Comment on écrit quand on ne sait plus comment écrire ? Comment on écrit quand on a des choses tristes à dire à des gens qui n'ont pas mérité de les entendre ?
Ce soir, mes amis, c'est la cafelière historique qui vous écrit et elle a des tristesses dans les yeux parce que c'est triste ce qui se passe, à la fois triste et joyeux, mais triste surtout.
A toutes les mamans, il y en eut beaucoup, qui nous écrivaient pour avoir des renseignements sur l'entreprise, sa structure et ses réalités, nous n'avons jamais répondu que très honnêtement : envisager d'ouvrir une telle structure, c'est dur, et il faut le faire les yeux ouverts. Aujourd'hui, je n'enlèverais pas un mot à ce que nous avons pu leur écrire, et il me faut leur raconter la suite de l'aventure. La suite de l'aventure, c'est qu'un petit commerce de ce genre, mené comme j'ai voulu le mener, n'est viable que si on y met tout son coeur, toute son âme et toute son énergie. Et au bout de deux ans et quelque d'ouverture, je dois me rendre à l'évidence : mettre tout son coeur, toute son âme et toute son énergie dans quelque chose, c'est possible seulement si c'est votre vie tout entière qui y est engagée et que vous renoncez à toute autre vie. Je n'ai pas fait ce choix-là : j'ai choisi une vie incertaine mais vivante à une vie connue mais enfermée au quotidien. Les deux magnifiques personnes qui m'ont succédé ici, Aude et Solo, que beaucoup d'entre vous connaissent et apprécient, ont vécu leur passage ici à la manière d'un sacerdoce et ce qu'elles ont réussi à faire, personne d'autre qu'elles n'aurait pu réussir à le faire.
Mais voilà, on ne vit pas que pour ça. On a une vie à côté, on aime, on espére, on croit qu'il existe quelque chose en dehors. Et parfois on se dit que le sacerdoce a, peut-être, ses limites existentielles. Et que ces mots affreux, "cessation définitive d'activité", sont une réalité qui pourrait bien un jour s'appliquer à votre rêve, votre bébé, votre fierté.
Le Café Clochette est en vente et la maison qui le contient aussi. Je ne sais pas, aujourd'hui, qui viendra y vivre après moi. Ce n'est pas un lieu ordinaire, cette maison. Il y est né plein de rêves et un bébé. D'ailleurs le destin qui a toujours un tour de plus dans sa poche a poussé aujourd'hui sur le pas de ma porte le photographe qui habitait ici avant moi. C'était sa première visite depuis sept ans qu'il nous avait vendu la maison... il a pu y faire un petit tour pour voir à quoi ça ressemblait maintenant, avant de repartir. Je souhaite profondément que le Café Clochette continue, qu'il poursuive son bonhomme de chemin sans moi, qu'il continue à accueillir des parents, des enfants, des grands-parents, des gens seuls et des gens accompagnés, des petits et des grands... Mais je n'en sais rien. Peut-être bien que l'aventure s'arrête.
Quand on a fini par entendre ces mots-là, on repense à tout ce qui a précédé. Je pense, mes amis, à votre fidélité. Je pense à ceux qui ont monté cette étagère, fixé ce meuble au mur, peint ce bout de plafond. Je pense aux larmes épanchées sur une épaule amie quand je croyais que jamais le Café Clochette ne verrait le jour. Je pense aux éclats de rires partagés pendant nos dîners de filles. Je pense aux petits que j'ai connus quand ils ne savaient pas encore marcher et qui ont maintenant petits frères et petites soeurs et font les quatre cent coups avec leurs jeunes copains d'école. Je pense à tous ces gens extraordinaires que je n'aurais jamais connu autrement. Je pense à Isabelle et Christine. Je pense à Karine des Libellules qui a vécu ça avant moi. Je pense à mes voisins, mes voisines, qui continuent leur rêve et font vivre ce quartier. Je pense à ceux qui s'exclameront "oh non !". Je pense à tous ces visages connus qui sont devenus des visages amis. Je pense à des sourires, des hésitations, des fatigues immenses et des plaisirs furtifs. Je pense à ce petit vin que je servais aux débuts du restaurant. Je pense à toutes ces recettes que je ne testerai jamais. Je pense à vous, et à moi aussi. Et j'ai plein de tristesses dans les yeux.
Mais je sais aussi que ces deux ans passés dans ce rêve-là n'auront pas été vains. Que toute rencontre humaine est la seule qui vaille et qu'ici, il s'est passé plein de moments qui n'auraient pas pu être vécus ailleurs. Je sais aussi que ça n'aura pas changé la face du monde et que la vie continue. Alors tout simplement, je vous dis que j'ai aimé vivre cette aventure, que j'ai aimé vous connaître, de près ou de loin, et que je vous souhaite de repenser parfois au Café Clochette avec le petit pincement de coeur qui dit "ah oui, je me souviens...". Et qu'il y a encore un bout de route à faire avec ceux, nombreux, qui sont devenus des amis et à qui je tiens.
A vous tous, un grand merci pour tout.
Ce soir, mes amis, c'est la cafelière historique qui vous écrit et elle a des tristesses dans les yeux parce que c'est triste ce qui se passe, à la fois triste et joyeux, mais triste surtout.
A toutes les mamans, il y en eut beaucoup, qui nous écrivaient pour avoir des renseignements sur l'entreprise, sa structure et ses réalités, nous n'avons jamais répondu que très honnêtement : envisager d'ouvrir une telle structure, c'est dur, et il faut le faire les yeux ouverts. Aujourd'hui, je n'enlèverais pas un mot à ce que nous avons pu leur écrire, et il me faut leur raconter la suite de l'aventure. La suite de l'aventure, c'est qu'un petit commerce de ce genre, mené comme j'ai voulu le mener, n'est viable que si on y met tout son coeur, toute son âme et toute son énergie. Et au bout de deux ans et quelque d'ouverture, je dois me rendre à l'évidence : mettre tout son coeur, toute son âme et toute son énergie dans quelque chose, c'est possible seulement si c'est votre vie tout entière qui y est engagée et que vous renoncez à toute autre vie. Je n'ai pas fait ce choix-là : j'ai choisi une vie incertaine mais vivante à une vie connue mais enfermée au quotidien. Les deux magnifiques personnes qui m'ont succédé ici, Aude et Solo, que beaucoup d'entre vous connaissent et apprécient, ont vécu leur passage ici à la manière d'un sacerdoce et ce qu'elles ont réussi à faire, personne d'autre qu'elles n'aurait pu réussir à le faire.
Mais voilà, on ne vit pas que pour ça. On a une vie à côté, on aime, on espére, on croit qu'il existe quelque chose en dehors. Et parfois on se dit que le sacerdoce a, peut-être, ses limites existentielles. Et que ces mots affreux, "cessation définitive d'activité", sont une réalité qui pourrait bien un jour s'appliquer à votre rêve, votre bébé, votre fierté.
Le Café Clochette est en vente et la maison qui le contient aussi. Je ne sais pas, aujourd'hui, qui viendra y vivre après moi. Ce n'est pas un lieu ordinaire, cette maison. Il y est né plein de rêves et un bébé. D'ailleurs le destin qui a toujours un tour de plus dans sa poche a poussé aujourd'hui sur le pas de ma porte le photographe qui habitait ici avant moi. C'était sa première visite depuis sept ans qu'il nous avait vendu la maison... il a pu y faire un petit tour pour voir à quoi ça ressemblait maintenant, avant de repartir. Je souhaite profondément que le Café Clochette continue, qu'il poursuive son bonhomme de chemin sans moi, qu'il continue à accueillir des parents, des enfants, des grands-parents, des gens seuls et des gens accompagnés, des petits et des grands... Mais je n'en sais rien. Peut-être bien que l'aventure s'arrête.
Quand on a fini par entendre ces mots-là, on repense à tout ce qui a précédé. Je pense, mes amis, à votre fidélité. Je pense à ceux qui ont monté cette étagère, fixé ce meuble au mur, peint ce bout de plafond. Je pense aux larmes épanchées sur une épaule amie quand je croyais que jamais le Café Clochette ne verrait le jour. Je pense aux éclats de rires partagés pendant nos dîners de filles. Je pense aux petits que j'ai connus quand ils ne savaient pas encore marcher et qui ont maintenant petits frères et petites soeurs et font les quatre cent coups avec leurs jeunes copains d'école. Je pense à tous ces gens extraordinaires que je n'aurais jamais connu autrement. Je pense à Isabelle et Christine. Je pense à Karine des Libellules qui a vécu ça avant moi. Je pense à mes voisins, mes voisines, qui continuent leur rêve et font vivre ce quartier. Je pense à ceux qui s'exclameront "oh non !". Je pense à tous ces visages connus qui sont devenus des visages amis. Je pense à des sourires, des hésitations, des fatigues immenses et des plaisirs furtifs. Je pense à ce petit vin que je servais aux débuts du restaurant. Je pense à toutes ces recettes que je ne testerai jamais. Je pense à vous, et à moi aussi. Et j'ai plein de tristesses dans les yeux.
Mais je sais aussi que ces deux ans passés dans ce rêve-là n'auront pas été vains. Que toute rencontre humaine est la seule qui vaille et qu'ici, il s'est passé plein de moments qui n'auraient pas pu être vécus ailleurs. Je sais aussi que ça n'aura pas changé la face du monde et que la vie continue. Alors tout simplement, je vous dis que j'ai aimé vivre cette aventure, que j'ai aimé vous connaître, de près ou de loin, et que je vous souhaite de repenser parfois au Café Clochette avec le petit pincement de coeur qui dit "ah oui, je me souviens...". Et qu'il y a encore un bout de route à faire avec ceux, nombreux, qui sont devenus des amis et à qui je tiens.
A vous tous, un grand merci pour tout.
11 commentaires:
Je savais que ce post viendrait et je crois que j'esperais ne pas le lire.... je suis triste pour le café clochette, pour ce si bel endroit où nous nous sentions bien comme dans une bulle spéciale et précieuse. ... mais je sais que le chemin qui t'appelle est beau et puissant. ... je souhaite de tout coeur et sincèrement que le projet de solo se réalise..... pensées +++++aux habitantes et habitants de cet endroit qui me tient a coeur ainsi qu'a mes enfants. Biz
J'ai plein de mouchoirs en tissu ici pour les tristesses, oh oui je me souviens de ce bout de plafond ! Puisse l'aventure se poursuivre d'une façon... ou d'une autre... Puissent les rêves retenir la leçon qu'ils sont à vivre avec un grand V. BraVo, ma belle !!!
adable : adj. qui a la capacité et les compétences pour aller de l'avant, même avec (et peut-être aussi grâce à) des tristesses dans les yeux.
oh oui je me souviens des peinture et d'étagères mais aussi de belles rencontres et de beaucoup de douceur, de tendresse
ce lieu nous est cher à nous 5 et j'espère qu'il continuera à vivre
bonne route à toi chère Pascale
Comme Nathalie, je savais que ce post viendrait et je gardais aussi ce mince espoir de ne jamais le lire... Ainsi va la vie, mais au delà de la tristesse, il y a tous ces souvenirs, bien sûr, mais aussi toutes ces aventures à vivre, maintenant. Tu es bien trop curieuse et altruiste pour rester entre ces quatre murs, fussent-ils ceux que tu as si bien portés. Alors, va, vole, je te souhaite le meilleur et tu as raison, une page se tourne mais des êtres restent, pas si loin, et t'ouvriront les bras avec chaleur et plaisir!
Bravo, en tout cas, pour cette très belle aventure, tous ces moments que tu as offerts. Ce n'était pas rien.
A bientôt!
Oh mince, oui c'est triste, et en même temps il faut le prendre comme un nouveau départ, encore, vers une vie qui te conviendra pleinement. J'ai vécu plein de doux moments dans ton café, et j'espère qu'il continuera à exister. Ma cafelière préférée et son miniloup, je vous embrasse!
Oh Pascale...oui c'est triste, j'ai les larmes aux yeux de te lire...mais j'ai pu voir aussi, comme ce n'est pas "humain" de bosser autant !
J'ai aussi bcp de souvenirs ici, un petit bout de la vie qui laissera une "trace" en ce lieu.
bises à toi et à l'équipe du café clochette.
Chère Pascale, allez au bout de son rêve pour ne rien regretter... et puis s'en découvrir un autre, un nouveau, un encore plus beau. Bon vent et beaucoup de bonheur dans les voiles. Laëtitia
Aller et non allez. L'émotion sans doute... Laëtitia
Bon, je suis l'une de celles, avec son mari et sa puis ses filles, qui ne manquais jamais une occasion de venir vous voir à Rennes... Et j'en pleure ce soir devant mon ordinateur...
Je me sens presque maman au foyer "orpheline" car vous étiez presque "ma maison" dans cette grande ville que nous connaissons finalement si peu et, dans la chaleur de votre accueil et de vos murs, je nous sentais si bien...
Je vous souhaite à toutes trois beaucoup de choses et je lance une idée - déjà peut être impossible à réaliser (le café est-il déjà fermé??): ne pourrions-nous pas organiser une dernière rencontre juste pour vous dire en vrai un dernier merci et partager ensemble un dernier thé et une dernière assiette de biscuits????
Valérie
Merci pour ce lieu que tu nous as ouvert et qui a su nous remplir de bonheur(s). S'il peut encore vivre ça serait merveilleux mais l'important c'est que tu réalises maintenant c qui t'es le plus cher.
Merci encore et j'espère à bientôt.
De mon petit coin de Paris, j'ai suivi les aventures, de peintures et d'autres, qui a rempli quelques minutes quotidiennes insondables de belles émotions.
Maya a voulu connaître et nous avons eu la chance de sentir le lieu et de te rencontrer.
Merci à toi, Maya et Frédéric
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