jeudi 27 mai 2010

Mariolène de Krasnoyarsk

Les salades sont pleines de bébés limaces, en ce moment. La cafelière les saisit délicatement et les installe sur la terrasse, où je leur tiens compagnie entre deux averses.
Et voilà, moi, Alphonse qui vous parle, j'avais été envoyé en mission à Krasnoyarsk, une mission dont il est inutile de vous livrer les détails, ce serait trop dangereux pour vous, même à plusieurs siècles de distance. A l'époque, c'était le bout du monde. Là-bas, j'ai rencontré une petite jeune femme toute fluette que j'ai surnommée Mariolène. Je ne me souviens même plus de son vrai nom. Il n'y avait pas beaucoup de femmes dans le coin à l'époque, c'était avant la découverte de l'or et c'était un monde d'hommes. On a passé un été clandestin, entre ma mission et ses propres occupations, dont j'ai découvert un peu trop tard que l'une avait fort à voir avec les autres. Mariolène aimait le café. On passait une bonne partie de notre temps à siroter du café sibérien en discutant de tout et de rien dans un mélange de Français, de russe et d'une langue locale dont j'ai oublié le nom, sinon les intonations. Un jour, parce qu'il n'y avait plus de café, elle est partie à cheval s'en procurer au camp le plus proche. Ca n'avait rien de bien étonnant, elle y travaillait souvent et je ne me suis pas inquiété. Mais lorsque la nuit est tombée et que ni le cheval ni Mariolène ne sont rentrés, j'ai commencé à trouver que c'était bien suspect. J'avais des instructions précises en cas de danger, ma vie était trop précieuse pour que je la risque de façon inconsidérée, et pourtant j'avais l'habitude de vivre dangereusement. Mais j'étais partagé, parce que Mariolène était sûrement en danger, elle aussi. J'ai fait ce que tout jeune imbécile fait dans ce cas : j'ai choisi d'aller voir prudemment ce qu'il en était pour elle. En fait de prudence, je me suis retrouvé pris dans un piège à ours qu'on avait tendu à mon intention et en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, j'étais occis. C'est terrible, je sais. Tout ça pour du café. Je n'ai pas eu le temps de voir si Mariolène s'en était tirée, je sais juste qu'elle n'était pas étrangère à mon passage de vie à trépas, mais curieusement je ne lui en ai jamais voulu. Jeune imbécile, je vous dis.
Et non, tout ça n'avait aucun rapport avec les limaces du début. Vous faites bien de me le faire remarquer. M'enfin j'avais promis de vous raconter l'histoire. Ceci étant fait, passons à des choses plus réjouissantes - j'ai un peu le cafard ces derniers temps, le Timirrou, là, doit me déteindre dessus. Quelqu'un a une suggestion ?

4 commentaires:

milene-micoton a dit…

je t'aurais bien emmener à un concert hier soir mais j'y ai pensé un peu tard et en plus je m'étais trompée de lieu ! (m'enfin c'était très bien !)
Sinon, le soleil devrait revenir ... ça arrangera peut-être ton moral ???
Bises

Vincent a dit…

Sacré histoire... Comme quoi, la méfiance doit toujours être de mise, quoi qu'on en dise. Bien content que finalement tu t'en sois tirée.

Pour ton moral en berne, je vois plusieurs idées :
- soleil,
- prendre du temps pour toi (je sais, alors ne tapes pas trop fort),
- préparer une journée avec ton petit loup pour vous amuser,
- préparer une recette genre gloubiboulga (avec les restes, ce devrait être amusant de tout accommoder),
- poser une ardoise ou une boite à idées pour les clients,
- préparer une journée à thème avec menu qui va bien.

Les idées sont nombreuses, à toi de choisir et d'adapter suivant ton humeur et ton envie d'exotisme.

Bon courage en tout cas et surtout, un peu de soleil (mais pas trop, que les clients ne fuient pas le Café Clochette), juste assez pour que ce soit agréable sans étouffer.

Bises à toute la troupe.

juliette a dit…

des bises et des pensées chère Pascale
le temps me manque en ce moment et le café clochette aussi du coup
à bientôt

Nathalie a dit…

Ben venir faire la fête avec nous quand tu sais.... Biz

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