lundi 22 février 2010

Travail visible et travail invisible

Quand même, on mange bien, chez vous !
C'est le genre de commentaire de clients en partance qui vous fait rosir à tout coup... et pourtant ces derniers temps je me demande si ça ne pointe pas vers un problème lié à la stratégie com' du Café Clochette. En gros, lié au fait qu'ici c'est un restaurant. Un petit, tout petit restaurant, mais un restaurant quand même. Ce qui signifie que je passe le plus clair de mon temps aux activités menées habituellement par les restaurateurs, à savoir : faire la cuisine, la servir et la penser. Mais tout compte fait, ce n'est peut-être pas ce qui se voit le plus (ni même ce dont je parle le plus ici même, tiens, d'ailleurs).
Lorsque j'ai commencé à réfléchir à un "café des bébés", il y a plus de deux ans, j'imaginais un salon de thé un peu alternatif, avec des rencontres, des ateliers, du lien social, de la vie quoi. Et puis il a bien fallu transformer ce rêve en quelque chose de plus tangible, mettre des chiffres dans des tableaux, imaginer comment entrer dans la réalité. Petit à petit, l'idée de trouver un chiffre d'affaire ailleurs que dans le lien social a bien dû s'imposer... Mister C. a, sans avoir l'air d'y toucher, mis le cap sur la restauration et je l'ai suivi bien volontiers. Dame, quand un expert-comptable sérieux vous dit "vous n'avez jamais pensé à faire des plats à manger le midi" et que sans vous l'avouer vous y pensiez depuis des années au cours de tous les dîners rigolos organisés pour les copains et d'autres, que depuis des années on vous disait "toi, tu devrais ouvrir un restaurant" et que vous rigoliez en haussant les épaules parce que non, la restauration, c'était un métier sérieux, du travail, du vrai, pas juste quelques heures en cuisine le jour J, que pour vous un restaurant c'était une armée de marmitons affairés à éplucher des carottes et pas votre pauvre planche à découper perso couverte d'épluchures... dame, disais-je, quand un expert-comptable vous dit que vous devriez faire la cuisine pour gagner votre vie et qu'il prend son air tout sérieux avec les sourcils froncés, et bien là vous commencez à y réfléchir. A vous prendre au jeu. A vous dire que vous savez faire quelques recettes qui ont toujours marché. Que de toute façon vous n'avez rien à perdre. Que ça peut être une expérience du tonnerre. Que de toute façon, il va bien falloir lui faire prendre de l'ampleur, à ce chiffre d'affaires prévisionnel. Alors bon. Autant essayer.
Ca fait plus d'un an que j'essaie et comme toujours dans ces cas-là, c'est le désir secret qui sous-tendait l'entreprise qui a pris le dessus. Maintenant, pour moi, le Café Clochette c'est d'abord un restaurant. Le temps que je passe à m'en occuper, il est surtout passé dans ou autour de la cuisine. Alors peut-être, juste peut-être... qu'il y a comme un décalage entre la façon dont je considère ce travail et ce qui se voit à l'extérieur. Comme si le fait que ce soit un restaurant, qui me réjouit et m'angoisse tout à la fois, était destiné à rester comme une énigme pour les gens qui le fréquentent. Comme si le travail que je fais vraiment devait rester invisible.
Et vous savez quoi ? c'est sans doute très bien comme ça. Si je ne croyais pas que c'est dans les failles de la communication que la communication se joue vraiment, qu'il se passe quelque chose là où on n'y pensait pas, je ferais un autre métier. Tiens, j'éplucherais des carottes. Ah non. Ca, je le fais déjà...

5 commentaires:

Anonyme a dit…

Bonsoir Pascale,

Une chose est sure : nous nous régalons autant de tes mets que de tes mots (jeu de mots un peu simpliste, j'en conviens, mais tellement sincère). Je me permets d'employer le "nous" car je crois assurément pouvoir dire que je ne suis pas la seule... A bientôt, j'espère, lors d'un prochain passage à Rennes. Laëtitia

Anonyme a dit…

Bah je sais pas pour les carottes mais ta purée est tout simplement divine, tellement que j'en pique à chaque fois dans l'assiette à Nomi (le pauvre).
Et puis mon gourmand de Camille se damnerai pour les petits carré noix de coco.
J'aime tellement ce lieux que j'ai franchement pas envie d'aller dans d'autre bar/café.
Et on y essaie de convaincre toute notre famille, ma belle-grand-mère qui à trouvé ça bien pratique pour Nomi mais que la menthe à l'eau était quand même un peu sucrée ...
Allez Bonne fin de wee !

juliette a dit…

et bien merci mister C d'avoir convaincu notre cafelière!!!!!
les bricks au thon, les lasagnes chèvre-épinard, les moelleux aux céréales, hum......

Cath a dit…

les daubes de joue de porc et le millefeuille d'échine, les sablés caramel beurre salé, les mantecaos...

La Mouette a dit…

C'est sans doute parce que tu avais, avant tout, envie de créer du lien social que le Café Clochette a ce supplément d'âme. Et puis parce qu'il t'est tellement propre que les clients s'y sentent à l'aise, d'emblée. Ce qui n'est pas le cas de tous les restaurants, pas vrai?
Bizz!!

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