mercredi 5 mai 2010

Vous autres, hein

Cette cafelière-là est toute préoccupée. Pré-occupée, en fait, au sens littéral : avant même de me mettre au boulot, ça turbine déjà là-haut, ce qui n'est guère propice à un travail sans encombre. Je me perds pour aller au magasin où je vais toutes les semaines depuis un an et demi, je suis tellement distraite que j'oublie le romarin dans la purée au romarin et je néglige outrageusement le vide de la moitié de mes boîtes à petits gâteaux alors qu'il m'appelle à le combler d'une voix de stentor.
Et les entrées, ah ben oui, cette semaine, ya pas d'entrée, pour cause de manque abyssal d'inspiration en la matière.
Il y a la fatigue, déjà, mais pour le reste j'ai un peu de mal à mettre le doigt dessus. Peut-être un effet de la rencontre inopinée avec un monsieur en début de semaine, que je n'avais jamais connu que tout à fait avenant et qui s'est trouvé être un peu moins sympathique que d'habitude, pour le coup. Il faut dire que j'ai la sale manie de répondre honnêtement quand on me pose une question.
- Alors, comment ça va, vous faites toujours vos petits gâteaux ?
- Ca va, enfin fatiguée, mais ça va, merci.
- Comment ça fatiguée ? mais vous étiez en vacances ! d'ailleurs je suis passé dimanche avec les petits-enfants et vous étiez pas là, alors fatiguée, hein ! vous faisiez la sieste, non ?
- Euh...
- Nan parce que vous les commerçants, au moins, vous pouvez fermer quand vous voulez, hein. Bon, c'est pas bon pour la clientèle, hein, parce que les gens ils viennent une fois, deux fois, mais si ils se cassent le nez ils reviennent pas, hein, c'est comme ça.
- ...
- Enfin vous pouvez toujours embaucher, hein, c'est pas comme les salariés, eux ils sont bien obligés de faire leur boulot hein ! ya personne pour les remplacer, ou alors hop à la porte, hein !
- ...
- Pourquoi vous me regardez comme ça ? vous avez bien les moyens d'embaucher, allez, à chaque fois que je suis venu c'était plein, vous devez avoir de quoi voir venir avec votre affaire, là.
- Euh, pas vraiment en fait...
- Ouh là, tous les commerçants que je connais ils disent ça, mais je vais vous dire, mon boucher il roule en BM, alors ! enfin c'est normal, hein, vous voulez pas que la concurrence soit au courant. Mais sérieusement, vous êtes pétés de thune, vous autres, non ?
- Par nous autres, vous voulez dire... ?
- Allez, vous avez bien compris ! au revoir, je passerai un de ces jours quand on aura les petits-enfants ! c'est que quand même ils sont bons vos petits gâteaux, là, hein !

A vrai dire je n'avais pas compris et je n'ai toujours pas vraiment compris, mais après l'ébahissement initial et le coup de colère à retardement, c'est plutôt l'abattement qui m'accable, là.

8 commentaires:

Cath a dit…

oh punaise :-(

La Mouette a dit…

C'est énorme! Allez, dis-le, où tu caches ta caissette... Il ne faisait pas du 15e degré, là, non? C'est pas possible de se montrer aussi malotru!!

Magali a dit…

Mon beau père à une etite phrase affiché dans son bureau que je trouve sympathique et tout à fait appropriée :
Certains voient le chef d'entreprise comme un écureuil qui amasse tout pour lui seul.
D'autres voient une vache laitière qu'il est possible de traire à l'infini.
Peu voient en lui le cheval qui tire la charrette...

Bises
Magali

Neurone perdu a dit…

Vu de loin j'hésite entre le grotesque et le pathétique...
Pensées compatissantes!

Anonyme a dit…

misère...

cb a dit…

vieux con.

Nathalie a dit…

Ah ben dis donc, quel malotru!!!! Quand cela dépasse, difficile d'avoir de la répartie..... Douce pascale, cette personne ne mérite pas que tu t'accables!!! Des biz

Anonyme a dit…

Ah oui, je connais bien ce genre de réplique...fille de commerçants, j'y ai eu souvent le droit au collège : "tes parents, ils sont pleins de thunes, avec deux commerces, non ? "
Sauf qu'on était tellement riches qu'on ne partait jamais en vacances car pas les moyens de fermer et de partir tout court :-(
Enfin...y'a des C... partout !
bises
mag et ses jules

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