S'il est un mot que les banquiers connaissent bien, du moins ceux que j'ai rencontrés dernièrement, c'est "non". Encore que ce non soit accompagné de bien des tons de voix différents, bien des regards désolés ou froids, et autres raccrochages de téléphone plus ou moins secs au bout du museau.
Il y eut le jeune papa enthousiaste jusqu'au bout des boutons de manchette : "Votre projet est magnifique, vous êtes bien évidemment la personne pour le faire aboutir, votre chiffre d'affaire prévisionnel est raisonnable, vous avez une clientèle toute désignée, votre produit est innovant et original et apparemment, vous avez une certaine facilité avec les chiffres. [Là j'ai rougi mais, j'avoue, je ne l'ai pas contredit. Je sais, c'est lâche.] Vous seriez une excellente chef d'entreprise. Mais dites-moi, pourquoi vous ne créez pas une association, plutôt ?"
Il y eut aussi la reine de la mauvaise foi :
Moi - Je vous ai envoyé trois mails et vous n'avez pas répondu.
Elle - Tiens, c'est curieux, je n'ai reçu que le premier.
Moi - ???
Et puis la sincère : "Et vous êtes à quelle banque, déjà ? ah tiens ? et pourquoi vous n'y restez pas ?" La même, fataliste : "Vous savez, vous devriez peut-être jouer au loto..."
Parfois ça commence comme une belle rencontre : on papote entre filles, quasi, on se donne des bons tuyaux de dépôt-vente pour nos mouflets, on parle dents qui poussent et collier d'ambre. Et puis au fil des rendez-vous, le regard dévie, les silences s'épaississent, la voix hésite. Jusqu'au "j'ai présenté le dossier à la commission, c'est non". On sent sa gêne et on en est désolé pour elle. Métier ingrat, parfois. Et on s'en va en se disant qu'on aura au moins partagé le goût des petites chemises en lin qui vont avec tout.
Il y a le brutal : "Et vous y connaissez quoi, en restauration ? et votre local, là, vous ne trouvez pas qu'il est un peu loin de tout ? et les mômes, ça consomme pas que je sache ? faut pas rêver ma pauv' dame !"
Le désolé : "Moi j'y croyais, et puis humainement c'est un projet magnifique, mais vous savez, avec la crise..."
Le gentil : "Moi je dis ça pour votre bien, vous savez..."
L'absent : "Laissez-moi un message, je vous rappellerai..."
C'est un peu un jeu du chat et de la souris ; je me sens pousser des moustaches à vitesse grand vélo, comme dirait MiniLoup.
En parlant de chat et de souris, ça me rappelle ce livre magnifique d'Hélène Ray, Cherche souris pour garder chat. C'est l'histoire d'une petite fille qui voudrait un chat, mais ses parents sont contre. Le jour où un chat débarque, elle espère bien le garder, mais ils sont toujours contre. Ils finissent par lui dire que s'il y avait des souris dans la maison, alors ce serait une bonne chose d'avoir un chat, mais en l'occurrence il n'y en a pas, alors petiote, vois-tu, ouste le chat. Et la petite fille, futée, fait paraître une petite annonce qui circonscrit son problème : "cherche souris pour garder chat". Ca finit bien, forcément.
Bon, je sais que cette histoire n'a rien à voir avec ce que je raconte, mais ici au moins je fais c'que j'veux nom d'une crevette ! non mais.
Il y eut le jeune papa enthousiaste jusqu'au bout des boutons de manchette : "Votre projet est magnifique, vous êtes bien évidemment la personne pour le faire aboutir, votre chiffre d'affaire prévisionnel est raisonnable, vous avez une clientèle toute désignée, votre produit est innovant et original et apparemment, vous avez une certaine facilité avec les chiffres. [Là j'ai rougi mais, j'avoue, je ne l'ai pas contredit. Je sais, c'est lâche.] Vous seriez une excellente chef d'entreprise. Mais dites-moi, pourquoi vous ne créez pas une association, plutôt ?"
Il y eut aussi la reine de la mauvaise foi :
Moi - Je vous ai envoyé trois mails et vous n'avez pas répondu.
Elle - Tiens, c'est curieux, je n'ai reçu que le premier.
Moi - ???
Et puis la sincère : "Et vous êtes à quelle banque, déjà ? ah tiens ? et pourquoi vous n'y restez pas ?" La même, fataliste : "Vous savez, vous devriez peut-être jouer au loto..."
Parfois ça commence comme une belle rencontre : on papote entre filles, quasi, on se donne des bons tuyaux de dépôt-vente pour nos mouflets, on parle dents qui poussent et collier d'ambre. Et puis au fil des rendez-vous, le regard dévie, les silences s'épaississent, la voix hésite. Jusqu'au "j'ai présenté le dossier à la commission, c'est non". On sent sa gêne et on en est désolé pour elle. Métier ingrat, parfois. Et on s'en va en se disant qu'on aura au moins partagé le goût des petites chemises en lin qui vont avec tout.
Il y a le brutal : "Et vous y connaissez quoi, en restauration ? et votre local, là, vous ne trouvez pas qu'il est un peu loin de tout ? et les mômes, ça consomme pas que je sache ? faut pas rêver ma pauv' dame !"
Le désolé : "Moi j'y croyais, et puis humainement c'est un projet magnifique, mais vous savez, avec la crise..."
Le gentil : "Moi je dis ça pour votre bien, vous savez..."
L'absent : "Laissez-moi un message, je vous rappellerai..."
C'est un peu un jeu du chat et de la souris ; je me sens pousser des moustaches à vitesse grand vélo, comme dirait MiniLoup.
En parlant de chat et de souris, ça me rappelle ce livre magnifique d'Hélène Ray, Cherche souris pour garder chat. C'est l'histoire d'une petite fille qui voudrait un chat, mais ses parents sont contre. Le jour où un chat débarque, elle espère bien le garder, mais ils sont toujours contre. Ils finissent par lui dire que s'il y avait des souris dans la maison, alors ce serait une bonne chose d'avoir un chat, mais en l'occurrence il n'y en a pas, alors petiote, vois-tu, ouste le chat. Et la petite fille, futée, fait paraître une petite annonce qui circonscrit son problème : "cherche souris pour garder chat". Ca finit bien, forcément.
Bon, je sais que cette histoire n'a rien à voir avec ce que je raconte, mais ici au moins je fais c'que j'veux nom d'une crevette ! non mais.
Les réponses des banques n'étaient donc pas exactement le reflet d'une simple formalité comme je l'avais naïvement cru. Et c'était très bizarre ce décalage avec la "réalité" de l'évolution des choses, parce que pendant ce temps, le local prenait une allure qui ressemblait au tableau final, mes recettes commençaient à prendre bonne tournure et le tout nouveau frigo prenait une place monumentale dans la cuisine où tout ce qui devait aller à droite n'y était pas encore et ce qui devait aller à gauche s'entassait sur la table familiale ! Pendant ce temps donc, tout le reste avançait comme sur des petites roulettes toutes rondes. Mon projet de proposer le local gratuitement aux associations rennaises dédiées à la parentalité avait rencontré un franc succès, soit pour y tenir des réunions privées, soit pour s'ouvrir à un public plus large pendant les matinées, puisque je n'ouvrirais qu'à midi. Là encore, j'ai rencontré des gens merveilleux, qui mettent une énergie et un courage phénoménal à partager leurs expériences et leur enthousiasme.
Certains jours, le contraste entre l'enthousiasme qui m'entoure et me porte et le péremptoire du "non" qu'on m'oppose est lourd à porter. Mais quand vraiment le découragement s'abat, il me vient cette phrase en tête : "Life is what happens to you when you're busy making other plans" (qu'on pourrait traduire par "la vie, c'est ce qui vous arrive pendant que vous êtes occupé à tirer des plans sur la comète", il semblerait que ce soit de John Lennon). Et je me dis que ce qui m'arrive, c'est quand même bien rigolo, tout compte fait. Surtout quand je peux venir en rire ici.
En tout cas, j'espère encore et toujours. Bientôt, très bientôt...
Certains jours, le contraste entre l'enthousiasme qui m'entoure et me porte et le péremptoire du "non" qu'on m'oppose est lourd à porter. Mais quand vraiment le découragement s'abat, il me vient cette phrase en tête : "Life is what happens to you when you're busy making other plans" (qu'on pourrait traduire par "la vie, c'est ce qui vous arrive pendant que vous êtes occupé à tirer des plans sur la comète", il semblerait que ce soit de John Lennon). Et je me dis que ce qui m'arrive, c'est quand même bien rigolo, tout compte fait. Surtout quand je peux venir en rire ici.
En tout cas, j'espère encore et toujours. Bientôt, très bientôt...
7 commentaires:
Et ben dis donc c'est pas rigolo tous les jours ton parcours du combattant. Félicitations à toi de réussir à en rire (même si ça doit pas être le cas tous les jours). En tous cas espère espère. J'espère avec toi et si je peux apporter un peu d'aide, n'hésite pas.
Pascale, je rentre cette semaine à Rennes. Tu devrais peut-être essayer via BDI (Bretagne Développement Initiatives) et leur filiale BCS (Bretagne Capital Solidaire): http://bdibretagne.free.fr/bcs/
Les formalités sont un peu longues mais je pense que tu rentres dans leurs critère.Tiens-moi au courant !
Juliette : oui, j'espère ! merci.
Ppn : merci pour la piste, je vais explorer ça. J'espère que les vacances ont été bonnes de ton côté.
Oh non ! quelle mauvaise nouvelle ! Heureusement, tu ne baisses pas les bras ! quelles pistes de solutions éventuelles alors?
Bonjour,
je découvre le concept en devenir et trouve ça super !
Juste une question : pourquoi ne pas le lancer sous forme d'association ????
Bienvenue par ici Elise, et merci ! Pour répondre à ta question : parce que j'ai besoin d'en vivre... Le montage via une association serait très compliqué pour plusieurs raisons, l'une d'elles étant qu'il s'agit de mon domicile. Et je avouer aussi que l'aventure du petit commerce finit par me plaire !
Bonjour Pascale,
Je tente moi aussi de mettre sur pied un projet dans ce domaine et suis actuellement pile entrain de vivre un peu les mêmes hauts et bas...
J'ai en plus souri en lisant ce post car la phrase de John Lennon (je ne savais pas qu'elle était de lui d'ailleurs) que vous mentionnez, eh bien je l'avais notée au début du carnet qui me suit, lorsque je me suis vraiment décidée à penser à ce projet plus en détails...
Aujourd'hui, journée un peu morose, je l'ai notée en grand, sur mon tableau noir, pour me donner du courage!
Salutations (et je continue ma lecture de vos péripéties!)
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