dimanche 29 août 2010

Mais enfin ma chère, qu'eussiez-vous donc voulu que je fisse ?

C'est vrai ça, quoi, la cafelière elle me fâche (comme dirait MiniLoup), mais qu'est-ce que j'aurais pu faire d'autre, moi, à la fin ?
Laissez-moi vous raconter avec toute la neutralité d'un acteur certes engagé, mais aussi impartial qu'on peut l'être. Déjà, laissez-moi vous rappeler que la cafelière s'apprête à partir pour le Sud, qu'elle est un petit peu sur les nerfs parce que ce qu'elle avait imaginé ne se passe pas du tout comme elle l'avait imaginé et en même temps tout à fait sereine, c'est très curieux, et que ces trois derniers jours au Café Clochette ont été pleins de surprises. Tiens, hier par exemple, il y a eu un déjeuner d'anniversaire et comme c'était dimanche, c'était tout à fait inhabituel, et les petits détails de d'habitude pour un service ordinaire en étaient tout dérangés. Ca n'a l'air de rien comme ça, mais ne serait-ce que trouver du pain un dimanche matin alors que la boulangerie habituelle est fermée peut, selon le trajet qu'on emprunte pour revenir du centre ville, se transformer en balade inattendue. Une balade un jour ordinaire, on n'a jamais vu ça. Surtout en compagnie d'un MiniLoup fatigué qui marchait les yeux fermés pour montrer combien il était épuisé et a failli, paraît-il, marcher sur un pigeon par inadvertance, lui qui d'habitude fait des pieds et des mains pour les attraper en les coursant, il en était tout renversé.
Et puis la cafelière a réalisé tout à coup, après avoir ramené le MiniLoup au bercail, que c'était son dernier service avant longtemps. Elle était en train de bouger des tables quand ça l'a heurtée de plein fouet. Je le sais parce que j'étais là discrètement et que je l'ai vue se taper le front avec violence en disant "mais mais mais... c'est mon dernier service avant longtemps, ça !" Alors vous voyez, j'ai mes informations de première main quand même. Ensuite, elle posait un couteau puis une fourchette, puis un couteau puis une fourchette avec un gros soupir, comme ça jusqu'à ce que la table soit mise, avec les verres, les corbeilles à pain et les carafes d'eau. Un gros soupir à chaque fois. Les chats, l'étage au-dessus, en avaient le poil tout ébouriffé.
Après, au fond de sa cuisine, elle essuyait discrètement une petite larme après avoir rempli chaque assiette et au moment de préparer le café, elle était tellement émue qu'elle a mis une double dose dans le filtre et qu'au moment de servir, le café était tellement fort qu'on aurait pu y faire flotter un fer à cheval (j'ai de saines lectures, voyez-vous). Du coup, elle s'est rabattue sur la machine à espresso pour faire des cafés acceptables et elle s'est remise à soupirer en pensant à l'époque où elle était en quête d'une machine à café pour l'ouverture du Café Clochette. Plus de deux ans déjà. De l'eau a passé dans cette machine et sous les ponts, depuis le temps.
Un autre événement sans importance apparente, c'est la disparition du lit des bébés. La cafelière toujours soupirante a décidé qu'il ne servait jamais et qu'il vallait peut-être mieux installer à la place une table pour les jours de grande affluence. C'est que l'hiver ne va plus tarder à arriver (enfin on a encore le temps, mais je me prépare psychologiquement) et que les goûters vont voir affluer plein de moufflets et leurs mamans. Toujours est-il que pendant le papa de MiniLoup se battait avec le lit pliable, que MiniLoup se battait avec des cartons pour les mettre à plat et y faire discrètement quelques trous et que la cafelière se battait avec le lave-vaisselle qui n'avait aucune envie, apparemment, de lui livrer son contenu, je me suis dit que j'allais aider et je me suis installé devant l'ordinateur. Et bien croyez-le ou non, tout ce petit monde faisait tellement de bruit que je me suis emmêlé les pinceaux et qu'au lieu de mettre la dernière main à mon roman, j'ai par inadvertance semble-t-il écrasé la dernière version de la comptabilité du Café Clochette.
Inutile de vous dire que la cafelière a été tout à fait déconcertée, puis je l'ai vue se taper le front et cette fois elle ne s'est pas contentée de soupirer, elle a poussé un grand cri muet et elle a attendu que tout le monde soit parti se coucher le soir pour me passer un savon de première. Je ne sais pas comment elle a deviné que c'était moi. Mais enfin, qu'est-ce que j'étais sensé faire, moi, hein ? Je ne pouvais pas aider pour le lit pliable, le lave-vaisselle et moi n'entretenons qu'une relation des plus banales bonjour-bonsoir et MiniLoup, quand il manipule un couteau pour écraser des cartons, il vaut mieux ne pas s'en approcher de trop près. Elle m'a dit que j'aurais mieux fait, si je voulais vraiment aider, de prendre un balai et d'aller faire le ménage chez le Dalaï-Lama, mais je crois que c'est la colère qui parlait.
Ce matin, elle était un peu radoucie et elle m'a envoyé faire le ménage dans le garage. Encore un jour ou deux et je pourrai sûrement revenir. Enfin quand elle aura fini de ressaisir sa compta, je suis pas fou quand même. Ceci étant dit, je pourrais peut-être lui donner un coup de main.

5 commentaires:

Malo, Adel, Abriel, papa, maman ... a dit…

pfouuuuu...
Partir c'est dur. Mais c'est sans doute chouette aussi...
Le Sud, ouahou...
Enfin moi je me disais très égoïstement d'ailleurs : mais OU est-ce que je vais lire ma cafelière après ?...
Alors je relis les pages du pdf pour me consoler et je me marre (à donf', comme tous ceux de la com' ^^)...et j'adore et je souris, un peu triste pasque j'ai un train de retard moi...

milene-micoton a dit…

as-tu réussi à ressaisir ta compta ?
je sèche pour ce soir mais les idées vont venir, je ne désespère pas :)

vince et ju a dit…

Ah la compta, voilà pourquoi je ne pourrais jamais faire de libéral...
Bon départ et à bientôt ;-)
Bises

Laurence a dit…

J'abandonne le blog quelques semaines (euh, peut être mois...) et m'aperçois que la cafelière partirait... et qu'elle a l'air bien sur les nerfs. Mais où vais je lire ces états d'âme et d'humeur qui semblent souvent les miens ?
J'espère que vous n'abandonnez pas votre beau projet et que d'autres sauront prendre la main.

Fred a dit…

Oui, amicales pensées, et bonS voyageS.
Le papa d'ailleurs.

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