lundi 31 mai 2010

Les morts sont bien rangés

Il m'arrive de loin en loin de longer un cimetière pour rentrer chez moi. Les morts y sont bien rangés. Aujourd'hui, il faisait beau et chaud ; on n'y est pas encore habitués après ce long hiver et ces derniers jours mitigés et tout a encore l'allure de la nouveauté. Du coup, j'ai contourné les morts et rejoint le canal. Un gros chien à l'allure de renard s'est précipité sur une grille pour me hurler dessus, puis il a penché la tête, levé une oreille et il m'a souri. Je lui ai rendu son sourire. Un monsieur à l'air sombre sortait des pompes funèbres, un carton plein de dossiers reliés dans les bras. A côté, les fleurs faisaient grise mine.
Sur le bord du canal, il y a des roses partout, en ce moment, y compris les toutes petites, à moitié sauvages, qui commencent déjà à se répandre sur le trottoir au moindre souffle. Un autre chien-renard minuscule a sauté sur sa grille avec une voix haut perchée. Il ne m'a pas souri. Sur l'eau, un monsieur canard tout seul qui se haussait du col vert pour impressionner des demoiselles absentes coincointait distraitement. Je lui ai tenu compagnie quelques mètres, puis il m'a distancée. J'ai la légèreté de qui croit tous les avenirs ouverts et l'inquiétude qu'aucun ne se réalise. Des pies se chamaillent, j'aime bien les pies, elles ont sur leur plumage le possible et l'impossible, le blanc et le noir et foncent tout droit vers le ciel comme des porteuses de présages.
Un jeune couple du Finistère a garé sa voiture de sport pour venir pécher au bord de l'eau avec une canne à pêche immense, sur des petits fauteuils en toile. Une dame tend sa canne vers une branche chargée de fleurs pour attraper les plus belles, tout en haut. Des jeunes femmes à écharpe ont l'air d'avoir chaud.
J'ai épuisé tout mon carnet de tickets de métro pour noter à l'envol ces jolis détails, il faut vraiment que je m'offre un carnet véritable. C'est l'été.

vendredi 28 mai 2010

Recette de Clochette

De nouveaux parfums, un nouveau mariage de saveurs, un nouveau plat sorti tout droit du four et de l'imagination culinaire de la cafelière, il y a quelques temps... Certains d'entre vous l'ont sûrement vu sur l'ardoise ou même goûté.
Je ne sais si c'est le discret goût anisé du plat, mais il était encore aux abonnés absents du blog et de l'index des recettes.
Mais un goût subtil et original, ça laisse une petite graine de mémoire qui refait surface quand on ne s'y attend pas... Un peu comme les graines de poivre vert de ce plat !
Avec parcimonie quand même, sinon la mémoire sera certes plus vive, mais risque fort de rester bloquée sur le piquant plutôt que sur la délicatesse du mets...

A noter que ce plat sans gluten favorise aussi la lactation.

Sur ce, j'en profite pour me présenter... Cette fois-ci ce n'est pas Alphonse, le fantôme qui rôde sur les pages du blog, mais Aude, la nouvelle recrue bien vivante du Café. Et des plats comme ça, ça donne de l'enthousiasme pour servir ... et écrire, alors merci à ta créativité culinaire, Pascale !


Parmentier de cabillaud au fenouil, aneth et poivre vert

Dans un robot ménager, hâchez un bulbe de fenouil et une botte d'aneth. Arrosez d'un jus de citron et versez le tout dans un plat à four beurré. Parsemez de quelques grains de poivre vert.
Coupez en morceaux les filets de cabillaud. Roulez-les dans la Maïzena. Salez, poivrez. Disposez sur le mélange précédent.
Couvrez d'une feuille d'aluminium et mettez au four à 180° pendant 10 min.
Recouvrez d'une purée de pomme de terre, faites dessus des croisillons à la fourchette et remettez au four pendant 20 min. Servir avec des rondelles de citron et de la salade.

jeudi 27 mai 2010

Mariolène de Krasnoyarsk

Les salades sont pleines de bébés limaces, en ce moment. La cafelière les saisit délicatement et les installe sur la terrasse, où je leur tiens compagnie entre deux averses.
Et voilà, moi, Alphonse qui vous parle, j'avais été envoyé en mission à Krasnoyarsk, une mission dont il est inutile de vous livrer les détails, ce serait trop dangereux pour vous, même à plusieurs siècles de distance. A l'époque, c'était le bout du monde. Là-bas, j'ai rencontré une petite jeune femme toute fluette que j'ai surnommée Mariolène. Je ne me souviens même plus de son vrai nom. Il n'y avait pas beaucoup de femmes dans le coin à l'époque, c'était avant la découverte de l'or et c'était un monde d'hommes. On a passé un été clandestin, entre ma mission et ses propres occupations, dont j'ai découvert un peu trop tard que l'une avait fort à voir avec les autres. Mariolène aimait le café. On passait une bonne partie de notre temps à siroter du café sibérien en discutant de tout et de rien dans un mélange de Français, de russe et d'une langue locale dont j'ai oublié le nom, sinon les intonations. Un jour, parce qu'il n'y avait plus de café, elle est partie à cheval s'en procurer au camp le plus proche. Ca n'avait rien de bien étonnant, elle y travaillait souvent et je ne me suis pas inquiété. Mais lorsque la nuit est tombée et que ni le cheval ni Mariolène ne sont rentrés, j'ai commencé à trouver que c'était bien suspect. J'avais des instructions précises en cas de danger, ma vie était trop précieuse pour que je la risque de façon inconsidérée, et pourtant j'avais l'habitude de vivre dangereusement. Mais j'étais partagé, parce que Mariolène était sûrement en danger, elle aussi. J'ai fait ce que tout jeune imbécile fait dans ce cas : j'ai choisi d'aller voir prudemment ce qu'il en était pour elle. En fait de prudence, je me suis retrouvé pris dans un piège à ours qu'on avait tendu à mon intention et en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, j'étais occis. C'est terrible, je sais. Tout ça pour du café. Je n'ai pas eu le temps de voir si Mariolène s'en était tirée, je sais juste qu'elle n'était pas étrangère à mon passage de vie à trépas, mais curieusement je ne lui en ai jamais voulu. Jeune imbécile, je vous dis.
Et non, tout ça n'avait aucun rapport avec les limaces du début. Vous faites bien de me le faire remarquer. M'enfin j'avais promis de vous raconter l'histoire. Ceci étant fait, passons à des choses plus réjouissantes - j'ai un peu le cafard ces derniers temps, le Timirrou, là, doit me déteindre dessus. Quelqu'un a une suggestion ?

mercredi 26 mai 2010

L'image dans le tapis

Bon, si je fais le compte des activités de la journée, que reste-t-il ? Une certaine amertume certainement, à avoir été témoin de l'indifférence et de l'arrogance mêlées ; je lutte contre la tentation, depuis plus de deux ans, de dire que les administrations de notre beau pays sont propices à abriter la petite-cheffitude de pire espèce, mais il y a des jours où je suis à deux doigts de perdre la bataille. Je ne me doutais pas, à l'époque, du parcours du combattant que représentait l'affrontement avec une machine aveugle et sourde à tout sauf aux Cerfas. Il y a de quoi se mettre profondément en colère, et pourtant la colère est la dernière chose à laquelle on a droit. On rend les gens fous, comme ça.
Plus tard, en train de faire les courses hebdomadaires pour le Café Clochette, je me suis surprise à échanger des saluts avec des tas de gens qui me le rendaient. Tiens ? on dirait que d'une façon ou d'une autre, j'ai fait mon trou dans le milieu. Enfin c'est relatif, il s'agit juste du fait que des gens dont la restauration est le métier me voient et ne se disent pas immédiatement "mais qu'est-ce qu'elle fait là celle-là", c'est déjà pas mal. J'en ai eu la vision d'une page tournée sur ma vie précédente, où je ne tournais que de vraies pages sans guère parler à grand-monde. Qui, il y a quelques jours, me parlait de compétences ? j'ai de plus en plus la certitude que les compétences, elles s'acquièrent dans tous les chemins de la vie et que les plus importantes ne sont pas les plus visibles - parlez-en à n'importe quelle nouvelle maman, tiens. Donc, dans cette nouvelle vie, hop, quelques compétences acquises me permettent de me rendre sans trembler dans un endroit qui grouille de gens tout à fait compétents, en témoigne le contenu de leur chariot. Moi, je ne saurais pas du tout quoi faire avec cinq kilos (au bas mot) de poulpe, par exemple. Total respect.
Plus tard encore, il s'agissait de comprendre qui, des gouttes soudaines sur le toit ou du pigeon égaré sur la verrière, venait de nous déranger face à la question hautement existentielle de la greffe de branches. Précisions sur demande pour ceux que ça intéresse, quant à moi j'ai mis les bouts pour récupérer à l'école un MiniLoup épuisé par les microbes, la chaleur et une longue journée d'école terminée sur le terrain de jeu :
- Ouh là, t'es tout sale, toi.
- Mah non, c'est pas moi, c'est la poussière.
Et puis ce fut une conversation volée sur le trottoir avec le mystérieux r.i. qui vient lire ce blog à la volée et n'arrête pas de me taquiner.
Il ne restait qu'à revenir sur terre en créant des choses à manger à partir des choses achetées plus tôt, à se creuser le ciboulot pour un menu enfant qui sorte de l'ordinaire, vu que la famille de samedi soir m'a fait remarquer que, peut-être, je ne me renouvelais pas beaucoup et que j'en ai conçu une légère blessure à l'égo, à faire une salade d'oranges à l'eau de fleur d'oranger et à mettre au lit un MiniLoup épuisé par cette journée. Je ne sais pas vous, mais moi, rien qu'à vous raconter tout ça, je suis passablement épuisée aussi, dites.
Ce qui tendrait à prouver qu'il n'y avait pas de fil directeur particulièrement important au cours de cette journée, sinon la volonté d'y survivre, et que le sommeil me semble la dernière option envisageable. Dont acte.

mardi 25 mai 2010

Esprit frappant

Il était une fois... non.
A l'origine il y avait... non.
Au début des choses... non.
Avant que le reste n'arrive... ah zut ! non.
Ici Alphonse, bonjour tout le monde. Ca fait une heure que je me triture la plume à essayer d'écrire le début d'une histoire crédible pour vous raconter ce qui se passe ici, et rien à faire, ça ne me vient pas. Bon, tant pis, je vais vous raconter mes histoires à moi alors.
Timirrou, ces derniers temps, a comme un coup de blues. Il passe la plupart de ses journées tapi dans l'armoire sur un tas de vêtements qu'il a tirés un à un, du bout de la griffe, des cintres où ils pendaient auparavant et qui lui font une couche douillette. On a beau être déprimé, quand on est un chat, on aime son confort. Je ne vais pas lui jeter la pierre, j'en profite aussi, remarquez. Il semblerait que la raison profonde de ce vague à l'âme, ce soit la décision ferme, entière et absolue de la cafelière de refuser de le laisser aller sur le toit. En été, dans la pièce du haut, il fait très chaud et on peut ouvrir les fenêtres de toit en grand pour aérer, mais la dernière fois que la famille a tenté ça, Timirrou a mis les bouts sur les ardoises et il a fallu aller le rechercher parce qu'il n'arrivait plus à rentrer tout seul. Au cas où votre mémoire vous ferait défaut, il s'agit bien du même matou qui a réussi à disparaître dans un mur puis sous le plancher de la courette, oui. Le même, seul et unique. Ces derniers temps, à ceux qui lui demandent conseil pour l'ouverture d'un lieu semblable au sien, la cafelière recommande, comme animal fétiche et/ou mascotte, le poisson rouge. Les félins, en ce moment, on dirait que ça la chiffonne sévère.
A part ça, je passe le temps que je ne passe pas à roupiller sur la pile de vêtements froissés à essayer de ne pas me faire asseoir dessus et à cette époque à Rennes, c'est dur, surtout quand on est un fantôme et qu'on préfère siroter le café des autres en terrasse. Le café des autres, forcément, vu que les serveurs, même les plus aimables et les plus sympathiques, ne me voient pas et ne peuvent par conséquent pas accéder à mon désir, pourtant légitime, de goûter tranquille à ce breuvage qui m'a un jour coûté la vie, mais je vous raconterai ça une autre fois. Les terrasses à Rennes à cette époque, c'est bondé, vous verriez ça. La moindre chose qui ressemble à un siège et qui se trouve plus ou moins sur la voie publique se voit prendre d'assaut par des hordes de jeunes filles en phase de bronzage et de jeunes gens à lunettes noires très chics, ainsi que d'autres hordes de tas de gens divers et variés qui, sous le soleil, ont tous l'air aimable. Et après des mois de grisaille, trouver les gens aimables dans la rue, ça vous requinque n'importe qui, non ?
Enfin, je ne vais pas vous laisser sans vous annoncer la réouverture de la cour intérieure du Café Clochette. Fort modeste au demeurant, puisqu'on n'y met que trois tables, mais c'est un petit patio tout à fait confortable et frais quand il fait chaud dans la grande ville. J'y passe les matinées en ce moment, avant l'ouverture des portes, à contempler les hirondelles. Si vous venez y faire une pause de déjeuner, de goûter ou de dîner, ne vous offusquez pas de devoir reprendre un café, d'accord ? ayez une petite pensée pour un pauvre fantôme...

lundi 24 mai 2010

Manipulation ou communication ?

- Dis, mon MiniLoup tout patraque malgré ce grand beau temps, tu voudrais un peu de pomme pour chasser tes microbes ?
- Ah ouaaaaiiiis ! Mais alors pas épluchée et pas en morceaux, hein.
- Ah, fait la maman en contemplant la pomme épluchée, éviscérée et en morceaux qui s'entasse dans la coupelle. Voilààààààà !
- C'est quoi ? fait le MiniLoup suspicieux devant tant d'enthousiasme maternel.
- C'est des aiguillettes de pomme, mon loup, et après je te fais des aiguillettes de mangue, oké ?
- Ouaaaaaiiiiis !

J'essaie d'arrêter, mais pas tout

Ca fait maintenant deux bonnes années que j'ai commencé à rêver à avoir un blog. Voyez où ça m'a menée. Enfin ça pourrait être pire, mais c'est vrai que quand votre premier réflexe quand il se passe quelque chose, ce n'est pas de décrocher votre téléphone pour parler à quelqu'un de réel ou de foncer parler à des vrais gens qui peuvent répondre en se moquant de vous ou en compatissant, selon la situation, mais de foncer sur les touches pour raconter tout ça, voire pour en profiter pour faire des effets de style, vous pouvez commencer à vous poser des questions. C'est un réflexe auquel on résiste, notez bien. Surtout quand des gens réels se chargent de vous bousculer un peu pour vous sortir de derrière vos touches. Merci à tous ceux qui se sont manifestés ces derniers temps, y compris en grec ancien ou à des heures indues derrière le rideau tiré !
Et puis il y a des situations où il n'y a pas grand-chose à dire mais plutôt des choses à faire et je vous invite à jeter un coup d'oeil à l'affiche qui suit. Pour défendre la liberté d'expression et faire poids là où, aujourd'hui, il est important de ne pas détourner le regard des réalités, venez faire un tour mercredi soir à la Salle de la Cité et soutenir le Collectif de soutien aux personnes sans papiers de Rennes.


dimanche 23 mai 2010

For my eyes only

Une fois n'est pas coutume (ahem), je vais me servir de ce blog à des fins toutes personnelles et égoïstes. Je vais y consigner la liste des recettes que j'ai vraiment envie d'essayer et qui commencent à s'accumuler. Il est donc probable, cher lecteur, que ce billet te soit totalement étranger et/ou inutile. Tout le monde, certes, ne court pas les blogs culinaires à la recherche de la perle rare. Alors si vraiment, cher lecteur, ta souris t'a égaré ici aujourd'hui mais que ça te laisse tout à fait indifférent, sache tout de même ceci : on est dimanche, au milieu d'un week-end de pont, et il fait un temps magnifique, alors quand même, moi je dis, tu devrais plutôt faire autre chose que passer ton temps sur internet. Et voilà. Enfin repasse plus tard, ça sera sûrement plus intéressant !

La liste donc, sans trompettes ni tambours ni rien de ce genre.
Des biscuits soufflés au chocolat sans gluten, trouvés chez Sandra sur son blog Le pétrin.
Le gâteau de Savoie super moelleux de chez Papilles et pupilles.
Le Turinois de Chocolat &cetera, ainsi que sa Dacquoise au chocolat, son cheesecake au chocolat blanc et ses sablés bretons au chocolat.
Les chocolate and coconut macaroons de David Lebovitz, sur son blog Living the sweet life in Paris.
Le sbrisolona, gâteau sableux de Mantoue à la farine de maïs, sur le blog Very Easy... Kitchen.
Le cake au thé et au chocolat de Sophie, déniché sur le blog de Lilibox.
Les brownie roll-out cookies de chez Smitten Kitchen, ainsi que ses 17 recettes de douceurs sans farine.
Le Pleyel de Cakes and the City, et aussi ses macarons marocains aux amandes effilées et ses étoiles à la cannelle, deux recettes sans gluten, et le shortbread aux cranberries.
Chez Eryn, voici les Choco-noisetti, sans beurre et sans gluten. Miss Diane a aussi tout une liste de recettes sans gluten à essayer absolument, ici.
Chez the Wednesday Chef, une recette de Kim Boyce, le Olive Oil Cake, gâteau à l'huile d'olive, au chocolat et au romarin.
Chez puce bleue, sur son blog J'en reprendrai bien un bout, j'ai trouvé une recette de tarte aux fraises avec une pâte étonnante et sans gluten.
Chez Cléa, il faut absolument que j'essaie la recette des biscuits vanillés aux graines de fenouil. Il y a aussi les amaretti aux épices, sans gluten et très parfumés.
En salé, voici les cannelés à la chataîgne sur Paperblog.
Enfin, il y a longtemps que je rêve devant le gâteau basque de Sucrissime et un de ces jours, c'est sûr, je vais le tenter.

Voilà. Ceci étant fait, bon week-end gourmand à tous !

samedi 22 mai 2010

Heigh ho, boulot

Si, ces jours-ci, vous ressentez le besoin profond de voir quelqu'un travailler avec enthousiasme, je vous encourage vivement à venir faire un petit tour au Café Clochette. Vous y rencontrerez, si ce n'est déjà fait, la dernière recrue de la petite bande : Aude. Non contente de tenir le fort pendant que la cafelière se refait une petite santé au fond du lit ces derniers temps, elle y met une bonne humeur communicative. Et l'index, mes amis, avez-vous vu l'index des recettes ? il était en déshérence depuis de longues semaines, au grand dam des amateurs de recettes qui devaient fouiller le blog de fond en comble pour trouver celle dont ils rêvaient... Voilà, vous pouvez la retrouver facilement maintenant, tout y est. Et la compta ! si la cafelière a une bébête grise, c'est la compta. Et bien pouf, elle est faite. Et les jouets, ceux qui s'amoncelaient sur l'étagère du haut dans la cabane des jouets au grand dam du petit bonhomme qui nous fit remarquer avec esprit et à propos, ce midi, que c'était pas logique que ces jouets-là ne soient pas à leur place alors qu'on lui demandait d'y mettre les autres, à leur place (enfin c'était plus élégant et moins alambiqué, comme formulation, les enfants ont de ces talents-là) : et bien ces jouets, pouf, rangés à leur place. Incroyable. Et je ne vous parle même pas des petits gâteaux, car nous avons été prises d'une frénésie de sablés salés qui surprendra peut-être les amateurs de nos fameuses assiettes de dégustation sucrées, mais qui nous a bien amusées et tenues en haleine sur la question du four (si l'histoire vous intéresse, elle est à retirer à l'accueil du magasin).
Enfin bref, j'ai un peu l'impression de me la couler douce ces derniers temps. Alors imaginez ma stupeur ce soir quand, sur le coup de 20h, au moment où je lâchais mon lâcheur de téléphone qui commence à me courir sévère, celui-là, et où je me tâtais pour vérifier les programmes ciné de la soirée à Rennes, juste au cas où, sont arrivés des gens dans mon restaurant. Oui, des vrais gens ! qui avaient faim, et tout ! Dans ces cas là, on se dit bon sang, ça ne saurait mentir, et ça ne fait qu'un tour. Et puis il n'y a plus qu'à soupirer en se disant que les braves font face, même si Aude n'est pas là ce soir... Et puis il n'y a plus qu'à prendre son courage à deux mains avant de le laisser retomber brusquement faute de mieux, vu que ses deux mains on en a terriblement besoin, d'un seul coup. Carafes, corbeilles, verres à vin, petites serviettes, les couverts, hop hop, on pousse les tables, on pousse le chat installé au milieu sur la terrasse où tout le monde veut s'installer, même sur la petite table bleue toute branlante, on attrape des assiettes au vol et on sort avec précaution les salades de la grande assiette de salades de printemps pour les disposer élégamment mais à grande vitesse sur les assiettes, les grandes carrées. Pour la daube, ce sont les profondes façon torchon à carreau. Et pour le dessert, les petites à cerises bleues. Il arrive un moment où on jongle avec tout en même temps, et trois cafés qui partent, mais attention, il faut un déca aussi, surtout ne pas se tromper, surtout le soir ! Et surtout on n'oublie pas la grande assiette de dégustation sucrée pour la chouette table de quatre où il y a trois jeunes filles et deux parents, ce qui en fait une table de cinq, forcément.
Ce sont des moments intenses. Mais il faut aussi garder quelques minutes pour s'indigner de Clochette qui met la truffe dans la carafe sur une table pour s'abreuver tranquille ou juste se rafraîchir les moustaches, lui dire un mot entre quatre-zieux et consoler les convives de la table en question qui se désolent pour le pauvre petit chat qui avait l'air d'avoir soif. Et se demander, nom d'un escargot urticant, où on a déjà vu ce monsieur, là, à la table du fond, ce serait pas le grand-papa de A., des fois ? mais sans oser lui demander.
Sur le coup de très tard, une fois qu'on a fini de passer la serpillère et que la purée pour demain est au four en train de gratiner, on se dit que quand même, le travail, c'est peut-être bon pour la santé, mais que c'est légèrement fatigant, quand même. Heureusement, demain, il y a Aude. Je vous ai dit, pour l'index ? c'est pas épatant, ça ?

vendredi 21 mai 2010

Cheesecake !

Une bonne recette de cheesecake, c'est comme une bonne recette de gâteau au chocolat : quand on en tient une, on est sûr qu'on tient la meilleure au monde et on essaie de la refiler à tout le monde au prétexte que "cherche plus, c'est la meilleure". Vous me connaissez, ce n'est pas mon genre. M'enfin là quand même, celle-là elle est très très bien... Alors je vous la refile quand même mais en douceur, à vous de voir si elle est aussi bonne que la vôtre. Chiche.


Cheesecake banane-caramel

Ecrasez joyeusement (au rouleau à pâtisserie si vous avez les nerfs, au robot ménager sinon) 250g de gâteaux secs (spéculoos, petits beurre... ce que vous avez sous la main ; pour une version sans gluten, mettez des petits gâteaux sans gluten et un peu d'amandes en poudre) et mélangez-y 50g de beurre fondu. Tassez au fond d'un moule à fond amovible tapissé de papier sulfurisé. Faites cuire 5 mn à 180°C puis laissez refroidir. Attention, laissez vraiment refroidir ! sinon ça n'a pas le temps de durcir et quand vous versez l'appareil dessus, tout part en patafiole ! Mélangez 500g de fromage frais (type Saint-Môret, mais les marques génériques des grands magasins sont tout à fait bien aussi), quatre ou cinq cuillères de crème fraîche ou de mascarpone, 75g de sucre et quatre oeufs. A part, écrasez deux bananes avec du jus de citron et ajoutez au mélange précédent. Enfin, ajoutez du caramel liquide, selon votre goût.
Versez la préparation dans le moule où a cuit la croûte et mettez à 150°C pendant une heure. Laissez refroidir dans le four, puis au frigo pendant une nuit.
Vous pouvez zapper les bananes et mettre autre chose : myrtilles, fraises, framboises... parfumer au citron, au citron vert, au café...

jeudi 20 mai 2010

The vegetable orchestra

Merci à Cristelle pour le lien vers ce beau moment paraculinaire !

mercredi 19 mai 2010

Un sage appel aussi

- Allo, bonjour, je pourrais parler au responsable s'il-vous-plaît ?
- Oui, c'est moi.
- Ah bon ? ah, alors bonjour.
- Bonjour.
- Ici monsieur ***** des Pages Jaunes. On vous a déjà appelée je suppose ?
- Ah non, je ne crois pas non.
- Tiens, curieux. On appelle tout le monde, vous comprenez. Enfin en tout cas, on m'a confié quelques dossiers et on m'a chargé de vous appeler.
- Oui ?
- Parce que vous comprenez, chaque année on s'assure que tout est en ordre, hein. Parce que sinon, après les gens ils nous disent qu'on les a pas appelés, et que c'est une catastrophe parce qu'ils ont changé d'adresse, tout ça.
- Oui ?
- Alors je vous appelle.
- Oui, je vois.
- Vous n'avez pas changé d'adresse ?
- Non.
- Et le nom, c'est bien Café Clochette ? c'est un bar, c'est ça ?
- Non, c'est un restaurant.
- Ah, vous êtes sûre ?
- Euh... oui.
- Ah, parce que moi quand j'entends Café Clochette, je pense tout de suite que c'est un bar. C'est une brasserie, alors ?
- Non, un restaurant.
- Ah, et votre mari il s'appelle Peter, c'est ça ? hinhinhin.
- Euh, dites, puisqu'on en parle, ici c'est un restaurant et il est 11h15 et les choses se précipitent un peu, là, alors si on pouvait accélérer la manoeuvre ?
- Hum, oui, bon, d'accord. Alors le nom c'est Café Clochette c'est un restaurant (c'est sûr hein ?), vous n'avez pas de spécialité (non ?), ce n'est pas un restaurant ouvrier (si ?), on peut venir le week-end et le soir (hein ?) et voilà.
- Euh... oui.
- Ah bon, alors envoir madame Clochette. Bonjour à Peter, hein ! hinhinhin.

mardi 18 mai 2010

Vers de sages appels manqués

Un petit matin, le téléphone portable de la cafelière se met à sonner. Il est beaucoup trop tôt pour que ça la réjouisse franchement, mais elle n'a qu'à s'en prendre à elle-même, vu que c'est elle qui lui a demandé de la réveiller, alors elle ne l'écrase d'un coup de poing rageur qu'à contre-coeur et en retenant ses forces. Las ! avant même que sa main ne s'abatte, la bestiole électronique s'étrangle, tousse puis se tait. V'là aut' chose. Impossible d'ignorer plus longtemps la vérité : il est à bout de forces, pauvre petit. Ca fait quelques années qu'il prend des photos, passe à la cafelière la voix douce de multiples administrations et lui permet de joindre dans l'urgence divers banquiers, comptables, artisans et autres fournisseurs. Elle avait fini par croire, sûrement, qu'il faisait définitivement partie du tableau du Café Clochette. Mais c'était sans compter avec la déliquescence des choses. Voilà, il est mourru, comme dirait MiniLoup qui ne s'explique toujours pas avec certitude la raison de la disparition des dinosaures, tout empêtré qu'il est dans ses trois zypotèses.
Ce n'est pas la première fois qu'on a à déplorer une perte au Café Clochette ; Prosper avait déjà rendu les armes devant l'amplitude de la tâche, il y a quelques mois, mais un miracle était arrivé et il était revenu, un peu essoufflé mais prêt à épauler son nouveau collègue Tancrède pour mixer, mouliner et râper à tours de moulin au fond de la cuisine. Cette fois-ci, dit la dame du magasin à la cafelière, je crains que ça ne soit définitive, comme mourritude. Enfin elle dit plutôt, l'air mi-désolé mi-gourmand, "ah ben il est foutu, là, hein. Vous avez des points ?"
Comme la cafelière, après vérification, a des points, elle repart avec dans ses poches crevées ses poings, fermés l'un sur le petit corps sans vie de son ancien téléphone et l'autre sur la boîte contenant le nouveau. Il s'agit désormais de se présenter et... ah ! c'est l'aventure qui commence. Comme toujours. La nouveauté, ce n'est pas que ça la rebute la cafelière, c'est juste que... c'est pas comme d'habitude, quoi. Dont acte. On rentre au Café Clochette le palpitant papillonnant, on s'assoit, on se fait un déca, on pêche la notice dans la boîte, on sort avec précaution la nouvelle bestiole et on fait connaissance.
- Bzzz. Bonjour. Veuillez entrer votre code PIN.
- Ouais, salut. Mon quoi ? (feuilletage effréné du papelard) Ah voilà. Tic-tic-tic-tic. Enter.
- Blllllouuubzz.
- Quoi ?
- Clic.
- Oh ?
- Bzzzzzz. Bonjour !!!
- Ah, euh, rebonjour. Bon, maintenant on fait quoi ? Ah tiens, il faut que j'appelle Mister C., là. Euh... Abracadabra, bottes de sept lieues, petit génie, appelle-moi Mister C., stoplé.
- ...
- Et ben ? il est où, le numéro de Mister C. ? ben zut alors ! plus de Mister C. !
- ...
- Je vois. Il y a de la résistance à la marche du progrès, par ici. Quand je pense que je viens de te tirer de l'obscurité pour t'introduire au monde palpitant du petit commerce, c'est petit. Petit petit petit.

Trois heures plus tard, j'avais entassé sur mon bureau quelques tas de vieilles paperasses pour récupérer les traces aléatoires, sur papier, de tout un tas de numéros de téléphone qui avaient rendu l'âme en même temps que mon précédent téléphone. Je suis en train d'écluser le tas, mais ça me ralentit un chouia sur la production culinaire. Si vous n'avez pas demain de quoi vous mettre un deuxième dessert au chocolat sous la dent, plaignez-vous à un certain Bell Alexander Graham, dont l'invention a sans doute fait beaucoup pour l'humanité, mais pas grand-chose pour la tranquillité d'esprit de la cafelière. Il fallait que ce soit dit.

lundi 17 mai 2010

Tentatives d'épuisement

Il arrive qu'on se retrouve avec un petit fond de quelque chose dont on ne sait vraiment pas quoi faire. (Surtout quand c'est le fond de l'air et qu'il est frais, mais c'est le sujet d'un autre débat que je n'ai pas le courage d'aborder ici maintenant, vu que ce fond, précisément, est à l'origine d'une sinusite carabidée qui me poursuit depuis une sebaide et que j'ai comme un léger mal de tête, là.)
Non, je voulais parler des petits fonds de sachets de trucs et de machins : trois pruneaux qui se battent en double duel, quelques graines de sésame noir qui ont survécu à la dernière fournée, un bout et demi de gingembre confit qu'on n'a pas réussi à caser dans un sablé, ce genre de choses. Comme on a, parfois, de drôles d'idées, on se dit que ça pourrait peut-être servir à un exercice de style du genre des Papous dans la tête, version culinaire, et que la contrainte est mère de créativité, tout ça. On a aussi sous la main un épatant petit livre de Cléa, Croquez salé !, et des démangeaisons dans la balance à ingrédients. Alors hop, on fait des expériences.
Acte 1. Hacher des champignons séchés. Une poussière s'élève, c'est que ça fait une poudre toute fine les champignons séchés et hachés au robot. La cafelière tousse. L'éléphant qui s'agite dans ses sinus depuis quelques jours fait des sauts périlleux à travers un cerceau rose.
Acte 2. Ca fait quoi, une cuillère à soupe de sésame, quand on mesure en fond de sachet et qu'on a la flemme d'aller chercher une cuillère à soupe dans le pot sur le buffet à l'autre bout de la cuisine ? Ca faisait trop. C'est du sésame noir et ça a transformé la pâte en amas grisâtre et informe qu'on a le plus grand mal à tasser sur le plan de travail où on est supposé en tirer des morceaux à l'aide d'un emporte-pièce.
Acte 3. Où est l'emporte-pièce ? chais pas, pas le courage d'aller chercher dans le tiroir à bazar où MiniLoup a mis de l'ordre il y a trois jours. Il paraît qu'on peut prendre un verre, prenons un verre. Mauvaise idée, la pâte se réfugie au fond du verre et refuse d'en sortir, il faut y aller à la maryse et toutes mes maryses sont trop larges et/ou trop fatiguées au bout de deux ans de bons et loyaux services pour me rendre celui-là. Penser à racheter une maryse.
Acte 4. Le four est chaud. Les petits tas de pâte ont été péniblement disposés sur une plaque à pâtisserie. Hop.
Acte 5. C'est bizarre. Ca sent comme si c'était cuit, ça a l'air cuit, mais ce n'est pas cuit du tout. Dix minutes plus tard, c'est trop cuit. Il reste un peu de pâte pour une ultime tentative en mettant le four un chouia plus fort.
Acte 6. La cafelière et son éléphant s'efforcent d'écrire un billet de blog à partir des expériences du jour.
Acte 7. C'est trop cuit, forcément, quand on se laisse déborder par la litté-rature et qu'on oublie ce qu'on a dans le four.
Acte 8. Pourquoi s'être levée ce matin ? N'ayant aucune bonne réponse à cette question, je retourne me coucher. Bonne journée tout le monde. Si vous avez besoin d'un fond de sésame noir, j'ai ça, mais la passation ce sera pour après la sieste.

PS. Le livre de Cléa, il est vraiment bien. Suffit de respecter les recettes !

dimanche 16 mai 2010

C'est pas tout ça

Le but de la manoeuvre, quand on a un blog, c'est quoi ? bonne question. Je ne vous remercie pas de me laisser vous la poser, je sens la migraine qui pointe. Ce que ce n'est pas, je le sais bien : un journal de bord. Parce que dans un journal de bord on peut pointer les bonnes et les mauvaises choses et dans un blog, par définition public, on ne peut tout compte fait que mentionner les bonnes choses, à quelques exceptions près. Ce n'est pas qu'il est inutile de faire pleurer dans les chaumières ni même (et pourtant) qu'il s'agit de protéger à toute force une intimité parfois mise à mal par la livraison de soi sur la toile, mais surtout que quand on tient un commerce, ma foi, on se doit de ne pas livrer l'aspect plus... discret des choses. Les clients pas drôles, les tracas de la gestion ordinaire, les inquiétudes fondamentales restent au panier de la narration, au moins en grande partie.
Quand on a dit ce que ce n'est pas, alors qu'est-ce que c'est ? Un exutoire. Une bouffée d'air frais au quotidien, qui permet de fixer dans des mots des choses rigolotes, si possibles, ou utiles à partager, ou utiles à dire juste pour que ce soit dit. C'est aussi un exercice, celui de la forme brève. Mine de rien, écrire un petit bout de texte aussi souvent, ça vous fait la plume, même si l'on peut craindre parfois de ne plus savoir tenir la distance, à force de se cantoner au micro-texte. Enfin le macro-texte, on m'en fait la réflexion dans la coulisse, je n'ai qu'à l'écrire ce fameux livre de cuisine pour m'y frotter. Certes. Merci, la coulisse.
Finalement, le but de la manoeuvre, je ne sais pas trop ce que c'est. Sauf que quand on me dit "je lis votre blog" avec des petites étoiles qui pétillent dans les yeux, je me dis que c'est peut-être pour ça, et que ça doit bien suffire. Enfin tant que ça dure, hein !

vendredi 14 mai 2010

Quand on aime...

... c'est bien connu, on ne compte pas. Ce qui explique que je n'ai jamais réussi à numéroter mes tables. Quand Isabelle est venue travailler ici à l'ouverture du Café le 26 novembre 2008, j'étais très soulagée de savoir qu'elle serait là, parce qu'elle avait une expérience de la restauration et moi pas - du tout. Enfin sauf en tant que cliente, mais ça ne vous donne qu'une idée assez limitée des quiproquos possibles en cuisine et en salle quand on ne maîtrise pas bien toutes les ficelles. Dont la numérotation des tables. Isabelle, en vraie pro, avait, elle, numéroté les tables et s'en sortait très bien - jusqu'à ce que je m'en mêle. Parfois, pour une raison ou pour une autre, il était nécessaire que j'amène quelque chose sur une table. Il suffisait qu'elle me dise "c'est pour la trois" pour que je l'amène à n'importe laquelle des six autres tables. Sans le vouloir bien sûr.
Et puis le samedi midi, j'étais toute seule au service et en cuisine et quand on est à la fois au service et en cuisine et qu'on n'arrive pas à retenir le numéro des tables, ça crée de la confusion, croyez-moi. Et de la bonne humeur et de la communication entre les tables, forcément, dans un endroit comme le Café Clochette où très vite les clients ne sont plus seulement des clients mais deviennent sans vergogne très taquins avec la cafelière. Du coup, il arrivait que des éclats de rire éclatent quand je retournais en cuisine et que les gens se repassaient leurs plats respectifs très gentiment pour ne pas me vexer. J'ai fini par repérer la manoeuvre et renoncer définitivement aux chiffres pour désigner mes tables. Ce n'est pas que je me vexais, remarquez bien, mais dans l'intérêt d'un service bien ordonné, tout ça... oui bon j'étais un peu vexée. Jusqu'au moment où quelqu'un m'a fait remarquer que les chiffres c'était fait pour compter et que j'avais qu'à utiliser autre chose et voilà tout.
J'ai essayé les lettres, mais là c'était Isabelle, revenue de son week-end entre-temps, qui ne s'y retrouvait plus du tout et ne comprenait pas la logique qui m'avait permis de renommer la table 1 en table F. Oui ben yen avait pas, de logique, c'était un coup d'inspiration, voilà. On a renoncé aux lettres. Et on a fini par désigner les tables par un autre système. Souvent, je me débrouillais pour mettre sur mon petit papelard le nom d'un des enfants quand je le connaissais, mais ce n'est pas infaillible comme système, notamment lorsqu'il y a plusieurs petits Paul ou plusieurs petits Pierre. Alors on a quand même décidé d'avoir recours à un système un peu rigoureux. Il y a donc eu la table de l'aquarium, la table ronde, la table de quatre, la table jaune et la table du manège. Ca s'est corsé quand la table jaune est passée à quatre places et que la photo de manège a été remplacée par un tableau représentant une girafe rose tenant en son bec un brin d'herbe. Maintenant, il arrive avec Aude qu'on évoque "la dame de la girafe" ou "le petit bonhomme de l'aquarium", mais parfois, il nous faut débrouiller quelques brins d'incompréhension quand j'évoque "le monsieur en vert de la table de quatre où ils sont deux". Ce sont les aléas du métier, ça, voyez-vous. Ca rend les choses poétiques.

jeudi 13 mai 2010

De cochons, chevaux et autres cartes à papattes

Une dame vient de me passer devant dans la file. D'habitude ça me faire sourire, là je sens le rouge me monter aux joues et avant que j'aie réussi à me retenir, ça part tout seul : "dites, j'ai une tête de ticket périmé, là ?" Je vous l'accorde, ce n'est pas très spirituel, d'ailleurs ça n'a pas déridé la dame, mais là, zut. J'ai récupéré mes deux kilos de crevettes et fichu le camp toute zénervée.
Je sais pas pourquoi, ça fait une bonne semaine que j'ai les nerfs un peu à vif. C'est comme si j'étais en play-back et que la fée Clochette, celle de Disney, parlait à ma place une fois de temps en temps. C'est qu'elle a un fichu caractère, la fée Clochette de Disney, c'est pas une marrante, je peux vous le dire. Dites, docteur, c'est grave ? nan, pas la bronchite qui est revenue... Je veux dire, le caractère de trois petits cochons qui m'a poussé comme ça sans prévenir.
Peut-être bien aussi que je suis en train de piaffer d'impatience, là. Maintenant que le chemin est tracé et que je sais où je vais, j'ai du mal à rester à l'écurie, quoi. Encore quelques mois, si tout se passe comme prévu, et je prendrai régulièrement la route du Sud pour aller étudier du côté de la mer, celle où un non-Breton peut se baigner sans risquer l'hypothermie, dans une ville qui ressemble beaucoup à Rennes parce qu'il y a plein d'étudiants et de cinémas et de bars sympas et de gens qui aiment bien les huîtres et le petit vin blanc du coin et le nectar du Pic Saint-Loup et toute cette sorte de choses. C'est pas tout à fait Barcelone, mais c'est pas mal quand même. Une cafelière qui ressent l'appel du Sud, ça piaffe, c'est comme ça. Gentiment, hein, la plupart du temps je suis une cafelière ravie de voir les gens venir au Café Clochette, m'enfin je ne me voile plus la face, ça ne me suffit plus à me porter au quotiden, l'excitation quotidienne que j'aurai vécue pendant presque deux ans.
Cet après-midi, le monsieur de la chaudière est venu lui rendre visite pour s'assurer que je la traite bien. Ca m'a rappelé mes mésaventures trois jours après l'ouverture (clic, pour la nostalgie) et ça m'a bien fait rigoler d'y repenser, j'en suis presque requinquée. D'ailleurs la dame des crevettes, si ça se trouve, je la recroiserais ce soir, je lui offrirais un petit gâteau. Peut-être.
Heureusement, Aude est là. Elle réalise comme pas deux, entre autres, les macarons de Christine, me permettant ainsi de prendre quelques heures d'escapade momentanée, de rendre hommage à Christine qui est partie vaquer de son côté et qui nous manque, et de la féliciter chaleureusement pour ses talents de pâtissière en croquant dans un des petits gâteaux dont je ne vous dis que ça.
Et puis décidément, j'ai de la chance, j'ai toujours les clients les plus gentils du monde, ils me font crédit. Je sais, ça a l'air paradoxal comme situation, mais c'est bien vrai. Deux familles ont rempli la semaine dernière leur dixième carte de fidélité (ce qui nous fait quand même un total de 200 papattes à elles deux) et je suis en dette : je leur dois un livre de recettes, "Les jolies recettes du Café Clochette". J'ai le titre, mais à part ça c'est très décousu, encore. Alors j'ai beau me dire que la dette c'est la trame du tissu social, ça ne me convainc pas tant que ça sur ce coup-là et il va bien falloir que je me mette au boulot. Va falloir tricoter des papattes de devant, la cafelière.

mercredi 12 mai 2010

Bobotie

Il paraît que toutes les bonnes ménagères du Cap (en Afrique du Sud, oui celui-là) possèdent leur propre version du bobotie, qu'elles transmettent (ou pas) à la génération suivante, et ainsi de suite. Faute de connaître personnellement une de ces valeureuses femmes et de pouvoir m'insérer dans leur lignée généalogique sans que ça se remarque trop, je me suis tournée vers le site Marmiton pour trouver une recette qui puisse faire l'affaire. Alors je ne sais pas ce que diraient les bonnes ménagères du Cap, mais moi je trouve que ça tient la route. A vous d'en juger, sur la foi de la recette qui suit...
Quant à moi, le seul problème qui me taraude, c'est que je ne sais pas comment ça se prononce : bobo-ti ? bobo-si ? bobo-taille ou bobo-çaille ? Encore des heures d'insomnie en perspective.


Bobotie du Cap

Hacher fin un oignon et le faire revenir à l'huile d'olive jusqu'à ce qu'il commence à dorer. Ajouter 1kg de boeuf haché (certaines recettes indiquent qu'on peut mettre une autre viande : agneau ou porc), une tranche de pain mouillée au lait et essorée, une poignée de raisins secs, une bonne poignée d'amandes effilées, deux grosses cuillères de confiture d'abricot, un jus de citron, une cuillère à soupe de curry et de la noix de muscade et un raton laveur émincé (nan, ça c'est une blague, juste pour voir si vous suivez).
Remuer souvent en surveillant la cuisson ; quand le boeuf est bien revenu, mettre au fond d'un plat à four. Couvrir avec un appareil composé de mascarpone, lait et oeuf (en quantité suffisante, ça dépend de la superficie de votre plat : j'ai utilisé 250 ml de lait, deux cuillères à soupe de mascarpone et deux oeufs, sel et poivre). Mettre à 180°C pendant 30mn environ, le temps que ça dore bien.
Servir avec du riz et un peu de salade.

lundi 10 mai 2010

Photo de chaton


En soutien et fraternel salut à un collègue blogueur au poil doux (voir ici, clic) qui a des petites pannes d'inspiration ces derniers temps. Qui suis-je pour lui jeter le caillou.

samedi 8 mai 2010

Des carabistouilles

Oyez oyez : prochain brunch le dimanche 16 mai à partir de 13h, sur réservation seulement ! Et qui sait, ce sera peut-être enfin le fameux dimanche où je ferai des pancakes. Avec du sirop d'érable. Et du confit de pomme maison. Et toute cette sorte de choses. Et du saumon mariné, tiens, si ça se trouve. Ou un cake salé au saumon et à l'aneth.
Le dimanche 16 mai sera également le dernier dimanche de la saison où le Café Clochette sera ouvert l'après-midi. Désormais, il fait assez beau pour que les familles puissent aller se promener à la campagne ou à la mer plutôt que de venir se réchauffer au coin d'un chocolat chaud et d'une assiette de dégustation... on rouvrira dès que le temps frisquet reviendra, en septembre sûrement...
Sinon, le Café Clochette sera ouvert aux horaires habituels toute la semaine prochaine. Je sèche toujours sur les projets d'entrées, m'enfin d'ici mercredi, j'ai encore quelques heures d'insomnie à consacrer à ce sujet hautement sensible, n'est-ce pas. A moins que je mette les pancakes en entrée. Et le saumon mariné. Ou le cake. Pfff. Des décisions, toujours des décisions.

vendredi 7 mai 2010

Kermesse du Vieux Saint-Etienne


La kermesse du Vieux Saint-Etienne aura lieu demain samedi, dans le square du théâtre. L'après-midi à partir de 15h, il y aura des jeux en bois dans le square pour les petits et les plus grands, puis un pique-nique le soir suivi d'un concert avec les valeureux musiciens du quartier. Animation garantie !
Les enfants vendront des gâteaux et des gauffres sur place et les commerces de la rue restent ouverts. C'est l'occasion de venir découvrir le quartier si vous ne connaissez pas encore, ou de faire mieux connaissance avec ses habitants si vous connaissez déjà. A demain !

jeudi 6 mai 2010

Pavés de semoule au citron

Ce petit livre est décidément plein de bonnes surprises.
Très moelleux, pleins de sirop qui en font comme une réminiscence d'un dessert du Moyen-Orient, voici les...

Pavés de semoule au citron

Confectionner le sirop avec 125 ml d'eau, 170g de sucre, 1 cuillère à soupe de jus de citron et 1 cuillère à café de zeste finement râpé (un truc : si vous n'avez pas de zeste sous la main, vous pouvez le remplacer par quelques gouttes d'huile essentielle de citron après la cuisson du sirop). Laisser frémir dix minutes, laisser refroidir puis filtrer.

Faire griller doucement à la poêle 55g d'amandes en poudre. Attention de ne pas laisser brûler ! Laisser refroidir.
A part, mélanger 170g de yaourt nature, 200g de sucre, une lichette d'extrait naturel de vanille, 125g de beurre fondu, 2 oeufs. Dans un autre saladier, mélanger 185g de semoule fine et une cuillerée à café de bicarbonate, intégrer au premier mélange. Ajouter enfin les amandes et une poignée de pistaches (non salées, sinon vous pouvez toujours rincer et laisser sécher des pistaches salées !). Etaler la pâte obtenue dans un moule carré de 23 cm de côté et faire cuire à 180°C pendant 35 mn.
Verser le sirop sur le gâteau encore chaud. Laisser refroidir avant de couper en petites bouchées.

mercredi 5 mai 2010

Vous autres, hein

Cette cafelière-là est toute préoccupée. Pré-occupée, en fait, au sens littéral : avant même de me mettre au boulot, ça turbine déjà là-haut, ce qui n'est guère propice à un travail sans encombre. Je me perds pour aller au magasin où je vais toutes les semaines depuis un an et demi, je suis tellement distraite que j'oublie le romarin dans la purée au romarin et je néglige outrageusement le vide de la moitié de mes boîtes à petits gâteaux alors qu'il m'appelle à le combler d'une voix de stentor.
Et les entrées, ah ben oui, cette semaine, ya pas d'entrée, pour cause de manque abyssal d'inspiration en la matière.
Il y a la fatigue, déjà, mais pour le reste j'ai un peu de mal à mettre le doigt dessus. Peut-être un effet de la rencontre inopinée avec un monsieur en début de semaine, que je n'avais jamais connu que tout à fait avenant et qui s'est trouvé être un peu moins sympathique que d'habitude, pour le coup. Il faut dire que j'ai la sale manie de répondre honnêtement quand on me pose une question.
- Alors, comment ça va, vous faites toujours vos petits gâteaux ?
- Ca va, enfin fatiguée, mais ça va, merci.
- Comment ça fatiguée ? mais vous étiez en vacances ! d'ailleurs je suis passé dimanche avec les petits-enfants et vous étiez pas là, alors fatiguée, hein ! vous faisiez la sieste, non ?
- Euh...
- Nan parce que vous les commerçants, au moins, vous pouvez fermer quand vous voulez, hein. Bon, c'est pas bon pour la clientèle, hein, parce que les gens ils viennent une fois, deux fois, mais si ils se cassent le nez ils reviennent pas, hein, c'est comme ça.
- ...
- Enfin vous pouvez toujours embaucher, hein, c'est pas comme les salariés, eux ils sont bien obligés de faire leur boulot hein ! ya personne pour les remplacer, ou alors hop à la porte, hein !
- ...
- Pourquoi vous me regardez comme ça ? vous avez bien les moyens d'embaucher, allez, à chaque fois que je suis venu c'était plein, vous devez avoir de quoi voir venir avec votre affaire, là.
- Euh, pas vraiment en fait...
- Ouh là, tous les commerçants que je connais ils disent ça, mais je vais vous dire, mon boucher il roule en BM, alors ! enfin c'est normal, hein, vous voulez pas que la concurrence soit au courant. Mais sérieusement, vous êtes pétés de thune, vous autres, non ?
- Par nous autres, vous voulez dire... ?
- Allez, vous avez bien compris ! au revoir, je passerai un de ces jours quand on aura les petits-enfants ! c'est que quand même ils sont bons vos petits gâteaux, là, hein !

A vrai dire je n'avais pas compris et je n'ai toujours pas vraiment compris, mais après l'ébahissement initial et le coup de colère à retardement, c'est plutôt l'abattement qui m'accable, là.
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