samedi 31 octobre 2009

Un cochon c'est un cochon, 5

Flannery passa une journée à pousser ses protégés par une petite ouverture de leur enclos afin de les compter.
« À l’attention du service de la comptabilité, écrivit-il lorsqu’il eut terminé ses calculs. Vous êtes complètement à côté de la plaque, il y a peut-être eu cent soixante cochons métèques à une époque mais réveillez-vous, c’est un vieux numéro. J’en ai exactement huit cents maintenant, dois-je demander la somme totale pour huit cents ? Et les soixante-quatre dollars que j’ai déboursés pour les choux ? »
Il fallut un bon nombre de courriers et de contre-courriers avant que le service de la comptabilité ne soit en mesure de comprendre pourquoi il y avait eu une erreur de facturation pour cent soixante plutôt que pour huit cents, et encore plus de temps avant qu’ils ne comprennent la signification de « choux ».
Flannery ne disposait plus que d’un mètre ou deux dans son bureau. Les cochons disposaient de tout le reste et deux garçons étaient employés à plein temps pour s’occuper d’eux. Le lendemain du jour où Flannery compta les cochons d’Inde, il en naquit huit de plus, et lorsque le service de la comptabilité lui eut donné l’autorisation de facturer huit cents cochons, Flannery avait renoncé à s’occuper de la réception ou de la livraison de toutes les marchandises arrivant à Westcote. Il s’affairait à construire des galeries tout autour du bureau, étage après étage. Il avait quatre mille soixante-quatre cochons d’Inde à sa charge et il en arrivait de nouveaux tous les jours.
Juste après lui avoir fait parvenir l’autorisation de facturer, le service de la comptabilité lui envoya une autre lettre, mais Flannery était trop accaparé par les cochons pour prendre le temps de l’ouvrir. Ils en envoyèrent une autre, puis télégraphièrent :
« Erreur dans la facture pour cochons d’Inde. Facturez deux cochons d’Inde, total cinquante cents. Livrez le tout au consignataire. »
Flannery lut le télégramme et se dérida. Il écrivit la facture aussi vite que son crayon pouvait courir sur le papier et courut jusqu’à la maison des Morehouse. A la grille, il s’arrêta net. La maison l’observait d’un regard vide. Les fenêtres n’avaient pas de rideaux et il pouvait voir à l’intérieur des pièces désertes. Sur le porche, une pancarte disait « à louer ». M. Morehouse avait déménagé ! Flannery cavala jusqu’au bureau de transport. Soixante-neuf cochons d’Inde étaient nés pendant son absence. Il courut à nouveau pour aller s’enquérir au village, où il apprit que non seulement M. Morehouse avait déménagé, mais qu’il avait aussi quitté Westcote. Flannery retourna au bureau et découvrit que deux cents six cochons d’Inde avaient vu le jour entre-temps. Il télégraphia au service de la comptabilité.
« Impossible de facturer cinquante cents pour deux cochons métèques, consignataire a quitté la ville, adresse inconnue, que faire ? Flannery. »
Le télégramme fut apporté à un des employés du service de la comptabilité qui le lut et se mit à rire.
– Flannery doit être fou. Il devrait savoir que la seule chose à faire c’est de renvoyer la marchandise ici, dit l’employé.
Il télégraphia à Flannery d’envoyer les cochons au siège social de la compagnie, à Franklin.




A suivre...

Ellis Parker Butler, Pigs is Pigs (1905), traduction de Pascale Renaud-Grosbras

vendredi 30 octobre 2009

Ragondin à induction et autres réflexions intenses et futiles

Il m'a fallu un an (un an ! nom d'un ragondin gris des marais poitevins !) pour découvrir une fonction très utile de ma cuisinière, la méthode pour ramener instantanément à zéro la puissance de l'induction. Ca n'a l'air de rien comme ça, mais vous n'imaginez pas les trépignements d'impatience pendant les 3 secondes que prenait jusque-là l'opération, alors que la cuisine me surveillait de tous ses yeux et que les gens dans la salle avaient faim. Bon, on a trouvé le truc, c'est chouette. Il faudrait que j'épluche la notice, si ça se trouve ce n'est pas obligé d'allumer un feu avec du petit bois dans le four à chaleur tournante.
Pour le reste, je réalise à quel point je suis fatiguée. Dans cette vie que j'ai, il faut caser la gestion d'une entreprise, la cuisine et le ménage au quotidien, le temps dédié à mon petit bonhomme qui grandit bien vite, les friponeries de trois gredins velus, des activités extra-clochettesques auxquelles je tiens beaucoup et, de temps en temps, un épisode d'une série américaine. Ah et le sommeil, j'oubliais le sommeil. Ce qui est peut-être justement la clé du problème. C'est toujours ça qui passe à l'as dans les moments où tout se bouscule, et un peu de fatigue initiale entraîne toujours, au bout du compte, beaucoup de fatigue et des microbes qui en profitent lâchement.
Bon, on fait quoi dans ces cas-là ? déjà, on profite du fait qu'on est son propre patron et on ferme une après-midi pour aller voir sous la couette si le chat n'y est pas (il y est, ceci dit). On prend des bonnes résolutions. On se dit qu'on pourrait ralentir sur l'ouverture des dimanches, au moins tant qu'il ne fait pas nuit à quatre heures de l'après-midi, histoire d'avoir un peu de temps à faire tout autre chose que les activités sus-nommées.
Et on sort son mètre-ruban pour prendre des mesures énergiques. Si, si, littéralement. Parce que l'espace que vous ne voyez jamais, là-haut, à l'étage, est en train de changer. Mister T., toujours lui, va poser du parquet dans les hauteurs. Alors c'est vrai que pour l'instant, c'est un peu la pagaille partout (ce qui n'aide guère à calmer le stress de Timirrou, pauvre Timirrou), mais à un moment ou à un autre, on aura des pièces bien rangées, des livres sur des bibliothèques et des outils dans des caisses à outils, au lieu du contraire. Enfin tout ça pour dire que si vous croisez dans les semaines à venir un grand monsieur porteur d'une caisse à outil et suivi comme son ombre par un MiniLoup fasciné, c'est normal. C'est Mister T. qui vient oeuvrer. Pour une fois que c'est pas moi, ça va me reposer.

jeudi 29 octobre 2009

Ododo


mardi 27 octobre 2009

Ca va aller

- Ca va aller maman... (petit tapotement affectueux sur la joue enfiévrée de la dite maman). Tu vas survéquir...

dimanche 25 octobre 2009

Attention...

Attention, ce dimanche, la cafelière va célébrer l'heure d'hiver à sa façon en restant au chaud pour soigner une vilaine angine...
On se revoit dès mercredi, bon dimanche à tous !

samedi 24 octobre 2009

Ail ail ail

Vous le saviez, vous, que l'ail revenait ? Moi, je savais déjà pas qu'il était parti, alors... je tombe des nues. J'en suis coite de surprise. Je n'arrive pas à m'en remettre.
Si, me revoilà. Toujours dans mon chouette magazine des CHR, j'apprends que l'ail est un "condiment parfois mal-aimé, mais un des ingrédients culinaires les plus populaires en France, étroitement lié à la cuisine de terroir et à la haute gastronomie." On m'apprend plus loin que l'ail peut désormais être associé aux nouvelles formes de cuisine apéritives : brunch, slunch, drunch et finger-food. Allons bon. Moi j'en étais restée au brunch et je trouvais déjà ça très aventureux. Tiens puisque j'en parle, le premier brunch du Café Clochette, ce sera le dimanche 6 décembre à midi trente, sur réservation uniquement, les places sont limitées.
Alors, de l'ail pour le brunch ? On me dit qu'il n'y a "rien de tel pour rehausser les saveurs et apporter une pointe de caractère à de nombreux mets." Et il paraît que "pour redynamiser l'image de l'ail, l'Association nationale interprofessionnelle de l'ail et Geneviève Lenain (clic) proposent de le redécouvrir autour d'une dizaine de recettes originales et inédites façon finger-food." Sous l'article, il y a une fort jolie photo de "soupe de fraise ail, basilic au miel".
C'est fantastique comme métier, ça, redynamiser l'image de l'ail. Et après on dira que les Français manquent d'imagination. Etre à la pointe de l'ail, c'est une vocation sûrement.
Et moi qui imaginais seulement, pour le brunch, des jus de fruits frais et des tartines de confiture, des oeufs mollets et des cakes salés... Je vais avoir l'air malin maintenant que vous savez tout ce qu'on peut faire en matière de finger-food et de slunch et de drunch (encore que je ne sache toujours pas ce que sont ces deux dernières choses-là). Enfin si vous insistez, je peux mettre de l'ail. Juste une petite pointe.

vendredi 23 octobre 2009

Josh, le bouillon, le marketing et moi

Je vous écris du grand désert blanc qu'est le Café Clochette un soir de pluie, quand les familles, et je les comprends, ont décidé qu'il faisait trop noir et trop humide pour remettre un pied dehors un premier soir de vacances et qu'on ferait mieux de se faire une soirée télé en famille avec du poisson pané et Kirikou. Ou de la soupe de légumes et les Aristochats. Enfin quelque chose dans le genre, qui soit à la fois familial, confortable et au chaud. Donc ici, c'est le désert. Un désert peuplé de quelques microbes laissés en partage à sa môman par un MiniLoup partageur qui s'est débarrassé des siens à mon profit, de quelques chats qui se font rares, du parfum de l'osso buco qui mijote et d'un magazine professionnel. Mais si, vous savez, un de ces magazines professionnels des CHR qui me réjouissent tant.
Celui-là s'appelle L'Hôtellerie-Restauration et se présente comme "L'hebdo des CHR". Comme je m'ennuie un peu, je peux bien vous en toucher deux mots.
Un certain Tanguy écrit à l'expert de permanence pour lui poser une question dont on sent qu'elle le titille depuis un moment. Je cite :
"Je suis en train de faire cuire une tarte pour la première fois dans un moule en silicone. Je me pose une question hautement existentielle : comment démouler la tarte en ayant l'assurance de ne pas la casser ? Aucun problème pour une tarte Tatin ou un gâteau qu'il suffit de renverser sur une assiette après avoir laissé refroidir, mais pour une tarte ? Impossible de renverser, pas de fond amovible... Alors quelle est cette technique, ce secret serait-il si bien gardé pour que je ne trouve aucune réponse sur le net ? Quelqu'un saurait-il m'éclairer ou bien suis-je condamné à regarder ma tarte sans la goûter ?"
L'expert, bon prince, lui répond en ces termes :
"Bonjour Tanguy. L'avantage du moule en silicone c'est qu'il ne colle pas et qu'il est souple. Donc, pour démouler une tarte il suffit de plier les bords et faire glisser la tarte sur un plat. Bonne dégustation et vive la gastronomie !"
J'espère que Tanguy avait pensé à sortir la tarte du four en attendant la réponse, au fait. D'ailleurs si ça se trouve, il avait trouvé la réponse tout seul entre-temps. Si ça se trouve, il a envoyé son message sans trop réfléchir et dix minutes plus tard, il s'est donné un grand coup de paume sur le front en s'exclamant "bon sang mais c'est bien sûr" parce qu'il avait fait exactement ce que l'expert allait lui préconiser une ou deux semaines plus tard, dans le journal. C'est beau la technologie, mais ça décale les questions existentielles de façon plutôt rigolote, des fois. Enfin vive la gastronomie, ça d'accord.
On trouve aussi dans ce canard des canards, sous forme de terrine, et des foies gras : les fêtes approchent, on le sent bien. On parle DLC et DLUO, packaging et explosion de saveurs, tireuses à bière et solutions pour les sandwiches. Il y a une recette extraordinaire (du moins dans l'ordinaire du Café Clochette) de Frédéric Le Guen-Geffroy pour un Tartare de Saint-Jacques normandes à l'huile de verveine, croustilles et caviar d'Aquitaine où figure cette instruction : "une fois cuit, passer le fumet et le faire réduire à glace". Une expression si belle, si belle qu'un de ces jours je vais essayer de la caser dans une jolie recette du Café Clochette. Ouais. Enfin peut-être pas. J'aurais l'air malin.
On me demande, quelques pages plus loin, "pourquoi ne pas séparer les nouilles du bouillon dans un bol ?" (non, ce n'est pas une contrepèterie, mais on est passé pas loin à mon avis). Il paraît que l'idée de séparation des mets fait son chemin en ce moment dans les CHR et que du matériel tout beau tout nouveau permet de mettre à profit cette belle idée : "la densité et le poids sont les règles d'un nouveau jeu culinaire : faire flotter une algue ou laisser couler un ravioli ?" L'alternative, croyez-le ou non, me donne des insomnies. Le bol à bouillon, si ça vous intéresse, est en verre soufflé à la bouche au Japon.
Je ne vous quitterai pas ce soir sans avoir partagé avec vous quelques nouvelles des tendances actuelles en restauration. On m'apprend en effet que le marketing viral est une arme redoutable à utiliser, ce qui me laissa un temps dubitative jusqu'à ce que le journaliste dégaine ce chiffre : 67% de la consommation serait influencée par le bouche à oreille. Et même si en ces temps de grippe, le marketing viral par le bouche à oreille me semble en effet une arme redoutable, je ne peux qu'acquiescer, vu que cette semaine encore j'ai vu arriver ici des tas de gens qui me disaient "ça fait un an qu'on nous a parlé de votre restaurant, alors on est venus voir". Bon, les gens exagèrent, c'est sûr : ça fera un an seulement le 26 novembre. Par contre, pour les Libellules, le premier anniversaire c'est demain, whouah ! bravo Karine ! bon anniversaire !
Dans le reste de l'article, on m'affirme que "c'est la fin du marketing paillette, le début d'un marketing sincère. C'est la fin des longs discours, c'est le début d'un apport de concret par des actes qui rendront un réel service aux consommateurs." Euh... ah ? bien. Pour rendre concrète cette phrase qui m'est légèrement énigmatique, le même journaliste tente l'analyse suivante :
" Les analyses marketing sont passées de la segmentation de clientèle (choisir son restaurant par rapport à son âge, sexe, CSP...) à la segmentation comportementale (choisir un restaurant par rapport à la situation dans laquelle nous sommes, en fonction du repas recherché et du temps dont l'on dispose). Aujourd'hui nous rentrons dans une phase de segmentation émotionnelle (on va de plus en plus choisir un restaurant selon son humeur et son émotion du moment). Ces 3 segmentations se cumulent, ce qui rend de plus en plus complexe la compréhension des comportements de consommation."
A mon avis, mais ça n'engage que moi, ces gens qui me causent dans le journal, avec toutes leurs belles analyses et ces beaux "concepts" marketing, et ben ils en savent aussi peu que moi sur les raisons profondes pour lesquelles certains jours, le Café Clochette est plein, et pourquoi, ce soir, je vais aller avec bonheur retrouver un épisode de ma série américaine en cours. Joshua Lyman vient de se faire tirer dessus, l'heure est grave. Très grave.

jeudi 22 octobre 2009

Un cochon c'est un cochon, 4

M. Morgan, le chef du service de la tarification, consulta le président de la Compagnie Interurbaine de Transport Express à propos des cochons d’Inde, pour déterminer si oui ou non c’étaient des cochons. Le président était plutôt enclin à conclure cette affaire avec philosophie.
– Quel est le tarif pour les cochons et pour les animaux domestiques ? demanda-t-il.
– Trente cents pour les cochons, vingt-cinq pour les animaux domestiques.
– Alors les cochons d’Inde sont des cochons, dit le président.
– Oui, répondit Morgan, c’est ce que je pense aussi. Une marchandise qui peut être classée dans deux catégories doit être taxée au tarif supérieur. Mais les cochons d’Inde, est-ce que ce sont vraiment des cochons ? Ce ne sont pas des lapins ?
– Maintenant que vous le dites, dit le président, je crois bien qu’ils ressemblent plutôt à des lapins. Une sorte de mélange entre un lapin et un cochon. Je pense que la question est plutôt, les cochons d’Inde appartiennent-ils à la famille des cochons ? Je vais demander au professeur Gordon. C’est un spécialiste de la question. Laissez-moi le dossier.
Le président posa le dossier sur son bureau et écrivit une lettre au professeur Gordon. Malheureusement, le professeur était en Amérique du Sud, en quête de spécimens zoologiques, et sa femme lui fit suivre la lettre. Comme il se trouvait dans les Andes, là où un homme blanc n’avait jamais mis le pied auparavant, la lettre mit plusieurs mois à lui parvenir. Le président oublia les cochons d’Inde, Morgan les oublia aussi, M. Morehouse aussi, mais pas Flannery. Il consacrait la moitié de son temps à ses tâches d’employé de la station de Westcote et l’autre aux cochons d’Inde. Bien avant que le président ne reçoive la lettre du professeur Gordon, Morgan en reçut une de Flannery.
« A propos de ces cochons métèques, disait-elle, que dois-je faire ? Ils sont très famille-famille, ils n’ont jamais entendu parler des lemmings ni de suicides collectifs, il y en a trente-deux maintenant, dois-je les vendre, prenez-vous la station de Westcote pour une ménagerie, prière de répondre rapidement. »
Morgan saisit un formulaire de télégraphie et écrivit :
« Employé, Westcote. Ne vendez pas les cochons. »
Il écrivit ensuite à Flannery une lettre attirant son attention sur le fait que les cochons n’étaient pas propriété de la compagnie mais qu’ils étaient conservés dans l’attente du règlement d’un litige portant sur les tarifs applicables. Il enjoignit à Flannery d’en prendre le plus grand soin.
Flannery, la lettre à la main, contempla les cochons et soupira. La caisse était devenue trop petite. Il clôtura un espace de six mètres à l’arrière du bureau pour leur faire une habitation spacieuse et aérée et retourna à son travail. Il travaillait le plus vite possible pendant ses distributions, parce que les cochons avaient besoin de lui et prenaient le plus clair de son temps. Quelques mois plus tard, désespéré, il prit une feuille de papier où il traça « 160 » et l’envoya à Morgan. Morgan la lui renvoya avec une demande d’explication. Flannery répondit :
« Il y a maintenant cent soixante de ces cochons métèques, pour l’amour du Ciel laissez-moi en vendre quelques-uns, voulez-vous vraiment que je devienne fou ? »
« Ne vendez pas de cochon », télégraphia Morgan.
Peu après, le président de la compagnie reçut une lettre du professeur Gordon. C’était une longue lettre savante, mais le détail important était que le cochon d’Inde était de la famille des caviidés alors que le cochon de ferme était de la famille des suidés. Il précisait que le cochon d’Inde était un animal prolifique qui se multipliait rapidement.
– Ce ne sont pas des cochons, annonça le président à Morgan. Le tarif de vingt-cinq cents s’applique.
Morgan prit dûment note de l’information qu’il ajouta à l’épais dossier n° A6754 avant de l’envoyer au service de la comptabilité. Le service de la comptabilité mit du temps à analyser le dossier et, après les délais habituels, écrivit à Flannery qu’étant donné qu’il avait en garde cent soixante cochons d’Inde, propriétés du consignataire, il devait les livrer et encaisser la somme totale correspondant au tarif de vingt-cinq cents pièce.




A suivre...

Ellis Parker Butler, Pigs is Pigs (1905), traduction de Pascale Renaud-Grosbras

mardi 20 octobre 2009

Fin de soirée

Et voilà, elles ont remis ça. Ca caquettait et ça rigolait sec dans la salle du resto ce soir, derrière le rideau tiré. Ca ressemblait à s'y méprendre à une dégustation de vin aussi, d'ailleurs quand je suis descendu, il n'en restait pas une goutte. (Ne le dites pas à la cafelière, il m'arrive de tester les fonds de bouteille pour rendre service. Le Pic Saint-Loup est particulièrement bon cette année, enfin ce que j'en dis, moi.) A un moment, il y a eu une course au chat. J'ai vu filer un Timirrou puis une tornade qui brandissait un cachet. Tout ça s'est résolu apparemment puisque dans la minute, tout le monde est retourné à sa tasse d'infusion pendant que le pauvre matou partait se terrer dans la penderie. Je sais qu'il se terre dans la penderie parce qu'on la partage parfois, quand la cafelière entreprend de ranger ses cartons de thé. Il vaut mieux ne pas rester dans les parages, le chat et moi on est d'accord sur ce coup-là. Je ne partage pas son goût pour les croquettes, mais son opinion quant à la nécessité de laisser le champ libre à la patronne quand elle rouspète après ses boîtes, oui.
En ce moment, c'est un peu la pagaille au Café Clochette, côté coulisses. Pendant les heures de fermeture, Mister T. fait fissa pour poser le nouveau sol de la cour et créer le banc sur lequel les gens pourront se prélasser au soleil dès qu'il sera revenu, celui-là (et c'est pas parce que je suis un fantôme que je ne crains pas le froid, je peux vous le dire, d'autant qu'il m'est évidemment impossible de porter des vêtements chauds - d'où mon goût pour la penderie, où les cintres les portent pour moi), enfin bref, pourvu que l'hiver ne dure pas trop longtemps, ça me déprime déjà. Ah ben oui les fantômes peuvent déprimer, et pourquoi pas je vous prie ? ya pas que les chats qui dépriment, hein Timirrou ? Et encore, depuis que j'ai trouvé le code d'accès à l'ordinateur de la patronne, j'ai nettement plus de ressources qu'avant. Ressources mentales je veux dire, parce que pour le reste je vous ai dit que je n'avais pas de vêtements, comment voulez-vous que j'aie des poches pour la monnaie ? J'en vois frémir, là. Non, je ne suis pas tout nu. Non, il n'y a pas un fantôme tout nu qui se balade dans le Café Clochette de jour comme de nuit. C'est plus compliqué que ça. J'ai un genre de vêtement invisible, une tunique en fait. Mais je peux pas vous expliquer.
Bon, qu'est-ce que j'étais venu vous dire, déjà ? Ah ben zut ça y est j'ai oublié.
Ah si ! J'ai découvert que la cafelière nourrissait une ambition secrète, en plus de ses clients, ses chats, ses poissons, son fiston et ses amis. Un peu comme moi à l'époque où je me prenais pour Cyrano. J'avais prévu d'écrire une histoire comique des états et empires de la vallée de Chevreuse, mais ça ne s'est jamais fait. Enfin bref. J'avais une fameuse collection de plumes. Ma maman avait failli faire une congestion le jour où elle a découvert que j'avais plumé sélectivement la moitié de sa basse-cour. Quant à la haute cour, je l'avais mise à profit quand j'ai décidé de fabriquer des violons, les chevaux ont été chauves pendant tout un été. Enfin je n'ai jamais réussi à fabriquer autre chose que les cordes. Qu'est-ce que je disais déjà ? Ma maman, elle disait toujours "Alphonse, tu t'égares, mon choupinet" - oui, elle m'appelait choupinet. Et alors ?
Alors je disais donc que la cafelière nourrissait des ambitions secrètes. Elle écrit. Je suis tombée sur le fichier tout à l'heure et je peux vous donner le titre. Le voilà : "Les jolies recettes du Café Clochette".
Attendez... les jolies recettes ? quoi, c'est un livre de cuisine ? Oh. Je suis un peu déçu, là.
Oh ben ça me rendrait presque triste, dis donc. J'ai un peu froid, du coup... Timirrou, tu me fais une place dans la penderie ?

lundi 19 octobre 2009

Le moelleux aux céréales

Il y a toujours au moins un plat végétarien à l'ardoise au Café Clochette, et toujours au moins un plat sans gluten. Souvent, il s'agit du même. C'est le cas lorsque je fais le moelleux de céréales en utilisant du riz, ou du quinoa. Il y a une recette de base et des dizaines de variations.

Moelleux aux céréales

Mélangez : une céréale cuite (riz, millet, quinoa, fonio, sarrasin, etc.), des flocons de céréale si vous en avez, juste une poignée pour ne pas trop assécher le moelleux, de la crème (de lait ou végétale, au choix), du fromage râpé, de la mozzarella en petits morceaux, un autre fromage si vous aimez, des oeufs pour lier.
Ensuite, à vous de jouer en ajoutant des légumes (poivron cuit ou cru, aubergines cuites, tomates concassées, potiron cuit, olives...), des fines herbes (aneth, persil, estragon, ciboulette...), des épices (graines de sésame, de nigelle, curcuma, poivre vert ou baies roses...), etc. Tassez le tout dans un moule pas trop profond et faites cuire à 180°C jusqu'à ce que ce soit bien doré, environ trois quarts d'heure.
Servez avec une salade toute simple.

dimanche 18 octobre 2009

Un cochon c'est un cochon, 3

Le chef du service de la tarification mit les pieds sur son bureau et bailla. Il feuilleta distraitement la liasse de papiers.
– Mademoiselle Kane, dit-il à sa sténographe, prenez note de la lettre suivante. « A l’employé de la station de Westcote, New Jersey. Veuillez donner raison pour laquelle tarif animal domestique non appliqué à marchandise décrite dans documents ci-joints. »
Mademoiselle Kane traça une série de courbes et d’angles sur son bloc et attendit, le crayon en suspens. Le chef de service consulta à nouveau les documents.
– Ho ho, dit-il, des cochons d’Inde ! Ils ont déjà dû mourir de faim. Ajoutez ceci à la lettre : « Indiquez condition actuelle marchandise ».
Il laissa tomber les papiers sur le bureau de la secrétaire, enleva les pieds de son bureau et sortit déjeuner.
Lorsque Mike Flannery reçut la lettre, il se gratta la tête.
– Indiquer la condition actuelle ? répéta-t-il pensivement. Allons bon, qu’est-ce qu’y veulent encore ces gens des bureaux, je m’demande. La condition actuelle, hein ? Ces cochons, grâces soient rendues à Saint Patrick, sont en pleine forme autant que j’sache, mais j’suis pas un vétérinaire pour cochons métèques. Y veulent p’têt que j’appelle le docteur des cochons pour prend’ leur tension. C’que j’sais, c’est qu’ils ont un sacré appétit pour des cochons d’cette taille. Y pourraient manger les ferrures d’une porte eud’ grange, j’crois bien. Si un cochon irlandais mangeait autant qu’ces cochons métèques, y aurait une famine en Irlande.
Pour s’assurer que son rapport serait exact, Flannery alla au fond du bureau et regarda dans la cage. Les cochons avaient été transférés dans une cage plus grande – une caisse de légumes secs.
– Un, deux, trois, quat’, cinq, six, sept, huit, compta-t-il. Sept tachetés et un tout noir. Tous en pleine forme et aussi voraces qu’des z’hippopotames.
Il retourna à son bureau et se mit à écrire.
« À M. Morgan, chef du service de la tarification. Pourquoi je dis que ces cochons métèques sont des cochons c’est parce que c’est des cochons et ce sera des cochons tant que vous aurez pas dit le contraire, c’est ce que dit la règle. Arrêtez de m’embêter, vous le savez aussi bien que moi. Quant à la santé ils vont très bien et j’espère que vous aussi. P.S. Il y en a huit maintenant, la famille s’est agrandie, tous de bons mangeurs. P.S. J’ai déjà payé deux dollars pour du chou qu’ils aiment bien, dois-je faire suivre la facture ? »
Morgan, le chef du service de la tarification, se mit à rire lorsqu’il reçut la lettre. Puis il la relut et reprit son sérieux.
– Nom d’un caténaire, dit-il, Flannery a raison, un cochon c’est un cochon. Je vais devoir demander à la hiérarchie. En attendant, Mademoiselle Kane, prenez cette lettre : « A l’employé de Westcote, New Jersey. Objet : expédition de cochons d’Inde, dossier n° A6754. La règle n° 83 des Instructions générales aux employés de la compagnie stipule clairement que les employés doivent encaisser tous les coûts de fourrage, etc. pour tout cheptel en transit ou en attente. Veuillez encaisser la somme due par le consignataire. »
Flannery reçut la lettre le lendemain matin et se mit à sourire largement.
– Veuillez encaisser ! dit-il doucement. C’te façon d’parler ! Moi, encaisser deux dollars et vingt-cinq cents auprès de Msieur Morehouse ! On voit bien qu’y connaissent pas Msieur Morehouse, dans les bureaux ! Mais j’m’en vais encaisser, ça oui ! « Msieur Morehouse, deux dollars vingt-cinq, siouplaît », « bien sûr, cher ami, les voici ». C’te blague !
Flannery conduisit le chariot jusqu’à la porte de M. Morehouse. C’est M. Morehouse qui ouvrit la porte.
– Ha, ha, s’écria-t-il lorsqu’il vit Flannery. Vous avez fini par changer d’avis, hein ? J’en étais sûr. Amenez la boîte par ici.
– J’ai pas d’boîte, dit Flannery froidement. J’ai une facture ici pour Msieur John C. Morehouse de deux dollars et vingt-cinq cents pour les choux mangés par ces cochons métèques. Vous voulez la payer ?
– Payer… ? des choux… ? s’étouffa M. Morehouse. Vous voulez dire que deux minuscules petits cochons d’Inde…
– Huit ! dit Flannery. Papa, maman et les six loupiots. Huit !
En guise de réponse, M. Morehouse claqua la porte au nez de Flannery, qui la contempla d’un air de reproche.
– J’ai l’impression qu’le consignataire veut pas payer pour les choux, se dit-il. Si j’sais r’connaître un signe de r’fus, ça veut dire qu’y r’fuse de payer pour trois feuilles de chou, et tant pis pour lui.

A suivre...

Ellis Parker Butler, Pigs is Pigs (1905), traduction de Pascale Renaud-Grosbras

samedi 17 octobre 2009

Un jour comme un autre, ou un peu plus

Une Ninette fascinée par les élans rhétoriques du prof de grec...
Une très grande tablée pour l'anniversaire d'un petit bonhomme venu régulièrement nous faire un coucou et un beau sourire en cuisine, histoire de vérifier que les choses sont bien comme elles sont...
Deux services à midi... un déjeuner arraché au temps qui passe avec Christine...
Les derniers déjeuneurs partent quand les premiers goûteurs arrivent...
Des tablées apparemment à l'aise qui discutent et se taquinent...
Le troisième lave-vaisselle est en train de tourner...
La soirée continue avec du tajine qui me fait de l'oeil... tiens oui j'ai faim...
Trois mouflets dans la cabane à jouets, un tout petit qui risque les miettes de brick sur la tête, mais il faut bien que sa maman se restaure...
Deux appels coup sur coup pour une réservation... on compte ce qu'il reste à manger... oui ça va... on bouge les tables... plus que 20 mn pour le lave-vaisselle pour pallier à la pénurie de verres...
C'est votre cafelière qui vous le dit : l'hiver approche. Les familles, comme les marmottes, viennent se mettre au chaud. Ca ne trompe pas.

vendredi 16 octobre 2009

Confessions du douanier Rousseau

Aujourd'hui, c'est une journée bizarre. Déjà, MiniLoup est balade et il a séché l'école (quand j'étais petite, je croyais qu'on ne pouvait sécher l'école que les jours de pluie, d'où peut-être une réputation totalement usurpée de bonne élève : sur ce coup-là, c'était juste une question de manque de vocabulaire) et il est en train de ronfloter gentiment, sa petite patte de loup serrée autour de son caillou qui sert à faire du feu (car après la période dinosaures, il entre dans la période hommes préhistoriques, on se rapproche de la période que j'ai connue dans mon enfance et je vais enfin pouvoir répondre à ses questions), après s'être endormi tout seul (ce qui n'arrive pas souvent), au bout d'à peine une demi-heure de tambourin destinée à me faire changer d'avis après notre conversation de ce matin ("Maman, comment on chante A la clerfontène ?" "Je sais pas, mon loup, j'ai pas d'oreille" "Ben si, t'en as deux"). Me voici donc tranquille à pouvoir faire ce que j'ai à faire d'ici l'heure du goûter, y compris passer un coup de balai pour enlever les grains de riz du déjeuner des petits (pourquoi, pourquoi, pourquoi m'acharne-je à faire du riz pour le menu des petits ? parce que c'est bon et qu'ils aiment ça, voilà pourquoi ; et puis ça pourrait être pire, une fois j'ai fait de la semoule et j'en retrouve encore des grains de temps en temps) ou faire ma compta. Ou procéder aux opérations nécessaires dans le secret de ma cuisine, comme remplir mes bouteilles d'huile d'olive, avec l'huile d'olive contenue dans mon bidon d'huile d'olive, voyez comme je suis logique et organisée. Enfin logique, surtout. Parce que quand il s'agit de transférer l'huile du bidon dans mes bouteilles, je perds toute agilité et tout mon calme. Il y a pas longtemps, Jérôme de Terra Libra m'a dit qu'il serait très vexé si j'arrêtais de lui acheter de l'huile d'olive en bidon sous le prétexte futile que j'en mets partout quand je la transvase dans mes bouteilles. Comme je ne veux pas le vexer, des fois qu'il arrête de me fournir aussi le terrible chocolat noir qui me sert de base pour mes gâteaux, j'ai persisté. En plus, elle est vraiment très bonne cette huile d'olive. Mais Jérôme, si tu me lis, sache, mon petit lapin, que quand je remplis mes bouteilles d'huile d'olive avec l'huile d'olive du bidon d'huile d'olive, j'ai un peu tendance à ne pas t'appeler "mon petit lapin" (ce que de toute façon je ne fais jamais en ta présence, certes) mais à utiliser des termes un peu moins choisis et un peu moins dignes de ma dignité de cafelière bien élevée. Parce que ça ne loupe jamais : la quantité d'huile que je manipule en cette occasion se partage systématiquement en un certain nombre de postes, nombre variable selon les jours, mais où on retrouve toujours : 1) un peu dans la bouteille 2) un peu dans l'évier où j'ai désormais le bon sens de poser la bouteille avant de la remplir 3) pas mal sur le plan de travail 4) une bonne dose sur mes vêtements 5) une grosse louche sur le chat qui traîne dans les parages, par l'odeur alléché ou juste curieux de l'incident en cours 6) une larme sur mes joues 7) un bon paquet dans mes cheveux et 8) un chouia au plafond. Liste non exhaustive. En tout cas aujourd'hui MiniLoup échappera au carnage.
Je suis une quiche en transvasement d'huile d'olive. Voilà c'est dit. Vous savez tout de mon indignité.
Laissez-moi à ma maladresse, je vais faire ce qu'il y a à faire, puis j'irai sûrement peindre un tigre. Avec de la peinture. A l'huile. D'olive.

jeudi 15 octobre 2009

Double bagne

- Manman ?*
- Hum ?
- Tu sais, mon vélo ?
- Hum...
- Il faut être grand pour faire du vélo, hein ?
- Oui. Très grand.
- Mais dis, maman ?
- Oui ?
- Si je suis trop grand, mes pieds ils toucheront trop par terre, non ?
- Tu crois ?
- Ben voui. Alors pour faire du vélo, il faut êt' petit, et puis il faut pas êt' trop grand. Alors comment je fais, hein, maman ?
- Ah oui, c'est compliqué.
- Ah oui je sais. Je vais faire du vélo pendant que je suis grand, et quand je serai encore plus grand tu m'achèteras un autre vélo. Hein, maman ?
- Mon fils, tu iras loin.
- Voui. En vélo.


* C'est l'entrée en matière favorite de MiniLoup. Parfois, dans les grandes occasions, il ajoute "ô mère chérie-euh", mais c'est tellement rare que ce n'est jamais arrivé.

mercredi 14 octobre 2009

Fondant chocolat-café

J'avais déjà dans mes cartons une recette de gâteau de Capri, que j'ai déjà publiée ici (clic). Ce fut même le gâteau d'anniversaire de MiniLoup l'an dernier. Depuis, je suis tombée sur une autre recette, chez Carotte, ici (clic). Je suis tombée sous le charme ainsi qu'un certain nombre de clients qui s'en léchaient encore les babines en quittant le Café Clochette et j'ai rebaptisé la merveille "Fondant chocolat-café". Il a pour particularité de ne pas contenir de farine et de ne pas être, comme la première recette, sur une base de blancs battus, et pourtant il est mousseux et léger à souhait, avec un bon goût de chocolat noir et une petite touche discrète de café.


Torta di Caprese ou Fondant chocolat-café

Battre 250 g de sucre et 5 oeufs au fouet jusqu'à ce que le mélange blanchisse et mousse. Faire fondre 200 g de bon chocolat noir et 200 g de beurre, ajouter une petite tasse d'espresso et ajouter le tout au mélange précédent, puis 250 g d'amandes en poudre (que vous pouvez torréfier légèrement pour en exalter la saveur) et une cuillerée à café de bicarbonate.
Faire cuire 30 mn à 175°C dans un moule à manqué. Laisser refroidir tranquillement, saupoudrer de sucre glace ou de cacao et servir à température ambiante. Le lendemain, il est encore meilleur.

mardi 13 octobre 2009

La dernière goutte d'eau



Demain à 16h30, le Café Clochette est heureux d'accueillir une lecture publique de La dernière goutte d'eau, par l'auteur du texte, Claire Zebrowski, une fable sur un petit garçon et son chat et la Terre... Les livres sont très beaux et ils sont en vente au Café Clochette.
D'autres temps forts sont à venir en octobre (n'hésitez pas à jeter un oeil sur l'agenda sur le site du Café Clochette) : le 15 octobre, réunion bambins de La Leche League, animée par Eileen, à partir de 9h30. Plus de renseignements au 02 99 04 78 36.
Le samedi 17 octobre, pensez à réserver si vous venez déjeuner le midi, il reste peu de places !
En novembre, notons entre autres le jeudi 5 novembre à 20h30, une soirée-débat organisée par l'association Communiquer avec bienveillance, sur le thème "Comment mettre en pratique la communication bienveillante ?". Renseignements auprès de Bérangère (06 80 81 58 97), http://blog.bienveillance.org/
Le jeudi 12 novembre, l'association Tribu Koala propose un atelier de portage en écharpe, de 10h à midi. Renseignements auprès de l'animatrice, Magali, magali.koala@yahoo.fr et sur le blog http://tribukoala.canalblog.com/

lundi 12 octobre 2009

Un cochon c'est un cochon, 2

– Un cochon, c’est un cochon, déclara-t-il fermement. Un cochon d’Inde, un cochon métèque ou un cochon irlandais c’est la même chose pour la Compagnie Interurbaine de Transport Express et pour Mike Flannery. La nationalité du cochon ne change rien au tarif, Msieur Morehouse ! Ce s’rait la même chose si c’étaient des cochons hollandais ou des cochons russes. Le boulot d’Mike Flannery, ajouta-t-il, c’est d’s’occuper du trafic express et pas d’faire la conversation avec des cochons métèques dans dix-sept langues différentes pour savoir s’y sont d’Pékin ou d’Tipperary.
M. Morehouse hésita. Il se mordit les lèvres puis se mit à agiter les bras.
– Très bien, vociféra-t-il, vous entendrez parler de moi ! Votre président va entendre parler de moi ! C’est un scandale ! Je vous ai offert cinquante cents, vous les avez refusés. Gardez ces cochons jusqu’à ce que vous soyez prêt à accepter les cinquante cents, mais, nom d’un tonnerre, si vous osez toucher à un seul cheveu de ces cochons, je vous colle un procès !
Il tourna les talons et sortit en claquant la porte. Flannery souleva délicatement la caisse à savon et la mit dans un coin. Il ne s’inquiétait pas. Il ressentait la satisfaction du devoir accompli.
M. Morehouse rentra chez lui, furieux. Son fils, qui attendait les cochons d’Inde, s’avisa que ce n’était pas le moment de les réclamer. C’était un garçon tout à fait normal et il avait par conséquent mauvaise conscience lorsque son père était en colère. Il se fit donc tout petit. Il n’y a rien de plus apaisant pour une conscience pas tranquille que d’éviter la confrontation. M. Morehouse entra dans la maison en fulminant.
– Où est l’encrier ? cria-t-il à sa femme dès qu’il eut passé le seuil.
Mme Morehouse sursauta, l’air coupable. Elle n’utilisait jamais l’encrier, elle n’avait pas vu l’encrier, elle n’avait pas déplacé l’encrier ni même pensé à l’encrier, mais le ton de son mari la déclarait coupable d’avoir fait naître et d’avoir élevé un garçon et elle savait que lorsque son mari réclamait quelque chose en criant, ça signifiait généralement que son fils n’y était pas étranger.
– Je vais chercher Sammy, répondit-elle d’un air contrit.
Lorsque l’encrier fut retrouvé, M. Morehouse se mit à écrire à toute vitesse puis il relut sa lettre et sourit triomphalement.
– Voilà qui va rabattre son caquet à cet imbécile d’Irlandais ! s’exclama-t-il. Quand ils vont recevoir cette lettre, il va pouvoir se chercher un autre travail !
Une semaine plus tard, M. Morehouse reçut une longue enveloppe officielle qui portait le tampon de la Compagnie Interurbaine de Transport Express dans le coin supérieur gauche. Il l’ouvrit avec enthousiasme et en sortit une feuille de papier. En guise d’en-tête il y avait un numéro, le A6754. La lettre était courte. « Objet : Tarif applicable aux cochons d’Inde. Monsieur, nous avons bien reçu votre courrier adressé au président de la compagnie concernant le tarif applicable aux cochons d’Inde entre Franklin et Westcote. Toute réclamation concernant une surfacturation doit être adressée au service des réclamations. »
M. Morehouse écrivit au service des réclamations. Il rédigea six pages de sarcasmes, de vitupérations et d’arguments choisis qu’il expédia au service des réclamations.
Quelques semaines plus tard, il reçut une réponse du service des réclamations. Sa dernière lettre y était jointe.
« Monsieur, disait la réponse, votre courrier du 16 courant concernant le tarif applicable aux cochons d’Inde entre Franklin et Westcote nous est bien parvenu. Nous avons interrogé notre employé de Westcote et sa réponse est la suivante : il nous informe que vous avez refusé la marchandise et refusé de payer la facture. Vous n’avez donc aucune réclamation à faire à notre compagnie et votre lettre concernant le tarif applicable à la marchandise doit être adressée au service de la tarification. »
M. Morehouse écrivit au service de la tarification. Il exposa son cas avec précision et argumenta sa position, citant au passage une ou deux pages de l’encyclopédie pour prouver que les cochons d’Inde n’étaient pas des cochons ordinaires.
Avec le soin qui caractérise les entreprises bien organisées, la lettre de M. Morehouse fut numérotée, classée puis envoyée suivre son cours normal. Des copies conformes du bulletin de livraison et du reçu de Flannery pour le colis, ainsi que plusieurs autres papiers idoines, furent agrafés à la lettre et transmis au chef du service de la tarification.

A suivre...

Ellis Parker Butler, Pigs is Pigs (1905), traduction de Pascale Renaud-Grosbras

dimanche 11 octobre 2009

Okhamomille

Soit une hypothèse de travail selon laquelle la camomille, c'est bon pour endormir.
Soit une deuxième hypothèse de travail selon laquelle tout être humain aime à avoir du temps de loisir pour soi et rien que pour soi.
Soit une troisième hypothèse de travail selon laquelle la cafelière aime les séries américaines.
Soit une quatrième hypothèse de travail selon laquelle tout être humain a besoin d'un certain nombre d'heures de sommeil, faute de quoi il oublie les oeufs dans l'omelette et la cannelle dans le vin chaud.
Soit une cinquième hypothèse qui stipule que le nombre des hypothèses présentes est illimité.
Quelle combinaison de ces hypothèses est-elle la plus probable pour expliquer aussi succintement et élégamment que possible le tableau suivant : une cafelière affalée sur un coin de canapé entourée de trois chats à l'air béat, des petites allumettes éparpillées par terre, un léger ronflement qui vient probablement d'un chat mais rien n'est certain, la télé allumée et un générique de série américaine qui tourne en boucle toutes les 22,6 secondes ?

samedi 10 octobre 2009

Un cochon c'est un cochon

Mike Flannery, employé de la Compagnie Interurbaine de Transport Express à la gare de Westcote, était penché sur son comptoir et secouait le poing. M. Morehouse, écarlate, se tenait de l’autre côté du comptoir et tremblait de rage. La dispute avait été longue et passionnée et M. Morehouse était à bout de souffle. La source du problème était posée sur le comptoir entre les deux hommes. C’était une caisse à savon sur laquelle on avait cloué des bandes de caoutchouc entrecroisées, de manière à former une cage grossière mais fonctionnelle. À l’intérieur, deux cochons d’Inde tachetés s’attaquaient avec voracité à des feuilles de salade.
– Faites c’que vous voulez, alors ! hurla Flannery. Payez-les et emmenez-les, ou n’les payez pas et laissez-les. La règle c’est la règle, Msieur Morehouse, et c’est pas d’main la veille qu’Mike Flannery va l’enfreindre.
– Mais enfin, sombre idiot, cria M. Morehouse en agitant un mince volume sous le nez de son adversaire, vous ne pouvez pas lire ce qu’il y a d’écrit là-dedans ? Ce sont vos propres tarifs ! « Animal domestique, de Franklin à Westcote, emballage approprié, vingt-cinq cents pièce ».
Il jeta le livret sur le comptoir, dégoûté :
– Que voulez-vous de plus ? Est-ce que ce ne sont pas des animaux ? Ne sont-ils pas domestiques ? Ne sont-ils pas dans un emballage approprié ? Alors quoi ?
Il se mit à marcher de long en large d’un air féroce. Soudain, il se tourna vers Flannery et se força à parler d’une voix où perçait, sous le calme artificiel, un sarcasme perceptible.
– Domestiques, dit-il. Do-mes-ti-ques. Vingt-cinq cents pièce. Il y en a deux. Un, deux. Deux fois vingt-cinq, ça fait cinquante. Vous pouvez comprendre ça ? Je vous offre cinquante cents.
Flannery saisit la brochure. Il la feuilleta rapidement et s’arrêta à la page soixante-quatre.
– Et je n’prendrai pas vos cinquante cents, susurra-t-il d’un air moqueur. Voilà la règle, juste là. « Quand l’employé aura le moindre doute sur la somme à percevoir, il appliquera le tarif supérieur. Le consignataire peut faire une réclamation à propos de la surfacturation. » Dans ce cas, Msieur Morehouse, j’ai un doute. Qu’ce sont des animaux j’en suis bien sûr, qu’y soient domestiques c’est possible, mais j’suis bien sûr qu’c’est des cochons, et la règle elle est là : « Cochons, de Franklin à Westcote, trente cents pièce ». Et, Msieur Morehouse, quand j’fais l’addition, deux fois trente, ça fait soixante cents.
M. Morehouse secoua la tête vigoureusement.
– N’importe quoi ! cria-t-il. C’est n’importe quoi, je vous dis ! Mais mon pauvre ami, cette règle concerne les cochons de ferme, pas les cochons d’Inde !
Flannery était têtu.
– Un cochon, c’est un cochon, déclara-t-il fermement.


A suivre...

Ellis Parker Butler, Pigs is Pigs (1905), traduction de Pascale Renaud-Grosbras

vendredi 9 octobre 2009

A l'est du nord et autres divagations

Expliquez-moi un peu. Hier, j'ai croisé la route d'un archevêque à l'air un peu ronchon, d'universitaires enthousiastes et d'autres personnes de bonne compagnie, dont quelques brochettes d'étudiantes ravissantes (le droit, ça rend beau sûrement) et d'une secrétaire chargée du café et de soucis, à voir ses yeux cernés. Il faut dire que le colloque avait 10 minutes de retard et dans ce genre d'exercice, il faut se plier à la règle du rattrapage de retard, même si tout le monde sait très bien que c'est la tradition, d'être en retard. On aurait peut-être dû en parler franchement. Epistémologie, défense et illustration du retard en colloque, un truc comme ça. Tiens je devrais proposer ça. Enfin non, je revois d'ici les cernes de la pauvre secrétaire. Du retard dans un colloque sur le retard, ça fait un peu beaucoup d'abyme, même pour des universitaires que ça ferait sourire. Petit sourire entendu de ceux qui ont compris la blague. Ahlala, ça me manquait quand même, tout ça.
Bref, hier c'était les vacances. J'avais l'impression que tout le monde à Rennes se sentait aussi en vacances. J'ai même cru apercevoir quelques sandales. Et puis dans le restaurant où j'ai dégusté des sushis ma foi tout à fait bons en devisant gaiement avec les propriétaires de la conjoncture et de ces petites choses du commerce, il faisait bon. Les vacances. J'ai failli, distraitement, descendre à la gare pour aller prendre un train vers le sud.
Mais non, j'ai continué à observer ce petit monde-là. Ceux qui grattent en forcenés. Ceux qui luttent contre la somnolence en faisant des petits dessins. Ceux qui se concentrent, sourcils froncés, pour comprendre les finesses du discours qui leur est offert sur grand écran. Ahlala.
Je suis rentrée tranquilou pour retrouver mes équipières de choc en train de discuter avec une jeune maman et... je suis repartie aussi sec pour aller féliciter le voisin qui vient de recevoir les tout premiers livres de sa toute jeune maison d'édition, les Editions Goater. Ahlala.
Alors expliquez-moi comment ça se fait que je suis ravie de ne plus être en vacances demain ? Comment ça se fait que j'ai foncé en cuisine pour refaire un moelleux aux céréales et que j'ai refait des centaines de sablés ? Comment ça se fait que je vois ma pile de factures sans en avoir un coup de blues tout bleu tout bleu ?
Sûrement que j'aime bien ma vie, en fait. Si c'est pas magnifique, ça. Non ?
Merci à Christine et Isa pour m'avoir permis de prendre l'air du côté d'ailleurs...

jeudi 8 octobre 2009

Le don des langues intergalactique

- Regarde maman, j'ai fait un vaisseau en kaplas !
- Ah oui. Et c'est pour aller où ?
- Dans les planètes ! et dans les volcans !
- Ah ?
- Oui, tu connais ?
- Euh, c'est où ?
- C'est très très haut à côté de la lune. C'est dans l'espagnol !

mercredi 7 octobre 2009

L'échappée jolie

Je ne serai pas là demain, appelée à réfléchir à d'autres choses que le comportement des patates en milieu chaud et aqueux. Je vous charge en conséquence de réserver le meilleur accueil à Isabelle et Christine, les équipières de choc, qui se chargeront quant à elles du service de midi puis de l'après-midi. Si je reviens, ce sera pour me mettre les pieds sous la table, tout à fait incognito. Bon courage les filles, je vous confie la maison !
(Et si les chats vous affirment qu'ils n'ont pas eu leurs croquettes, ne les écoutez pas, c'est pas vrai.)

mardi 6 octobre 2009

Le cochonnet rit

- Maman, je peux manger mon jambon comme un petit cochon ?

La maman s'étouffe avec sa tranche.

lundi 5 octobre 2009

Atelier "communiquer avec bienveillance"

Mercredi matin, de 10h à 11h15, l'association Communiquer avec bienveillance vous propose un atelier de découverte de ses sentiments, atelier entre parents et enfants (à partir de 5 ans). Sous forme de mime et de jeux, vous découvrirez les émotions de base, d'où viennent les émotions, ce qu'elles enseignent, et comment accueillir les émotions telles que la colère, la peur, la tristesse et la joie. Sur inscription (5 euros par famille), auprès de Bérangère de l'association Communiquer avec bienveillance (06 80 81 58 97), voir également le site (clic) de l'association.
L'association Parents Confiance vous propose également des temps de rencontre et de formation sur le thème de la communication bienveillante dans la famille, vous pouvez consulter le site de Parents Confiance, ici (clic).
J'ai eu la chance d'explorer un peu ce thème l'an dernier et je vous encourage à aller y voir de plus près, c'est vraiment utile au quotidien...

dimanche 4 octobre 2009

M et Mme Leopard sont en voyage

funny pictures of cats with captions
see more Lolcats and funny pictures

Toujours sur le site "Lolcats", on traduira par :

"Mais demande ton chemin à la fin ! Tu sais pas même lire !
- Oh, la ferme."

samedi 3 octobre 2009

Déballage


Alors ? j'attends. Où sont les ciseaux ? Je vais pas prendre mes griffes, quand même.

Le gluten

On me demande souvent ce que c'est que le gluten, pourquoi MiniLoup est au régime sans gluten et comment faire pour s'en passer dans l'alimentation quotidienne.
Il se trouve que MiniLoup est intolérant au gluten : son organisme ne parvient pas à dégrader correctement le gluten s'il en mange, et les substances non dégradées passent la barrière intestinale et se retrouvent dans son sang. Je ne suis pas spécialiste mais d'après ce que j'ai compris, comme il se trouve que ces substances sont très proches des opiacées, deux heures environ après avoir consommé du gluten, son corps a une réaction de manque. Dans son cas, ça se manifeste par une grande hyperactivité. On l'a découvert quand il avait 18 mois et un régime strict a suffi à régler le problème. Depuis, le moindre écart provoque plusieurs jours difficiles, durant lesquels MiniLoup a le plus grand mal à contrôler son agitation, y compris dans son sommeil, avec de grosses fringales, surtout pour les aliments très sucrés qui contiennent du gluten.
En gros, le gluten est une protéine présente dans les céréales apparues le plus récemment dans l'alimentation humaine : le blé bien sûr mais aussi le seigle, l'orge, l'avoine. D'ailleurs on évoque le "SABO" comment moyen mnémotechnique pour retenir le nom de ces céréales : Seigne, Avoine, Blé, Orge. Le pain, les pâtisseries, les pizza, les gâteaux secs, la farine bien sûr mais également certains condiments (dont la sauce de soja) sont à éliminer de l'alimentation. Dans les plats préparés, il faut faire attention aux traces possibles de gluten et ne pas consommer de produits susceptibles d'en contenir ; ça peut devenir compliqué quand on sait qu'il sert souvent de liant et d'épaississant. La bière en contient et parfois même certains fruits secs qui sont farinés pour les empêcher de coller.
Tout le reste peut se consommer sans problème : la viande, les légumes, les fruits, les produits laitiers (bien qu'une intolérance croisée soit souvent constatée), et les céréales qui ne contiennent pas cette fameuse protéine : le sarrasin, le quinoa, le riz, le manioc, le soja, le fonio. C'est beaucoup plus facile quand on cuisine soi-même, évidemment, parce qu'on est sûr des produits qui ont été utilisés. Et puis il existe maintenant des produits de substitution comme des farines sans gluten qui remplacent la farine blanche ordinaire dans la cuisine familiale ; il est possible aussi d'utiliser toutes les farines naturellement sans gluten comme la farine de châtaigne, de riz, de quinoa, de maïs. On trouve aussi, de plus en plus, des gammes de produits sans gluten en magasin bio et même en supermarché (pâtes, gâteaux secs, biscuits...).
Au bout du compte, ce n'est pas si contraignant que ça. De la purée plutôt que des pâtes, c'est même plutôt meilleur. Pour les desserts, c'est vrai que c'est plus compliqué, mais on s'en sort bien en utilisant de la poudre d'amandes en pâtisserie et en ayant recours aux fruits sous toutes leurs formes. D'ailleurs au bout de presque un an d'ouverture, je constate que le plus souvent, toute la carte du Café Clochette est exempte de gluten, sans que je l'aie fait exprès. On s'y fait vite. Et à dire vrai, l'entourage des gens qui doivent s'en tenir à un régime sans gluten s'en trouvent souvent très bien eux-mêmes.
Il existe de nombreux livres consacrés à ce sujet (d'ailleurs le futur livre de recettes du Café Clochette contiendra une section sans gluten) et vous trouverez beaucoup de sites (dont le site de l'AFDIAG, l'association des intolérants au gluten) et de blogs consacrés à la cuisine et à la pâtisserie sans gluten : vous pouvez jeter un oeil à la liste des blogs juste là, dans la colonne de droite, il y en a quelques-uns.

vendredi 2 octobre 2009

Il est fou ce doc


Moi, je veux bien "faire avaler un comprimé matin et soir pendant cinq jours", mais... quand il s'agit d'un Timirrou, l'aventure nous attend au tournant et c'est pas forcément une partie de plaisir.
Récapitulons.
Premier soir. "Timirrou, viens prendre ton comprimé !" Le dossier du canapé vibre encore, le chat s'est envolé sur l'étagère. Puis l'étagère d'à côté, le deuxième canapé, hop, zoum, pouf, plus de chat. On fonce sous le lit, pas de chat. L'armoire ? pas de chat. La salle de bain ? ben non. Plus de chat, du tout, nulle part. On descend éplucher des champignons pour la blanquette et qui c'est qui arrive, le museau tout frétillant, dans l'espoir de chiper un champignon pour son apéro ? Timirrou. Seul problème, le comprimé est resté à l'étage et le temps de monter le récupérer, trois champignons, et le chat, ont disparu. Une heure plus tard, qui est-ce qui vient se pelotonner en ronronnant pour s'endormir peinard après toutes ces émotions ? ben oui, le chat. Sauf que le comprimé, etc.
Premier matin. On se réveille tout chiffonné de sommeil, sauf le chat qui s'étire et part croquer ses nouvelles croquettes qui ont l'air, ma foi, très bonnes. On passe discrètement saisir le comprimé et on s'approche en sifflotant du chat qui croque ses croquettes, avale, vous regarde l'air étonné et à la dernière seconde se fait la malle, on plonge, on attrape le gigoton qui se débat, yiha ! on l'a. Il ne reste plus qu'à lui pousser le comprimé dans le gosier. Il refuse de desserrer les dents. On le chatouille, aucun résultat. On lui raconte une blague* pour le dérider. Ca marche pas. On tente un passage en force et hop, le comprimé dans la bouche en évitant les canines. Sploutch. Recraché, le comprimé. Qui tombe dans une rainure de l'escalier, là où même l'aspirateur n'arrivera jamais à l'atteindre. Bon. La mare dans l'homme (on devient fatigué), on va chercher un autre comprimé, mais sans y croire une seconde. Et ben oui. Il est parti quand on revient. Et il passe la journée à montrer sa truffe quand 1) le Café est plein et qu'on ne peut pas quitter les fourneaux 2) on a les mains pleines de farine sans gluten pour faire la tarte danoise 3) MiniLoup réclame instamment et instantanément un goûter. C'est sans espoir (pas le goûter, le comprimé).
On n'est même pas rendu au deuxième soir.
Il est fou, ce doc, non ?

* Comme celle-ci par exemple : "Comment le couple de mille-pattes est-il entré dans l'arche de Noé ?" "Bras dessus, bras dessous, bras dessus, bras dessous, bras dessus..."

jeudi 1 octobre 2009

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