vendredi 31 juillet 2009

Nous-rire

Je dois faire la différence entre un univers actuel et un univers virtuel. L'actuel, c'est ce qui se passe dans mon restaurant chaque jour : les clients, les commandes, la nourriture qui arrive et repart, les livraisons de boissons, le mijotage des plats, l'épluchage des légumes, les additions, les rouleaux de pièces, les billets, les chèques, les réservations, les habitués, le chahut, le doux chahut des enfants et des adultes réjouis. Le virtuel, c'est ce qui m'arrive par la poste et se perd aussitôt dans mes tiroirs : des formulaires, des assignations, écrits dans un langage que je trouve barbare et auxquels je ne condescends pas à répondre, des chiffres qui s'accumulent toujours dans la même colonne, la colonne des débits.


Ce qui précède n'est pas de moi, ça n'empêche que j'ai eu un gros sentiment de déjà-vu quand je l'ai lu. C'est d'Agnès Desarthe, dans Mangez-moi. Christine m'a prêté ce livre en me disant qu'elle avait pensé à moi en le lisant et je vois un peu pourquoi... Je me trouve aussi chanceuse, en tout cas, que l'héroïne de ce livre qui arrive à créer, un peu malgré elle, un lieu chaleureux et vivace. Comme quoi, même dans la réalité, on peut sûrement y arriver...
Pourtant je n'en suis pas sûre tous les jours. Je suis certaine que ce qui a été créé ici est une bonne chose, ça oui. Mais le reste, l'entreprise, c'est une autre paire de manches. Je suis en suspens au-dessus du gouffre depuis quelques jours, dans l'attente de savoir si oui ou non l'aventure va continuer.
Une des plus belles prières qu'il m'ait été donné d'entendre, c'en est une qui dit "j'ai faim, donne-moi quelqu'un à nourrir". Ces derniers temps, je ne sais comment dire à ceux qui viennent combien je suis heureuse de les nourrir. L'être humain étant ce qu'il est, c'est quand il voit qu'il risque de perdre quelque chose qu'il comprend combien il y tient. Oui, c'est dur de se dire que l'aventure peut s'arrêter. Mais je suis toujours ravie de vous nourrir.
Bon, foin de ces jérémiades, je suis en vacances avec mon MiniLoup dimanche soir et je commence à ne plus être très concentrée, je rends la monnaie trois fois, j'oublie de compter des trucs, j'oublie les blancs battus dans les gâteaux... Vive les vacances !

jeudi 30 juillet 2009

Tévéha, bis

Aheum.
Mister C. est passé aujourd'hui pour déjeuner et emporté par son enthousiasme pour la nouvelle devanture, il est retourné à son bureau et a lu le blog du Café Clochette. Et il est tombé sur mon billet consacré à la TVA. Aheum. Hum hum.
Il semblerait donc que j'aie fait une légère erreur. Enfin sur le fond, ce n'est pas absolument faux ce que j'ai dit, remarquez bien, sauf que le sort à voulu que le langage des entreprises me soit légèrement hermétique ou passablement crypté. Donc je vous cite Mister C. dans le texte :
- Ah si, si, vous relevez bien du régime de la TVA, sauf que vous êtes exonérée en vertu de la franchise.
Voilà. Il fallait que ce soit dit. Merci, Mister C. Je me demande bien ce que je ferais sans vous. Des bêtises, sans aucun doute.

mercredi 29 juillet 2009

Ouin chouin pelleteuse

Mon petit garçon ! mon innocent ! mon tout-petit !
Il aborde aux rivages du pipi-caca !
Ben alors je vais raconter quoi moi ici ? parce que j'ai le respect du lectorat, quand même... Alors que vous dire ?
- Tu parles anglais MiniLoup ?
- Ouin chouin ouin chouin.
- Ah oui, tu dis autre chose ?
- Ouin chouin ouin.
- Autre chose ?
- Nan. Euh... Nooooo. Enfin si yess, ouin chouin.
- Ca veut dire quoi ?
- Ca veut dire la pelleteuse elle creuse un très grand trou pour les tuyons et les fils pour le téléphone et après il faut passer avec un camion pour refaire la route et puis les voitures elles peuvent passer et puis après il y a plus de bruit et on peut téléphoner dans les fils.


Droit de réponse de TrèsGrandLoup du 28 février 2024 :
- J'ose espérer, ma très chère mère, que ce n'est pas de moi que vous parliez ainsi...
- Ben, euh, c'est-à-dire...
- ... car vous vous souvenez sans doute que j'ai toujours eu, dès ma plus tendre enfance, un langage des plus châtiés. Je me souviens bien par ailleurs du chantier que vous évoquez de façon si cavalière en cette fin de billet. Vous-aviez-oublié-de-prendre-des-photos !!! Et moi ben je suis rentré et j'ai regardé la route et elle était toute plate-euh ! alors-euh ! snif...
- Ben euh... ouin chouin ?

mardi 28 juillet 2009

Silence on coud

Séance couture dans les coulisses du Café Clochette. MiniLoup, du bout de ses pattes de velours, pique soigneusement une aiguille dans du tissu.
- Ca c'est fort, mon loup, pour faire ce que tu fais il faut des petits doigts agiles.
- Ah nan ils sont pas à Gilles mes doigts ! ils sont à moi ! C'est qui Gilles ?
Ensuite, il découvre le ruban à mesurer et se met à mesurer la télé, la queue du chat, la hauteur du bureau et sa chaussure droite. Il réclame de connaître l'exacte longueur de mon nez mais je peux pas, je couds.
- Avec ça on peut tout mesurer, hein maman ?
- Oui, sauf la grandeur d'âme.
- Ah bon ? mais on peut mesurer les monsieurs quand même ?
La plus bête séance de rattrapage d'ourlet prend un relief extraordinaire, quand on a un MiniLoup à demeure.

samedi 25 juillet 2009

Télé à chats

Emportée par l'enthousiasme d'une solitude temporaire de maman sans loup - enthousiasme tempéré par une tristesse diffuse certes, mais ne barguignons pas ; que voulez-vous, l'état parental est forcément lié à une certaine ambivalence, c'est comme ça - emportée disais-je par l'entousiasme, j'ai rebranché la télé. Ah oui c'est sûr, ce n'est pas enthousiasmant comme procédé ni même comme idée mais on fait ce qu'on peut. Deux de mes trois monstres à quatre pattes, tapis dans l'ombre, attendaient leur heure, j'en ai eu la preuve quand j'ai dû bagarrer ferme pour tirer le fil de dessous le canapé, sans m'apercevoir que de l'autre côté, ils étaient deux, donc, à s'arc-bouter pour ne pas laisser échapper leur proie. Dix-douze minutes de combat inégal et la solution s'imposa : pousser la télé contre le canapé pour ne pas avoir à tirer sur ce satané fil. Du coup, j'ai dû m'asseoir par terre, mais ça permet de lutter contre l'arthrose qui me guette, surtout que dans deux jours je franchis un seuil supplémentaire dans le compte des années (en d'autres termes, je me fais vieille, heureusement que de bonnes âmes ont accepté de me tenir compagnie en cette épreuve). Bon alors j'étais là par terre tranquille avec mon verre sous la main et une assiette pleine de salades (destinées par leur action non-grossissante à m'aider à soulager mes articulations bientôt souffrantes, donc) quand la pluie s'est mise à tomber. Chose banale à première vue, sauf dans une maison pleine de fenêtres et de chats. Le temps d'aller fermer les fenêtres et de revenir, la moitié de ma salade avait disparu (voir ici, clic) et le contenu de mon verre noyait doucement les miettes perdues entre les lattes du parquet. C'est comme ça que j'ai loupé le début d'Urgences.
Ca faisait trois ans que j'avais décroché. J'ai eu un peu de mal, une fois les dégâts ambiants réparés et mon assiette re-remplie, à suivre le déroulement de l'intrigue. L'intrigue secondaire, je veux dire, entre les personnages récurrents. Je ne savais plus du tout qui était le petit ami de qui. C'est qu'ils sont nombreux, en plus. J'ai plus ou moins laissé tomber l'espoir de comprendre le fin mot de tout ça. Il restait donc les intrigues médicales. Pfiou. C'est pourtant une cafelière habituée à manipuler la viande fraîche qui vous le dit, j'en ai encore le coeur qui bat. Enfin qui bat fort, enfin vraiment fort quoi, la chamade comme qui dirait - les docs, là, ils avaient l'air de penser qu'un coeur qui bat c'est normal, en tout cas ils ont mis un point d'honneur à faire repartir tous ceux qui leur tombaient sous la main. Soit j'ai pris un coup de vieux - enfin ça oui d'accord c'est acquis - soit le sevrage de télé m'a rendue particulièrement sensible au pathos télévisuel, mais les longs regards vers les cieux où se lisaient toute la douleur humaine m'ont presque fait verser des larmes et les péripéties médicales m'ont fait me cacher les yeux dès qu'il y avait une goutte de sang. Pfiou.
Pendant ce temps, les terreurs velues s'étaient approchées et ont fini nichées contre moi, comme si elles n'avaient jamais entendu le mot "bêtise", et elles n'ont même pas frissonné de la truffe quand je me suis caché les yeux derrière leurs oreilles qui traînaient entre la télé et moi et que j'ai essuyé mes yeux sur leur pelage. Quand les trois épisodes ont été terminés, j'étais toute courbaturée, le plancher était baigné de mes larmes, les chats étaient humides et mon verre était vide, mais les félins se sont levés, ont fait le gros dos, se sont étirés et sont allés croquer quelques croquettes pour supplémenter la salade.
Demain soir, c'est sûr, je fais de la broderie. Et pas devant la télé. Remarquez, rien que l'idée de devoir me battre pour le fil me fatigue.

jeudi 23 juillet 2009

Tévéha

On me demande parfois, ces derniers temps, si je vais baisser mes prix suite à la baisse de la TVA à 5,5%. La réponse est "non". En fait, je ne suis pas assujettie à la TVA, ou pour être exacte, l'entreprise créée sous le nom de Café Clochette n'est pas assujettie à la TVA.
La plupart des entreprises paie de la TVA à l'Etat sur ses gains et, en contrepartie, peut récupérer la TVA sur ses propres achats. Jusqu'à présent, la restauration était à 19,6% de taux de TVA, ce qui signifie que ces entreprises devaient reverser à l'Etat 19,6% de leur chiffre d'affaires. Alors quand on doit à l'Etat 5,5% de ce qu'on gagne à la place de 19,6% comme auparavant, forcément on gagne plus d'argent qu'avant. En contrepartie de cet avantage, il est demandé aux entreprises de la restauration de faire baisser leurs prix et de s'arranger pour que leurs employés s'en sortent mieux eux aussi.
Pour certaines entreprises par contre, notamment celles qui ont un tout petit chiffre d'affaires, il existe une "franchise de TVA". Ce qui signifie qu'il nous est épargné toute la paperasse consistant à déclarer les montants à reverser à l'Etat et les montants à récupérer sur les achats. Ce qui signifie également que nous ne sommes pas concernés par le changement de taux et que ce que nous gagnons ne change pas avec cette nouvelle mesure. Donc non, nous ne pouvons pas faire changer nos prix, puisque nous sommes déjà au niveau que nous estimons correct pour nous en sortir.
Dire qu'il y a un an, je contemplais Mister C., les yeux ronds, quand il essayait de me faire comprendre ces subtilités... Ben voilà, rien de mieux que l'expérience pour vous faire comprendre les choses.
Je souhaite bon courage à mes collègues qui sont, eux, concernés par cette mesure. Je commence à comprendre, au bout de 8 mois d'activité, combien il est difficile de tenir un équilibre entre la nécessité de faire survivre une entreprise, une compréhension équilibrée du contrat social et, souvent, un engagement citoyen. Surtout en ces temps difficiles.

mercredi 22 juillet 2009

Sucre en poudre d'escampette

Plus de sucre pour le café. Voilà une de ces péripéties qui ne peuvent arriver qu'au Café Clochette, car elle est due à une pitrerie féline.
Samedi : tiens, il va falloir racheter du sucre pour le café.
Dimanche : mais où passent les dosettes de sucre, à la fin ?
Lundi : Clochette, avec quoi tu joues, là ? oh ben c'est malin tu as mis ton truc sous le buffet.
Mardi : mais qu'est-ce qui fait scrouitch scrouitch sous les pieds là par terre ? mais c'est du sucre ? Clocheeeeeetttttte ! Ramène ta fraise et ton museau par ici, siltoplé, j'ai un truc à te dire ! (Scritch scritch scritch.) Mais pourquoi il bouge, ce carton ? Mais... elle est pas dedans quand même ?
Inutile de dire que si bien sûr, elle était dedans, en train de percer du bout de la griffe, consciencieusement, tous les petits sachets de sucre de canne bio et équitable qui restaient. Il n'en survécut que douze. Ceux qui étaient sous le buffet sont méconnaissables et hors d'état de sucrer quoi que ce soit.
Désormais, au Café Clochette, on sucre le café à la cassonnade. Qui coule d'un sucrier en verre inaccessible aux pattes curieuses. Et pis c'est tout.

mardi 21 juillet 2009

Coup de fil à couper le beurre

- Alors mon loup, tu t'amuses bien ?
- Voui, on va à la piscine, et on tond l'herbre, et on cueille du maïs, et on mange du melon, et on chasse les cauchemars et les monstres, et on va à la piscine.
- C'est vrai ? tu me racontes ?
- Ah nan. J'a pas le temps. Je suis trop zoccupé. En r'voir, m'man.
Dring, dring, dring.

lundi 20 juillet 2009

Salade de lentilles vertes au saumon

Un ingrédient magique fait partie des bases de ma cuisine : la mélasse de grenade. Elle est obtenue par concentration de jus de grenade, c'est un ingrédient essentiel de la cuisine libanaise, semble-t-il. Je n'utilise plus que ça en lieu et place du vinaigre balsamique qui, à moins de coûter une fortune, est toujours trop acide. Pour d'autres idées avec cet ingrédient, vous pouvez aller voir du côté du blog Beau à la louche.
La mélasse de grenade a petit côté fruité, sucré, qui s'accorde avec beaucoup de choses. D'habitude, je la sers nappée sur des fraises avec juste un chouia de cassonade. Aujourd'hui, c'est avec des lentilles vertes et du saumon.

Salade de lentilles vertes au saumon

Faites cuire vos lentilles vertes avec du bouillon de légumes. Laissez-les refroidir. Faites cuire le saumon à l'unilatérale (sur la peau, directement dans la poêle, à feu vif, puis couvrez et laissez la cuisson se terminer toute seule ; si vous trouvez ça pas assez cuit, remettez à feu doux pendant quelques minutes mais attention, le saumon trop cuit devient sec). Laissez refroidir.
Posez un pavé de saumon, sans la peau, sur une petite montagne de lentilles vertes. Nappez de mélasse de grenade. Parsemez de coriandre grossièrement hâchée et saupoudrez de quelques baies roses. Servez avec un petit chardonnay juste assez frais.


Edit du 25 juillet : une variante consiste à mettre du magret de canard simplement cuit à la poêle à la place du saumon, et à remplacer les baies roses par des cranberries et des noisettes.

dimanche 19 juillet 2009

Frimeur

"Frimeur !"


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samedi 18 juillet 2009

I'm scarleh

Ahem, ahem. Tap tap tap ; ça marche, le micro, là ?
Bon, allons-y.
Chers clients, chers compagnons de route, chers lecteurs, chers amis,
Comprendrez-vous ce que je viens faire ici, face à vous, le visage écarlate et les mains tremblantes, lorsque je vous aurai dit qu'en me réveillant, ce matin, ma première pensée fut "oh, yaura personne t'façon, si je me rendormais ?" Oui, je vous vois rire, je crois que vous avez compris.
Je viens avouer en public ma plus totale inadéquation au job qui m'a été confié par les circonstances et par une providence peut-être un chouia optimiste sur mon compte. Je viens vous avouer qu'une fois encore, je me suis plantée dans les grandes largeurs. Non seulement il n'y avait pas "personne t'façon", mais le Café Clochette était plein avant midi et demi, tout le monde avait très faim et la ferme intention de ne repartir d'ici qu'après avoir assouvi cette faim dévorante, et nourri leurs rejetons par la même occasion. Je me suis donc retrouvée, à mon corps défendant et la sueur au front, en train de remplir trois cent mille assiettes et de me demander si j'aurais assez pour nourrir tout le monde et si oui, ce que j'allais bien pouvoir me mettre sous la dent ensuite. Sachez simplement qu'à 16h32 et quelques secondes, je n'ai pas réussi à répondre à la deuxième question et que la première ne fut résolue que par le plus grand des miracles et la grande gentillesse d'un papa qui a accepté d'échanger son estouffade de poulet contre la promesse d'une grande assiette végétarienne conconctée rien que pour lui.
Sachez également que la cafelière que vous avez devant vous a l'immense chance d'avoir les clients les plus gentils du monde. Ils débarrassent eux-mêmes leur table et c'est à peine s'il ne faut pas se battre avec eux pour les empêcher de lancer le lave-vaisselle pendant qu'ils y sont. Et comme la plupart connaît comme sa poche l'emplacement des différentes pièces de vaisselle, ils se mettent la table mutuellement et viennent chercher eux-même leur petite carafe. Si c'est pas de la veine, ça...
Alors on s'est beaucoup croisés dans cette cuisine et pour tout avouer, c'était plutôt rigolo.
Alors c'est sûr que si ce soir tout est du même tonneau, je risque de devoir tôt demain matin revenir vous en toucher deux mots au micro, vu que je préfère vous raconter tout ça tout de suite plutôt que d'aller mitonner un rougail saucisse. Mais pour ce soir je suis tranquille. Je suis tout à fait persuadée qu'il y aura un monde fou. Donc mathématiquement, ce sera calme.
Je vous remercie pour votre attention.

Café & Clochette

- Comment il s'appelle, ton chat, Madame ?
- C'est une fille et elle s'appelle Clochette.
- Et l'autre, là, il s'appelle Café ?

Ce qu'il y a de bien chez les enfants, c'est leur esprit logique.

vendredi 17 juillet 2009

Quinze, non seize, non...

Je vaquais tranquillement à mes occupations sans rien demander à personne, la truffe au vent du web et les orteils en éventail dans mes chaussures fermées parce que quand même, le temps n'est pas terrible ces derniers temps. Doux clapotis des gouttes dans la courette, léger ronflement issu du coussin de Timirrou sur lequel était posé, altier, un Timirrou roulé en boule, le museau sur la queue et les yeux férocement fermés, gloub-gloub tranquille de la préparation en cours dans la cuisine. Quinze heures.
Entre une maman, sa maman et son petit bonhomme pourvu d'une grande peluche et d'un petit bout de sandwich complètement délaissé. Timirrou met les bouts. C'est une maman qui vient causer business, vu qu'elle a un chouette projet du côté du Sud [note aux non-Rennais : à Rennes, le Sud commence à Nantes où, déjà, il commence à faire sec, dit-on ; de grands explorateurs ont paraît-il ramené des cartes approximatives de ces contrées étranges mais il paraît que c'est un on-dit à ce que je me suis laissé dire] et qu'elle a envie de parler à la cafelière des obstacles-zé-des-joies de cette belle aventure. Nous devisons gaiement et je suis toujours complètement détendue, à ceci près qu'il passe des camions de soixante-deux tonnes devant mon magasin, en train de raboter la chaussée en toute discrétion. Je sens bien que l'après-midi va être tranquille - mon instinct en la matière est infaillible - et je me détends encore, autant qu'il est possible avec le quatre-vingt-quinze tonnes qui vient de prendre le relais. Tiens, il pleut. Ca n'arrête pas le mastodonte.
Entre une maman et ses deux petits gars, dont le plus grand ressemble tant au mien que j'ai parfois la compulsion presque irrésistible de remonter son pantalon ; seule me retient l'image de son petit visage ressemblant à la frimousse de MiniLoup quand il me fait son air de "mais voyons Madame, voulez-vous bien cesser ces privautés". Il y a des cartines au chocolat dans l'air, je vous le dis, les crêpes ayant été déclinées. Un thé, une petite assiette de dégustation, un sirop, tout le monde s'installe et/ou s'égaie du côté de la cabane des jouets.
Entrent une maman, un beau-papa et une jeune fille qui apprend le chinois, quelque part du côté du Nord, dans sa maison parce qu'elle fait l'école à la maison et que ça lui réussit. C'est elle, la rédactrice en chef du magazine intitulé "La Gazette des enfants de l'Ouest" qui est en vente au Café Clochette au prix de un euro. Un chocolat chaud ? d'accord, un chocolat chaud, et des petits gâteaux, et du thé pour les grands. Ca va ? oui oui, ça va !
Entre une maman et ses deux grands qui accaparent le force 4 en grignotant des petits gâteaux. Tout à l'heure, les deux grandes filles joueront et tailleront une bavette pendant que les mamans discuteront Montessori et école à la maison.
La maman du grand Sud s'apprête à partir et après des adieux déchirants, son petit garçon accepte de suivre le mouvement, en laissant son doudou derrière lui.
Entrent une maman, un papa et une petite fille au petit bonnet rose. Ils partent bientôt pour le grand Sud, eux aussi, et ce qui est rigolo c'est que c'est le même que celui de la maman tout à l'heure. La bonne nouvelle, c'est qu'un de ces jours ils se rencontreront.
Entrent un papa, une maman et leurs deux jolies petites filles-princesses en partance pour les vacances et qui voudraient bien se requinquer un peu avant ; tout ce petit monde connaît la maman et les deux petits gars du début et la conversation s'engage une fois le mascarpone glacé et les crêpes au sucre arrivés à bon port sur la table (après un slalom géant pour éviter Clochette qui fait l'andouille et le spectacle à chasser les mouches).
Entre la grand-maman du petit bonhomme de tout à l'heure, qui vient récupérer le doudou.
Entre une maman et sa petite fille au sourire épatant (avec deux dents !), qui vient de goûter mais qui ne serait pas contre un fond de jus de fruits bio et équitable dans le fond de son biberon.
La pluie a eu raison des engins. Ah non tiens, c'est qu'il est dix-sept heures. Ca alors.
Il s'en passe, des choses. Et mon instinct ne vaut pas tripette, il faut bien le reconnaître.

jeudi 16 juillet 2009

Chantier

Et mon MiniLoup qui n'est même pas là...




mercredi 15 juillet 2009

Parenthèse en chantier

Un fiston parti faire les quatre cent petits coups à la campagne.
Pas tellement dérangée par les clients.
Soleil d'été.
Ce soir, ciné ! whatever works, eh?
Un ami éditeur qui a besoin d'un coup de main, je reprends doucement le collier.
J'ai lu des centaines de livres depuis l'enfance, parfois payée pour, parfois pas. Alors pourquoi est-ce que je me souviens mieux de Touffu que des trois quarts d'entre eux ?
Des mots qui s'alignent sagement au coeur de la nuit, ou parfois bataillent. Sursauter au moment du feu d'artifice et ne pas mettre un pied au bal des pompiers.
Ne pas faire cuire un seul gâteau en trois jours, ah si, un brownie, les yeux fermés. Avoir l'impression d'être en vacances et hors du temps.
Et si ça ne s'arrêtait pas ?

mardi 14 juillet 2009

Champignons à la grecque

Nettoyez des petits champignons de Paris en les frottant rapidement sous l'eau, coupez l'extrémité des pieds si nécessaire. S'ils sont un peu gros, coupez-les en deux ou en quatre. Jetez-les dans une sauteuse avec un peu d'huile d'olive et un citron coupé en morceaux. Laissez rendre un peu d'eau de végétation sans colorer.
Dans une casserole, faites frissonner du vin blanc, de la coriandre en grains, sel, poivre, baies roses entières, une pincée de sucre. Ajoutez du concentré de tomates et du thym frais. Quand tout est bien mélangé et que ça a un peu réduit, ajoutez les champignons et laissez cuire tranquillement pendant quelques minutes. Conservez au frais.

lundi 13 juillet 2009

Sac à loup, ou : de la rencontre des grands esprits dans la composition d'un sac de vacances

- Maman, mon sac il est trop lourd.
- Ca doit être toutes les petites voitures.
- Ou le gâteau au chocolat. Tu sais, Grand-mère elle sait faire le gâteau au chocolat. Je va pas avoir faim. Et les voitures, c'est pas très lourd d'abord.
- Hum... Bon d'accord. Alors on enlève le gâteau ?
- Ah nan finalement. Je va le manger en premier dans le train, comme ça se sera plus lourd, voilà.
- Ah bon. Tu veux encore un morceau alors ? si tu te fais des copains dans le train ?
- Ah nan. Je leur prêterai une petite voiture.

dimanche 12 juillet 2009

Ouf

Les semaines sont longues en ce moment.
Le meilleur moment : samedi soir, un long service qui s'achève, de beaux sourires, de gais enfants, des dessins collés au mur au truc qui fixe et refixe... Une bougie bleue. Ma salade au canard et ze brownie et le mille-feuille d'échine au pesto. Restaurant plein, comptines du monde.
Le petit verre de Pic Saint-Loup, qui m'est si cher pour celui qui dort là-bas, et les dernières fraises de la journée. La lichette de cake aux Carambars. Les chats qui se coursent et jouent à chat avec leur reflet dans la vitre. Du rock allemand à la radio, tiens donc.
Des envies de continuer du côté de la fiction, mais l'inspectrice s'est égarée du côté du Thabor.
Des recettes à essayer, mais le frigo est plein de rouleaux de sablés prêts à passer au four en petites rondelles. Tiens, plus de mantecaos, le petit amateur de ce soir est passé aux meringues.
MiniLoup part en vacances. Un chouia de cafard.
D'étonnantes rencontres, de la théorie des nombres à Montessori.
Mon-banquier-plus-jeune-que-moi a le dossier sous le coude. J'attends.
De nouvelles cartes avec de nouveaux thés en dégustation. L'aspirateur est passé, la compta du jour faite. L'inox brille, la vaisselle sèche. Oui, j'ai bien travaillé. Ouf.

vendredi 10 juillet 2009

Tarte danoise

C'est ma marraine qui m'a transmis cette recette, il y a bien longtemps, j'étais à peine plus grande que MiniLoup. Je l'ai retrouvée par hasard il y a peu, dans un vieux carnet.

Tarte danoise

Mélanger 125 g de beurre fondu, 3 jaunes d'oeuf, 100 g de sucre. Ajouter 1 sachet de levure chimique et 250 g de farine (sans gluten possible) puis étaler la pâte à la main au fond d'un moule beurré et couvert d'une feuille de papier sulfurisé.
Etaler de la confiture sur le fond (abricots ou fruits rouges).
Mélanger 100 g d'amandes en poudre, 100 g de sucre et les trois blancs d'oeuf non battus. Verser sur le reste, bien étaler à la spatule.
Mettre au four préchauffé à 120°C pendant une heure.

jeudi 9 juillet 2009

Pattes fraîches

Pour faire des lasagnes...
D'abord, sortir le chat du plat.


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mercredi 8 juillet 2009

Epinaaaards

- Maman ?
- Oui ?
- Y a des épinards ? moi j'âme les épinards.
(Une heure plus tard.)
- Maman ?
- Oui ?
- C'est quoi le truc vert, là ?
- Des épinards, mon loup.
- Ah. Ben moi j'âme pas les épinards.
(Dix minutes plus tard.)
- Maman ?
- Oui ?
- Y sont où mes épinards ?
- Je les ai mangés.
- Ooooooh... zuuuut... moi je en voulais des épinards...

mardi 7 juillet 2009

Blaireau & zigouigoui

- Oh ! un dessin ! merci mon loup.
- Oui, tu vois, c'est un blaireau. Et là c'est ses dents, et là il mange de l'herbe.
- Ah oui je vois, c'est un blaireau. Il mange de l'herbe. Et toujours pas de bonhomme ?
- Nan. Enfin ça, je sais plus ce que c'est, le zigouigoui là. Peut-être c'est un bonhomme.

dimanche 5 juillet 2009

Panais

Il y a bien longtemps que je n'avais autant ri à la lecture d'un blog culinaire... Merci à Caroline pour son article sur le panais comme masque de beauté, ce n'est pas la saison mais tant pis !
Sinon, ça n'a rien à voir, mais tout à l'heure en contemplant la devanture, je me suis dit "oh zut, Café Clochette ça existe déjà". J'avais fait un grand bond en arrière en imagination et je venais d'avoir un choc, croyant que le nom était déjà pris pour mon tout beau projet. Ben ça m'a fait un deuxième choc quand je me suis aperçue, revenue au présent, que c'était mon tout beau projet, là devant moi, et que ce n'était plus un projet mais bien la réalité. C'est bête, hein ?

samedi 4 juillet 2009

vendredi 3 juillet 2009

Concours de polésie


Allons voir si le rose
Qui hier matin était la cause
De mes plus grands tourments...



A vous ?

jeudi 2 juillet 2009

Vacances !


Ca y est, les petits et moins petits sont en vacances. Pour fêter ça, vendredi soir et samedi soir les desserts sont offerts !

Alors ? alors ? alors ?


Sous la dernière couche de peinture que Florette et Romain ont poncée, il y avait la première inscription sur cette devanture, "Maison du livre d'occasion". Ensuite, ce fut "Photographe". Et maintenant, enfin très très bientôt, demain peut-être, "Café Clochette".


Alors, dites, vous en pensez quoi ?

mercredi 1 juillet 2009

ô Dulac

Reçu ce matin une lettre qui me met en joie - je crois. Elle émane d'un groupe sis aux Champs-Elysées parisiens, lequel groupe me dit-on fut fondé en 1973, et qui se dit "spécialiste en transmission d'entreprises et d'industries". Coordonnées sur demande, des fois que ça vous intéresse, ô fidèle lecteur. Ce courrier est personnel et confidentiel mais je me suis réunie et j'ai statué, dans le but de le partager avec vous quand même.

"Vous souhaitez céder votre affaire ? nous avons les repreneurs !
Madame,
Nous avons le plaisir de vous informer que l'un de nos clients pourrait être intéressé par l'acquisition d'une entreprise similaire à la vôtre :
Réf. : 553B Restauration de type rapide
Si notre offre vous intéresse, vous pouvez prendre directement contact avec le service de Monsieur O.DULAC, en précisant la référence ci-dessous pour identifier votre appel. Nous pourrons ainsi convenir d'un rendez-vous avec l'un de nos chargés de Mission, sans engagement de votre part et dans la discrétion la plus absolue, afin de nous entretenir de votre projet. Nos actions sont : Anonymes, Confidentielles et Discrètes.
Nos 36 années d'expérience et notre compétence sont au service de vos intérêts.
Par avance, merci de votre confiance.
Le service de Monsieur O.DULAC

Réf. B59 *************** 553B
NB : Nous vous précisons que notre groupe, fort de 36 années d'expérience, a traité plus de 6000 dossiers de Cession-acquisition au cours de ces douze derniers mois.
[] Pour ne plus recevoir ce message, merci de bien vouloir cocher la case et nous retourner le document."

Cher Monsieur O. Dulac,
Avant toute chose, permettez-moi de vous dire que vous avez un nom merveilleux, j'espère que je ne suis pas la première à vous le dire et qu'il éclaire vos jours comme il éclaira ma matinée entre une mise au four de poulet rôti et une expédition à la banque accompagnée d'un MiniLoup juché sur sa draisienne et peu enclin à s'arrêter devant les pigeons (plutôt dessus, s'il avait pu). La matinée ayant été chaude et tirant à présent sur l'orageux, je vous prie de croire que ce courant d'air frais dans mon quotidien fut une bénédiction, surtout qu'entre le poulet rôti et la course à la draisienne, la cafelière avait déjà pas mal souffert de la chaleur.
Ceci étant fait, je me permets d'ajouter que votre offre tombe à pic. Je ne sais si vous l'avez fait exprès ou si vous vous êtes contenté de donner pour instruction à votre secrétaire ou à votre stagiaire du moment d'éplucher les registres du commerce de notre bonne ville de Rennes (département Ille-et-Vilaine, par là-bas à l'Ouest, au bout des Champs en gros, puis un peu au sud), mais, sachez-le, votre offre me touche particulièrement à un moment ou, en effet, la question se pose.
Je ne peux pas vous promettre en toute honnêteté que prendre mon téléphone pour vous appeler sera mon premier geste, au cas où les banques me refusent dans les semaines qui viennent le prêt qui m'est indispensable pour ne pas mettre la clé sous la porte. Je pense, me connaissant un peu depuis le temps, que j'irai joindre mes larmes à l'averse du moment, quitte à m'en vouloir pour le reste de cette éternité et de la suivante d'avoir contribué à noyer les caves de mes voisins.
Par contre, je serai sûrement en mesure de venir vous voir ensuite, ayant réservé mes petites larmes bretonnes à la capitale de cette belle région, pour, bravant le métro parisien et les pigeons que rien n'étonne, même pas une draisienne domptée par un MiniLoup, vous expliquer pourquoi j'admire infiniment votre prose et en quoi je pense pouvoir vous être, à mon tour, utile.
L'objet de ma grande admiration, c'est la phrase qui ouvre votre missive à la cafelière adressée : "Nous avons le plaisir de vous informer que l'un de nos clients pourrait être intéressé par l'acquisition d'une entreprise similaire à la vôtre." J'explique.
"Nous avons le plaisir..." : ça fait toujours plaisir que quelqu'un ait plaisir à quelque chose qui vous concerne, ne serait-ce que vous adresser un courrier pas tellement fait pour vous faire rigoler, donc là, super, parfait, ne changez rien.
"de vous informer que..." : c'est la teneur du message, vous tenez à me communiquer une information.
"l'un de nos clients pourrait être intéressé" : très fort, parce que pour des restaurateurs aux abois en ces temps difficiles, savoir qu'un client, même si ce n'est pas le sien, est intéressé, ne manquera pas de lui faire plaisir, voire de lui redonner un espoir insensé car un commerçant vit d'espoir, d'eau fraîche, de l'air du temps et du bon vouloir des clients.
"par l'acquisition d'une entreprise" : là aussi, le commerçant qui n'est jamais totalement à l'abri d'un coup de fatigue trop insupportable pour être supporté, peut voir une issue à son problème du moment, en plus ça fait sérieux, dossier en carton gris retenu par un ruban tissé et tout et tout.
"similaire à la vôtre" : impeccable... car si ça se peut pour les autres, hein, pourquoi pas pour lui, se dit le commerçant.
Une lecture rapide tendra donc à redonner le sourire à notre commerçant et ça, c'est indubitablement toujours bon à prendre. Peut-être oubliera-t-il de lire ce que cette phrase signifie réellement, c'est-à-dire "nous avons des clients, ça leur arrive d'avoir envie d'acheter des trucs, rien n'est moins sûr, en plus c'est pas vous mais votre concurrence qui les intéresse alors si vous ne vous dépêchez pas ou si vous vendez trop cher ils risquent d'acheter ailleurs, enfin on veut quand même vous en faire profiter mais faut discuter et si vous êtes vraiment aux abois on pourra voir à vous donner un petit quelque chose pour vous dépanner quand on aura pris la peine de reprendre votre entreprise qui coule et dont personne ne veut, ben faut voir qu'en ce moment les restaurations de type rapide ça court les rues en plus", mais dame...
Alors vous pensez bien, mon cher Monsieur, que je ne vais pas cocher la case [], parce que vos actions Anonymes, Confidentielles et Discrètes m'épatent beaucoup et que j'espère bien que vous me tiendrez au courant de la suite.
Et puis j'allais vous proposer mes services pour me reconvertir dans l'écriture de lettres pour votre compte mais je m'aperçois que je viens de démontrer que vous le faites infiniment mieux que moi et surtout plus court. Alors si je dois me reconvertir, je pense que je me dirigerai plutôt vers le comptage des points de coccinelles.
Bien à vous, etc.
La cafelière du Café Clochette
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