Il avait des instructions pour faire cesser le flot de cochons d’Inde à tout prix. Au moment où il arrivait au bureau de la gare de Westcote, il vit un fourgon à bestiaux reculer jusqu’à la porte. Six garçons étaient en train d’apporter des paniers pleins de cochons d’Inde qu’ils vidaient dans le camion. A l’intérieur, Flannery, torse nu, pelletait des cochons d’Inde dans des paniers à l’aide d’une pelle à charbon. Il était à deux doigts de mettre un point final à l’épisode des cochons d’Inde.
Il leva les yeux vers l’inspecteur avec un grognement de colère.
– Encore un camion et j’en s’rai débarrassé, et on n’reprendra plus Flannery à s’intéresser à des cochons étrangers, ça non ! Y m’ont presqu’ach’vé. La prochaine fois j’saurai qu’des cochons d’n’importe quelle nationalité sont des animaux domestiques et qu’y paient le tarif inférieur.
Il recommença à pelleter avec ardeur, parlant vite entre chaque inspiration.
– La règle c’est ptêt’ la règle, mais on f’ra pas la même blague à Mike Flannery deux fois d’suite. Quand y s’agit d’bêtes en transit, zut à la règle. Tant qu’Flannery s’occup’ra d’ce bureau, un cochon c’est un animal domestique, et une vache aussi, et un cheval aussi, et un lion et un tigre et une chèvre des Rocky Mountains aussi, et le tarif c’est vingt-cinq cents.
Il s’interrompit, le temps qu’un des garçons remplace le panier qu’il venait de remplir par un panier vide. Il ne restait presque plus de cochons d’Inde. Lorsqu’il remarqua leur nombre, son optimisme et sa jovialité naturelle reprirent le dessus.
– En tout cas, remarqua-t-il joyeusement, ça aurait pu êt’ pire. Ça aurait pu êt’ des z’éléphants !

FIN

Ellis Parker Butler, Pigs is Pigs (1905), traduction de Pascale Renaud-Grosbras

dimanche 1 novembre 2009

Plein les mirettes

- Maman, comment on fait pour voir quand on a les yeux fermés ?
- On peut pas.
- Ah. C'est dommage.
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