mercredi 4 février 2009

Probabilithés au lait

Un jour de grève, quelle est la probabilité que quelqu'un se souvienne que le Café Clochette existe et vienne y réchauffer ses petits pieds transis et manger ma daube de joues de porc à l'orange ou mon osso bucco, suivi de mon brownie aux noix de pécan ? Zat is la question.
(Bonjour en passant à ceux qui font ou ont fait profession de compter des choses et des gens à l'aide d'outils statistiques précis et efficaces, nul doute qu'ils riront bien en lisant ce qui suit. Enfin j'espère. A l'impossible mathématique nul n'est tenu en laisse. Et non, moi non plus je ne sais pas trop ce que signifie cette dernière phrase.)
Je m'interroge dernièrement sur la possibilité (ou non) de deviner combien de personnes vont venir au Café Clochette dans une journée donnée. Ce serait assez utile de cerner ça au plus près, ne serait-ce que pour éviter la situation embarrassante de ce midi où il ne me restait que deux cuisses de canard confites maison et que trois personnes en voulaient ; en d'autres termes, ça permettrait de travailler sans perte et sans manque. J'imagine que ça fait partie du métier de la restauration, essayer de deviner. Revue des paramètres en présence, à vous de deviner lesquels sont moins loufoques que les autres.
L'ensoleillement ; la température ambiante ; l'hygrométrie ; la force du vent ; l'impression générale de "brrr" ou de "ah, du soleil" ; le tout sous le chapeau général de "le temps qu'il fait". Un paramètre à manier avec précaution car il marche dans tous les sens : s'il fait beau, tout le monde va se balader et ne vient pas au Café Clochette, mais s'il pleut, personne ne sort et donc personne ne vient non plus au Café Clochette. Entre les deux, toutes les variations sont imaginables et interprétables à l'infini. Un paramètre assez imprécis donc.
Le jour de la semaine. On pourrait croire que le mercredi est systématiquement un jour de grande affluence de petits bouts dans la cabane à jouets, or pas forcément. Seule exception à l'incertitude : le samedi, il y a toujours du monde, plus ou moins, mais c'est rarement vide. J'irais presque jusqu'à dire que c'est toujours plein, mais en matière de statistiques, plus on est sûr de ne pas se tromper, plus on a une ou deux chances sur trois de tomber à côté ; non ? c'est pas ça la formule ?
Le jour du mois. En début de mois, on économise pour tenir jusqu'au bout du mois, donc on évite de venir dépenser des sous inconsidérément. M'enfin ici, on mange surtout, ce qui est quand même utile. Donc ça ne rentre peut-être pas tout à fait dans cette case-là. Enfin là, c'est du pif total, parce que ça marche encore dans tous les sens : en fin de mois, on se serre la ceinture ou on dépense enfin les sous mis de côté le reste du temps ? ça dépend de la configuration précise de chaque situation donnée (c'est pas ça la formulation ?) et du point de vue du commerçant, c'est tout de même aléatoire comme donnée.
La lumière. Quand le jour tombe tôt et qu'on n'a qu'une envie, celle de se mettre au chaud et de ne plus sortir, on a peut-être tendance à ne pas rester dans les rues très tard. Alors soit on évite de venir au Café Clochette, soit une fois qu'on y est, on ne veut plus en partir. Du point de vue de l'analyse chiffrée, on est coincé.
Le hasard. J'estime à cinquante pour cent la valeur indicatrice de ce paramètre-là. Si. Je crois.
Les animations locales. Marchent encore dans les deux sens : soit on en profite pour venir se reposer, soit on y est et on n'en part pas. A combiner sans doute avec le temps qu'il fait, mais ça simplifie ou ça complique la donne ? difficile à dire.
Le menu. Finalement, c'est la seule chose qu'il me revienne de faire évoluer directement. Donc pour faire mon boulot, tout ce que je peux faire, c'est faire la cuisine, c'est-à-dire faire mon boulot. Ca valait la peine d'en passer par tout ça pour arriver là... J'ai dû oublier un truc quelque part. Ou alors je n'y comprends rien du tout. Tiens oui : la comprenette de la cafelière, ça rentre peut-être en compte ?
Bref, je réfléchis très fort avec ma concentration en ce moment pour essayer de faire évoluer la carte du Café Clochette. Déjà, il n'y a pas de carte : c'est à l'ardoise tous les jours depuis le début. Et comme depuis l'enfance sur une ardoise on apprend à compter, quelque chose me dit que je ne suis pas sortie de l'auberge. Ya comme un loup dans mes chiffres, là. Enfin quand j'aurai réussi à m'en dépatouiller, je vous tiens au courant... mais ça prendra du temps. Probablement.

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