jeudi 8 juillet 2010

La guerre des pistoles

Les pistoles sont des petits disques de chocolat de 2g chacun ; c'est la forme la plus pratique de chocolat lorsqu'il s'agit de le faire fondre sans sortir un grand couteau pour hacher une plaque de 5kg. Malheureusement, tous les habitants du Café Clochette, à l'exception notable des petits poissons, qui sont trop loin sans doute de la cuisine pour les avoir jamais remarquées, en sont fous. Limite raides dingues.
Les chats, tous les trois, trouvent très rigolotes ces petites balles plates et d'une taille idéale pour les pousser sous les meubles du bout de la patte, après leur avoir fait traverser toute la pièce façon palet de hockey. Il est inexact de dire que les félins n'ont pas l'esprit d'équipe, donnez-leur une pistole pour trois et ils le démontreront avec brio. Si vous leur donnez une pistole chacun, ils se feront des passes. Pour peu que ce soient des pistoles de chocolat blanc, qui ne se voient pas bien sur le sol jaune poussin du Café, ils feront exprès d'en laisser une au milieu du passage, pour que votre pied la rencontre par inadvertance et l'envoie lui-même sous le lit des bébés. Ils vous regarderont alors, l'air complètement outragé, et passeront le reste de la journée à essayer d'appâter leur jouet en lui tendant la patte, un bout de chiffon ou tout ce qu'ils trouveront dans le vain espoir de la faire sortir de là où, dans votre grande perversité, vous l'aurez fourré tout seul. Si c'est du chocolat noir, ils l'enverront valdinguer du premier coup sous un tapis où vous ne retrouvez qu'un petit tas à moitié fondu le jour où vous ferez le ménage en grand.
MiniLoup aime le chocolat, point. Sous toutes ses formes et toutes ses couleurs. Il est capable de faire le siège du lit des bébés en compagnie des chats et de leur apporter une aide matérielle non négligeable pour extirper la pistole de sa cachette. Et se verra conséquemment lancer trois regards noirs quand il y aura réussi, au moment précis où il aura fourré les deux grammes de friandise dans sa bouche après l'avoir époussetée soigneusement.
Moi, je trouve simplement que le chocolat sous cette forme, c'est bien pratique. Notamment pour goûter les ingrédients avant de les mélanger. Quoi ? deux grammes de plus ou de moins, ça ne va quand même pas faire foirer ma recette, si ?
Ayant chacun nos raisons pour aimer ces petites choses qui ressemblent à des boutons, certains jours, c'est la guerre. Il suffit que le son du carton des pistoles de chocolat blanc tiré de son coin sous le comptoir arrive aux oreilles de l'une ou de l'autre des parties en présence pour que son frémissement de joie attire toutes les autres. Il peut alors arriver que nous nous battions, avec nos armes respectives. Les chats miaulent à en fendre le coeur des amoureux des animaux, puis se battent entre eux dans l'espoir de créer une diversion propre à permettre à une patte leste de récupérer l'objet de leur fixation, si possible en plusieurs exemplaires pour aller faire un foot. MiniLoup s'approche l'air innocent et propose de m'aider à faire un gâteau. Et je soulève la boîte au-dessus de ma tête pour mettre hors de portée de tous ces envieux la base de mon gâteau du jour. A leur grande joie, il arrive que ce faisant, la boîte s'ouvre brutalement et m'arrose d'une pluie chocolatée aux gouttes de deux grammes pièce.
C'est sans doute une des raisons pour lesquelles, au Café Clochette, le jeu de backgammon prend une dimension tout à fait intéressante et totalement imprévue au regard des règles canoniques de ce jeu fascinant : on peut y manger les pièces. C'est ce qui s'appelle intéresser la partie, j'imagine.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

très joli billet. on imagine très bien la scène...en particulier celle de la boîte au-dessus de ta tête s'ouvrant malencontreusement! bises et passe un bon été chocolaté!!!

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