vendredi 16 octobre 2009

Confessions du douanier Rousseau

Aujourd'hui, c'est une journée bizarre. Déjà, MiniLoup est balade et il a séché l'école (quand j'étais petite, je croyais qu'on ne pouvait sécher l'école que les jours de pluie, d'où peut-être une réputation totalement usurpée de bonne élève : sur ce coup-là, c'était juste une question de manque de vocabulaire) et il est en train de ronfloter gentiment, sa petite patte de loup serrée autour de son caillou qui sert à faire du feu (car après la période dinosaures, il entre dans la période hommes préhistoriques, on se rapproche de la période que j'ai connue dans mon enfance et je vais enfin pouvoir répondre à ses questions), après s'être endormi tout seul (ce qui n'arrive pas souvent), au bout d'à peine une demi-heure de tambourin destinée à me faire changer d'avis après notre conversation de ce matin ("Maman, comment on chante A la clerfontène ?" "Je sais pas, mon loup, j'ai pas d'oreille" "Ben si, t'en as deux"). Me voici donc tranquille à pouvoir faire ce que j'ai à faire d'ici l'heure du goûter, y compris passer un coup de balai pour enlever les grains de riz du déjeuner des petits (pourquoi, pourquoi, pourquoi m'acharne-je à faire du riz pour le menu des petits ? parce que c'est bon et qu'ils aiment ça, voilà pourquoi ; et puis ça pourrait être pire, une fois j'ai fait de la semoule et j'en retrouve encore des grains de temps en temps) ou faire ma compta. Ou procéder aux opérations nécessaires dans le secret de ma cuisine, comme remplir mes bouteilles d'huile d'olive, avec l'huile d'olive contenue dans mon bidon d'huile d'olive, voyez comme je suis logique et organisée. Enfin logique, surtout. Parce que quand il s'agit de transférer l'huile du bidon dans mes bouteilles, je perds toute agilité et tout mon calme. Il y a pas longtemps, Jérôme de Terra Libra m'a dit qu'il serait très vexé si j'arrêtais de lui acheter de l'huile d'olive en bidon sous le prétexte futile que j'en mets partout quand je la transvase dans mes bouteilles. Comme je ne veux pas le vexer, des fois qu'il arrête de me fournir aussi le terrible chocolat noir qui me sert de base pour mes gâteaux, j'ai persisté. En plus, elle est vraiment très bonne cette huile d'olive. Mais Jérôme, si tu me lis, sache, mon petit lapin, que quand je remplis mes bouteilles d'huile d'olive avec l'huile d'olive du bidon d'huile d'olive, j'ai un peu tendance à ne pas t'appeler "mon petit lapin" (ce que de toute façon je ne fais jamais en ta présence, certes) mais à utiliser des termes un peu moins choisis et un peu moins dignes de ma dignité de cafelière bien élevée. Parce que ça ne loupe jamais : la quantité d'huile que je manipule en cette occasion se partage systématiquement en un certain nombre de postes, nombre variable selon les jours, mais où on retrouve toujours : 1) un peu dans la bouteille 2) un peu dans l'évier où j'ai désormais le bon sens de poser la bouteille avant de la remplir 3) pas mal sur le plan de travail 4) une bonne dose sur mes vêtements 5) une grosse louche sur le chat qui traîne dans les parages, par l'odeur alléché ou juste curieux de l'incident en cours 6) une larme sur mes joues 7) un bon paquet dans mes cheveux et 8) un chouia au plafond. Liste non exhaustive. En tout cas aujourd'hui MiniLoup échappera au carnage.
Je suis une quiche en transvasement d'huile d'olive. Voilà c'est dit. Vous savez tout de mon indignité.
Laissez-moi à ma maladresse, je vais faire ce qu'il y a à faire, puis j'irai sûrement peindre un tigre. Avec de la peinture. A l'huile. D'olive.

5 commentaires:

La petite poule noire a dit…

Mais tu sais, Pascale, il y a un truc tout bête qui s'appelle un entonnoir. Ça peut aider, si, si, je t'assure ;)

La Mouette a dit…

Excellent! Je voulais te suggérer le concept de l'entonnoir mais j'ai été devancée...
Bon rétablissement à miniloup!

BrightEyedMum a dit…

Pareil... même entojaune ou entorouge, ça marche...
Sinon, laisse Miniloup à son caillou, ne lui dis jamais qu'on peut faire un feu en faisant tourner un bâton de bois sur une planche de bois très vite entre ses mains avec un peu d'herbe sèche dans le petit trou qui se forme... parce que quand j'étais enfant, j'ai cramé ainsi quelques mètres carrés de jardin...
ça serait dommage dans le café !

Paterfs : n.f. au propre, délire de papattes de chat sur le ventre, les genoux, dans les cheveux de son/sa maître(sse) ; au figuré, crise de nerfs de la cafelière devant sa boîte de cartes à papattes parce qu'elle ne trouve plus celle sur laquelle elle doit tamponner... (faites-lui confiance, elle la retrouvera, vous aurez vos papattes !)

Neurone perdu a dit…

Mais l'huile c'est bon pour la peau et les cheveux, donc c'est soin de beauté : travail et plaisir en temps masqué!

Pascale a dit…

Oh. Ooooh. Oui, c'est ça qu'il disait Jérôme : un entonnoir !

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