Je suis abonnée, depuis un an et sans l'avoir demandé, à un magazine qui faisait un dossier, la semaine dernière, sur cette question : "et si les femmes étaient l'avenir du CHR ?"
Je m'attendais à pouffer, j'en suis carrément tombée de ma chaise.
On nous annonçait, à nous les professionnels des CHR (et je souligne en passant que dans ce cas de figure, CHR signifie Cafés-Hotels-Restaurants et non, comme Christine le crut pendant quelques minutes au prix d'une mutuelle compréhension de ce quoi que j'étais en train de lui causer de, Centres Hospitaliers Régionaux - elle eut pendant un instant la ride soucieuse de celle qui se demande si son interlocuteur est parfaitement sain d'esprit, ce qui, s'agissant de bibi, n'est pas sans précédent) que les femmes étaient, donc, sans doute, l'avenir de la profession.*
Et ce n'est pas parce que, à mon avis, poser cette question, c'est un peu comme demander si l'air était l'avenir de l'aéronautique - on peut étudier la question, mais de toute façon il est évident que la réponse est mal posée puisqu'un non serait absurde - que je vais m'abstenir d'en parler, c'te blague. Je m'apprêtais à vous faire un petit billet pas piqué des hannetons sur un ton léger voire primesautier, me moquant légèrement et sans insister des déclarations à l'emporte-pièce du journaliste responsable du dossier en question, dont je regrette d'ailleurs de ne pas connaître le nom (et le genre). Et puis zut, ce sera, tout bien considéré, un billet foutraque et légèrement en pétard parce que faut pas exagérer. On y va ? on y va. Je cite le "chapeau" du "papier".
Je m'attendais à pouffer, j'en suis carrément tombée de ma chaise.
On nous annonçait, à nous les professionnels des CHR (et je souligne en passant que dans ce cas de figure, CHR signifie Cafés-Hotels-Restaurants et non, comme Christine le crut pendant quelques minutes au prix d'une mutuelle compréhension de ce quoi que j'étais en train de lui causer de, Centres Hospitaliers Régionaux - elle eut pendant un instant la ride soucieuse de celle qui se demande si son interlocuteur est parfaitement sain d'esprit, ce qui, s'agissant de bibi, n'est pas sans précédent) que les femmes étaient, donc, sans doute, l'avenir de la profession.*
Et ce n'est pas parce que, à mon avis, poser cette question, c'est un peu comme demander si l'air était l'avenir de l'aéronautique - on peut étudier la question, mais de toute façon il est évident que la réponse est mal posée puisqu'un non serait absurde - que je vais m'abstenir d'en parler, c'te blague. Je m'apprêtais à vous faire un petit billet pas piqué des hannetons sur un ton léger voire primesautier, me moquant légèrement et sans insister des déclarations à l'emporte-pièce du journaliste responsable du dossier en question, dont je regrette d'ailleurs de ne pas connaître le nom (et le genre). Et puis zut, ce sera, tout bien considéré, un billet foutraque et légèrement en pétard parce que faut pas exagérer. On y va ? on y va. Je cite le "chapeau" du "papier".
Pourquoi ne pas miser sur la fidélisation de la clientèle féminine pour dynamiser votre activité ? Trop souvent délaissées, les femmes savent pourtant être reconnaissantes lorsqu'elles sont traitées avec attention... Comme dans la vie au quotidien, sachez les séduire et comprendre leurs besoins. En analysant leurs attentes en matière de services et de produits et en y répondant, la gente féminine** n'aura d'yeux que pour votre établissement. Tout en restant professionnel, sachez les séduire par des idées et des innovations en adéquation avec leurs désirs. Cafetiers, restaurateurs, soyez à l'écoute de cette clientèle au potentiel intéressant pour vos affaires.
Mais sachez rester professionnel, hein ? vous pouvez jouer avec les sous-entendus, les remarques dédaigneuses sur les femmes qu'il faut savoir attirer, petit animaux timides, dans vos généreux antres capables de satisfaire à leurs moindres désirs, mais faut rester professionnel. Enfin ce qui me fait bondir surtout, c'est le "comme dans la vie au quotidien, sachez les séduire..." : déjà, c'est sous-entendre que ces messieurs sont, non pas l'avenir, mais la totalité de la profession. Comme s'il n'y avait pas de femmes qui soient en position de décider dans ce métier-là et qu'une mâle capacité à séduire ces dames soit un prérequis pour l'exercer. Allez, on continue.
Dans la partie "comprendre les attentes des clientes et savoir y répondre", on a des chiffres. Objectivons, donc, le débat. Il paraîtrait que 38% d'entre nous, femmes mes soeurs, sommes "sensibles au développement de l'accueil et du service destiné aux enfants". Bon, là, rien à dire, sinon que je trouve dommage qu'on ne me donne pas le chiffre chez ces messieurs, comme s'ils n'avaient pas d'avis à avoir sur la question. Le cliché rôde. Plus loin, on m'apprend qu'au restaurant, les femmes apprécient la qualité et l'hygiène, qu'elles aiment les prix ronds (il est vrai que compter juste quand il y a des chiffres après la virgule, c'est difficile quand on a des enfants en bas âge qui réquisitionnent votre iPhone sous prétexte de se faire les quenottes dessus, ou des plus grands qui cherchent au GPS le magasin de jeux vidéo le plus proche), qu'elles préfèrent le poisson, les légumes et les fruits de mer et qu'elles se laissent volontier étonner par les formules qui leur sont proposées. Mais le mieux, le top du top, le must, en matière de restauration, se déduit de la proposition suivante : "elles apprécient d'être servies par des hommes, avec humour si possible". Le pendant de ce fait-là, c'est que les hommes aiment être servis par des serveuses accortes en jupe courte, bien sûr.
A l'inverse, elles n'aiment pas : "la viande rouge ostentatoire et la diététique notoire" (quels petits animaux compliqués, quand même, pétries de contradictions et tout), ni "les menus avec des choix multiples", sans doute parce qu'elles partagent avec les poissons (qu'elles aiment manger pourtant, les cannibales) une mémoire vive très limitée dans le temps. Elles n'aiment pas non plus "les attentes ou les services trop rapides". Tiens donc. Voilà qui les distingue du reste de l'humanité. Ya pas photo.
Ah si, ya des photos. Mais je vous les épargne. Parce que je ne ressemble pas à ça et que ça m'énerve juste un chouia, la main parfaitement manucurée tenant avec élégance la flûte de champagne et le sourire éblouissant en robe de soirée, enfin bref. Enfin je suis jalouse, d'accord. Ca fait partie de nos petits travers charmants à nous autres les femmes.***
Les choses à ne pas oublier, pour les restaurateurs, je vous les donne en vrac :
- "Les femmes sont à la fois gourmandes, soucieuses de leur ligne et avec peu d'appétit" (conclusion : il faut trouver un juste équilibre entre plat et dessert gourmands mais toujours allégés en sucre et en matières grasses).
- Le confort : "les femmes apprécient de rester des heures à discuter entre amies si le cadre s'y prête." C'est vrai que les hommes de leur côté évitent comme la peste les lieux où se retrouver entre hommes. La hantise de la convivialité sans doute. Voilà pourquoi tous les bars sont vides depuis les débuts de cette éternité.
- Répondre aux attentes spécifiques, avec la suggestion d'ouvrir un restaurant pour les femmes enceintes, comme à Londres où une femme (ben oui, quand même) a découvert que les femmes enceintes voulaient des choses invraisemblables sur leurs pizzas et a mis au point, avec l'aide d'une nutritionniste, des recettes dont la préférée est celle à la crème glacée aux pistaches avec du fromage, du jambon et des canneberges. "Goût étonnant des femmes enceintes", en effet.
Finalement, il n'y a guère que sur un point que je serai tout à fait d'accord avec le magazine, mais mon avis est biaisé vu que je le mets en pratique depuis déjà un moment ; enfin ici c'est la presse, c'est sérieux, avec des chiffres et tout, et sanctionné par l'autorité masculine :
"Un espace doit être réservé aux enfants. Or, la restauration est majoritairement un monde d'adultes. Pourtant, les enfants pèsent leur poids en restauration : 10 millions de consommateurs potentiels qui représentent 17% de la population française ! On comprend le développement de menus spécifiques à leur intention. Pour les mamans seules avec enfants ou les parents harassés avec des enfants en bas âge, le fast-food apparaît bien souvent comme la solution de facilité pour se restaurer."
On appelle ça un concept. C'est trop cool, man.
Je n'ai plus qu'une chose à dire : pensez à réserver, sinon vous risquez de vous retrouver au milieu de 10 millions de moutards qui ont enfin trouvé une solution de repli après le fast-food du coin. Le cauchemar. Tout ça à cause des femmes.
* Vous êtes priés, au cas où vous trouvez cette phrase totalement incompréhensible, de vous plaindre auprès d'un certain Proust Marcel, qui a lancé la mode des phrases alambiquées et longuettes que, je vous assure, je lui arrive pas à la cheville et de loin. Fin de la parenthèse. Enfin de la note. Enfin bref.
** "Gente féminine", c'est pas correct ça (voir ici, clic)... "la gent", c'est déjà du féminin, on n'accorde pas. Celui qui a imposé l'expression, Brassens, l'écrivait correctement "la gent féminine" mais bon, n'est pas Brassens qui veut. Ni La Fontaine qui parlait de "gent trotte-menu" pour parler des souris, des vraies souris, avec des petits nez pointus. Pas des dames en talons aiguilles. Encore que dans ce papier, le journaliste parle des gens féminins comme si c'était une population exotique aux moeurs quantifiables au prix d'une étude ethnographique poussée, alors d'ici à croire que l'erreur soit délibérée...
*** Et paf.
5 commentaires:
"Les femmes sont à la fois gourmandes, soucieuses de leur ligne et avec peu d'appétit" (conclusion : il faut trouver un juste équilibre entre plat et dessert gourmands mais toujours allégés en sucre et en matières grasses). je cite... m'a jamais euE à table, çui-là !!!
Je ne résiste pas au cape-chat suivant :
Trophom : adj. néologisme caractérisant certain personnage machisant !
Pfff, et dire que nous sommes en 2009!!!! Il y a encore du boulot......Biz de nous 5.
J'suis fière de quitter ce monde de journalistes, parfois. Le pire, c'est qu'un tel ramassis de clichés n'alimente pas que les revues spécialisées... J'ai bien rigolé, cela dit, merci!
Les gentes dames et demoiselles seront bien aises de lire ce ramassis d'immondice sur la gent féminine. Je le déplore tout autant, moi, grand amoureux des femmes.
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