En ancienne universitaire disciplinée, quand il m'arrive une tuile, en général je fonce sur la documentation disponible. Il m'arrive de demander son avis à MiniLoup (en particulier en matière de dinosaures, de camions bennes ou d'extermination de cauchemars), mais quand ma cuisinière à induction s'est mise en grève partielle hier midi, je me suis trouvée benête. Le manuel ne m'était d'aucune utilité puisque la liste des codes d'erreur ne comprenait pas l'erreur qui arrivait pour de vrai : le silence le plus total de la moitié des plaques. Du haut du petit nuage où je flotte depuis quelques jours, je n'ai même pas paniqué, j'ai simplement ôté de sa plaque le rougail saucisse qui avait brutalement cessé de mijoter gentiment et je l'ai posé sur une plaque de secours, car la cafelière, si elle a une légère tendance à mettre tous ses oeufs dans le même panier, est malgré tout prudente face à l'électronique et avait vaguement prévu le coup. N'empêche que ces deux feux inopérants, ça m'énervait un brin.
Le recours suivant, c'est internet bien sûr. Je suis donc tombée sur la rubrique "induction" sur Wikipedia, je cite :
"À la différence de la déduction qui impose des propositions de départ non supposées vraies, l'induction se propose de chercher des lois générales à partir de l'observation de faits particuliers, sur une base probabiliste.
L'idée de départ de l'induction était que la répétition d'un phénomène en augmente la probabilité de le voir se reproduire. C'est là proprement la façon dont réagit le cerveau chez le chien de Pavlov par exemple. L'accumulation de faits concordants et l'absence de contre-exemples permet ensuite d'augmenter le niveau de plausibilité de la loi jusqu'au moment où on choisit par simplification de la considérer comme une quasi certitude : ainsi en est-il du deuxième principe de la thermodynamique. En aucun cas, cependant, on n'atteindra la certitude, tout contre exemple étant susceptible de remettre immédiatement cette "loi" en cause."
Ah.
Voyons si on peut paraphraser pour y voir plus clair, voulez-vous ?
"À la différence de la déduction qui impose des propositions de départ non supposées vraies" : mettons que cette phrase est vraie, j'en déduis que le nombre de mes neurones s'est singulièrement rétréci depuis quelques années.
"l'induction se propose de chercher des lois générales à partir de l'observation de faits particuliers" : je constate que ces mots alignés ressemblent furieusement à une phrase et j'en tire la conclusion qu'à chaque fois que je verrai ces mots alignés, je serai face à une phrase...
"sur une base probabiliste" : ... ou pas. Ca dépend.
"L'idée de départ de l'induction était que la répétition d'un phénomène en augmente la probabilité de le voir se reproduire. C'est là proprement la façon dont réagit le cerveau chez le chien de Pavlov par exemple" : quand je fais du Caranut, j'oublie systématiquement la casserole sur le feu et les Carambars attachent au fond, encore ce matin, tiens. Le toutou que j'ai dans le cerveau s'y est tellement habitué qu'il sort le gratton à casseroles en même temps que les Carambars. Oui, là je comprends. Les bêtises prévisibles ne sont que la sédimentation d'une répétition névrotique, en gros, et plus je fais de bêtises plus je suis prête à croire que j'en fais.
"L'accumulation de faits concordants et l'absence de contre-exemples permet ensuite d'augmenter le niveau de plausibilité de la loi jusqu'au moment où on choisit par simplification de la considérer comme une quasi certitude : ainsi en est-il du deuxième principe de la thermodynamique" : dans le cas qui nous occupe, j'étais toute prête à croire, au vu des jours qui se sont succédés depuis l'arrivée au Café Clochette de cette toute belle cuisinière, qu'elle allait continuer à fonctionner jusqu'au bout du bout. Le principe de l'induction, cependant, a fait entrer le doute en mon esprit et je ne puis plus que la considérer d'un oeil suspicieux, la pauvre. Encore un coup du deuxième principe de la thermodynamique, ça, on ne s'en méfie jamais assez. L'irréversibilité du chaos au fond de ma cuisine, ça me fait prendre conscience qu'on est quand même pas grand-chose sur cette terre (ça et le fait que je manque un peu de sommeil, peut-être).
"En aucun cas, cependant, on n'atteindra la certitude, tout contre exemple étant susceptible de remettre immédiatement cette "loi" en cause" : ah voilà, si vous trouvez que nos législateurs font une boulette, il vous suffit de vous appuyer sur l'induction pour remettre en cause leurs textes, plus besoin de faire des pétitions ou de défiler dans la rue. Encore que ça ne soit pas forcément un exemple politique des plus convaincants pour les générations à venir : vous vous voyez dire à vos enfants "pas de certitude, mon enfant, quand tu auras fait de la philo et serré la pince à Aristote et ses copains, tu pourras contester l'ordre établi, en attendant range ta chambre !" ? Pas sûr que ça marche, je vous le dis.
En attendant, la probabilité que ma cuisinière remarche sans intervention extérieure est assez faible au regard des observations successives auxquelles je la soumets depuis hier.
Allo, Monsieur d'Arthy ? dites, si votre technicien ne parvient pas à dépanner ma cuisinière, est-ce que vous auriez une cuisinière à déduction, pour changer ?
Le recours suivant, c'est internet bien sûr. Je suis donc tombée sur la rubrique "induction" sur Wikipedia, je cite :
"À la différence de la déduction qui impose des propositions de départ non supposées vraies, l'induction se propose de chercher des lois générales à partir de l'observation de faits particuliers, sur une base probabiliste.
L'idée de départ de l'induction était que la répétition d'un phénomène en augmente la probabilité de le voir se reproduire. C'est là proprement la façon dont réagit le cerveau chez le chien de Pavlov par exemple. L'accumulation de faits concordants et l'absence de contre-exemples permet ensuite d'augmenter le niveau de plausibilité de la loi jusqu'au moment où on choisit par simplification de la considérer comme une quasi certitude : ainsi en est-il du deuxième principe de la thermodynamique. En aucun cas, cependant, on n'atteindra la certitude, tout contre exemple étant susceptible de remettre immédiatement cette "loi" en cause."
Ah.
Voyons si on peut paraphraser pour y voir plus clair, voulez-vous ?
"À la différence de la déduction qui impose des propositions de départ non supposées vraies" : mettons que cette phrase est vraie, j'en déduis que le nombre de mes neurones s'est singulièrement rétréci depuis quelques années.
"l'induction se propose de chercher des lois générales à partir de l'observation de faits particuliers" : je constate que ces mots alignés ressemblent furieusement à une phrase et j'en tire la conclusion qu'à chaque fois que je verrai ces mots alignés, je serai face à une phrase...
"sur une base probabiliste" : ... ou pas. Ca dépend.
"L'idée de départ de l'induction était que la répétition d'un phénomène en augmente la probabilité de le voir se reproduire. C'est là proprement la façon dont réagit le cerveau chez le chien de Pavlov par exemple" : quand je fais du Caranut, j'oublie systématiquement la casserole sur le feu et les Carambars attachent au fond, encore ce matin, tiens. Le toutou que j'ai dans le cerveau s'y est tellement habitué qu'il sort le gratton à casseroles en même temps que les Carambars. Oui, là je comprends. Les bêtises prévisibles ne sont que la sédimentation d'une répétition névrotique, en gros, et plus je fais de bêtises plus je suis prête à croire que j'en fais.
"L'accumulation de faits concordants et l'absence de contre-exemples permet ensuite d'augmenter le niveau de plausibilité de la loi jusqu'au moment où on choisit par simplification de la considérer comme une quasi certitude : ainsi en est-il du deuxième principe de la thermodynamique" : dans le cas qui nous occupe, j'étais toute prête à croire, au vu des jours qui se sont succédés depuis l'arrivée au Café Clochette de cette toute belle cuisinière, qu'elle allait continuer à fonctionner jusqu'au bout du bout. Le principe de l'induction, cependant, a fait entrer le doute en mon esprit et je ne puis plus que la considérer d'un oeil suspicieux, la pauvre. Encore un coup du deuxième principe de la thermodynamique, ça, on ne s'en méfie jamais assez. L'irréversibilité du chaos au fond de ma cuisine, ça me fait prendre conscience qu'on est quand même pas grand-chose sur cette terre (ça et le fait que je manque un peu de sommeil, peut-être).
"En aucun cas, cependant, on n'atteindra la certitude, tout contre exemple étant susceptible de remettre immédiatement cette "loi" en cause" : ah voilà, si vous trouvez que nos législateurs font une boulette, il vous suffit de vous appuyer sur l'induction pour remettre en cause leurs textes, plus besoin de faire des pétitions ou de défiler dans la rue. Encore que ça ne soit pas forcément un exemple politique des plus convaincants pour les générations à venir : vous vous voyez dire à vos enfants "pas de certitude, mon enfant, quand tu auras fait de la philo et serré la pince à Aristote et ses copains, tu pourras contester l'ordre établi, en attendant range ta chambre !" ? Pas sûr que ça marche, je vous le dis.
En attendant, la probabilité que ma cuisinière remarche sans intervention extérieure est assez faible au regard des observations successives auxquelles je la soumets depuis hier.
Allo, Monsieur d'Arthy ? dites, si votre technicien ne parvient pas à dépanner ma cuisinière, est-ce que vous auriez une cuisinière à déduction, pour changer ?
2 commentaires:
pas toujours facile la vie de cafelière :)
Je me demande si cette définition ne rejoindra pas bientôt le bêtisier Wikipedia...
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