Ca y est, ça y est, je suis là, j'arrive, hop hop.
J'ai vécu des temps difficiles. Oh pas de grand drame, non, les petites contrariétés de la vie quotidienne. Les gâteaux qui brûlent, le four qui fume. Rupture de stock de yaourt grec à l'épicerie Sainte-Anne (vous ne connaissez pas ? allez y regarder de plus près, c'est une caverne pleine de trésors gustatifs insoupçonnés). Le boucher en vacances, et je me retrouve avec une viande qui a besoin d'une heure de cuisson de plus pour être aussi bonne que la sienne. Les factures qui s'empilent. Et ma première coupure. Une petite coupure, je suis modeste.
Qui l'eut dit, dans une cuisine pleine de beaux couteaux, je me suis coupée avec une tasse. Je venais de la casser (quand je vous disais que c'était une mauvaise période), un bout d'émail dépassait, aïe ouille, une petite coupure de deux millimètres sur le côté du doigt. Oh ce n'est rien, deux millimètres. Mais il se trouve que je ne supporte pas la vue du sang. Ca me fait défaillir.
Moi je ne tombe pas dans les pommes, ah non, c'est d'un commun ma chère ! Non, je défaille, je tombe en pâmoison, le dos de la main sur le front, en douceur, pouf. Comme la patronne de Bécassine. Pourquoi est-ce que je n'arrête pas de penser à la patronne de Bécassine ? Ah oui, la vitrine de la pharmacie rue d'Antrain, avec une silhouette qui me rappelle la patronne de Bécassine. J'ai un souvenir très vague de la patronne de Bécassine parce que je n'avais qu'un album que je relisais peu souvent, le trouvant suranné déjà à mon époque ; mais c'était un album où Bécassine se retrouvait à la plage et emmenait sa jeune charge au bord de l'eau. Pour revenir, il fallait bien sûr se rincer les pieds, soigneusement, mais elles réussissaient à bien sécher un pied qu'elles remettaient dans l'eau pour sécher l'autre. En rentrant dans les salons luxueux de la suite de Madame, les deux demoiselles laissaient partout des traces de deux pieds droits. Je suis incapable de sortir de la douche sans repenser à cette case des aventures de Bécassine. Des années d'analyse, je vous dis.
Alors pourquoi je dis ça ? Ah oui, donc Madame tombait dans les pommes, à la découverte des pieds uniques ou à un autre moment, je ne sais plus, enfin en tout cas elle défaillait élégamment, le dos de la main sur le front, les genoux qui plient doucement, le divan moelleux heureusement à proximité, les sels pas loin non plus. Je me plais à croire que je défaille de même. Toujours est-il que j'ai juste eu le temps de traverser le Café Clochette en souriant faiblement à tout le monde, le doigt au-dessus de la tête, en disant "tout va bien, je reviens", d'attraper un petit coton, du désinfectant, et quand j'ai regardé la coupure les yeux dans les yeux, pouf. On me dit que mon absence n'a pas dépassé les dix minutes, m'enfin en tout cas mon gâteau était brûlé quand je suis revenue, à moi et en bas. Et je me suis brûlée en le sortant du four. Sale journée, je vous dis.
Sinon, je me suis bien amusée en lisant une plaquette envoyée à moi qui vous parle par la CCI (Chambre de Commerce et d'Industrie, pour les non-initiés) de Rennes. Il semblerait que je fasse partie des heureux qui ont su innover dans le domaine de la consommation hors domicile et qu'à ce titre je sois susceptible d'en discourir au cours d'un cycle de rendez-vous trimestriels baptisés "Cafés Concepts" qui, me dit-on, "constituent une arène privilégiée pour débattre, échanger et enrichir la réflexion de chacun". Olé. Il se trouve que ce secteur s'impose, me dit-on toujours, "comme levier de croissance stratégique incontournable". Comme quoi on fait des grandes oeuvres sans même s'en rendre compte, parfois, hein.
On me promet donc, "au menu de ces après-midi interactifs : le décryptage des attentes des convives, l'analyse de stratégies gagnantes et l'éclairage sur les conditions d'accès au marché de la consommation hors domicile. Avec également la volonté d'ouvrir l'horizon de veille sur les marchés internationaux, pour anticiper les tendances et trouver de nouvelles voies d'inspiration !"
Oui, ben mon horizon de veille me permet surtout d'anticiper la mort prochaine par écrasement de mon réveil-matin, mais à part ça je ne vois pas trop. De nouvelles voies d'inspiration, je suis plutôt pour, mais je me cantonne pour l'instant à décrypter les attentes des convives en achetant une machine qui fait des frites. Ah ben tiens, en voilà une bonne idée. Je vais y aller et proposer ça, tiens. Mouis, non. En fait non. J'aurais trop peur qu'on me pique mon idée.
Cette prose magnifique est signée d'un homme aux petites lunettes rondes et à l'air grave, dont le titre est "référent chaîne alimentaire". Titre délectable à n'en pas douter, qui m'évoque (mais analyse, années, tout ça, voir plus haut) la chaîne où le surmulot est mal placé comme tous les herbivores et l'homme pourvu d'une grande fourchette vu qu'il mange un peu tout les autres. En tout cas, le 16 février, il y aura une table ronde sur "Tendances from the world". Des frites, mes amis, des frites ! mais chut.
Petite précision de dernière minute : MiniLoup est revenu à de plus enfantines dispositions. Il remarche dans les flaques.
Ah oui, aussi :
- Maman, je peux pas mettre mes bottes !
- Ben pourquoi ?
- Il y a une fourmilière dedans !
- Une quoi ?
- Ben les fourmis dans mes jambes, elles habitent dans mes bottes...
J'ai vécu des temps difficiles. Oh pas de grand drame, non, les petites contrariétés de la vie quotidienne. Les gâteaux qui brûlent, le four qui fume. Rupture de stock de yaourt grec à l'épicerie Sainte-Anne (vous ne connaissez pas ? allez y regarder de plus près, c'est une caverne pleine de trésors gustatifs insoupçonnés). Le boucher en vacances, et je me retrouve avec une viande qui a besoin d'une heure de cuisson de plus pour être aussi bonne que la sienne. Les factures qui s'empilent. Et ma première coupure. Une petite coupure, je suis modeste.
Qui l'eut dit, dans une cuisine pleine de beaux couteaux, je me suis coupée avec une tasse. Je venais de la casser (quand je vous disais que c'était une mauvaise période), un bout d'émail dépassait, aïe ouille, une petite coupure de deux millimètres sur le côté du doigt. Oh ce n'est rien, deux millimètres. Mais il se trouve que je ne supporte pas la vue du sang. Ca me fait défaillir.
Moi je ne tombe pas dans les pommes, ah non, c'est d'un commun ma chère ! Non, je défaille, je tombe en pâmoison, le dos de la main sur le front, en douceur, pouf. Comme la patronne de Bécassine. Pourquoi est-ce que je n'arrête pas de penser à la patronne de Bécassine ? Ah oui, la vitrine de la pharmacie rue d'Antrain, avec une silhouette qui me rappelle la patronne de Bécassine. J'ai un souvenir très vague de la patronne de Bécassine parce que je n'avais qu'un album que je relisais peu souvent, le trouvant suranné déjà à mon époque ; mais c'était un album où Bécassine se retrouvait à la plage et emmenait sa jeune charge au bord de l'eau. Pour revenir, il fallait bien sûr se rincer les pieds, soigneusement, mais elles réussissaient à bien sécher un pied qu'elles remettaient dans l'eau pour sécher l'autre. En rentrant dans les salons luxueux de la suite de Madame, les deux demoiselles laissaient partout des traces de deux pieds droits. Je suis incapable de sortir de la douche sans repenser à cette case des aventures de Bécassine. Des années d'analyse, je vous dis.
Alors pourquoi je dis ça ? Ah oui, donc Madame tombait dans les pommes, à la découverte des pieds uniques ou à un autre moment, je ne sais plus, enfin en tout cas elle défaillait élégamment, le dos de la main sur le front, les genoux qui plient doucement, le divan moelleux heureusement à proximité, les sels pas loin non plus. Je me plais à croire que je défaille de même. Toujours est-il que j'ai juste eu le temps de traverser le Café Clochette en souriant faiblement à tout le monde, le doigt au-dessus de la tête, en disant "tout va bien, je reviens", d'attraper un petit coton, du désinfectant, et quand j'ai regardé la coupure les yeux dans les yeux, pouf. On me dit que mon absence n'a pas dépassé les dix minutes, m'enfin en tout cas mon gâteau était brûlé quand je suis revenue, à moi et en bas. Et je me suis brûlée en le sortant du four. Sale journée, je vous dis.
Sinon, je me suis bien amusée en lisant une plaquette envoyée à moi qui vous parle par la CCI (Chambre de Commerce et d'Industrie, pour les non-initiés) de Rennes. Il semblerait que je fasse partie des heureux qui ont su innover dans le domaine de la consommation hors domicile et qu'à ce titre je sois susceptible d'en discourir au cours d'un cycle de rendez-vous trimestriels baptisés "Cafés Concepts" qui, me dit-on, "constituent une arène privilégiée pour débattre, échanger et enrichir la réflexion de chacun". Olé. Il se trouve que ce secteur s'impose, me dit-on toujours, "comme levier de croissance stratégique incontournable". Comme quoi on fait des grandes oeuvres sans même s'en rendre compte, parfois, hein.
On me promet donc, "au menu de ces après-midi interactifs : le décryptage des attentes des convives, l'analyse de stratégies gagnantes et l'éclairage sur les conditions d'accès au marché de la consommation hors domicile. Avec également la volonté d'ouvrir l'horizon de veille sur les marchés internationaux, pour anticiper les tendances et trouver de nouvelles voies d'inspiration !"
Oui, ben mon horizon de veille me permet surtout d'anticiper la mort prochaine par écrasement de mon réveil-matin, mais à part ça je ne vois pas trop. De nouvelles voies d'inspiration, je suis plutôt pour, mais je me cantonne pour l'instant à décrypter les attentes des convives en achetant une machine qui fait des frites. Ah ben tiens, en voilà une bonne idée. Je vais y aller et proposer ça, tiens. Mouis, non. En fait non. J'aurais trop peur qu'on me pique mon idée.
Cette prose magnifique est signée d'un homme aux petites lunettes rondes et à l'air grave, dont le titre est "référent chaîne alimentaire". Titre délectable à n'en pas douter, qui m'évoque (mais analyse, années, tout ça, voir plus haut) la chaîne où le surmulot est mal placé comme tous les herbivores et l'homme pourvu d'une grande fourchette vu qu'il mange un peu tout les autres. En tout cas, le 16 février, il y aura une table ronde sur "Tendances from the world". Des frites, mes amis, des frites ! mais chut.
Petite précision de dernière minute : MiniLoup est revenu à de plus enfantines dispositions. Il remarche dans les flaques.
Ah oui, aussi :
- Maman, je peux pas mettre mes bottes !
- Ben pourquoi ?
- Il y a une fourmilière dedans !
- Une quoi ?
- Ben les fourmis dans mes jambes, elles habitent dans mes bottes...
6 commentaires:
et ben j'ai bien fait de revenir faire un tour par ici ce soir moi...
que d'aventures!!!! la question est de savoir s'il est préférable d'avoir un gâteau sanguin ou brûlé????
cap ti: encore un mot en patois de chez moi qui signifie "es-tu capable de...."
D'ici à ce que Mini-Loup verse du sucre dans ses bottes pour nourrir sa colonie de fourmis...
... et que sa mère en pâmoison mette à cuire lesdites bottes pleines de sucre au four avec des morceaux de tasses cassées, ça va nous faire un drôle de croustillant mugbootnut brittle... de quoi casser les dents de la patronne de Bécassine !
Perculay : n.m. sorte de vin qui un fois sur la langue prend le coût du café (olé)
j'ai eu raison de réclamer! ça vaut le coup! je me demande si je ne retrouverais pas dans un coin de grenier le même album de Bécassine..
isitabo: en language vernaculaire, désigne un lieu très beau où l'on mange de bons gateaux, mais aussi des bottes caramélisées si l'on demande avec suffisament d'insistance.
je ne résiste pas:
pronie: spécialité culinaire chocolatée importée par BEM pour conquérir la Bretagne.
frided: les frites sont mortes, vivent les frites!
(okok j'arrête)
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