- Oh, je reconnais ! tu es en train de faire un poulet au curé !
Intense rigolade maternelle.
- Oui, enfin par chez nous on dit plutôt pasteur...
mardi 31 août 2010
dimanche 29 août 2010
Mais enfin ma chère, qu'eussiez-vous donc voulu que je fisse ?
C'est vrai ça, quoi, la cafelière elle me fâche (comme dirait MiniLoup), mais qu'est-ce que j'aurais pu faire d'autre, moi, à la fin ?
Laissez-moi vous raconter avec toute la neutralité d'un acteur certes engagé, mais aussi impartial qu'on peut l'être. Déjà, laissez-moi vous rappeler que la cafelière s'apprête à partir pour le Sud, qu'elle est un petit peu sur les nerfs parce que ce qu'elle avait imaginé ne se passe pas du tout comme elle l'avait imaginé et en même temps tout à fait sereine, c'est très curieux, et que ces trois derniers jours au Café Clochette ont été pleins de surprises. Tiens, hier par exemple, il y a eu un déjeuner d'anniversaire et comme c'était dimanche, c'était tout à fait inhabituel, et les petits détails de d'habitude pour un service ordinaire en étaient tout dérangés. Ca n'a l'air de rien comme ça, mais ne serait-ce que trouver du pain un dimanche matin alors que la boulangerie habituelle est fermée peut, selon le trajet qu'on emprunte pour revenir du centre ville, se transformer en balade inattendue. Une balade un jour ordinaire, on n'a jamais vu ça. Surtout en compagnie d'un MiniLoup fatigué qui marchait les yeux fermés pour montrer combien il était épuisé et a failli, paraît-il, marcher sur un pigeon par inadvertance, lui qui d'habitude fait des pieds et des mains pour les attraper en les coursant, il en était tout renversé.
Et puis la cafelière a réalisé tout à coup, après avoir ramené le MiniLoup au bercail, que c'était son dernier service avant longtemps. Elle était en train de bouger des tables quand ça l'a heurtée de plein fouet. Je le sais parce que j'étais là discrètement et que je l'ai vue se taper le front avec violence en disant "mais mais mais... c'est mon dernier service avant longtemps, ça !" Alors vous voyez, j'ai mes informations de première main quand même. Ensuite, elle posait un couteau puis une fourchette, puis un couteau puis une fourchette avec un gros soupir, comme ça jusqu'à ce que la table soit mise, avec les verres, les corbeilles à pain et les carafes d'eau. Un gros soupir à chaque fois. Les chats, l'étage au-dessus, en avaient le poil tout ébouriffé.
Après, au fond de sa cuisine, elle essuyait discrètement une petite larme après avoir rempli chaque assiette et au moment de préparer le café, elle était tellement émue qu'elle a mis une double dose dans le filtre et qu'au moment de servir, le café était tellement fort qu'on aurait pu y faire flotter un fer à cheval (j'ai de saines lectures, voyez-vous). Du coup, elle s'est rabattue sur la machine à espresso pour faire des cafés acceptables et elle s'est remise à soupirer en pensant à l'époque où elle était en quête d'une machine à café pour l'ouverture du Café Clochette. Plus de deux ans déjà. De l'eau a passé dans cette machine et sous les ponts, depuis le temps.
Un autre événement sans importance apparente, c'est la disparition du lit des bébés. La cafelière toujours soupirante a décidé qu'il ne servait jamais et qu'il vallait peut-être mieux installer à la place une table pour les jours de grande affluence. C'est que l'hiver ne va plus tarder à arriver (enfin on a encore le temps, mais je me prépare psychologiquement) et que les goûters vont voir affluer plein de moufflets et leurs mamans. Toujours est-il que pendant le papa de MiniLoup se battait avec le lit pliable, que MiniLoup se battait avec des cartons pour les mettre à plat et y faire discrètement quelques trous et que la cafelière se battait avec le lave-vaisselle qui n'avait aucune envie, apparemment, de lui livrer son contenu, je me suis dit que j'allais aider et je me suis installé devant l'ordinateur. Et bien croyez-le ou non, tout ce petit monde faisait tellement de bruit que je me suis emmêlé les pinceaux et qu'au lieu de mettre la dernière main à mon roman, j'ai par inadvertance semble-t-il écrasé la dernière version de la comptabilité du Café Clochette.
Inutile de vous dire que la cafelière a été tout à fait déconcertée, puis je l'ai vue se taper le front et cette fois elle ne s'est pas contentée de soupirer, elle a poussé un grand cri muet et elle a attendu que tout le monde soit parti se coucher le soir pour me passer un savon de première. Je ne sais pas comment elle a deviné que c'était moi. Mais enfin, qu'est-ce que j'étais sensé faire, moi, hein ? Je ne pouvais pas aider pour le lit pliable, le lave-vaisselle et moi n'entretenons qu'une relation des plus banales bonjour-bonsoir et MiniLoup, quand il manipule un couteau pour écraser des cartons, il vaut mieux ne pas s'en approcher de trop près. Elle m'a dit que j'aurais mieux fait, si je voulais vraiment aider, de prendre un balai et d'aller faire le ménage chez le Dalaï-Lama, mais je crois que c'est la colère qui parlait.
Ce matin, elle était un peu radoucie et elle m'a envoyé faire le ménage dans le garage. Encore un jour ou deux et je pourrai sûrement revenir. Enfin quand elle aura fini de ressaisir sa compta, je suis pas fou quand même. Ceci étant dit, je pourrais peut-être lui donner un coup de main.
Laissez-moi vous raconter avec toute la neutralité d'un acteur certes engagé, mais aussi impartial qu'on peut l'être. Déjà, laissez-moi vous rappeler que la cafelière s'apprête à partir pour le Sud, qu'elle est un petit peu sur les nerfs parce que ce qu'elle avait imaginé ne se passe pas du tout comme elle l'avait imaginé et en même temps tout à fait sereine, c'est très curieux, et que ces trois derniers jours au Café Clochette ont été pleins de surprises. Tiens, hier par exemple, il y a eu un déjeuner d'anniversaire et comme c'était dimanche, c'était tout à fait inhabituel, et les petits détails de d'habitude pour un service ordinaire en étaient tout dérangés. Ca n'a l'air de rien comme ça, mais ne serait-ce que trouver du pain un dimanche matin alors que la boulangerie habituelle est fermée peut, selon le trajet qu'on emprunte pour revenir du centre ville, se transformer en balade inattendue. Une balade un jour ordinaire, on n'a jamais vu ça. Surtout en compagnie d'un MiniLoup fatigué qui marchait les yeux fermés pour montrer combien il était épuisé et a failli, paraît-il, marcher sur un pigeon par inadvertance, lui qui d'habitude fait des pieds et des mains pour les attraper en les coursant, il en était tout renversé.
Et puis la cafelière a réalisé tout à coup, après avoir ramené le MiniLoup au bercail, que c'était son dernier service avant longtemps. Elle était en train de bouger des tables quand ça l'a heurtée de plein fouet. Je le sais parce que j'étais là discrètement et que je l'ai vue se taper le front avec violence en disant "mais mais mais... c'est mon dernier service avant longtemps, ça !" Alors vous voyez, j'ai mes informations de première main quand même. Ensuite, elle posait un couteau puis une fourchette, puis un couteau puis une fourchette avec un gros soupir, comme ça jusqu'à ce que la table soit mise, avec les verres, les corbeilles à pain et les carafes d'eau. Un gros soupir à chaque fois. Les chats, l'étage au-dessus, en avaient le poil tout ébouriffé.
Après, au fond de sa cuisine, elle essuyait discrètement une petite larme après avoir rempli chaque assiette et au moment de préparer le café, elle était tellement émue qu'elle a mis une double dose dans le filtre et qu'au moment de servir, le café était tellement fort qu'on aurait pu y faire flotter un fer à cheval (j'ai de saines lectures, voyez-vous). Du coup, elle s'est rabattue sur la machine à espresso pour faire des cafés acceptables et elle s'est remise à soupirer en pensant à l'époque où elle était en quête d'une machine à café pour l'ouverture du Café Clochette. Plus de deux ans déjà. De l'eau a passé dans cette machine et sous les ponts, depuis le temps.
Un autre événement sans importance apparente, c'est la disparition du lit des bébés. La cafelière toujours soupirante a décidé qu'il ne servait jamais et qu'il vallait peut-être mieux installer à la place une table pour les jours de grande affluence. C'est que l'hiver ne va plus tarder à arriver (enfin on a encore le temps, mais je me prépare psychologiquement) et que les goûters vont voir affluer plein de moufflets et leurs mamans. Toujours est-il que pendant le papa de MiniLoup se battait avec le lit pliable, que MiniLoup se battait avec des cartons pour les mettre à plat et y faire discrètement quelques trous et que la cafelière se battait avec le lave-vaisselle qui n'avait aucune envie, apparemment, de lui livrer son contenu, je me suis dit que j'allais aider et je me suis installé devant l'ordinateur. Et bien croyez-le ou non, tout ce petit monde faisait tellement de bruit que je me suis emmêlé les pinceaux et qu'au lieu de mettre la dernière main à mon roman, j'ai par inadvertance semble-t-il écrasé la dernière version de la comptabilité du Café Clochette.
Inutile de vous dire que la cafelière a été tout à fait déconcertée, puis je l'ai vue se taper le front et cette fois elle ne s'est pas contentée de soupirer, elle a poussé un grand cri muet et elle a attendu que tout le monde soit parti se coucher le soir pour me passer un savon de première. Je ne sais pas comment elle a deviné que c'était moi. Mais enfin, qu'est-ce que j'étais sensé faire, moi, hein ? Je ne pouvais pas aider pour le lit pliable, le lave-vaisselle et moi n'entretenons qu'une relation des plus banales bonjour-bonsoir et MiniLoup, quand il manipule un couteau pour écraser des cartons, il vaut mieux ne pas s'en approcher de trop près. Elle m'a dit que j'aurais mieux fait, si je voulais vraiment aider, de prendre un balai et d'aller faire le ménage chez le Dalaï-Lama, mais je crois que c'est la colère qui parlait.
Ce matin, elle était un peu radoucie et elle m'a envoyé faire le ménage dans le garage. Encore un jour ou deux et je pourrai sûrement revenir. Enfin quand elle aura fini de ressaisir sa compta, je suis pas fou quand même. Ceci étant dit, je pourrais peut-être lui donner un coup de main.
samedi 28 août 2010
Filet de volaille au chavignol
De retour d'un périple berrichon, le souvenir de la gastronomie locale m'a titillée. Alors, faute de maîtriser la technique des oeufs pochés pour faire des oeufs en meurette, j'ai tenté d'imiter un plat dégusté dans un restaurant sancerrois en agréable compagnie, un repas savoureux et serein, n'eut été la fâcheuse interruption de monsieur mon banquier, mais enfin passons. Après quelques tâtonnements, je crois avoir réussi à approcher le modèle, quoique rien ne vaut de déguster l'original à l'Auberge Joseph Mellot, avec un verre de Pouilly Fumé, par exemple, après un tour dans la ville fortifiée.
Filet de volaille au chavignol
Hachez au robot ménager huit blancs de poulet crus et deux crottins de Chavignol affinés. Attention, n'en faites pas de la purée, il faut qu'il reste des morceaux. Ajoutez un bon verre de crème, salez légèrement, poivrez au poivre vert et tassez la pâte obtenue dans des petits ramequins. Faites cuire au bain-marie pendant une vingtaine de minutes.
Servez avec des pâtes fraîches et une petite réduction de crème avec une pointe de curry, du sel et du poivre.
Là, permettez que je vous laisse, à cette heure-ci je suis carcassée.
Filet de volaille au chavignol
Hachez au robot ménager huit blancs de poulet crus et deux crottins de Chavignol affinés. Attention, n'en faites pas de la purée, il faut qu'il reste des morceaux. Ajoutez un bon verre de crème, salez légèrement, poivrez au poivre vert et tassez la pâte obtenue dans des petits ramequins. Faites cuire au bain-marie pendant une vingtaine de minutes.
Servez avec des pâtes fraîches et une petite réduction de crème avec une pointe de curry, du sel et du poivre.
Là, permettez que je vous laisse, à cette heure-ci je suis carcassée.
jeudi 26 août 2010
Le manuscrit
L'histoire du Café Clochette est désormais disponible !
L'annonce est, certes, un rien prématurée pour ce qui est du livre (et j'en rêve pourtant : j'ai tant aimé recevoir mes exemplaires d'auteur, à chaque fois c'est le même frisson quand on caresse la couverture, qu'on tourne et retourne l'objet pour l'examiner sous toutes ses coutures, le papier, l'illustration de couverture, la quatrième, qu'on contemple son nom sous le nom de l'auteur...), mais le pari que je m'étais étourdiment lancé en guise de gros lot pour le nirvana des cartes de fidélité a été réussi en début d'été, c'est toujours ça. Avant de partir et avant que le livre n'existe, peut-être, un jour, je vous fais une offre à saisir rapidement : si vous souhaitez recevoir le manuscrit en format PDF, avec ses coquilles et ses imperfections, c'est possible, à charge pour vous de me donner votre avis une fois que vous l'aurez parcouru. Il contient des billets du blog depuis ses débuts, en retraçant les péripéties, les joizélémizères et les frasques des chats et du MiniLoup locaux, ainsi qu'une sélection de recettes.
Envoyez-moi un mail à l'adresse du Café Clochette et je vous l'enverrai dans les meilleurs délais... tant que je suis là.
PS. Alphonse me fait dire qu'il est très vexé que je ne l'aie pas mentionné dans ce billet. Alphonse, mon cher, vous savez bien que je ne vous ai point oublié. C'est juste histoire de faire durer le suspense...
L'annonce est, certes, un rien prématurée pour ce qui est du livre (et j'en rêve pourtant : j'ai tant aimé recevoir mes exemplaires d'auteur, à chaque fois c'est le même frisson quand on caresse la couverture, qu'on tourne et retourne l'objet pour l'examiner sous toutes ses coutures, le papier, l'illustration de couverture, la quatrième, qu'on contemple son nom sous le nom de l'auteur...), mais le pari que je m'étais étourdiment lancé en guise de gros lot pour le nirvana des cartes de fidélité a été réussi en début d'été, c'est toujours ça. Avant de partir et avant que le livre n'existe, peut-être, un jour, je vous fais une offre à saisir rapidement : si vous souhaitez recevoir le manuscrit en format PDF, avec ses coquilles et ses imperfections, c'est possible, à charge pour vous de me donner votre avis une fois que vous l'aurez parcouru. Il contient des billets du blog depuis ses débuts, en retraçant les péripéties, les joizélémizères et les frasques des chats et du MiniLoup locaux, ainsi qu'une sélection de recettes.
Envoyez-moi un mail à l'adresse du Café Clochette et je vous l'enverrai dans les meilleurs délais... tant que je suis là.
PS. Alphonse me fait dire qu'il est très vexé que je ne l'aie pas mentionné dans ce billet. Alphonse, mon cher, vous savez bien que je ne vous ai point oublié. C'est juste histoire de faire durer le suspense...
mercredi 25 août 2010
L'énigmatique être des choses
C'est tout bête. Je me retrouve au milieu de ma cuisine et je contemple les choses.
Le robot ménager, Trancrède de son petit nom, dernier arrivé ici et rutilant comme au premier jour. Souvenez-vous, l'inquiétude à la lecture du manuel... depuis, on s'est habitués l'un à l'autre et nous travaillons en bonne intelligence. Un objet qui ne fait pas semblant d'être plus futé que moi m'est sympathique a priori - pas comme mon nouveau téléphone, par exemple. Impossible de compter le nombre de carottes râpées avec lui - avec Tancrède, je veux dire, pas avec ce fat de téléphone - ni la quantité de pâte à sablés que nous avons confectionnée ensemble, chacun dans son rôle. Il va me manquer.
Cunégonde, la cuisinière, a ses humeurs de temps en temps et il faut savoir placer les sablés de façon stratégique sur la tôle à pâtisserie pour éviter le point froid sur la position la plus basse du four. Il faut aussi avoir la mémoire du bout du doigt pour appuyer cinq fois de suite sur l'écran tactile pour mettre le four en chaleur tournante à 180°C, la position la plus utilisée : c'est un geste réflexe. Elle va beaucoup me manquer, Cunégonde.
La machine à faire les frites, Hildegonde, même si elle ne sert pas aussi souvent qu'à son arrivée, est aussi une compagne fidèle. De temps en temps, avec MiniLoup, on la sort juste pour nous, un peu en contrebande, avec l'impression de vivre dangereusement, pendant qu'on fait chauffer l'eau à la sauvette pour les frankfort et qu'on sort le ketchup discrètement. C'est que dans un restaurant, on a sa fierté quand même, la gastronomie, tout ça... Pourquoi vous riez ? je peux bien me hausser du col, quand même, des fois, non ? Peut-être pas, non. Il suffit de penser aux autres machines pour réaliser que sans elles, je ne suis pas grand-chose dans cette cuisine.
Tiens, la machine à café, par exemple. Après avoir cherché pendant des mois LA machine, cru la rencontrer à tous les coins de rue et renoncé plusieurs fois, celle qui a fini par faire son trou sur mon plan de travail ne paie pas de mine, se fait toute discrète et fait un très bon café. Moi, j'ai juste à appuyer sur le bouton, j'y suis pour rien.
Et le petit frigo, avec ses cubis de jus de fruit qu'il faut avoir le pouce léger pour ne pas contrarier. Et le tiroir à bazar tant aimé de MiniLoup, plein d'épluche-légumes, de râpes à muscade, de bouchons en liège et de pinces à sac... avec la balance électronique perchée sur le fourbi en équilibre instable et que je ne mettrais pourtant ailleurs pour rien au monde, tant le geste pour l'attraper est automatique quand j'ai dans l'autre main un paquet de farine sans gluten qui menace de s'ouvrir et d'en mettre partout.
Il y a aussi les placards à réserve, avec leur rangement aléatoire puisqu'il répond, non pas à une logique de quelque ordre que ce soit, mais à un remplissage progressif au cours des mois. Maintenant, il est logique pour moi d'aller chercher le sucre à côté des amandes en poudre, alors que la farine est dans le placard du pesto et des cornichons. Le café est avec les flocons de millet, alors que les flocons de châtaigne, riz et sarrasin sont posés sur les petits pots des bébés, qui cohabitent avec les noix de cajou. Le placard aux épices est scindé en trois, et personne à part moi ne saurait retrouver ici un sachet de cardamome en mois de 15 mn.
Je vous le dis, ça va être coton de transmettre tous ces petits trucs, gestes et automatismes. Je suis comme un poisson dans l'eau dans cet endroit organisé petit à petit par les gestes du quotidien, comment aider quelqu'un d'autre à s'y installer ? On ne peut pas, sans doute. Il va falloir que la nouvelle cafelière - car nouvelle cafelière il y aura, dès la semaine prochaine j'espère - s'y fasse à son rythme et apprivoise les objets comme je l'ai fait à mon époque.
Ah ! nostalgie ! Enfin, relativisons. Un certain Thornton Wilder aurait dit "c'est lorsque vous avez chaussé vos pantoufles que vous rêvez d'aventure. En pleine aventure, vous avez la nostalgie de vos pantoufles." Tenons-nous-le pour dit.
Le robot ménager, Trancrède de son petit nom, dernier arrivé ici et rutilant comme au premier jour. Souvenez-vous, l'inquiétude à la lecture du manuel... depuis, on s'est habitués l'un à l'autre et nous travaillons en bonne intelligence. Un objet qui ne fait pas semblant d'être plus futé que moi m'est sympathique a priori - pas comme mon nouveau téléphone, par exemple. Impossible de compter le nombre de carottes râpées avec lui - avec Tancrède, je veux dire, pas avec ce fat de téléphone - ni la quantité de pâte à sablés que nous avons confectionnée ensemble, chacun dans son rôle. Il va me manquer.
Cunégonde, la cuisinière, a ses humeurs de temps en temps et il faut savoir placer les sablés de façon stratégique sur la tôle à pâtisserie pour éviter le point froid sur la position la plus basse du four. Il faut aussi avoir la mémoire du bout du doigt pour appuyer cinq fois de suite sur l'écran tactile pour mettre le four en chaleur tournante à 180°C, la position la plus utilisée : c'est un geste réflexe. Elle va beaucoup me manquer, Cunégonde.
La machine à faire les frites, Hildegonde, même si elle ne sert pas aussi souvent qu'à son arrivée, est aussi une compagne fidèle. De temps en temps, avec MiniLoup, on la sort juste pour nous, un peu en contrebande, avec l'impression de vivre dangereusement, pendant qu'on fait chauffer l'eau à la sauvette pour les frankfort et qu'on sort le ketchup discrètement. C'est que dans un restaurant, on a sa fierté quand même, la gastronomie, tout ça... Pourquoi vous riez ? je peux bien me hausser du col, quand même, des fois, non ? Peut-être pas, non. Il suffit de penser aux autres machines pour réaliser que sans elles, je ne suis pas grand-chose dans cette cuisine.
Tiens, la machine à café, par exemple. Après avoir cherché pendant des mois LA machine, cru la rencontrer à tous les coins de rue et renoncé plusieurs fois, celle qui a fini par faire son trou sur mon plan de travail ne paie pas de mine, se fait toute discrète et fait un très bon café. Moi, j'ai juste à appuyer sur le bouton, j'y suis pour rien.
Et le petit frigo, avec ses cubis de jus de fruit qu'il faut avoir le pouce léger pour ne pas contrarier. Et le tiroir à bazar tant aimé de MiniLoup, plein d'épluche-légumes, de râpes à muscade, de bouchons en liège et de pinces à sac... avec la balance électronique perchée sur le fourbi en équilibre instable et que je ne mettrais pourtant ailleurs pour rien au monde, tant le geste pour l'attraper est automatique quand j'ai dans l'autre main un paquet de farine sans gluten qui menace de s'ouvrir et d'en mettre partout.
Il y a aussi les placards à réserve, avec leur rangement aléatoire puisqu'il répond, non pas à une logique de quelque ordre que ce soit, mais à un remplissage progressif au cours des mois. Maintenant, il est logique pour moi d'aller chercher le sucre à côté des amandes en poudre, alors que la farine est dans le placard du pesto et des cornichons. Le café est avec les flocons de millet, alors que les flocons de châtaigne, riz et sarrasin sont posés sur les petits pots des bébés, qui cohabitent avec les noix de cajou. Le placard aux épices est scindé en trois, et personne à part moi ne saurait retrouver ici un sachet de cardamome en mois de 15 mn.
Je vous le dis, ça va être coton de transmettre tous ces petits trucs, gestes et automatismes. Je suis comme un poisson dans l'eau dans cet endroit organisé petit à petit par les gestes du quotidien, comment aider quelqu'un d'autre à s'y installer ? On ne peut pas, sans doute. Il va falloir que la nouvelle cafelière - car nouvelle cafelière il y aura, dès la semaine prochaine j'espère - s'y fasse à son rythme et apprivoise les objets comme je l'ai fait à mon époque.
Ah ! nostalgie ! Enfin, relativisons. Un certain Thornton Wilder aurait dit "c'est lorsque vous avez chaussé vos pantoufles que vous rêvez d'aventure. En pleine aventure, vous avez la nostalgie de vos pantoufles." Tenons-nous-le pour dit.
lundi 23 août 2010
Rien ne va plus
Les cartes sont sur la table, la roulette est lancée et les dés sont jetés. Et maintenant, qu'est-ce qui se passe ?
Quand un prêtre corpulent fait l'éloge de ceux qui passent par la porte étroite, qui croire ? Cette question fait partie de celles que je rapporte de ce voyage estival en compagnie d'un petit bonhomme amateur de jardinage et de châteaux de sable et fasciné par le dragon de Saint-Georges. Nous avons visité un certain nombre d'édifices religieux et, coïncidence sans doute, à chaque fois nous y avons rencontré ce pauvre dragon en train d'être occis à dextre et à senestre par ce monsieur. Je me suis toujours demandé sur quel genre d'animal il avait dû s'entraîner avant - un genre de tortue, à mon avis. Dans le Berry, Mini-Loup a appris à tenir un chien fou-fou en laisse et à reconnaître un cep de vigne et une chèvre et à arroser les fleurs. Dans la Loire, il a posé des tas de questions sur les chevaliers et pourquoi ils construisaient leur château dans l'eau ("tu crois que c'est pour attraper des poissons dans la cave, dis, maman ?"). Sur la côte, il a voulu savoir si les mouettes du Gois se réunissaient pour discuter de l'heure de la marée. De retour à Rennes, il a combiné gratouillis à Clochette et réinvestissement de son épée intergalactique. A l'heure où je vous écris, il est quelque part dans la maison en train de parler aux chats de son voyage, lesquels chats s'efforcent de préserver, sans grand espoir, leur tranquillité relative gagnée en dix jours de vacances. A moins qu'ils ne contemplent ébahis le loupinet en plein démontage de fer à repasser en panne. Et moi, je m'interroge. Et maintenant, qu'est-ce qui se passe ?
Cette semaine, dernière semaine de vacances pour la plupart de nos enfants, va être agitée au Café Clochette, entre le retour au boulot de l'équipe habituelle et l'organisation de la période à venir. Car en septembre, c'est décidé, je mets les voiles. Ce qui ne va pas sans poser un certain nombre de problèmes logistiques, ne serait-ce que régler le délicat problème de l'ouverture du Café Clochette lorsque sa cafelière en titre est à quelque sept cent kilomètres et des poussières. Il y a aussi le problème récurrent de la compta qui s'entasse et des coups de fil urgents à passer à la banque, aux fournisseurs et à ces messieurs-dames du RSI qui n'ont pas l'air d'être en vacances, eux. Et qui me rajoutent par leur dernier courrier du pain sur la planche (à repasser).
Comme, n'en doutons pas, les prochains jours vont être riches en événements, on va voir, mes amis, ce qu'on va voir. Et après ça, il n'y aura plus qu'à y aller.
Quand un prêtre corpulent fait l'éloge de ceux qui passent par la porte étroite, qui croire ? Cette question fait partie de celles que je rapporte de ce voyage estival en compagnie d'un petit bonhomme amateur de jardinage et de châteaux de sable et fasciné par le dragon de Saint-Georges. Nous avons visité un certain nombre d'édifices religieux et, coïncidence sans doute, à chaque fois nous y avons rencontré ce pauvre dragon en train d'être occis à dextre et à senestre par ce monsieur. Je me suis toujours demandé sur quel genre d'animal il avait dû s'entraîner avant - un genre de tortue, à mon avis. Dans le Berry, Mini-Loup a appris à tenir un chien fou-fou en laisse et à reconnaître un cep de vigne et une chèvre et à arroser les fleurs. Dans la Loire, il a posé des tas de questions sur les chevaliers et pourquoi ils construisaient leur château dans l'eau ("tu crois que c'est pour attraper des poissons dans la cave, dis, maman ?"). Sur la côte, il a voulu savoir si les mouettes du Gois se réunissaient pour discuter de l'heure de la marée. De retour à Rennes, il a combiné gratouillis à Clochette et réinvestissement de son épée intergalactique. A l'heure où je vous écris, il est quelque part dans la maison en train de parler aux chats de son voyage, lesquels chats s'efforcent de préserver, sans grand espoir, leur tranquillité relative gagnée en dix jours de vacances. A moins qu'ils ne contemplent ébahis le loupinet en plein démontage de fer à repasser en panne. Et moi, je m'interroge. Et maintenant, qu'est-ce qui se passe ?
Cette semaine, dernière semaine de vacances pour la plupart de nos enfants, va être agitée au Café Clochette, entre le retour au boulot de l'équipe habituelle et l'organisation de la période à venir. Car en septembre, c'est décidé, je mets les voiles. Ce qui ne va pas sans poser un certain nombre de problèmes logistiques, ne serait-ce que régler le délicat problème de l'ouverture du Café Clochette lorsque sa cafelière en titre est à quelque sept cent kilomètres et des poussières. Il y a aussi le problème récurrent de la compta qui s'entasse et des coups de fil urgents à passer à la banque, aux fournisseurs et à ces messieurs-dames du RSI qui n'ont pas l'air d'être en vacances, eux. Et qui me rajoutent par leur dernier courrier du pain sur la planche (à repasser).
Comme, n'en doutons pas, les prochains jours vont être riches en événements, on va voir, mes amis, ce qu'on va voir. Et après ça, il n'y aura plus qu'à y aller.
mardi 17 août 2010
Outfoxed ; ou, un beau jour c'est lui qui le dit
- Maman, mes cheveux ils ont froid.
- Ah ? et bien ils sont lavés, ils peuvent sortir de la douche si ils veulent.
- Pfff ! naaaan !
- Ah, pourquoi ?
- Et mes zoeils ils ont froid aussi.
- Ils sont pas sales, ils peuvent sortir aussi.
- Maaaa naaaaan ! Et mes orteils ils ont très froid, aussi.
- Bon, alors tout ce qui a froid et qui est propre peut sortir de la douche, hop.
- Mah c'est pas possib' !
- Et pourquoi pas ?
- Ben paske c'est pas possib' !
- Et pourquoi ?
- Paske c'est comme ça.
- Ah ? et bien ils sont lavés, ils peuvent sortir de la douche si ils veulent.
- Pfff ! naaaan !
- Ah, pourquoi ?
- Et mes zoeils ils ont froid aussi.
- Ils sont pas sales, ils peuvent sortir aussi.
- Maaaa naaaaan ! Et mes orteils ils ont très froid, aussi.
- Bon, alors tout ce qui a froid et qui est propre peut sortir de la douche, hop.
- Mah c'est pas possib' !
- Et pourquoi pas ?
- Ben paske c'est pas possib' !
- Et pourquoi ?
- Paske c'est comme ça.
dimanche 15 août 2010
En fait
- Bon, mon loup, demain on part en vacances, d'accord ?
- Ouaaaaais ! on va faire du camping ?
- Oui, on met toutes les affaires dans la voiture et on tape la route.
- Pourquoi on tape la route, elle est pas plate ?
- Euh... si. Bon, tu vas faire ton sac ?
- Ouaiiiiiis ! je prends que des petites voitures ou des chaussettes aussi ?
Dans la nuit, la cafelière commence à ressentir une douleur localisée au niveau de son appendice nasal, côté gauche, et se dit que zut, elle aura l'air malin avec un petit bouton sur le bout du nez, en camping. En fait de petit bouton, c'est le nez en aubergine qu'elle se réveille le lendemain matin. Le docteur quelques heures plus tard : "oh le joli cas d'hérésie-pèle !" C'est un rigolo, le docteur. Résultat, on ne part pas.
- Bon, mon loup, on part demain, d'accord ?
- Si ton nez il est redevenu rose, tu veux dire ?
- Mouis, en gros c'est ce que je veux dire.
- Mais pourquoi tu peux pas conduire avec le nez rouge ?
- Euh... j't'expliquerai plus tard, ok ?
Le lendemain, MiniLoup est victime d'une foudroyante attaque d'eczéma qui le prend en traître et nous oblige à reporter le voyage.
- Bon, mon loup...
- Ouais, je sais. J'enlève quoi du sac, les chaussettes ou les petites voitures ?
Le lendemain, on se lève prudemment, on se rend au garage à pas feutrés, aucune catastrophe en vue, on met vite les sacs dans la voiture et on paaaaart !
- T'as vu mon loup, on a réussi à partir aujourd'hui !
- Oui maman, mais elle est où la tente ?
- Elle est... Ah oui.
On est retournés chercher la tente. Résultat des courses, on arrive chez la Mouette à pas d'heure, mais c'est les vacances, youpi ! Bon, je manque m'ouvrir la tête en heurtant du nez une poutre en béton dans le garage, mais c'est les vacances, youpi, et puis côté couleur on ne voit pas trop la différence de toute façon. Stéphanie-la-mouette nous reçoit comme des cocottes en patate avec sa cuisine délicieuse et en plus, ce soir, il y a des pestacles dans la ville et des lumières partout et c'est beau et c'est une belle ballade. Il y a un même un dragon qui crache du feu avant de se faire dézinguer par un ardent chevalier et qui fait "presque pas peur" au petit loup.
Le lendemain, une nouvelle ballade dans la vieille ville et nous ne nous décidons pas à partir, du coup on reste, on discute, et on se raconte nos péripéties respectives. Quand on revient à la voiture, sous une pluie assez humidifiante ma foi, tiens c'est curieux, pourquoi les phares sont allumés, et tout pâles ? Tiens oui.
Panne de batterie. La mouette sait se servir des câbles et le papa de MiniLoup est prévoyant, il y en a dans mon coffre. J'ai donc appris à me servir des câbles de boost, par contre la voiture a décidé que partir en vacances sans lui changer sa batterie, ça ne se faisait pas. Elle refuse de redémarrer. MiniLoup dans son siège à l'arrière commente les tentatives. "Maman, pourquoi la bactérie elle veut pas repartir ?" Sûrement parce que je déborde d'antibiotiques, je ne vois que ça.
Allo l'assurance ? allo le réparateur ? ah bravo le réparateur ! ah elle ne tiendra pas la batterie ?... ah, il faut aller à N*raut* ? tiens ? route de Tours ? ah bon, d'accord. C'est sans compter avec mon sens de l'orientation un rien défaillant, mais entre la lecture de la mousse sur les arbres et la navigation aux étoiles, après avoir retenu ma respiration à tous les feux rouges à écouter le moteur avec inquiétude, je finis par trouver un N*oraut* qui accepte, contre une somme que je comptais hélas consacrer à quelques nuits sous la tente, de me changer la batterie de Madame Titine. MiniLoup dort benoîtement à l'arrière. Il se réveillera deux cent kilomètres plus loin, sous une pluie battante, quand un gendarme muni d'un bâton lumineux requérera l'arrêt de Madame Titine. Les papiers ? oui bien sûr... ah non tiens, c'est le papa de MiniLoup qui les a. Mais j'ai des câbles de démarrage, si vous voulez... Et bien croyez-le ou non, entre mon nez en aubergine, mon fiston sur le siège arrière, la pluie battante et l'histoire de la batterie, le gendarme il a dû se dire que ça faisait assez pour la journée et on est repartis avec un "allez, courage ma ptite dame, vous y êtes presque dans le Berry !"
Oui, on y était presque. Enfin avec mon sens de l'orientation, tout ça, et bien je me suis perdue sur les petites routes et on s'est retrouvés dans un chemin creux entre vignes. Au moment où un cri de désespoir s'échappait de ma poitrine comprimée par le destin, du haut d'une colline, on a vu éclater sur le côteau d'en face un feu d'artifice, dites donc. Alors on s'est arrêtés, MiniLoup, Madame Titine et moi, et on a regardé le feu d'artifice. Et c'était beau.
Quand on est repartis, une petite voix flûtée à l'arrière a fait : "ben c'était pas si compliqué en fait". Si c'est pas une belle leçon de vie, ça, je sais pas ce que c'est.
- Ouaaaaais ! on va faire du camping ?
- Oui, on met toutes les affaires dans la voiture et on tape la route.
- Pourquoi on tape la route, elle est pas plate ?
- Euh... si. Bon, tu vas faire ton sac ?
- Ouaiiiiiis ! je prends que des petites voitures ou des chaussettes aussi ?
Dans la nuit, la cafelière commence à ressentir une douleur localisée au niveau de son appendice nasal, côté gauche, et se dit que zut, elle aura l'air malin avec un petit bouton sur le bout du nez, en camping. En fait de petit bouton, c'est le nez en aubergine qu'elle se réveille le lendemain matin. Le docteur quelques heures plus tard : "oh le joli cas d'hérésie-pèle !" C'est un rigolo, le docteur. Résultat, on ne part pas.
- Bon, mon loup, on part demain, d'accord ?
- Si ton nez il est redevenu rose, tu veux dire ?
- Mouis, en gros c'est ce que je veux dire.
- Mais pourquoi tu peux pas conduire avec le nez rouge ?
- Euh... j't'expliquerai plus tard, ok ?
Le lendemain, MiniLoup est victime d'une foudroyante attaque d'eczéma qui le prend en traître et nous oblige à reporter le voyage.
- Bon, mon loup...
- Ouais, je sais. J'enlève quoi du sac, les chaussettes ou les petites voitures ?
Le lendemain, on se lève prudemment, on se rend au garage à pas feutrés, aucune catastrophe en vue, on met vite les sacs dans la voiture et on paaaaart !
- T'as vu mon loup, on a réussi à partir aujourd'hui !
- Oui maman, mais elle est où la tente ?
- Elle est... Ah oui.
On est retournés chercher la tente. Résultat des courses, on arrive chez la Mouette à pas d'heure, mais c'est les vacances, youpi ! Bon, je manque m'ouvrir la tête en heurtant du nez une poutre en béton dans le garage, mais c'est les vacances, youpi, et puis côté couleur on ne voit pas trop la différence de toute façon. Stéphanie-la-mouette nous reçoit comme des cocottes en patate avec sa cuisine délicieuse et en plus, ce soir, il y a des pestacles dans la ville et des lumières partout et c'est beau et c'est une belle ballade. Il y a un même un dragon qui crache du feu avant de se faire dézinguer par un ardent chevalier et qui fait "presque pas peur" au petit loup.
Le lendemain, une nouvelle ballade dans la vieille ville et nous ne nous décidons pas à partir, du coup on reste, on discute, et on se raconte nos péripéties respectives. Quand on revient à la voiture, sous une pluie assez humidifiante ma foi, tiens c'est curieux, pourquoi les phares sont allumés, et tout pâles ? Tiens oui.
Panne de batterie. La mouette sait se servir des câbles et le papa de MiniLoup est prévoyant, il y en a dans mon coffre. J'ai donc appris à me servir des câbles de boost, par contre la voiture a décidé que partir en vacances sans lui changer sa batterie, ça ne se faisait pas. Elle refuse de redémarrer. MiniLoup dans son siège à l'arrière commente les tentatives. "Maman, pourquoi la bactérie elle veut pas repartir ?" Sûrement parce que je déborde d'antibiotiques, je ne vois que ça.
Allo l'assurance ? allo le réparateur ? ah bravo le réparateur ! ah elle ne tiendra pas la batterie ?... ah, il faut aller à N*raut* ? tiens ? route de Tours ? ah bon, d'accord. C'est sans compter avec mon sens de l'orientation un rien défaillant, mais entre la lecture de la mousse sur les arbres et la navigation aux étoiles, après avoir retenu ma respiration à tous les feux rouges à écouter le moteur avec inquiétude, je finis par trouver un N*oraut* qui accepte, contre une somme que je comptais hélas consacrer à quelques nuits sous la tente, de me changer la batterie de Madame Titine. MiniLoup dort benoîtement à l'arrière. Il se réveillera deux cent kilomètres plus loin, sous une pluie battante, quand un gendarme muni d'un bâton lumineux requérera l'arrêt de Madame Titine. Les papiers ? oui bien sûr... ah non tiens, c'est le papa de MiniLoup qui les a. Mais j'ai des câbles de démarrage, si vous voulez... Et bien croyez-le ou non, entre mon nez en aubergine, mon fiston sur le siège arrière, la pluie battante et l'histoire de la batterie, le gendarme il a dû se dire que ça faisait assez pour la journée et on est repartis avec un "allez, courage ma ptite dame, vous y êtes presque dans le Berry !"
Oui, on y était presque. Enfin avec mon sens de l'orientation, tout ça, et bien je me suis perdue sur les petites routes et on s'est retrouvés dans un chemin creux entre vignes. Au moment où un cri de désespoir s'échappait de ma poitrine comprimée par le destin, du haut d'une colline, on a vu éclater sur le côteau d'en face un feu d'artifice, dites donc. Alors on s'est arrêtés, MiniLoup, Madame Titine et moi, et on a regardé le feu d'artifice. Et c'était beau.
Quand on est repartis, une petite voix flûtée à l'arrière a fait : "ben c'était pas si compliqué en fait". Si c'est pas une belle leçon de vie, ça, je sais pas ce que c'est.
Libellés :
Ca veut pas,
Le monde est mon huître,
Péripéties
mercredi 11 août 2010
samedi 7 août 2010
Hep !
- Hep, serveur ! dites-moi, on est les seuls clients, là ? oui ? euh... c'est bon ce que vous faites à manger, au moins ? Ah, c'est juste que c'est l'été ? ah bon, si vous le dites... Bon, vous me mettrez une assiette de croquettes ? Comment ça "non" ? et après vous vous étonnez de ne pas avoir de clients ! forcément ! non mais des fois ! "non", qu'elle dit !
Ce soir, après le service, le Café Clochette met la clé sous la porte pour deux semaines. Nous vous retrouverons le mercredi 25 août dès midi.
Bonnes vacances à tous !
Ce soir, après le service, le Café Clochette met la clé sous la porte pour deux semaines. Nous vous retrouverons le mercredi 25 août dès midi.
Bonnes vacances à tous !
vendredi 6 août 2010
Aïe have a faïe
Les fidèles lecteurs de ce blog connaissent ma faille secrète. Mon talon d'Achille. Mon miroir de Narcisse. L'allumette de Néron. Euh... non. Enfin bref. Je disais donc que j'avais une faille et que certains d'entre vous par ici la connaissent. C'est une faille très ennuyeuse pour qui se targue de travailler dans une cuisine professionnelle, pleine de couteaux très coupants, de mandolines perfides et d'éclats de porcelaine périodiques. C'est une faille encore plus ennuyeuse pour quelqu'un dont le manque de sommeil se traduit par une... une... zut, comment on dit déjà ? ah oui, une, euh... une distraction euh... abyssale. Et une maladresse subséquente et malencontreuse.
Alors voilà : ces derniers temps, l'insomnie a retrouvé le chemin de mon lit et ne me quitte plus guère, du coup je suis un brin épuisée malgré les siestes en compagnie de MiniLoup (et de son épée intergalactique qui ne le quitte plus, elle non plus) et j'ai une certaine tendance à ne pas regarder ce que je fais quand je fais autre chose que m'occuper les mains en cuisine. Y compris quand je coupe, à l'aide de mon merveilleux nouveau couteau japonais acquis en début de semaine en compagnie de MiniLoup, de son épée et d'un presse-citron que le mominet avait absolument tenu à emmener en virée, des patates pour la purée au romarin pour le parmentier de canard confit de samedi. Et zifff, une belle coupure bien nette sur le pouce de la cafelière.
Qui, comme l'implique sa fameuse faille dont je ne cesse de vous causer, s'est évanouie avec élégance une fois le pouce pansé (hihi, c'est rigolo, le pouce pansé). Bloum. Comme ça. C'est ballot quand même. Heureusement que Aude était là pour prendre la relève du service de thés et pâtisseries diverses et pour finir de découper les patates, y ajouter le romarin et mettre le tout à frissonner sur un coin de feu. Et que Christine a retrouvé dans son cellier une paire de gants de ménage qui va me permettre de ménager mes névroses en protégeant mon pansement sur le bout de mon doigt où se trouve la coupure. Aïe.
Enfin le bon côté des choses, c'est qu'au moins, au Café Clochette, ça ne choquera personne si je me balade avec au bout du doigt une poupée...
Alors voilà : ces derniers temps, l'insomnie a retrouvé le chemin de mon lit et ne me quitte plus guère, du coup je suis un brin épuisée malgré les siestes en compagnie de MiniLoup (et de son épée intergalactique qui ne le quitte plus, elle non plus) et j'ai une certaine tendance à ne pas regarder ce que je fais quand je fais autre chose que m'occuper les mains en cuisine. Y compris quand je coupe, à l'aide de mon merveilleux nouveau couteau japonais acquis en début de semaine en compagnie de MiniLoup, de son épée et d'un presse-citron que le mominet avait absolument tenu à emmener en virée, des patates pour la purée au romarin pour le parmentier de canard confit de samedi. Et zifff, une belle coupure bien nette sur le pouce de la cafelière.
Qui, comme l'implique sa fameuse faille dont je ne cesse de vous causer, s'est évanouie avec élégance une fois le pouce pansé (hihi, c'est rigolo, le pouce pansé). Bloum. Comme ça. C'est ballot quand même. Heureusement que Aude était là pour prendre la relève du service de thés et pâtisseries diverses et pour finir de découper les patates, y ajouter le romarin et mettre le tout à frissonner sur un coin de feu. Et que Christine a retrouvé dans son cellier une paire de gants de ménage qui va me permettre de ménager mes névroses en protégeant mon pansement sur le bout de mon doigt où se trouve la coupure. Aïe.
Enfin le bon côté des choses, c'est qu'au moins, au Café Clochette, ça ne choquera personne si je me balade avec au bout du doigt une poupée...
mercredi 4 août 2010
On sait comment ça commence...
- Maman ?
- Attends mon loup, je fais un gâteau, là.
- Oui mais tu peux me dire quand même ?
- Te dire quoi ?
- Pourquoi tu fais un gâteau, d'abord ?
- Pour les gens qui viennent au Café Clochette, comme ça si ils veulent du dessert, ils peuvent manger du gâteau.
- Ah. Et pourquoi ils viennent au Café Clochette, les gens ?
- Ben parce que c'est un restaurant, tu vois.
- Ah. Et pourquoi c'est un restaurant ?
- Euh... et bien comme ça je peux gagner des sous, et acheter la maison.
- Ah. Et pourquoi tu achètes la maison ?
- Euh... et bien pour pouvoir habiter quelque part avec toi, et avec les chats, tu vois.
- Ah. Et pourquoi on a des chats ?
- Euh... pour avoir chaud aux pieds la nuit en hiver ?
- Ah. Et pourquoi en hiver ?
- Euh... parce qu'en hiver il arrive qu'il fasse froid dans la maison si j'oublie de mettre le chauffage.
- Ah. Alors on pourrait déménager et comme ça on aurait plus froid aux pieds et comme ça les gens ils viendraient plus et comme ça tu ferais pas des gâteaux tout le temps et comme ça tu pourrais répondre à mes questions ?
- Euh...
- Attends mon loup, je fais un gâteau, là.
- Oui mais tu peux me dire quand même ?
- Te dire quoi ?
- Pourquoi tu fais un gâteau, d'abord ?
- Pour les gens qui viennent au Café Clochette, comme ça si ils veulent du dessert, ils peuvent manger du gâteau.
- Ah. Et pourquoi ils viennent au Café Clochette, les gens ?
- Ben parce que c'est un restaurant, tu vois.
- Ah. Et pourquoi c'est un restaurant ?
- Euh... et bien comme ça je peux gagner des sous, et acheter la maison.
- Ah. Et pourquoi tu achètes la maison ?
- Euh... et bien pour pouvoir habiter quelque part avec toi, et avec les chats, tu vois.
- Ah. Et pourquoi on a des chats ?
- Euh... pour avoir chaud aux pieds la nuit en hiver ?
- Ah. Et pourquoi en hiver ?
- Euh... parce qu'en hiver il arrive qu'il fasse froid dans la maison si j'oublie de mettre le chauffage.
- Ah. Alors on pourrait déménager et comme ça on aurait plus froid aux pieds et comme ça les gens ils viendraient plus et comme ça tu ferais pas des gâteaux tout le temps et comme ça tu pourrais répondre à mes questions ?
- Euh...
lundi 2 août 2010
Semaine pleine d'étoiles
Comme Aude vous en faisait part il y a quelques jours, la première semaine du mois d'août, le Café Clochette se mettra à l'heure des étoiles filantes. Nous installerons un coin pour zieuter en temps réel la carte du ciel, il y aura des récits inspirés de la mythologie et des crêpes en robe lunaire.
Venez donc faire un tour, levez le nez vers les étoiles, et si vous désirez manger, n'oubliez pas de réserver !
Venez donc faire un tour, levez le nez vers les étoiles, et si vous désirez manger, n'oubliez pas de réserver !
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