lundi 28 juillet 2008

Rencontres

Autour de la naissance de MiniLoup, il y eut de belles rencontres. Certaines eurent lieu au sein de Couleur Bébé, une association rennaise consacrée au soutien à la parentalité et dont les membres sont, pour la plupart, de jeunes mamans qui partagent leur expérience et leurs questionnements sur la naissance, l'accompagnement des enfants, l'allaitement, le portage et les couches lavables, etc. C'est surtout un espace de très grande écoute et de respect de l'expérience de chacun. Lorsque je suis arrivée à ma première rencontre, chez une des animatrices de l'association, je me suis trouvé un coin de canapé (chose plus compliquée qu'il n'y paraît quand on est enceinte de 7 mois, soit dit en passant) et j'en ai pris plein les mirettes et les oreillettes. L'animatrice a demandé avec son grand sourire "alors, de quoi vous voulez parler ?". J'ai dit "ben, de bébés !". Elle a haussé les sourcils. C'est là que j'ai vraiment compris que ça serait peut-être un peu plus compliqué que prévu, toute cette histoire de bébé. Je vous passe la suite, parce que tous ceux qui ont des enfants la connaissent et qu'il faut ménager le suspense pour ceux qui n'en ont pas.
Il y eut d'autres rencontres moins sympathiques aussi, comme celle de ce pharmacien qui voulut absolument me vendre un dispositif anti mort subite du nourrisson alors que je n'avais pas encore accouché.
En tout cas, je suis souvent retournée aux réunions de Couleur Bébé et j'y ai rencontré des gens magnifiques. Lorsque cette idée de café m'est venue, c'est vers les amies de CBB que je me suis tournée pour avoir un avis éclairé. Peut-être que si elles n'avaient pas été là, je me serais découragée. Parce que ça n'a pas l'air comme ça, mais créer une entreprise, c'est un peu plus compliqué que prévu...
C'est un peu le cliché, l'entrepreneur bien arrivé qui vous dit "oui, moi tu sais, la création d'entreprise, tu vois, c'est le parcours du combattant...". Ben oui mais non c'est pas un cliché !
Question simple : comment s'y prend-on, quand on a une idée, pour en faire une réalité ? Au terme d'une réflexion intense (entre sorties au bac à sable et séances de pâte à modeler), après avoir soumis l'idée à des proches, j'avais donc décidé de tenter l'aventure de la petite entreprise.
J'ai commencé par me rendre à la Chambre de Commerce et je me suis retrouvée dans une grande salle toute blanche qui ressemblait à une salle de cours de l'université, mais repeinte de frais, en compagnie de cent autres porteurs de projets. Et rien à faire, pour moi "porteur de projet" ça ressemble à "porteur d'eau" et j'avais toutes les peines du monde à empêcher mon imagination de vagabonder du côté d'une fontaine champêtre de laquelle tirer mon seau ruisselant pour le mener à l'abreuvoir où m'attendaient mes blancs moutons... Autant dire que je n'ai pas été très attentive au discours de la charmante jeune femme qui nous expliquait comment faire une étude de marché. Elle avait l'air de s'ennuyer un peu elle aussi. Ensuite, un notaire et un avocat sont entrés en scène et nous ont conté (compté ?) les beautés du bail locatif et des statuts de société en se lançant des piques interprofessionnelles. C'est-à-dire que l'avocat disait qu'on avait tous besoin d'un avocat et que le notaire affirmait qu'il n'était besoin que d'un notaire. Ils étaient rigolos tous les deux ; mais les beautés du bail locatif ? j'ai tout oublié. Heureusement, ça tombe bien, je n'en ai pas besoin. Tout s'est terminé dans un grand remue-ménage de chaises et de papiers froissés et on est tous retournés porter nos projets en solitaire (et abreuver nos blancs moutons).
Il fallut ensuite s'attaquer à la réalisation, passer de l'idée qu'on s'en fait à l'épreuve de l'idée que les autres s'en font. Un petit livre sur la création d'entreprise sous le bras, j'ai mis le projet sur le papier, toutes les idées qui me faisaient rêver, toutes les choses que j'aurais aimé pouvoir vivre quand MiniLoup était né, pendant ces journées où parfois la seule voix adulte que j'entendais c'était celle de la boulangère, fort aimable au demeurant. J'ai volé cinq minutes ici pendant la sieste, dix minutes là, le soir, au lieu de zieuter la dernière saison de Six Feet Under, pour écrire tout ce qui me passait par la tête. Et puis j'ai envoyé le tout aux gens de plus en plus nombreux qui s'intéressaient à ce projet. J'avais même fait une étude de marché, épaulée par un administrateur de l'INSEE à la retraite ce qui, vous l'avouerez, n'est pas donné à tout le monde. Et vous savez quoi ? rédiger une étude de marché s'est avéré beaucoup plus amusant que prévu. Même le chiffre d'affaire prévisionnel n'a plus eu de secrets pour moi (vous ne savez pas ce que c'est ? on vit très bien sans je vous l'accorde, et je suis passée bien près de ne jamais en entendre parler, ce qui somme toute eut été dommage, mais je vous en reparlerai bientôt).
L'étape suivante, j'avais au moins compris ça à la première réunion de la CCI, c'était de rencontrer un vrai professionnel d'une vrai profession, c'est-à-dire quelqu'un qui avait vécu pour de vrai le parcours du créateur (et gardeur) d'entreprise. Rendez-vous avait été pris avec un jeune retraité des assurances et l'entretien s'est passé dans une petite pièce vitrée façon bocal à poisson rouge. Il m'expliqua illico qu'il entendait, par sa participation à la Chambre de Commerce et d'Industrie, faire partager sa passion d'entreprendre à des jeunes en passe de créer leur entreprise. Donc ce matin-là, c'était moi. Florilège. "Ah oui les femmes, elles aiment bien déjeuner dans un salon de thé, ma femme par exemple... (digression de 10 mn)". "Mais le maternage, c'est quoi exactement ? parce que vous savez, l'allaitement, c'est bien beau, mais je vois ma femme par exemple... (digression de 7 mn)". "Et vous allez mettre une télé, alors ? non parce que vous savez, les petits, ça bouge beaucoup, alors avec une télé sur Gulli, ça pourrait aller, je vois moi ma petite-fille... (digression de 12 mn)." "Ah tiens, je vois que vous avez fait un prévisionnel. Ah ça me rappelle quand j'ai commencé dans les assurances... (digression de 22 mn)".
C'était un homme charmant. Mais même avec un homme charmant qui entend transmettre sa passion d'entreprendre, on n'apprend pas nécessairement grand-chose. Même pas le prénom de sa femme, et pourtant il me l'aurait donné sans problème.
Je résolus donc d'aller voir un peu ailleurs si j'y étais et j'ai pris rendez-vous avec un expert-comptable. Et comme le suspense sera ébouriffant si je m'arrête là, ben je m'arrête là.

3 commentaires:

BrightEyedMum a dit…

Ebouriffée, s'il en est... j'en suis... faut que j'aille faire couper mes cheveux, tiens ! ;-)

Anonyme a dit…

mmmmmmm... comme quoi la difficulté de monter son entreprise n'est pas forcément là où on l'attend...

en tout cas je te vois enthousiaste et ça, c'est chouette ! après tout, on n'arrive pas à ses fins quand on n'a pas le sourire ;-)

J'ai hâte à la fin du suspense !

Anonyme a dit…

Heureusement je viens après la bataille ;) tout finit bien hein?

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