J'avais fait une boulette en m'inscrivant à deux dispositifs différents mais ayant les mêmes buts et les mêmes manoeuvres, c'est-à-dire recevoir des "déclarations simplifiées" des cafelières en tout genre et des entrepreneurs en général. Déclarations simplifiées, ça veut dire qu'on remplit le même nombre de documents, pour le même nombre d'organismes, mais qu'au moins on peut le faire au même endroit. Vous n'y comprenez goutte ? normal. Enfin bref, toujours est-il qu'il existe deux dispositifs et que dans ma grande naïveté, j'avais adhéré aux deux. Vous vous souvenez, le papa qui se prend des buts ? oui c'est ça.
Alors il a bien fallu que je demande ma radiation de l'un des deux dispositifs vu que ça devenait compliqué : l'un des deux me demandait de remplir des documents que j'avais déjà remplis pour l'autre, et inversement. Sans compter que chacun des deux dispositifs prévenait de son côté les destinataires ultimes de mes déclarations, comme l'Urssaf par exemple, mais que les destinataires ultimes ne comprenaient pas pourquoi on les prévenait deux fois de la même chose. Et buggaient, forcément. Vu qu'ils n'y comprenaient goutte. Vous non plus ? c'est normal.
Alors ce matin, j'ai saisi mon téléphone, mon courage et mon numéro de Siret et j'ai appelé le dispositif avec lequel je me sentais le moins d'affinités pour lui annoncer qu'on n'allait pas continuer ensemble, que notre histoire était trop compliquée, que je ne dormais plus la nuit (inutile de préciser que ce n'était pas forcément à cause de lui). Je m'attendais à des adieux sinon déchirants du moins attristés. Penses-tu.
- Allo ? Je voudrais...
- Appuyez sur la touche étoile de votre téléphone.
- *
- Veuillez saisir les neuf chiffres de votre numéro de Siret.
- Ah ah ah, j'avais prévu ! *** *** ***
- Bonjour, ici Bérangère, je suis à votre service, veuillez ne pas quitter, je vous passe Philippe.
- Bonj...
- Merci de ne pas quitter, nous allons donner suite à votre appel. [L'Eté de Msieur Vivaldi].
- ...
- Bonjour, ici Bérangère.
-...
- Allo ? allo ?
- Oh pardon, je croyais que vous alliez me passer Philippe.
- ???
- Allo ? allo ?
- Oui euh, alors, votre numéro de Siret ?
- *** *** ***
- Votre nom ? votre date de naissance ? bon d'accord c'est bien vous. Alors ?
- Alors en fait, je me suis trompée en adhérant à votre dispositif ainsi qu'au CETPE et ça devient compliqué, je voudrais voir avec vous comment...
- Oui bon, il suffit de vous faire radier. Alors je vous envoie le formulaire, il faut le remplir et me le faxer.
- J'ai pas de fax.
- Ah ben vous pouvez pas vous faire radier alors.
- Mais par courrier ?
- Ah non ah non, pas par courrier, ça arrive au bureau central et là-bas, ils n'ouvrent même pas les courriers, ils jettent tout.
- Ah, alors il me reste quoi comme options ?
- Ah ben rien. C'est le fax ou rien.
- Mais si je ne fais rien... ?
- Ah ben vous serez en infraction si vous remplissez pas les formulaires, hein. Vous avez qu'à faire ça, ne remplissez rien. Faites comme si tout était normal. M'enfin bon c'est vous qui voyez.
- Mais enfin c'est absurde non ?
- Ah mais par fax, c'est une sécurité, c'est par fax et c'est tout.
- Mais c'est absurde, non ?
- Ah ben c'est vous qui voyez.
J'ai donc le questionnaire sous le coude (parce qu'on peut me l'envoyer par mail, ça pas de souci). Mais il me reste à trouver un fax pour pouvoir me faire radier d'un dispositif qui cherche à me simplifier la vie. D'ici là, tout est possible. Je n'exclus pas qu'un trou spatio-temporel aux règles physiques étranges ne complexifie une radiation destinée à me simplifier la vie en me séparant d'un organisme destiné à me simplifier la vie en me mettant en relations avec d'autres organismes qui ne cherchent pas du tout, eux, à me simplifier la vie, tout ça pour pouvoir continuer sans me compliquer la vie à rester en relation avec l'autre organisme destiné à me simplifier la vie en me mettant en relations avec d'autres organismes qui n'ont toujours pas pour fonction de me simplifier la vie, mais dont la vie sera simplifiée de ne plus entendre parler de moi qu'une fois plutôt que deux. Vous n'y comprenez goutte ? c'te blague.
Alors il a bien fallu que je demande ma radiation de l'un des deux dispositifs vu que ça devenait compliqué : l'un des deux me demandait de remplir des documents que j'avais déjà remplis pour l'autre, et inversement. Sans compter que chacun des deux dispositifs prévenait de son côté les destinataires ultimes de mes déclarations, comme l'Urssaf par exemple, mais que les destinataires ultimes ne comprenaient pas pourquoi on les prévenait deux fois de la même chose. Et buggaient, forcément. Vu qu'ils n'y comprenaient goutte. Vous non plus ? c'est normal.
Alors ce matin, j'ai saisi mon téléphone, mon courage et mon numéro de Siret et j'ai appelé le dispositif avec lequel je me sentais le moins d'affinités pour lui annoncer qu'on n'allait pas continuer ensemble, que notre histoire était trop compliquée, que je ne dormais plus la nuit (inutile de préciser que ce n'était pas forcément à cause de lui). Je m'attendais à des adieux sinon déchirants du moins attristés. Penses-tu.
- Allo ? Je voudrais...
- Appuyez sur la touche étoile de votre téléphone.
- *
- Veuillez saisir les neuf chiffres de votre numéro de Siret.
- Ah ah ah, j'avais prévu ! *** *** ***
- Bonjour, ici Bérangère, je suis à votre service, veuillez ne pas quitter, je vous passe Philippe.
- Bonj...
- Merci de ne pas quitter, nous allons donner suite à votre appel. [L'Eté de Msieur Vivaldi].
- ...
- Bonjour, ici Bérangère.
-...
- Allo ? allo ?
- Oh pardon, je croyais que vous alliez me passer Philippe.
- ???
- Allo ? allo ?
- Oui euh, alors, votre numéro de Siret ?
- *** *** ***
- Votre nom ? votre date de naissance ? bon d'accord c'est bien vous. Alors ?
- Alors en fait, je me suis trompée en adhérant à votre dispositif ainsi qu'au CETPE et ça devient compliqué, je voudrais voir avec vous comment...
- Oui bon, il suffit de vous faire radier. Alors je vous envoie le formulaire, il faut le remplir et me le faxer.
- J'ai pas de fax.
- Ah ben vous pouvez pas vous faire radier alors.
- Mais par courrier ?
- Ah non ah non, pas par courrier, ça arrive au bureau central et là-bas, ils n'ouvrent même pas les courriers, ils jettent tout.
- Ah, alors il me reste quoi comme options ?
- Ah ben rien. C'est le fax ou rien.
- Mais si je ne fais rien... ?
- Ah ben vous serez en infraction si vous remplissez pas les formulaires, hein. Vous avez qu'à faire ça, ne remplissez rien. Faites comme si tout était normal. M'enfin bon c'est vous qui voyez.
- Mais enfin c'est absurde non ?
- Ah mais par fax, c'est une sécurité, c'est par fax et c'est tout.
- Mais c'est absurde, non ?
- Ah ben c'est vous qui voyez.
J'ai donc le questionnaire sous le coude (parce qu'on peut me l'envoyer par mail, ça pas de souci). Mais il me reste à trouver un fax pour pouvoir me faire radier d'un dispositif qui cherche à me simplifier la vie. D'ici là, tout est possible. Je n'exclus pas qu'un trou spatio-temporel aux règles physiques étranges ne complexifie une radiation destinée à me simplifier la vie en me séparant d'un organisme destiné à me simplifier la vie en me mettant en relations avec d'autres organismes qui ne cherchent pas du tout, eux, à me simplifier la vie, tout ça pour pouvoir continuer sans me compliquer la vie à rester en relation avec l'autre organisme destiné à me simplifier la vie en me mettant en relations avec d'autres organismes qui n'ont toujours pas pour fonction de me simplifier la vie, mais dont la vie sera simplifiée de ne plus entendre parler de moi qu'une fois plutôt que deux. Vous n'y comprenez goutte ? c'te blague.
5 commentaires:
Hein ???
et vi.. cette persistance du fax dans les méandres administratif c'est purement agaçant.. heureusement que tu sais nous faire rigoler avec!
actst: performance artistique qui consiste à ravaler tous les "tss tss" qui viennent à l'esprit lors des dialogues avec l'administration.
(ps: les derniers fax de France s'enracinent à la poste)
C'est beau tellement c'est con, ces histoires d'administration.
imfsmshr : cri de douleur de l'administré face à la technocratie (a peut ben s'appeler Bérangère ou Philippe, 'a change rin de rin).
c'est marrant ton histoire je m'appelle Bérangère et mon doux Philippe....mais si tu me téléphones je te promets de ne rien te réclamer si ce n'est un tit thé au café clo'
Pour le fax, il y a moyen d'en envoyer un gratuitement par internet, voulez-vous l'adresse du site ?
Sinon, je suis encore plongée dans la sulfureuse biographie de Charlotte Brontë par la scandaleuse Elizabeth Gaskell (le récit de moeurs aussi dépravées ne peut que me glacer d'épouvante !) je vais essayer de le terminer assez vite pour pouvoir vous le rendre bientôt.
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