dimanche 24 janvier 2010

Le choc des civilisations et quelques agacements


Vendredi, j'ai lâchement déserté les lieux pour aller parler de gratuité à des collégiens. Je sais, une commerçante qui parle de gratuité, c'est un peu paradoxal, mais ce n'est peut-être pas si hasardeux. En tout cas, ça doit être épuisant d'être enseignant de nos jours : pour être sûre de garder leur attention, je me suis efforcée, toutes les minutes trente environ, de les faire rire, ou d'écrire un mot clé au tableau, ou de leur poser une question. Tout développement supérieur à deux minutes se perdait dans des yeux un peu vagues ; bon, c'était vendredi, ils avaient sûrement hâte d'être en week-end... Toujours est-il que j'ai passé une après-midi fort instructive (eux je ne sais pas, mais je crois quand même) et ceci bien que l'affaire se soit mal engagée.
J'avais passé la matinée à courir dans tous les sens pour que tout soit en place en cuisine le plus tôt possible. Finir le ménage, courir chercher le pain et les légumes, faire la purée et la mettre au four pour la faire gratiner, fignoler le moelleux aux céréales, laver la salade, écrire les ardoises, vérifier l'état des sanitaires, répondre au téléphone, mettre sur le feu le rougail du jour avec oignons, tomates et thym, enfin tout, quoi. Mais vite. En essayant toutes les dix minutes d'écraser ce fichu épi qui était apparu dans mes cheveux au cours de la nuit et qui résistait à tout. Heureusement, à midi c'étaient des gens charmants qui étaient là et comme on se connaissait bien, on a pu prendre les choses légèrement. Vers le milieu du service, j'ai laissé Christine campée solidement au milieu de la cuisine, une cuillère en silicone à la main en train de dompter le rougail saucisse et j'ai déguerpi.
Enfin j'aurais déguerpi si j'avais pu sortir ma voiture du garage. Chose rendue impossible par la présence d'une voiture, warnings allumés. Mais pas de numéro de téléphone. C'est idiot, mais ce que j'ai trouvé de plus irritant, c'est les warnings allumés. J'ai trépigné, grinchonurlé de frustration et appelé la fourrière qui m'a promis une demi-heure d'attente, le véhicule idoine étant appelé à d'autres enlèvements dans l'intérim. Rouge de colère, j'ai appuyé sur tous les boutons de tous les interphones du coin. Des buzz se sont déclenchés pour me laisser entrer dans les immeubles, ce qui ne m'intéressait pas le moins du monde, quelques têtes sont sorties des fenêtres et plusieurs voix rageuses m'ont enguirlandée copieusement, sans doute en raison d'une sieste interrompue (d'ailleurs j'ai la vague impression qu'un monsieur n'avait pas remis ses dents pour m'interpeler de la sorte).
Au fin fond de la colère, je suis allée questionner les clients du restaurant d'Hélène, saluer Jean-Marie du Papier Timbré qui déjeunait tranquille sans se douter de rien (et n'était pas l'auteur du forfait, heureusement) et Jean-Paul de Presol qui se substantait itou, et suis repartie bredouille trépigner derechef devant mon garage toujours obstrué. Nom d'un pétard. Bougre d'imbécile. Crapule intersidérale. Des ptits jeunes m'attendent, là, quoi !
J'ai fini par aller sonner chez le voisin qui, la dernière fois, m'avait promis-juré qu'il ne se garerait plus jamais devant mon garage. Quand même, ça ne pouvait pas être lui, cette fois ?
Cinq minutes plus tard, je quittais enfin les rivages heureux de mon garage joli, après avoir rappelé la fourrière pour prévenir que l'incident était clos.
Le soir, rebelote pour rentrer dans mon garage.
Ensuite, c'est mon restaurant qu'un couple a choisi pour un dîner de rupture. Je ne sais pas quelle est l'étiquette en pareil cas, mais vous vous voyez, vous, interrompre deux jeunes gens en pleurs pour leur dire que désolée, là il est onze heures, il faudrait peut-être songer à plier bagage ? moi, non. J'ai passé le reste de la soirée dans la cuisine à faire des gâteaux avec Tancrède.
Mon épi et moi, on est allé se coucher fort tard et fort épuisés de toutes ces émotions. Ya des jours, comme ça. Et pourtant, ce qui me reste à l'esprit, c'est le sentiment d'avoir plongé dans la vie du dehors avec délices et d'avoir réussi, un peu, à transmettre quelque chose d'important. Allez comprendre.

5 commentaires:

jean-daniel a dit…

personnellement, je les aurais enguirlandés une fois l'heure venue, avec un peu de chance ils seraient partis vite, et peut-être réconciliés devant l'adversité ?
ou encore leur demander de rompre rapidement et de convenir de jour de visites séparés pour le café clochette ?

Pascale a dit…

JD : bonne idée de les unir dans l'adversité... comme quoi parfois il suffit de retourner le problème pour trouver la solution ! (au fait, rien à voir, mais comment va Carbone ?) (non non, vraiment rien à voir)
Le cape-chat du jour est approprié : nocoac

cb a dit…

Pascale, (coup bas pour Carbone), qu'est-ce donc que cette histoire de gratuité ? tu as passé tous les robots du caf'cloch sous linux (free comme dans free speech) et tu offres une bière gratuite (free comme dans free beer) à tous les clients majeurs ?

Crocus a dit…

Ben justement... merci pour ton récit des jeunes gratuits.. je me disais aussi que mon exposé DOIT être truffé d'anecdotes et autres... ah là là... tiens je vais peut être tester sur les petits cocos? T'as essayé sur mini-Loup?

Anonyme a dit…

je comprends que tu n'avais pas trop envie de les mettre à la porte, ces jeunes...mais quand même! :-b

quant à l'histoire de porte de garage, çà me rappelle la voisine de mes parents -devant chez qui les gens se garent stupidement et systématiquement...mais elle est médecin, saperlipopette! faut qu'elle puisse sortir rapidement!!! enfin bref...la ténacité de certains conducteurs me surprendra tjrs.

sur ce bonne nuit et bonne continuation au café Clochette!!! ;-)

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