dimanche 18 juillet 2010

Marketing ting ting

Samedi matin, à l'heure où blanchiss... euh non, le soleil était déjà haut quand nous avons mené nos pas vers le marché des Lices en bonnes petites camarades férues de marketing direct (que mes amis à l'âme révolutionnaire considèrent en toute amitié que je leur tire une langue virtuelle et patronale, c'est comme ça, parfois il faut savoir assumer les divergences d'opinion au risque de se faire interdire de petit blanc au comptoir quand on a passé la ligne de l'exploitation des masses - pour les autres, qu'ils me pardonnent ces privautés) avec dans l'idée de "faire de la pub".
Il y a déjà bien longtemps, dans les temps obscurs qui suivirent immédiatement l'ouverture du Café Clochette, une jeune amie de mon MiniLoup qui l'avait connu haut comme ça avait distribué des flyers sur le marché et depuis, ça faisait quand même un an que je me disais qu'il faudrait peut-être remettre ça. Histoire d'aider un peu le bouche à oreille (que d'aucuns appellent, il me semble, marketing viral, beurk). Histoire qu'on nous connaisse, quoi. Histoire que les gens qui passent devant tous les jours finissent par se dire que tiens oui, ils ont entendu parler de cet endroit quelque part, un jour. Enfin bref, on s'est dirigées, on s'est plantées pas du côté de l'escalier des chats, vu que l'escalier pour les poussettes ce n'est pas très indiqué, mais plutôt vers le marchand de ballons, vous voyez, un peu plus bas que le marchand de pommes et en face du marchand de journal. Oui, de journal : le samedi matin, sur le marché des Lices, il ne se vend qu'un journal, LE journal, Ouesteuh-France bien sûr.
Quoique - ce matin, ce n'était pas exact, un grand monsieur à l'air sympathique tenait à bout de bras "La décroissance", le journal de la joie de vivre, vendu 2€ et disponible sur abonnement, ou le samedi matin au bout du bras du monsieur. On a échangé des sourires. Et Aude et moi avons dégainé nos gobelets. Pourquoi des gobelets ? parce que les flyers, ça se jette par terre et que nous avons l'esprit recyclable. Enfin je veux dire, que nous tenons aux petits gestes écolos. Enfin bref. Nos gobelets (ceux-ci, pour vous les remettre en mémoire) sont du même genre que ceux qu'on prête sur les sites de concerts contre une consigne symbolique et qu'on peut soit rapporter, soit garder en souvenir. Nous, on les donnait. Enfin on essayait de les donner.
Vu que c'était du marketing, on ciblait, vous pensez bien. La vue d'une poussette à l'horizon éveillait notre atavisme de... non - notre enthousias... non - notre regard pétilllant... ouais, peut-être. Enfin on se dirigeait, gobelet tendu, vers la petite famille groupée autour et dans la poussette. "Bonjour, est-ce que je peux vous offrir un gobelet du Café Clochette, un restaurant pour les familles un peu plus loin dans la rue de Dinan ?"
Souvent, on n'arrivait même pas au bout de la phrase, un signe poli de la tête ou un "non merci" plus ferme suffisait à nous arrêter avec un "tant pis, bonne journée !". Parfois, quelqu'un nous interpellait pour savoir de quoi ça retournait cette histoire de clochette. Parfois, on passait sans nous regarder. Curieuse sensation, de se voir dans les autres quand on réalise qu'on fait la même chose, pour échapper aux sondeurs par exemple, pour ne pas être embêté dans la rue par des inconnus. C'est pas super confortable, comme position, d'être celui qui donne le truc. Mes amis à l'âme révolutionnaire me voient démasquée : j'ai peu tracté dans ma longue vie. A part mon petit frère sur son tricycle.
Pour finir, on a distribué quelques dizaines de gobelets, taillé une bavette avec des amis qui passaient et puis on est allées déposer les autres chez Gabriel, le marchand de journaux du bas des Lices (oui journaux, lui, il les a tous) et à Saint-Germain des Lys, le caviste qui nous fournit notre cher Pic Saint-Loup. Et on est rentrées pour se retrouver plongées dans le tourbillon d'un service très plein, avec des enfants partout, des adultes très sages et gourmands dont l'oeil s'allume au spectacle du fondant dans leur assiette.
Quand le tourbillon s'est apaisé, qu'on a eu fini de remplir le troisième lave-vaisselle de la journée et qu'on s'est assises avec de quoi manger à notre tour, on s'est demandées si on n'avait pas joué à l'apprenti sorcier, celui qui a multiplié les balais pour remplir sa baignoire et ne sait plus comment s'en sortir... Voilà c'est ça : notre technique, là, c'est du marketing-balai.
Je vais de ce pas déposer le concept.

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