Je suis prise, ces derniers temps, d'un besoin de bilan, pour savoir un peu où ça m'a menée toute cette histoire. Je vais vous la faire courte, déjà parce que mes affres personnelles ne sont qu'à moi et aussi parce que les réflexions en cours ne sont qu'à l'état d'ébauche. On pourrait presque dire que c'est un bilan moral et financier, encore que côté finances le bilan soit assez rapidement fait (le Café Clochette existe toujours mais je ne suis pas près de rentrer en Bourse) et que côté moral... Enfin si, il y a des choses à dire. Mais elles sont très concrètes.
36 semaines d'ouverture
150 kg de farine
20 kg de poudre d'amande
80 kg de beurre
120 kg de pommes de terre
20 kg d'oignons
une cinquantaine de concombres, une vingtaine de radis noirs, quelques dizaines de kg de tomates diverses et une centaine de bouquets de fines herbes variées, de l'ail et des échalottes, haricots verts variés et courges en pagaille
30 kg de riz
130 kg de viandes en tout genre
450 saucisses de Frankfort pour les petits
170 litres de jus de fruit
des milliers de théières
des centaines de chocolats chaud
des trillards de cafés (ou presque)
des centaines de lignes de tableur
pas beaucoup d'heures de sommeil
pas beaucoup d'heures avec mon fiston
pas beaucoup d'heures avec les amis
pas beaucoup de livres lus
des belles rencontres, de belles amitiés
des compétences que je ne me connaissais pas
le miracle toujours renouvelé d'une aventure qui ne s'arrête pas
des surprises tous les jours (comme le Mystère de la Clochette de la Porte d'Entrée)
des tas de recettes encore à tester
plein de déjeuners avec Isabelle puis Christine
beaucoup de rires
pas mal de stress
la joie d'être ici
la frustration aussi
Juste avant les vacances, j'avais une profonde envie de faire carrément autre chose. De trouver un moyen de me faire remplacer ici dans les tâches ingrates et même dans les plus agréables et de prendre le large. Au vrai, c'était surtout mon cerveau qui avait besoin de prendre le large. De trouver plus que les 5 minutes quotidiennes sous la douche pour réfléchir posément. Quel luxe que les heures de travail ininterrompu pendant ces vacances ! trois boules de poils réparties aléatoirement sur le canapé, le fauteuil et mes genoux (ou devant le radiateur, derrière l'ordinateur et sous mes pieds, selon le jour et l'heure et l'état thermostatique de la maison), et des heures sans gâteau à mettre au four, sans courses à faire, sans compta à finir, sans le truc qu'on oublie et qui nous revient au milieu de la nuit, sans l'urgence permanente pour calculer les temps de cuisson et enchaîner au plus vite l'épluchage des oignons et faire fondre le beurre et le chocolat pour le fondant Florette.
C'était comme, enfin, se reposer. Du repos dans le repos. Ce n'est que quand on prend le temps de réfléchir qu'on s'aperçoit combien on a peur d'être enfermé dans quelque chose. Parfois, on a l'envie irrépressible de fuir, mais sans même savoir quoi. Alors là, j'ai pris le temps de comprendre que j'avais peur d'être enfermée ici, au Café Clochette, à faire toujours la même chose, pendant des années, en voyant grandir les enfants et en prenant des rides, sans plus jamais pouvoir en sortir. Même en aimant beaucoup ce qu'on fait, ça fait peur, non ? J'ai été saisie du sentiment d'une grande urgence à en sortir. Ce n'est ni inhabituel ni surprenant, j'irais même jusqu'à dire que c'est bêtement humain, de vouloir fuir le plus vite possible.
Ce n'est que ce matin que j'ai un peu mieux mis des mots sur l'urgence. Oui, je veux faire autre chose, aller voir ailleurs ce qui s'y fait, ce qu'on raconte. Creuser des choses qui me tiennent à coeur, de plus en plus. Comprendre ce qui m'échappe encore. Rencontrer d'autres genres de gens, enfermés ou libres, exaltés ou sereins, nombreux ou solitaires. Je veux faire tout ça... mais j'ai le temps de le faire. Donc le temps de tester encore les recettes qui traînent dans mon tiroir, de discuter le bout de gras avec des gens de passage, de prendre un café tranquille en parlant de théologie ou d'allaitement maternel ou des bienfaits de la tisane au fenouil, d'organiser des dîners entre amies, de courir après le temps pour commencer un livre que je n'aurai le temps de finir que... quand je déciderai, après l'avoir préparé, que le temps est venu de vraiment faire autre chose.
On a le temps... mais ça ouvre le temps de savoir qu'on peut, qu'on fera, autre chose ! (Enfin en attendant, on est dimanche soir, mon fiston rentre dans une heure, le ménage est fait et je ressens l'appel de la fossette. Auquel je ne résiste pas. Bonne soirée, tout le monde...)
36 semaines d'ouverture
150 kg de farine
20 kg de poudre d'amande
80 kg de beurre
120 kg de pommes de terre
20 kg d'oignons
une cinquantaine de concombres, une vingtaine de radis noirs, quelques dizaines de kg de tomates diverses et une centaine de bouquets de fines herbes variées, de l'ail et des échalottes, haricots verts variés et courges en pagaille
30 kg de riz
130 kg de viandes en tout genre
450 saucisses de Frankfort pour les petits
170 litres de jus de fruit
des milliers de théières
des centaines de chocolats chaud
des trillards de cafés (ou presque)
des centaines de lignes de tableur
pas beaucoup d'heures de sommeil
pas beaucoup d'heures avec mon fiston
pas beaucoup d'heures avec les amis
pas beaucoup de livres lus
des belles rencontres, de belles amitiés
des compétences que je ne me connaissais pas
le miracle toujours renouvelé d'une aventure qui ne s'arrête pas
des surprises tous les jours (comme le Mystère de la Clochette de la Porte d'Entrée)
des tas de recettes encore à tester
plein de déjeuners avec Isabelle puis Christine
beaucoup de rires
pas mal de stress
la joie d'être ici
la frustration aussi
Juste avant les vacances, j'avais une profonde envie de faire carrément autre chose. De trouver un moyen de me faire remplacer ici dans les tâches ingrates et même dans les plus agréables et de prendre le large. Au vrai, c'était surtout mon cerveau qui avait besoin de prendre le large. De trouver plus que les 5 minutes quotidiennes sous la douche pour réfléchir posément. Quel luxe que les heures de travail ininterrompu pendant ces vacances ! trois boules de poils réparties aléatoirement sur le canapé, le fauteuil et mes genoux (ou devant le radiateur, derrière l'ordinateur et sous mes pieds, selon le jour et l'heure et l'état thermostatique de la maison), et des heures sans gâteau à mettre au four, sans courses à faire, sans compta à finir, sans le truc qu'on oublie et qui nous revient au milieu de la nuit, sans l'urgence permanente pour calculer les temps de cuisson et enchaîner au plus vite l'épluchage des oignons et faire fondre le beurre et le chocolat pour le fondant Florette.
C'était comme, enfin, se reposer. Du repos dans le repos. Ce n'est que quand on prend le temps de réfléchir qu'on s'aperçoit combien on a peur d'être enfermé dans quelque chose. Parfois, on a l'envie irrépressible de fuir, mais sans même savoir quoi. Alors là, j'ai pris le temps de comprendre que j'avais peur d'être enfermée ici, au Café Clochette, à faire toujours la même chose, pendant des années, en voyant grandir les enfants et en prenant des rides, sans plus jamais pouvoir en sortir. Même en aimant beaucoup ce qu'on fait, ça fait peur, non ? J'ai été saisie du sentiment d'une grande urgence à en sortir. Ce n'est ni inhabituel ni surprenant, j'irais même jusqu'à dire que c'est bêtement humain, de vouloir fuir le plus vite possible.
Ce n'est que ce matin que j'ai un peu mieux mis des mots sur l'urgence. Oui, je veux faire autre chose, aller voir ailleurs ce qui s'y fait, ce qu'on raconte. Creuser des choses qui me tiennent à coeur, de plus en plus. Comprendre ce qui m'échappe encore. Rencontrer d'autres genres de gens, enfermés ou libres, exaltés ou sereins, nombreux ou solitaires. Je veux faire tout ça... mais j'ai le temps de le faire. Donc le temps de tester encore les recettes qui traînent dans mon tiroir, de discuter le bout de gras avec des gens de passage, de prendre un café tranquille en parlant de théologie ou d'allaitement maternel ou des bienfaits de la tisane au fenouil, d'organiser des dîners entre amies, de courir après le temps pour commencer un livre que je n'aurai le temps de finir que... quand je déciderai, après l'avoir préparé, que le temps est venu de vraiment faire autre chose.
On a le temps... mais ça ouvre le temps de savoir qu'on peut, qu'on fera, autre chose ! (Enfin en attendant, on est dimanche soir, mon fiston rentre dans une heure, le ménage est fait et je ressens l'appel de la fossette. Auquel je ne résiste pas. Bonne soirée, tout le monde...)
7 commentaires:
Eh ben... va être temps qu'on se voie, ma bonne dame ! Pour le plaisir et une toute petite partie de ce qui manque...
beinh oui, j'imagine que ce n'est pas simple tous les jours !
Que les jours de repos, ne servent pas à te reposer mais à faire des courses , de la compta ou autres...j'ai bien remarqué l'autre soir que tu quittais bien tard les fourneaux ...
Si tu le peux/veux...jeudi soir participe à notre rencontre en épluchant les légumes à la table, on t'aidera en plus ;-)
mag et ses jules
En tout cas, tu as toujours le temps d'écrire et c'est joliment tourné. Plein de grosses bises, Pascale.
Et bien moi cette année,
j'ai découvert un ptit lieu bien sympa, qui me remonte le moral quand ça va pas.
Et en plus ça m'a redonné envie de cuisiner, miam les ptit cookies du dimanche soir.
Bien contente de continuer avec toi cette nouvelle année.
Oh la la Pascale, je reviens sur votre blog et je me dis que mon Dieu, la prochaine fois, y'a pas, faut qu'on discute... Fuir... Sans trop savoir où ni pourquoi... On peut dire que c'est MA problématique du moment que je ne sais pas trop comment résoudre et qu'écoute chauqe soir patiemment mon pauvre mari! ;-))
Courage en tout cas! Ce qu'on peut dire c'est que vous, au moins, vous avez trouvé une vraie "utilité" sociale: donner de la joie! VOus nous en donnez, vraiment... Merci encore! ;-)
Bonjour
je viens de lire votre article et ... je vous ai senti lasse samedi. (cétait ma première visite). Pourtant quelle réussite que votre café. Quelle merveilleuse idée... On est toutes dans des bateaux où les doutes, la lassitude, les questions existent. Ailleurs vous auriez surement d'autres interrogations.
J'ai vraiment bien aimé votre café clochette.
Je suis en train d'écrire un petit post. Je vous informe dès que je l'ai mis en ligne!
hou la la ... Que de questions en suspens ...
Je passe bientôt !
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